Partie I - Chapitre 4 : Énigme et petits soins
En lisant ces mots, ton destin se scelle au mien. L'éternité qu'on m'a promise a été dérobé. Les clés à ma liberté se trouvent dans ce château, à toi de les assembler. Ma parole ne s'émancipera que lorsque ta vision contemplera l'illusion du monde. Un outil à ta quête t'es offert. Ne le montre à personne. N'en parle à personne. Quand le temps sera venu, les traces disparaîtront. Souviens-toi, rien ne dure.
Les sourcils froncés, son cerveau chauffant à vive allure, Lily tente de comprendre le sens caché de cette énigme. Et si c'est une blague ? Et si c'est juste un abruti qui se moque d'elle ? Après tout, le nom du destinataire n'est pas marqué, aucun indice, du moins explicitement, n'est donné. Son intuition, cependant, reste sceptique. Cela lui paraît trop tiré par les cheveux pour que cela soit faux. Les mots sont réfléchis, l'écriture est brouillonne, négligée, comme si la personne était pressée quand elle écrivait ceci. Ça n'a pas l'air d'être un jeu. Pour autant, la préfète ne cède pas à la panique. Il y a forcément une explication rationnelle, ce n'est pas possible autrement. Peut-être est-ce un élève trop déprimé pour pouvoir s'exprimer clairement et qui cherche donc à se tourner vers elle, l'une des responsables de sa maison. Elle devrait en parler à Remus.
Néanmoins, un sentiment de malaise se répand dans ses veines à cette idée. Qui que ce soit, l'auteur de cette lettre a été catégorique sur un point ; garder ça pour elle. Même si elle ne connaît pas l'identité de la personne, elle se sent mal de trahir sa confiance.
En relisant entre les lignes, une phrase retient son attention. "Un outil à ta quête t'es offert". Curieuse de voir ce que c'est, la gryffondor s'apprête à ouvrir le paquet avant qu'un rugissement de colère se fasse entendre. Prise de panique, la jeune fille cache ce qu'elle tient entre ses mains sous un énorme oreiller.
– LILY EVANS ! JE SAIS QUE TU ES LÀ, ÇA NE SERT A RIEN DE TE CACHER !
Une fraction de seconde après, une Mary Macdonald très en colère se tient sur le seuil de la porte, les bras croisés. La scrutant de la tête aux pieds, la blonde s'élance vers elle et lui attrape son poignet. Intimidée par son amie, l'adolescente n'ose rien dire, se contentant de se lever et de la suivre la mort dans l'âme. Elle sait très bien où sa camarade de classe veut la mener. De plus, ça ne sert à rien de se débattre lorsqu'elle est dans cet état-là.
– Comment oses-tu t'enfuir après t'être écrasée contre le sol ? s'exclame-t-elle quand elles redescendent dans la salle commune. Pour une préfète, tu es bien irresponsable !
– Quoi ?! Evans a enfreint le règlement ? s'étonne Sirius Black, assit sur l'un des fauteuils, visiblement très intéressé par la conversation.
– Non ! Elle s'est contentée de faire une chute de dix mètres en balai ! Sans même aller à l'infirmerie après ! gronde la jolie Gryffondor, haussant le ton un peu plus à chaque mot.
– Quoi ?! Evans est montée sur un balais ?! s'écrie James qui vient de descendre de son dortoir accompagné d'un garçon rondouillet.
Agacée par cette manie que les gens ont, de parler comme si elle est invisible, Lily décide d'intervenir, blessée dans son orgueil. Par Merlin, c'est elle la préfète, c'est elle qui est censée faire des reproches ! Se râclant la gorge, les autres personnes se taisent immédiatement.
– Je ne crois pas que ça te concerne Potter, réplique-t-elle froidement. Mary, c'est non, je n'irais pas à l'infirmerie. Comme tu peux le voir, je vais très bien.
Par automatisme, le garçon aux cheveux bruns ne peut pas s'empêcher de réagir, se plaçant au côté de Mary, son expression devenant plus sérieuse. Ce constat augmente un peu plus l'agacement de Lily Evans. Pour qui se prend-il à se mêler de ses affaires ? N'a-t-il pas d'autres blagues stupides à programmer ? Et puis, pourquoi s'en soucie-t-il ? Ce n'est pas son problème si elle s'est faite mal. Ça doit sûrement encore être un de ces jeux débiles pour la faire enrager.
