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III - Chapitre 18


Chapitre dix-huit

Le corps de Jeremiah avait été mis dans un cercueil aux armes du Ministère et apporté à ses parents. Les membres de l'Ordre lui rendraient hommage plus tard, lorsqu'ils seraient tous capables de tenir debout.
C'était le soir du premier janvier et le moral était au plus bas. Gideon était à Ste Mangouste avec Jenny, qui avait tenu à rester. Emmeline s'y trouvait également, après avoir failli se vider de son sang sur Trafalgar Square. Lily gisait toujours dans son lit à l'infirmerie du QG. Les autres lits étaient occupés par Remus, qui avait été torturé pendant plusieurs minutes, Alice, avec une jambe cassée, et Sirius, qui avait encore une fois pris un mauvais coup sur la tête.
Les autres membres de l'Ordre qui résidaient au QG étaient suffisamment en forme pour faire tourner la maison, même s'ils étaient épuisés. Margaret avait dormi presque toute la journée, Ethel était restée vautrée dans le canapé en berçant contre elle son poignet foulé. Frank, rejoint par Terry Dundoe, arrivé juste après la bataille, avait fixé le mur de la cuisine d'un air sombre tout l'après-midi.
James, assis près du lit de Lily, lisait la Gazette du Sorcier que Fabian avait apportée lorsqu'il était passé donner des nouvelles de Gideon. Quatre-vingt trois Moldus avaient trouvé la mort pour seulement quatre sorciers – Jeremiah et trois personnes qui étaient venues faire la fête. Mais la Gazette s'attardait surtout sur la fête du Ministère qui avait tourné court. Onze personnes avaient été tuées, allant du plus insignifiant des employés au directeur du service des esprits. On vantait la bravoure des Aurors et leur efficacité. Évidemment, pas un mot sur le rôle de l'Ordre à Trafalgar Square. Le secret faisait partie du contrat.
Il replia la journal d'un geste sec et put à nouveau glisser ses doigts dans les cheveux de Lily. Quelques instants plus tard, ses paupières frémirent et il faillit bien en tomber de sa chaise. Elle remua puis, enfin, ouvrit les yeux. James prit sur lui pour ne pas se jeter sur elle et se contenta de prendre sa main pour y déposer un baiser. Elle lui adressa un sourire un peu incertain, l'air perdu. Il attrapa le verre d'eau qui attendait sur la table de nuit et le lui tendit avec un sourire encourageant, comme pour lui assurer que ce n'était pas une quelconque potion au goût infecte. Elle s'en saisit après s'être redressée avec une grimace et il interrogea :
- Comment tu te sens ?
- Vaseuse, marmonna-t-elle d'une voix rauque. Tu vas bien ?
- Parfaitement.
- Et les autres ?
James lui fit un bref résumé de la situation à voix basse, pour ne pas réveiller les autres occupants de l'infirmerie. Quand il eut terminé, elle fronça légèrement les sourcils.
- J'ignorais que Sirius était là. Et... tout le monde en fait.
- Maugrey les a prévenus.
- Maugrey... il est passé ? Il a dit quelque chose sur moi ?
- Il veut que tu le préviennes quand tu seras en état de lui parler mais il n'avait pas l'air spécialement énervé.
Lily gémit légèrement et il ne put s'empêcher de rire.
- Tu as peur de Maugrey ? Se vengea-t-il.
Elle leva les yeux au ciel avant de se redresser et d'engager un combat à couteaux tirés pour convaincre James qu'elle pouvait regagner sa chambre. Finalement, il la porta la moitié du trajet malgré ses protestations. Le fait qu'elle ait failli s'évanouir devant l'escalier l'avait convaincu de ne pas l'écouter.
- Qu'est-ce qui m'est arrivé au juste ? Interrogea Lily lorsqu'elle se trouva bien installée dans son lit, ses pieds posés sur les genoux de James qui se révéla avoir un certain talent pour les massages.
Il lui expliqua ce que Marlène lui avait dit sans se départir de son sourire, ce qui finit par faire tiquer Lily.
- Comment est-ce que tu fais pour être d'aussi bonne humeur ?
- C'est parce que tu vas bien. Crois-moi, je n'ai pas franchement été d'excellente humeur jusque là. Il est même possible que j'aie insulté Margaret ce matin.
