✥ chapitre 8
Quelques jours s'étaient écoulés et Lilith avait plusieurs fois supplié Hyunjin de se rendre dans une taverne à la nuit tombée. Elle en avait besoin, pour assouvir son appétit sexuel, et ce n'était pas comme si le jeune prince était difficile à convaincre quand il était question de s'envoyer en l'air. Il aurait beaucoup aimé que son précepteur revienne vers lui pour quelques minutes de plaisir, mais l'homme s'était comporté comme s'il n'y avait jamais rien eu entre eux. Il avait fait son travail, était resté courtois et professionnel et ce, malgré les tentatives de Hyunjin pour lui faire comprendre qu'il mourait d'envie de passer une nouvelle nuit dans ses bras. Il savait parfaitement de quelle façon se comporter, chaque geste était calculé, chaque mot était pesé, mais Minho restait de marbre. Il attendrait, il finirait bien par craquer une fois que la pression serait trop forte. Quand il était question de sexe, Hyunjin parvenait toujours à ses fins. Et avec l'aide de Lilith, il ne pouvait pas rater son coup.
Tout vient à point à qui sait attendre.
La démone prenait ce qu'elle pouvait avoir pour le moment, la moindre petite seconde de luxure la nourrissait et à force, elle retrouverait sa beauté et sa vigueur d'antan. Elle redeviendrait la plus belle femme du monde, et aussi la plus persuasive. Si le prince lui donnait ce qu'elle désirait, elle en ferait autant à son égard. Il voulait Bang Chan et pour cela, Lilith devait retrouver toute sa puissance. C'était un échange de bons procédés et maintenant que Hyunjin et elle étaient liés, ils ne pouvaient plus rompre leur accord. Tout du moins, pas si facilement. Le prince s'était engagé, et s'il finissait par regretter son choix et à vouloir la congédier, Lilith lui réservait un bien triste sort. Mais elle lui faisait confiance. Hyunjin était un jeune homme avec de la détermination, il n'était pas du genre à abandonner au moindre obstacle. Et c'était tant mieux.
Debout dans sa chambre, les bras écartés sur les côtés et le menton légèrement relevé, Hyunjin observait les domestiques courir un peu partout. Le tailleur était venu tôt ce matin pour les dernières retouches sur sa tenue, et le jeune prince commençait à s'impatienter. Sa mère tenait à ce qu'il ait un accoutrement digne de son rang, pour une fois qu'il répondait présent à l'événement, il n'avait pas intérêt à venir débraillé. Il était hors de question qu'il fasse honte à la famille royale.
C'était l'effervescence au château, le bal de la cour approchait et tout devait être prêt pour l'heure du déjeuner. Les festivités s'étendaient jusque dans la nuit où un feu d'artifice était prévu. Tout était mis en place pour que les convives en aient plein la vue, il fallait montrer les richesses, le pouvoir, mais aussi la bonté. Hyunjin savait que toute cette comédie n'était qu'une façade, rares étaient les nobles qui s'appréciaient réellement. Tout n'était que paraître et hypocrisie, et il avait l'impression d'être le seul à le remarquer. Ou alors les autres se complaisaient dans ce système, tant qu'ils pouvaient obtenir des privilèges.
Il soupira quand, par la porte ouverte de sa chambre, il assista à un épuisant défilé. Tout le monde s'affairait à droite et à gauche pour que tout soit parfait. Y compris sa tenue. Il n'en avait que faire de tous ces tissus hors de prix, des fils d'or pour parfaire sa veste, des bottines de cuir lustrées et des bijoux dans ses cheveux. Ce n'était pas lui que de jouer les fils modèles alors que sa réputation n'était plus à faire. Ses parents faisaient tout pour que les rumeurs ne s'ébruitent pas, mais tout le monde - ou presque - savait ce qu'il faisait. Bizarrement, personne n'était jamais impliqué dans ces histoires, et pourtant elles venaient bien de quelque part. Mais avouer avoir couché avec le prince aurait été une honte. Il était préférable de prétendre à des bruits qui couraient plutôt que de reconnaître être l'homme qui lui était passé entres les cuisses. Et ça, ça amusait beaucoup Hyunjin. Il les voyait tous se faire passer pour des saints, à jouer un rôle alors qu'ils étaient tous pareils. Il en avait encore eu la preuve avec son précepteur. Tous les mêmes. Tous des lâches. Trouverait-il un jour quelqu'un qui aurait le courage de déclarer qu'il avait couché avec lui ? Quelqu'un qui assumerait enfin ses choix et ses actes ?
— Tu es bientôt prêt ?
