~L'Arrivée~
À peine étais-je sortie de l'avion, qu'on me précipita dans une nouvelle limousine en direction du Palais Royal d'Illeá. Tout au long du trajet, je regardais avec attention le paysage défiler. Les palmiers et les plages que j'apercevais me confirmaient ce que je pensais : les pulls allaient rester dans ma valise...
Mon chauffeur se gara devant le palais et je descendis. Je m'appliquais à défroisser ma robe alors qu'on vint m'accoster. Une file de gardes en uniforme suivait respectueusement une femme d'une petite trentaine d'années. Elle se planta devant moi, l'air très solennel et, tandis que j'improvisais une révérence, scanda :
- Bienvenue à vous au palais royal d'Illeá ! La famille royale vous remercie infiniment de votre venue et espère que vous passiez un bon séjour.
Je ne répondis que par un sourire. Elle s'en contenta et reprit :
- Je me nomme Gloria, je suis la gouvernante du palais et désormais la votre aussi. Je serai responsable de chacune d'entre vous au besoin.
Je hochai la tête silencieusement, m'attardant quelque peu sur les gardes qui me rappelaient une partie un peu sombre de mon histoire... Il faut dire que j'avais passé une bonne partie de mon enfance à fuir ces gens, les mains pleines de frais larcins en tous genres : pain, argent, bijoux, médicaments...
Non, ce n'était clairement pas le moment de penser à ça. L'un des hommes s'approcha pour me prendre mes bagages que j'eus un peu de mal à lâcher. Il allait pourtant falloir que je m'y fasse, on allait tout faire à ma place ici... Je le regardai donc s'éloigner vers la porte avec mes affaires.
- Veuillez me suivre, jeune fille !
La voix de Gloria me sortit de ma torpeur et je la suivis comme elle me l'avait demandé à travers les différents couloirs et étages de cet immense château. Son allure était soutenue mais cela m'allait très bien, marchant moi-même plutôt vite et ne supportant pas la lenteur.
Tout en gardant la gouvernante à l'oeil, je laissai mon regard vagabonder sur la décoration réputée plutôt spéciale du palais dont j'avais entendu dire qu'elle avait été totalement pensée par sa Majesté la Reine. Mes yeux passaient d'une salle de bal au style Versailles riche de miroirs, de cadres, de lustres et de dorures, à un salon austère et marbré du sol au plafond rempli de mobilier très moderne. Le mélange était, me semblait-il intéressant, et pas aussi incongru que l'on me l'avait laissé entendre. Cette extravagance donnait à l'architecture plutôt classique un charme nouveau que j'appréciais. "La grande MODE et le grand ART", comme disais notre chère monarque, rendait ces longs couloirs moins monotones et étouffants.
Gloria menaçait à nouveau de disparaître au coin d'un croisement et je pressai le pas pour ne pas la perdre et risquer une mauvaise rencontre avec une des Sélectionnées ou, qui sait, l'un de nos princes ! Je la rejoignis donc et, de son pas de souris, elle me mena jusqu'à un dernier couloir terminé par un cul-de-sac. À un intervalle régulier, des portes perçaient le mur et je soupçonnai ma chambre de se trouver derrière l'une d'elles. En effet, Gloria sorti une clé de sa poche et la fit cliqueter dans la serrure avant de me la tendre. Je récupèrai donc la petite clé avant de m'engouffrer dans la vaste pièce.
- Voilà votre chambre tout le long de votre séjour ici, j'espère qu'elle vous plaît ! Vos bagages ont été soigneusement déposés ici, à vous le choix de ranger vos affaires, vous reposer ou vous balader dans le petit balcon. C'est le premier jour de votre arrivée, c'est les seuls endroits où vous pouvez mettre les pieds pour l'instant, interdiction de sortir ! Le dîner vous sera apporté dans votre chambre à exactement vingt heures.
- Merci beaucoup Gloria.
Elle fit mine de partir avant de se tourner à nouveau vers moi.
- En ce qui concerne le programme de demain, je vous ferai toute une visite des lieux ainsi qu'une présentation plus distinguée. Maintenant je vous prie de bien vouloir m'excuser, mais j'ai d'autres gens à accueillir. Je vous souhaite une bonne soirée Mademoiselle Stokes.
- ...Barnes.
- Excusez-moi ?
Visiblement surprise par mon intervention, la gouvernante me jetait un regard étonné.
- Mon nom, c'est Stokes-Barnes. Comme cela est précisé sur ma candidature, je m'appelle Lilith Stokes-Barnes. Mon père s'appelle Isaac Stokes, ma mère Reena Barnes, et ils m'ont appelée Lilith Stokes-Barnes.
- Cela ne fait pas une grande différence, si ?
- Sa Majesté la Reine s'appelle Scécilia Pheïn Clarks, n'est-ce pas ?
Mon ton restait poli, mais ma voix était légèrement sèche. J'avais beau sourire, mon regard était froid comme la mort. Elle me regardait sans voir où je voulais en venir.