Même si insulter Margaret était un sacrilège, Lily se contenta de lui sourire. Mais malgré cela, ses cernes et sa contusion à la tempe rappelèrent au jeune homme les blessures qu'il allait retrouver chez les autres lorsqu'il redescendrait.
- Dis-moi... reprit Lily. Qui est-ce qui m'a mise en pyjama ?
- Maggy.
- Oh.
- T'es déçue ?
- Même pas en rêve, Potter.
Il se pencha pour l'embrasser et elle glissa une main derrière sa nuque pour l'empêcher de s'éloigner. Son visage à quelques centimètres du sien, elle interrogea à nouveau :
- Comment tu vas vraiment ?
Il scruta un instant son regard avant de répondre :
- Comme tout le monde. Dévasté, furieux, fatigué. Tant de gens sont morts, Lily... Tant d'autres ont été blessés. J'ai cru que Gideon allait nous claquer entre les doigts, hier. Pas franchement le meilleur début d'année possible.
- Alors on va leur montrer qu'on ne s'est pas laissé abattre et on va vivre une merveilleuse année 1979, James.
Il attrapa sa main pour y déposer un baiser sans oser lui dire que pour le moment, il avait du mal à envisager les choses sous cet angle. Ils étaient si peu, par rapport aux forces de Voldemort. Comme si elle lisait dans ses pensées, Lily ajouta :
- Et on va leur pourrir la vie.
- Bon programme, PEC.
- Tu viens de gagner le droit d'aller me chercher un truc à manger, Potter.
Il fit semblant de protester juste pour le plaisir de rester un peu plus longtemps avec elle mais elle finit par le pousser dehors en riant, non sans qu'il ait réussi à lui voler un baiser. Dès qu'il quitta sa chambre, sa bonne humeur retomba considérablement. Il croisa Fenwick dans la cuisine, qui le salua si fort qu'ils entendirent Margaret, réveillée en sursaut, pousser un cri de surprise dans la pièce d'à côté. Il remonta voir Lily avec ce qui ressemblait plus ou moins à un sandwich mais elle s'était rendormie. Il gagna à nouveau la cuisine en se jurant que c'était la dernière fois qu'il faisait un aller-retour et trouva Benjy en train de préparer un vrai repas.
- Tu sais que personne ne compte vraiment manger quelque chose ce soir ? Lança James en se laissant tomber sur une chaise.
- Et pourquoi pas ? On est vivant, non ?
- Mais pas forcément de bonne humeur.
- On est le premier janvier, Potter. Tout le monde devrait être de bonne humeur.
- C'est l'ogre qui se fout du troll, Fenwick ! T'es d'une humeur massacrante le reste de l'année !
Le jeune homme cessa de couper des pommes pour le gratifier d'un regard mauvais.
- Parce qu'il faut bien doucher votre enthousiasme débordant, d'habitude.
Comme James continuait à le fixer, peu convaincu, il ajouta :
- On va peut-être tous finir par crever, mais ce sera avec le sourire, alors maintenant tu bouges ton cul de cette chaise et tu me fais un gâteau au chocolat !

A coups d'insultes et de menaces, Benjy avait réussi à ramener à table toutes les personnes à peu près valides qui traînaient au QG, à savoir Frank, Terry, Margaret, Ethel et Peter, que James avait trouvé en train de ronfler dans son lit. Ça ne l'avait pas empêché de le traîner dans la cuisine. Le silence de mort qui régna d'abord autour de la table fut bien vite rompu par Benjy et James, qui se lancèrent dans un duel des pires idioties faites dans leur enfance. Tout le monde finit par se joindre à eux, même Frank et Terry, bien que la mort de leur meilleur ami les ait anéantis.
Alors que James et Peter se battaient pour avoir les miettes du gâteau, la porte de la cuisine s'ouvrit soudain et Albus Dumbledore envahit la pièce de sa présence.
- Dommage qu'il n'y ait plus de gâteau, commenta-t-il joyeusement tout en faisant apparaître une chaise d'un coup de baguette magique.
Les plus récents membres de l'Ordre échangèrent un regard perplexe, soudain silencieux. Ils n'avaient jamais vu Dumbledore au QG depuis qu'ils y avaient élu domicile.
- Un thé, professeur ? Demanda Fenwick, comme si tout était parfaitement normal.
- Avec joie. Un sucre, je te prie.