Il sursauta. Sa mère se trouvait derrière lui, sans doute était-elle passée par une autre porte avec des domestiques, et cela l'inquiétait un peu. Il n'avait aucune envie qu'elle commence à débarquer de nulle part dans sa chambre pour le surveiller. Le tailleur se redressa et Hyunjin put enfin laisser tomber sa position inconfortable.
— Nous en avons bientôt terminé Majesté.
— Le roi et moi-même avons à parler à notre fils, je vous demanderai de disposer quelques minutes.
Elle lui adressa un signe de la main afin qu'il s'en aille. Il s'inclina et passa la porte principale de la chambre pour patienter dans le couloir ; les servantes se hâtèrent elles aussi à l'extérieur. Le roi entra, le visage toujours aussi fermé et dur. Hyunjin ne l'avait pas vu pendant plusieurs semaines et il n'avait pas changé. Il restait l'homme austère qu'il avait toujours été, celui qui le regardait comme s'il était un monstre et qu'il n'attendait qu'une chose : qu'il disparaisse. Hyunjin aurait aimé lui faire ce plaisir, mais il avait encore des choses à accomplir. Et puis, ça lui était bien égal qu'il le considère de cette manière. Il avait appris à vivre avec.
— Hyunjin, commença le roi, j'ai entendu dire que ton comportement ne s'était pas arrangé avec le temps.
Le jeune prince acquiesça et resta impassible. Il fixait son père d'un regard vide, il ne ressentait plus rien pour cet homme, ni peur, ni haine. Il était complètement indifférent à sa présence. C'était différent de tous les griefs qu'il avait envers sa mère et ses frères. Elle aurait dû le protéger. Elle l'avait porté neuf mois et elle aurait pu lui montrer un peu d'amour au lieu de le considérer comme un poids. Ses aînés auraient dû le défendre face aux injustices. Ils auraient dû être soudés et se montrer aimants. Son père avait souvent été absent durant son enfance et, quand il ne l'était pas, il ne lui prêtait aucune attention, trop occupé à gérer le royaume. Alors ne pas se soucier de son avis était chose plutôt facile.
— Le Duc Yang sera présent, c'est un cousin très éloigné de la famille, alors ne nous fais pas honte devant lui. Les médisances vont vite, alors je compte sur toi pour te tenir correctement pendant le bal.
— Surtout que ce dernier ne nous porte pas dans son cœur, ajouta la reine. Enfin, c'est réciproque.
Elle leva les yeux au ciel, les lèvres pincées.
— Pourquoi l’inviter dans ce cas ? demanda Hyunjin.
— Car il est influent. Et que nous avons besoin de personnes comme lui dans notre gouvernement. Il vaut mieux l'avoir avec le gouvernement que contre le gouvernement.
Hyunjin pouffa de rire. Encore et toujours cette hypocrisie insupportable. Ses parents étaient les souverains de ce pays, ils n'avaient pas besoin de s'abaisser à toutes ces manières. Pourtant, juste pour sauver les apparences et garder certaines personnes dans leurs poches, ils s'obstinaient à jouer la comédie. Ils n'avaient qu'à le faire exécuter s'ils le détestaient tant.
— D'ailleurs, j'ai un service à te demander.
Il eut un mouvement de recul. Son père, le roi, avait besoin de lui ? Il aurait presque pu éclater de rire si le regard perçant de sa mère ne pesait pas sur lui.
— Oui, lequel ?
— Je pense que tu ne t'en souviens pas, mais le duc Yang à un fils d'à peu près ton âge. J'aimerais que tu te rapproches de lui, ce sera bénéfique pour nos relations.
Hyunjin déglutit. C'était désormais à son tour de se comporter comme un parfait hypocrite. Il n'était pas certain d'y parvenir. C'était tout ce qu'il exécrait et, même s'il avait un pouvoir de persuasion hors du commun quand il était question de mettre des hommes dans son lit, il n'était pas doué pour faire ami-ami. Et surtout pas dans ces conditions. Surtout pas pour faire plaisir à ses parents. Ils ne méritaient rien de sa part.
— Pourquoi moi ? Pourquoi ne pas demander à Chaejin ? Ou même à Jinyoung ?
— Tu ne crois pas que tes frères ont d'autres choses plus importantes à faire ? se moqua la reine. Rien dans la tête ce gamin !
Elle tourna les talons et se mit à faire les cents pas dans la chambre, agacée. Hyunjin serra les poings. Peut-être qu'il n'avait rien dans la tête mais, en attendant, c'était lui qu'ils étaient venus voir. Pas ses frères. Son père posa une main sur son épaule, elle était lourde et ses doigts calleux se resserrèrent.