– Sur le coup, je suis d'accord avec Macdonald. Même si j'aurais tout donné pour te voir tomber, je suis sûr que ça devait être très drôle, tu devrais voir Madame Pomfresh.
– Merci, mais je ne t'ai pas demandé ton avis.
– Non, mais je le donne quand même. Et puis honnêtement, ce look de rebelle ne te va pas du tout.
– La ferme Potter.
– On ne sait plus quoi dire ?
– Je...
– Qu'est-ce qu'il se passe ici ?
La voix du préfèt interrompt une énième dispute en cours de route. Remus Lupin, le teint maladif, les mains dans les poches de son pantalon, s'approche du petit rassemblement. Ses sourcils se lèvent aussitôt qu'il croise le regard vert de son homologue. La chevelure emmêlée, des blessures sur son visage, les genoux écorchés, il a beaucoup de mal à reconnaître la Lily Evans de d'habitude. Puis en se rendant compte de la présence de son meilleur ami, il ne tarde pas à comprendre la situtation.
– James. Ne me dis pas que tu...
– Non ! s'exclame celui-ci indigné. Pour une fois, ce n'est pas moi !Je lui ai même dis d'aller à l'infirmerie !
Peu convaincu, il se tourne vers la rouquine, qui en dépit de sa fureur envers ce désagréable personnage, confirme d'un hochement de tête.
– Maintenant que tout est clair, on peut t'y emmener, annonce Mary dont la patience n'a jamais été une de ses qualités.
– Certainement pas, proteste Lily, n'ayant certainement pas dit son dernier mot.
Honnêtement, même elle ne sait pas pourquoi elle bronche. Comme si ce besoin d'affirmer est toujours omniprésent, enfoui au plus profond de son être. Pendant des années, la rouquine n'a jamais osé s'exprimer, de peur de s'attirer des ennuis. Évidemment, cette nature pacifique n'a pas que des bons côtés, beaucoup d'enfants en ont profité. Notamment sa sœur qui n'hésitait pas à se mettre ainsi en avant et à endosser le rôle de leader parmi leur duo. Mais un jour, sa passivité est allée beaucoup trop loin. Depuis, la rouquine s'est forcée à se créer une carapace aussi enflammée que l'est, la couleur de sa chevelure. Depuis, elle s'est jurée de ne plus perdre le contrôle et de ne laisser personne prendre le contrôle sur elle. Un peu, comme ce qui est entrain de se passer là maintenant. Ils ne veulent que ton bien, détends-toi, se dit-elle en se rendant compte de la raideur de son corps.
– Mais quel caractère dis donc, se moque le sang-pur aristocratique, assit sur son fauteuil tel un trône.
– Soit raisonnable Lily, tu as besoin d'être soigné. Déjà que tu n'étais pas au dîner ce soir, lui murmure doucement le préfèt.
Face à tellement de gentillesse, le regard suppliant du brun, elle ne peut qu'abdiquer et finir par le suivre, Mary sur les talons. Cependant, elle aurait dû s'en douter, il faut évidemment que cet insupportable Potter se mêle de ce qui ne le regarde pas entraînant ainsi la compagnie inévitable de Black puisque l'un et l'autre sont inséparables tel un aimant et le métal.
***
– Pour la énième fois mademoiselle Evans, c'est non. Vous allez rester ici jusqu'à demain après-midi, point final.
Lâchant un soupir, la rouquine se laisse retomber sur l'oreiller, les bras croisés. Cela ne fait qu'une demi-heure qu'elle est arrivée et elle n'en peut déjà plus. Remus lui a tenu compagnie les quinze premières minutes avant que son devoir de préfét ne le rappelle à l'ordre. Quant à Mary, elle est partie il y a quelques minutes pour lui ramener des livres de cours. Ainsi, elle aura de quoi s'occuper dans sa prison blanche.
— Lily ?