Il promena son regard bienveillant sur la petite troupe et sourit.
- Je suis ravi de voir que le moral est bon ! Vous allez avoir le temps de fêter dignement la nouvelle année, puisque Alastor et moi-même avons décidé de laisser le sort du monde de la magie aux mains du Ministère pour quelques jours.
Ses yeux bleus tombèrent sur Frank et Terry et il reprit d'une voix un peu plus douce encore :
- Une cérémonie aura lieu pour Jeremiah demain.
Les deux garçons, le visage fermé, hochèrent la tête. Le directeur de Poudlard observa chaque convive avant de laisser tomber :
- Si je ne m'abuse, c'était la première fois que nos jeunes recrues vivaient un tel événement : n'oubliez pas que vous êtes libres de quitter l'Ordre à tout moment.
Un silence de mort plana un moment sur la petite assemblée avant que Dumbledore ne reprenne d'un ton enjoué :
- Alors, Mr. Potter, comment vous divertissez-vous maintenant qu'il n'y a plus ni concierge ni professeur de Métamorphose à faire tourner en bourrique ?
Un petit rire s'échappa des lèvres du jeune homme.
- Oh, on fait aller. Les Prewett sont une nouvelle cible de choix. Et puis Lily a beau avoir quitté Poudlard, elle a toujours une âme de préfète en chef.
- J'ai entendu dire que vous aviez considérablement animé la vie du Snargalouf, Mr. Black et vous. Il paraît que l'odeur de Bombabouse a mis des mois à partir.
James pouffa tandis que Benjy cachait son hilarité derrière sa main.
- C'était le but, professeur : nous rendre inoubliables !
- Rassurez-vous, vous avez très bien réussi à Poudlard. J'entends souvent Peeves chanter des refrains où votre nom et celui des Maraudeurs reviennent régulièrement.
James leva son verre de vin – Benjy n'avait pas lésiné sur l'aspect festif de la chose – comme pour lever un toast.
- Vous le saluerez de ma part.
- Je n'y manquerai pas, acquiesça le directeur. Ça me fera une occasion de plus de me faire traiter de vieux fou ! Ajouta-t-il joyeusement.
Cette remarque parvint même à arracher un sourire à Terry et Frank. Sans laisser le temps au silence de s'installer, Dumbledore enchaîna aussitôt :
- Au fait, je me dois de féliciter Mr. Londubat pour ses fiançailles ! Votre mère me l'a appris, il y a quelques temps. Voulez-vous transmettre mes félicitations à Miss MacMillan ?
- Avec grand plaisir, professeur, répondit Frank, une nouvelle lueur dans ses yeux. D'ailleurs, nous avions quelque chose à vous demander à propos de la cérémonie, mais je préfère attendre qu'Alice soit là pour vous en parler.
Sa voix se brisa légèrement à la fin de sa phrase, ce que James comprit parfaitement : l'absence d'Alice était le rappel qu'elle était blessée, et qu'il aurait pu lui arriver bien pire qu'une jambe cassée. Mais la lueur dans ses yeux était toujours présente. Dumbledore avait souvent cet effet sur les gens : il ravivait la flamme de l'espoir. Plus sûrement que Benjy qui lui assurait qu'ils allaient tous crever. James cacha son sourire en avalant une gorgée de vin et aperçut du coin de l'œil Maggy qui piquait du nez dans son assiette.
Il posa bruyamment son verre sur la table, bâilla ostensiblement tout en faisant un clin d'œil à Margaret et lança le signal du départ.

***

Lily tapotait sur l'immense table de la salle de réunion, nerveuse. Maugrey devait venir la voir. Quatre jours s'étaient écoulés depuis l'attaque. L'infirmerie était vide à présent, mais Gideon et Emmeline étaient toujours à Ste Mangouste. Certains étaient déjà repartis en mission, d'autres prenaient encore un peu de repos. Lily comptait bien quitter le QG dès que Maugrey lui aurait donné son feu vert, même si James la harcelait depuis trois jours pour qu'elle se repose encore un peu. Sans doute était-elle encore convalescente, mais la simple pensée de pouvoir enfin partir en mission quand elle le souhaitait lui donnait une énergie folle.