— Jinyoung sera sans doute entouré de jolies jeunes femmes, Chaejin n'est pas très doué pour les relations sociales. Et je te l'ai dit, tu as presque le même âge, vous devez avoir des centres d'intérêts communs.
Si le jeune Yang aimait s'envoyer en l'air presque toutes les nuits alors oui, ils avaient des choses en commun. Mais Hyunjin l'imaginait déjà sérieux et coincé, tout ce que lui n'était pas. Il allait avoir affaire à un gosse de riche, rien de plus. Et ça l'ennuyait d'avance. Cette soirée s'annonçait soporifique.
***
La grande salle de bal accueillait nombre de nobles en ce jour important. Tout le gratin de la cour était convié et même quelques personnes venant de loin s'étaient jointes à la fête. Ducs, Comtesses, Seigneurs, toutes les personnes les plus influentes du royaume étaient présentes. Hyunjin suivait ses parents comme un petit chien, et cela commençait à lui taper sur les nerfs. Il en avait assez de devoir sourire, faire bonne figure, surtout face à tous ces faux-jetons qui n'étaient là que pour se pavaner et s'empiffrer de mignardises. Il les regardait se gaver de nourriture, se remplir l'estomac avec de l'alcool, et rire fort pour se faire remarquer. Les jeunes femmes gloussaient dès qu'elles apercevaient le prince Jinyoung passer devant elles, et les jeunes hommes l'enviaient pour être le centre de l'attention. Il avait beaucoup de prétendantes, c'était un fait, alors pourquoi n'avait-il toujours pas trouvé chaussure à son pied ?
Hyunjin se posait bien des questions à son sujet. Il était un bon parti, il avait tout, il était l'héritier au trône et pourtant, il était seul. C'était un mystère qu'il rêvait de résoudre, si seulement il n'avait pas eu mieux à faire.
— Mon Dieu ! Mais que tu as grandi !
Il n'eut pas le temps de réagir qu'une femme aux courbes plantureuses lui pinça les joues pour tirer dessus. Il se recula d'un mouvement vif et grimaça tout en se massant le visage. Il analysa l'inconnue de bas en haut ; elle était vêtue d'une robe aux couleurs criardes et ses cheveux noirs étaient tressés autour de son crâne. Elle avait l'air assez jeune malgré son accoutrement vieillot et son maquillage légèrement raté.
— Chaejin, c'est ça ? s'extasia-t-elle.
Hyunjin fronça les sourcils, sa mâchoire se serra.
— Non, répondit-il sèchement.
La femme s'en trouva toute perdue. Elle regarda la reine Hwang à côté d'eux, les yeux ronds et papillonnant. La mère du prince toussa, ses lèvres se pincèrent quand elle dut se résigner à présenter son troisième né.
— C'est Hyunjin.
Ces paroles auraient pu lui arracher la gorge tant elle les avait prononcées d'une voix enrouée. Le jeune homme s'en sentit encore plus énervé. Oui, ils avaient honte de lui, mais ce n'était pas une raison pour se montrer ainsi devant des inconnus. Pour une fois, ils auraient pu laisser leur haine de côté.
— Oh… J'ignorais qu'il serait présent, je pensais…
— Non, il n'est plus au couvent.
Un silence pesant venait de s'installer et Hyunjin crut qu'il allait exploser. Il faisait un effort surhumain pour répondre présent à l'appel, et sa mère le remerciait en l'humiliant. Il aurait mieux fait de fuir, de rejoindre la ville et de traîner là-bas jusqu'à pas d'heure. Ici, il n'y avait rien d'intéressant et en plus, il n'avait toujours pas rencontré le fameux fils Yang afin de jouer les gardiens d'enfant.
— La dernière fois que je l'ai vu, il était haut comme trois pommes.
Hyunjin ignorait qui était cette femme mais elle, même si elle ne l'avait pas reconnu, semblait savoir qui il était. Il jeta un regard en direction de son père et ce dernier s'approcha davantage d'eux.
— Carlotta, quel plaisir de te voir ici ce soir ! s'exclama le roi, tout sourire. Tu es ravissante ! Où est donc ce satané Harin ?
La prénommée Carlotta battit des cils en observant les alentours. Elle leva le bras pour l'agiter afin d'attirer l'attention d'un homme un peu plus loin. Celui-ci était en grande discussion avec un groupe de nobles qui riaient à gorge déployée. Il leur fit signe qu'il devait partir et il s'approcha d'un pas assuré tout en lissant sa moustache entre son pouce et son index. Derrière lui, un jeune homme grand - et dont les vêtements paraissaient trop grands pour sa corpulence - avançait d'une démarche moins rapide. Hyunjin resta figé sur lui. Il avait un visage juvénile et pourtant, il dégageait quelque chose de très mature. Et, une fois qu'il fut un peu plus proche, il détailla avec attention ses traits qu'il trouva particuliers. Des yeux en amande très étirés, une mâchoire carrée, une bouche large avec des lèvres bien remplies. Son regard était perçant malgré un embarras palpable.