- Oui mais...
- Ni Scécilia Pheïn, ni Scécilia Clarks, mais bien Scécilia Pheïn Clarks. Or je ne m'aventurerais pas à écorcher le nom de la Reine si j'étais un minimum sensée. Cela fait donc une différence assez conséquente pour être soulignée. La Reine s'appelle Scécilia Pheïn Clarks, je m'appelle Lilith Stokes-Barnes.
- Bien, excusez-moi Miss Stokes-Barnes...
- Il n'y a pas de mal.
Mon visage s'était radouci mais elle resta pourtant un instant à me fixer avant de filer comme un courant d'air. Aïe ! La pauvre femme ne pouvait pas savoir qu'elle touchait à un point sensible, mais j'ai toujours eu horreur qu'on écorche mon nom... J'osais espérer qu'elle ne tiendrait pas rigueur de mon attitude mais cette tendance à vouloir raccourcir mon nom de famille, et par extension ma famille et ce qu'elle représente, pouvait parfois me rendre parfaitement odieuse.
Elle n'avait pas l'air vraiment méchante mais juste un peu dépassée par les événements... Je ne savais pas combien nous étions mais répéter autant de fois la même chose devait être épuisant, surtout si il lui fallait en plus faire chaque fois le trajet depuis la grille jusqu'aux chambres...
Je soupirai avant de me tourner vers mon lit ou trônaient mes sacs de voyage. Je me fis une place à côté d'eux et contemplai la chambre. Je pu d'abord constater que l'édredon était certainement garni de plumes d'oie et que la taie des oreillers ainsi que la couverture étaient en lin très fin et coûtaient sûrement le prix de notre loyer... Le reste de la chambre était meublé de façon un peu passée mais l'ensemble plutôt harmonieux et clair me semblait correct.
Au-dessus d'une commode en bois travaillé, un grand miroir encadré d'or me renvoyait mon reflet, celui d'une jeune provinciale à peine majeur au milieu d'un décor de contes de fées où elle fait tache... Stop ! Ce n'est pas vrai, j'ai ma place ici autant que n'importe laquelle de ces filles. Après tout, j'ai été choisie, non ? Je secouai la tête pour chasser mes idées noires et commençai à ranger mes affaires dans mes nouveaux appartements.
Une fois cela fait, j'allai ouvrir la porte qui menait au balcon et pris une grande bouffée d'air. Accoudée à celui-ci, je me mis à détailler la clé que j'avais gardé dans un pli de ma robe. On aurait plus dit un petit bijou, avec les pierres précieuses incrustées dans ses volutes délicates. Je la faisais tourner entre mes doigts négligemment, admirant les derniers rayons de soleil qui se reflétaient sur ses courbes quand un mouvement dans le petit noisetier du jardin me fit lever la tête. Un écureuil m'épiait de ses yeux bruns et profonds et je n'osai plus faire le moindre geste, l'observant aussi. Il était plus gros et plus roux que ceux de Lakedon. Ce moment de communion parfaite dura quelques secondes avant que le petit animal saute dans la haie qui me coupait du reste du monde. Comme j'aurais aimé, moi aussi, pouvoir sauter et disparaître dans le feuillage et partir loin du jardin... La nuit tombait et je me résolu à rentrer, sans pour autant fermer la porte du balcon, tirant simplement les rideaux de soie.
Je pris un livre au hasard sur l'étagère et commençai à bouquiner jusqu'à ce que, à vingt heures pile, on toque à ma porte. Je me levai pour ouvrir et une servante entra avec un chariot rempli de merveilles de gastronomie. Je détaillai un moment le contenu des plats tandis que la jeune femme me demandait si quelque chose me manquait. Comme rien ne me venait en tête, je la laissai partir. Elle me remit une petite carte ou je lus, non sans un sourire "À l'intention de Miss Stokes-Barnes"
En la retournant, je pu aussi lire :
"Rendez-vous demain matin après le déjeuner dans le hall d'entrée ! Dormez bien et soyez en forme.
Signé Gloria"
Je la rangeai rapidement dans mes affaires, puis fis honneur au repas. Je m'installai à mon bureau, grignotant les victuailles diverses que l'on m'avait apportée, avant d'aller me préparer pour passer ma première nuit au palais d'Illeá. Tout d'abord, une douche bien chaude pour décompresser de ces dix heures d'avion puis un bon coup de brosse à cheveux pour ne pas ressembler à un ours demain. Sur le bord du lavabo en marbre, je vit une petite boîte nacrée rempli de bigoudis et j'hésitai un moment avant d'entreprendre de les mettre. Je n'avais jamais essayé mais pourquoi pas ! Le temps d'enfiler une nuisette bleu pâle et je me faufilai entre mes draps pour ma première nuit au palais royal d'Illeá.
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Voilà, la deuxième partie de mon devoir est posté ! J'attends tes retours avec impatience Persephone-X-IV !
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