Le trois janvier était passé sans que Lily et James fassent rien de spécial. Un mois plus tôt, Lily débordait de projets pour fêter ce miracle : ils avaient tenu ensemble un an. Finalement, ils avaient passé la soirée vautrés dans le lit de Lily à manger des sucreries que Sirius s'était procurées on ne sait où. Les Maraudeurs s'étaient en effet joints à eux et ils avaient joué à des jeux de cartes moldus et sorciers pendant des heures, jusqu'à ce que Remus, le plus subtil des Maraudeurs, oblige Sirius et Peter à laisser Lily et James seuls. Évidemment, Sirius avait passé le pas de la porte en faisant tout un tas de commentaires scabreux. Les deux jeunes gens s'étaient finalement endormis l'un contre l'autre, la lumière toujours allumée et des bonbons plein le lit.
Des pas dans le couloir la ramenèrent à la réalité et elle connut l'immense satisfaction de ne pas se laisser surprendre par Maugrey. L'Auror semblait épuisé et Lily se demanda s'il n'avait pas une nouvelle cicatrice sur le visage. Personne n'en avait parlé, mais sans doute se trouvait-il à Trafalgar Square également. Un frisson la secoua tandis qu'elle se demandait pour la énième fois si elle pourrait jamais penser à cet endroit sans être secouée par l'horreur.
- Evans, salua sobrement Maugrey en tirant une chaise devant elle. J'espère que tu t'es bien reposée.
Surprise qu'il puisse être aimable, elle se contenta de hocher la tête.
- Bien, parce que tu retournes sur le terrain dès que tu te sentiras prête.
- C'est vrai ? S'exclama-t-elle, ravie.
- Tu as peut-être outrepassé mes ordres en allant aider Lupin et Beadle mais c'était la seule chose à faire, expliqua-t-il. Tu n'as pas provoqué d'esclandre... Et puis j'espère que cette immobilité forcée t'aura servi de leçon.
- Ça, je vous le garantie. Je me suis ennuyée comme un rat mort.
Un sourire grimaçant tordit les lèvres de l'Auror.
- En attendant, tu nous a été bien utile en refaisant le stock de potions. McKinnon était très impressionnée par ton travail.
Lily rougit de plaisir, ce qui parut amuser Maugrey – c'était du moins l'avis de Lily, mais elle n'était pas sûre d'être vraiment capable de déchiffrer son visage mutilé.
- Quand tout ça sera fini, on s'assurera que tu trouveras le boulot que tu veux dans le domaine des potions, si c'est que tu souhaites.
- Vous feriez ça ?
- Ouais. Et c'est une invitation à survivre, Evans.
- Oh, ne vous en faîtes pas, c'est au programme.
- J'espère bien. Fais passer le mot, surtout. J'ai vu certains prendre des risques inconsidérés. Black, notamment. A croire que ce garçon ne tient pas pour une mornille à sa vie.
- Qu'est-ce qu'il a fait ? S'enquit-elle, inquiète pour celui qu'elle considérait de plus en plus comme le grand frère qu'elle n'avait jamais eu.
- Il se battait sur le toit de la National Gallery. C'est de là qu'il est tombé ; je ne comprends toujours pas comment il a fait pour survivre. Il a dû tomber sur un cadavre...
Lily retint un haut le cœur, ce que Maugrey ne manqua pas de noter. Il se leva en la gratifiant d'un regard sérieux :
- Il faut s'endurcir, Evans ! Enfin, j'imagine que c'est un peu ma faute, tu as passé trop de temps dans ce QG.
- Mais ça, c'était ma faute, protesta-t-elle alors qu'il se dirigeait vers la porte.
Il revint vers elle et se planta près de sa chaise, les bras croisés sur son torse. Il scruta les grands yeux verts de Lily pendant quelques instants avant de répondre d'une voix bourrue :
- Ça ne l'était pas. J'ai été dur avec toi pour que ça ne se reproduise plus, mais c'était la réaction la plus normale à avoir pour quelqu'un d'aussi jeune que toi, qui avait en plus planché sur l'affaire. Tu es humaine, Evans, c'est tout. Ne va surtout pas croire que tu es un monstre ou je ne sais quoi.
Touchée qu'il ait pu mettre des mots sur les angoisses qui la hantaient depuis des mois, elle hocha simplement la tête. Sans doute était-il passé par là, au tout début de sa carrière.
- Allez, j'ai des effectifs d'Aurors à répartir dans le pays ! A plus tard, Evans. Fais attention à toi.