Un timbre familier retentit à ses oreilles. Automatiquement, un sourire se dessine sur les lèvres tandis que la silhouette d'un garçon fin et élancé se dirige vers elle.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu détestais cet endroit.
— On m'a forcé à m'y rendre après un petit accident de balais. Crois-moi, c'était loin d'être avec mon consentement, se plaint-elle, et toi Sev', qu'est-ce qui t'amènes ici ? Tu haïs l'infirmerie encore plus que moi.
Les joues de son ami se colorent d'une faible rougeur qu'il s'efforce de cacher. Visiblement gêné, celui-ci dandine d'un pied à l'autre, réfléchissant à ce qu'il pourrait bien répondre.
— Il y a eu des rumeurs comme quoi tu t'étais fais mal, alors je... Je voulais venir vérifier que... Que tu ailles bien.
Émue par l'attention de Severus, Lily prend sa main et la serre, heureuse de pouvoir passer un moment rien qu'avec lui.
— Merci beaucoup. Je vais mieux maintenant que tu es là. Et toi, ça va ? On ne s'est pas beaucoup vus dernièrement.
Malgré elle, une sorte de reproche dissimulé se cache derrière ses paroles. Elle n'a pas encore tout à fait digéré la conversation avec lui au bord du lac. Que sa sœur la repousse parce qu'elle est un monstre, c'est déjà suffisamment difficile, que ses camarades de classe se moquent d'elle parce qu'elle est trop studieuse c'est supportable, mais que lui, son meilleur ami, le premier a avoir accepté sa différence, la rejette de sa vie à cause d'une stupide idéologie, c'était douloureux, blessant et surtout incompréhensible. Certes, ils se parlent toujours, sauf que par moment, une étrange tension règne entre eux, un silence de non-dits, comme s'ils veulent parler d'un même sujet mais qu'ils ne le font pas.
— Je sais, je sais et je suis désolé. J'avais prit pas mal de retard dans mes devoirs, mais on peut bientôt se revoir. On pourrait aller à la bibliothèque réviser ensemble ce samedi.
Les yeux de la gryffondor se mettent à pétiller.
— Ce serait chouette ! Et s'il fait beau, on pourrait aller se balader dehors ? Personne ne nous verra, rajoute-t-elle en voyant la moue sceptique de son interlocuteur. Ils seront tous à Pré-au-lard.
Après un temps d'hésitation, Severus finit par acquiescer d'un hochement de tête. Ils ne mentionnaient jamais ce sujet, mais les deux savent que la menace s'est renforcée ces dernières semaines. Les disparitions et les meurtres montent en flèche, il n'y a quasiment plus de bonnes nouvelles dans la Gazette du sorcier. Chaque jour rapporte son lot de malheurs.
Un blanc prend place durant quelques minutes, très vite coupé par l'arrivée d'une blonde essoufflée, tenant trois épais grimoires entre ses bras. Sentant qu'il est en trop, le serpentard salue son amie avant de s'en aller. Un drôle de pressentimment serre le cœur de Lily. Elle aurait voulu le retenir, mais ne l'a pas fait.
— Et voilà ! Ton livre de potions, le manuel des sorts et enchantements, puis l'Arithmancie. Ne me demande surtout pas de remonter chercher autre chose, la prévient-elle, le visage rouge.
— Moi qui pensais que tu étais une sportive dans l'âme, me voilà déçue, se moque gentiment la rouquine.
La lionne lui assène une petite tape sur la tête, la mine faussement boudeuse. Bavardant joyeusement avec elle, l'humeur de Lily devient plus légère, oubliant presque sa condition. Cependant, toute bonne chose a une fin et vient l'heure de la fin des visites, laissant la jeune sorcière, désemparée et seule dans cette pièce, l'esprit remplis de questions.
***
Publié le : 05.02.21
Pour être sincère, j'ai cru pendant un instant que je n'allais pas être capable de terminer le chapitre à temps. Heureusement, mon inspiration ne m'a pas lâché. J'espère que ça vous a plu. Les choses sérieuses vont bientôt commencer. (et pour être totalement honnête avec vous, même moi, je ne sais pas ce que nous réserve la suite. J'ai une vague idée de l'intrigue, mais c'est tout 😭😂).
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