Il s'éloigna avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre. Elle attendit que le bruit de ses pas se soit éloigné pour sortir à son tour de la pièce et s'empressa de monter au deuxième étage pour aller frapper à la porte de James. Comme il ne répondait pas, elle poussa doucement le battant. Il dormait profondément, roulé en boule sous trois couvertures. Il avait cessé de se réveiller au moindre bruit depuis plusieurs semaines déjà, trop épuisé pour ne dormir que d'une oreille.
Lily s'approcha sans bruit pour s'asseoir près de lui. Elle lui ôta délicatement ses lunettes posées de travers et rabattit un coin de couverture sur l'un de ses pieds. James et Sirius, depuis qu'il était sorti de l'infirmerie, portaient l'humeur de tout le monde à bout de bras. Ils étaient l'âme du QG en ces heures difficiles où certains avaient tendance à ressasser les événements. Dès que James voyait un journal aux titres déprimants traîner, il s'en saisissait et en faisait un avion, un bateau ou n'importe quel animal qu'il enchantait ensuite. Les deux amis animaient les repas, racontaient des idioties et faisaient les pires blagues pour obliger les membres de l'Ordre à s'énerver contre eux plutôt qu'à se morfondre. Ils étaient très doués pour maintenir les gens de bonne humeur – James surtout. Mais Lily se doutait que cela devait être épuisant.
Elle caressa doucement ses mèches folles éparpillées sur l'oreiller tout en songeant à ce qu'était la situation un an plus tôt. Tout ce dont elle se souciait était James, ce que Poudlard allait en dire, comment ils allaient vivre cette relation. Elle n'avait à l'époque vu que deux morts : le professeur Laverlane et Edward Hall. A son humble avis, c'était déjà bien assez.
Un an plus tard jour pour jour, elle avait vu plus d'horreurs qu'en dix-huit ans d'existence. Si elle avait fait son possible pour ne pas prêter attention aux corps qui gisaient sur Trafalgar Square, elle n'avait pu éviter l'odeur du sang. Parfois, elle la poursuivait jusque dans ses rêves. Et c'était sans compter les souvenirs de l'explosion de l'école, qui ne la quittaient pas.
James murmura quelque chose d'incompréhensible dans son sommeil et Lily eut un sourire triste. Ils allaient bientôt repartir chacun de leur côté. La bataille pour réussir à se voir plus d'une fois par semaine allait recommencer, l'inquiétude allait reprendre le dessus. Elle passa le dos de sa main sur sa joue, incapable de sans empêcher. Un sourire à peine perceptible étira alors les lèvres de James et elle se figea.
- James ?
Son sourire se résorba doucement sans qu'il montre qu'il était réveillé. De plus en plus étonnée, Lily caressa à nouveau sa joue. Le sourire revint sans que sa respiration, lente et profonde, ne varie. A l'évidence, il dormait. Alors elle sourit à son tour : tant que James serait capable de sourire même dans son sommeil, tout irait bien.

***

- Praliné ou café ?
Remus sursauta et leva la tête de son journal. Margaret lui tendait une boîte où reposaient deux chocolats prêts à être mangés. Comme il tardait à répondre, elle haussa un sourcil.
- Euh... praliné, s'il-te-plaît. Sauf si tu n'aimes pas au café...
- Praliné pour toi, vendu ! S'exclama-t-elle avant d'enfourner l'une des sucreries et de lui tendre l'autre. Ce sont mes parents qui me les ont offerts à Noël.
- Ils sont délicieux, commenta-t-il après avoir avalé son chocolat. Merci de m'en avoir fait profité.
- Oh, je t'en prie. C'est le moins que je puisse faire.
Remus laissa tomber son journal pour lui adresser un regard étonné.
- Comment ça ?
- Tu aurais pu les laisser me torturer.
Le chocolat tomba comme une balle de plomb au fond de son estomac.
- Non. Je ne pourrais laisser personne subir ça.
- Tu savais ce que ça faisait ?
- Pas le Doloris mais... j'ai une assez bonne idée de la souffrance.
Il détourna le regard à la fin de sa phrase et Margaret toussota, gênée.
- Merci, en tout cas. Je t'admire beaucoup tu sais. Envoyer le patronus quand même alors qu'ils venaient de ...
Il se résolut enfin à tourner à nouveau la tête vers elle, pour s'apercevoir qu'elle fixait la table, le visage pâle. Il ouvrit la bouche pour répondre mais elle reprit d'une voix précipitée :
- Je me sens tellement stupide, Remus, je n'ai rien fait et toi tu as sauvé la situation et...
- Maggy ! Coupa-t-il. Ils t'ont stupéfixée, tu ne pouvais rien faire !
- Ils t'ont torturé et tu as réussi à faire quelque chose !
Son éclat de voix le surprit : Margaret n'élevait pas la voix. Jamais. Les larmes aux yeux, elle fixait à présent.
- Je m'en veux tellement pour ce qu'ils t'ont fait.
- Ça n'a aucune importance. Je te l'ai dit, j'ai l'habitude de souffrir.
Elle secoua la tête sans comprendre et Remus se prit à vouloir lui confier son secret. Il doutait qu'elle le fuit. Mais le risque était trop grand... et plus grand était le nombre de personnes qui savaient, plus grand était le risque que son secret s'ébruite auprès de tout un chacun. Il ne pouvait pas risquer ça. Il se força donc à sourire et demanda comme si de rien n'était :
- Tu as vu tes parents pour Noël ?
- Ouais, balbutia-t-elle, surprise par le brusque changement de conversation. On ... ça faisait longtemps. Ils sont Moldus, tu sais. Ils ne comprennent pas bien ce qu'il se passe.
- Ils devaient être contents de te voir, souffla-t-il en songeant au regard hanté de sa mère quand il se pointait chez eux.
- Tu vas voir régulièrement les tiens, non ? Souligna-t-elle en cherchant à capter son regard.
- Oui, mentit-il automatiquement. Une fois par mois environ. Ils s'inquiètent sans ça.
En réalité, c'était beaucoup moins régulier. C'était à Poudlard qu'il se rendait pour la pleine lune. Dumbledore lui avait permis de continuer à utiliser la Cabane hurlante. Les habitants de Pré-au-Lard n'allaient pas être tranquilles de si tôt.
Ils discutèrent un moment et Remus se surprit à se détendre, chose qui n'arrivait jamais lorsqu'il se trouvait seul avec une fille – à l'exception de Lily. Mais alors qu'ils riaient ensemble, Sirius fit irruption dans la cuisine, leur jeta un premier coup d'œil indifférent tout en se dirigeant vers l'évier, puis fit un clin d'œil égrillard à son ami. Remus s'empourpra aussitôt, ce qui arracha un ricanement à Sirius. Margaret, lancée dans une description du système scolaire moldu, s'interrompit pour lui adresser un regard surpris. Remus rougit un peu plus et Sirius, qui s'apprêtait à quitter la cuisine, un verre d'eau à la main, s'arrêta devant la porte.
- Un problème, Lunard ?
- C'est toi qui va avoir un problème, Patmol.
- Tu crois que tu peux me battre, louveteau ?
- N'importe quand, sale clébard.
Le rire de Margaret interrompit leur échange d'amabilités.
- Vous êtes toujours aussi sympa l'un envers l'autre ?
- Toujours ! S'exclama joyeusement Sirius sans laisser à Remus le temps de répondre.
Il s'approcha de lui en deux enjambées pour coincer sa tête sous son bras et frotter énergiquement son crâne du poing. Remus eut beau piailler et l'insulter, il mit un temps fou à le lâcher, le laissant avec son amour-propre sérieusement entamé. Le lycanthrope le fusilla du regard en tentant de remettre ses cheveux en ordre. Sirius se contenta de répondre d'un clin d'œil accompagné d'un « A ton service Lunard ! » qui ne manqua pas de laisser Margaret perplexe.
- Il te rendait service là ?
- Il considère qu'humilier les gens est leur rendre service, expliqua Remus, sans pouvoir s'empêcher de sourire maintenant que Sirius était parti. Il avait beau dire, il le faisait rire.
- Vous formez un drôle de groupe, les Maraudeurs, commenta Margaret, une étincelle amusée dans les yeux.
- On n'est qu'un groupe de bras cassés qui se sont trouvés les uns les autres.
- Vraiment ?
Remus hocha la tête sans approfondir, peu désireux de délivrer les secrets de ses amis. James et son besoin désespéré d'être entourés d'amis à cause de la solitude de son enfance, Sirius et ses problèmes familiaux, Peter et sa vie solitaire à cause de sa timidité maladive, que Sirius et James avaient réussi à vaincre à coup de plaisanterie là où Remus y était parvenu par la gentillesse. Et puis il y avait Remus le lycanthrope, bien sûr.
- Vous êtes tellement... fusionnels, reprit Maggy avec un petit rire. On n'est pas comme ça, avec les filles.
- Je me passerai bien de ces bouffons, si je pouvais, fit remarquer Remus, mais ils s'accrochent à moi comme des moules à leur rocher.
- Parce que tu leur sers de cerveau.
Remus pouffa mais la voix de Sirius, en provenance du salon, interrompit son hilarité :
- Il y aura des représailles pour tout ce que vous venez de dire !
- Va te faire foutre, Patmol !
- Remus ! Qu'est-ce que c'est que ce vocabulaire ?
Les deux jeunes gens présents dans la cuisine se tournèrent vers Lily, qui venait de descendre l'escalier.
- Tu peux parler, Lily ! S'exclama Margaret. Qui est l'espèce de psychopathe qui parle à son copain comme ça environ quinze fois par jour ?
- C'est parce qu'il en redemande, j'y peux rien, se défendit son amie. Dis-moi Remus, tu as déjà vu James sourire dans son sommeil ?
- Demande à Sirius, je suis sûr qu'ils ont déjà dormi ensemble.
Les deux jeunes filles rougirent sous le sous-entendu mais Remus n'y prêta même pas attention. Un rictus sur les lèvres, il attendait que Sirius réagisse. Son ami ne tarda pas à débarquer dans la cuisine avec fracas pour le fusiller du regard.
- Calomnies ! Brailla-t-il. Je croyais qu'on avait arrêté les allusions vaseuses en sixième année ?
- C'est James et toi qui avaient décidé ça, Peter et moi n'avons rien signé, se défendit aussitôt Remus en levant les mains.
- Ce qu'il raconte est totalement faux ! S'exclama Sirius à l'attention des deux filles. Lily est bien placée pour le savoir !
Remus faillit sortir un nouveau commentaire déplacé mais il croisa le regard de Margaret et se dégonfla. Il évitait en général ce genre d'allusions scabreuses hors du cercle des Maraudeurs.
- Je te retiens, menaça Sirius en voyant qu'il semblait peu décidé à répondre. Et non Lily, je n'ai jamais dormi avec James et je ne sais pas s'il sourit dans son sommeil mais s'il le fait, c'est vraiment une licorne de première.
Il regagna le salon sans attendre son reste et Lily s'engagea dans les escaliers après avoir hoché la tête, un air rêveur sur le visage. Margaret et Remus, qui avaient respectivement suivi du regard leur ami, se retournèrent l'un vers l'autre et pouffèrent.
- Lily a vraiment les réactions les plus bizarres dès qu'il s'agit de James, remarqua Margaret.
- Et Sirius n'est qu'un sale bouffon, compléta Remus en riant.

***

James se réveilla juste à temps pour le dîner. Lily refusa de lui expliquer pourquoi elle le regardait avec cet air bizarre mais il n'était pas assez réveillé pour s'en formaliser, pas plus qu'il n'était en état de comprendre toutes les allusions vaseuses que Remus et Peter lancèrent à Sirius tout au long du repas.
Ce fut une belle soirée, comme ils en avaient connu à Poudlard, faites de rires et d'anecdotes stupides. James ne se réveilla tout à fait de sa sieste qu'à la fin du repas et il parvint ainsi à lancer un tournoi effréné de Bataille Explosive, durant lequel Remus et Sirius entreprirent de régler leurs comptes. Les deux garçons finirent par jouer seuls l'un contre l'autre, avec chacun une équipe de supporters. Évidemment, Remus avait le plus de personnes de son côté. Personne n'évoqua le fait qu'ils allaient tous bientôt repartir. Ils ignorèrent soigneusement la pile d'ordres de mission que Maugrey leur faisait parvenir.
Ils se couchèrent à une heure avancée de la nuit et se maudirent tous pour cela le lendemain matin lorsqu'ils durent se lever pour gagner un quelconque point de la Grande-Bretagne, dans l'espoir d'être plus qu'un poids infime dans la balance de la guerre.

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