— Harin ! s'exclama le roi.
Il lui asséna une forte tape sur le bras et l'homme força un sourire.
— Je suis honoré de ta présence. Et serait-ce…
— Oui, c'est mon fils Jeongin.
— Eh bien, il a sacrément poussé depuis la dernière fois. Quel beau jeune homme !
La reine acquiesça tout en lançant un coup d'œil à Hyunjin. Ce dernier semblait complètement perdu. Il ne comprenait pas qui étaient ces gens alors qu'ils les avaient probablement déjà rencontrés auparavant. Aucun souvenir. Rien. Le néant.
— Hyunjin, salue donc notre cousin Harin, le duc Yang.
Le roi poussa son fils afin qu'il s'incline devant leurs invités. Il se courba légèrement en prononçant un « Bonsoir » à peine audible et, quand il se redressa, il fut incapable de ne pas regarder le jeune homme prénommé Jeongin. Alors c'était lui le gosse coincé dont il devait se rapprocher ? Il déglutit. Il devait admettre qu'il était agréable à regarder avec sa gueule d'ange et ses cheveux noirs qui tombaient sur son front et dans sa nuque. Il était bien habillé, presque mieux que lui, et ça lui faisait mal de voir ses propres parents sourire à pleines dents face à lui. Il savait que ce n'était que de la comédie, mais même lui n'avait pas droit à ce genre de traitement. Il haussa les épaules ; il valait mieux qu'ils soient honnêtes plutôt que de lui mentir, au moins il savait à quoi s'en tenir.
— Quel âge as-tu Jeongin ? demanda la reine.
— J'ai eu dix-neuf ans il y a peu.
— Oh… Tu as presque le même âge que Hyunjin alors. Que diriez-vous de passer un peu de temps ensemble ?
Jeongin afficha un léger sourire et acquiesça à cette proposition. Il tombait dans le panneau, naïf jeune homme qu'il était. Discrètement, Hyunjin leva les yeux au ciel alors que sa mère déposa une main dans le haut de son dos afin de le presser vers Jeongin.
— Il y a de quoi vous sustenter, mais ne buvez pas trop, d'accord ?
Ils hochèrent la tête sans un mot, Hyunjin avait envie de vomir tant le ton que sa mère employait le dégoûtait. Comment pouvait-elle être aussi mielleuse alors qu'en réalité, elle n'était qu'une sale vipère ? Leurs parents s'éloignèrent et ils restèrent plantés là, l'un en face de l'autre, sans savoir quoi dire. Jeongin observa les alentours, visiblement gêné par le silence pesant qui s'était installé. Hyunjin soupira. Il allait devoir prendre les rênes, même si dans le fond, il n'avait aucune envie de devoir frotter la manche de qui que ce soit.
— Tu veux manger quelque chose ? Ou aller te balader dans les jardins ?
— Je veux bien faire les deux.
Hyunjin expira tout l'air de ses poumons et se mit en marche, Jeongin sur ses talons. Ils se servirent quelques mignardises au buffet et quittèrent la salle de bal. Les allées étaient légèrement éclairées par des réverbères, les flammes droites se mirent à vaciller sur leur passage et Hyunjin sentit une étrange chaleur enfler dans le creux de son ventre. Il fronça les sourcils et ses abdominaux se contractèrent étrangement.
Lilith.
Il était persuadé qu'il s'agissait de la démone et ce, même s'il ne l'avait pas entendue de toute la soirée. Il reconnaissait cette sensation. Elle en avait envie, là, tout de suite. Il tenta de réfréner les désirs de la jeune femme et il plaqua l'avant-bras contre son estomac.
— Un souci ? s'inquiéta Jeongin.
— Non… murmura Hyunjin. Ça va.
La main de Jeongin s'enroula autour de son poignet pour l'arrêter.
— Tu veux t'asseoir quelque part ?
Le prince grimaça. La boule ardente grandissait dans son abdomen et elle lui faisait de plus en plus mal. Il finit par accepter et ils prirent place sur un banc en fer forgé, à l'abri d'un grand arbre. Au loin, la musique et les rires résonnaient, la fête battait son plein. Mais Hyunjin s'en fichait. Ce n'était pas comme s'il aimait ça, ni comme s'il avait eu l'habitude de ces réunions. Il n'y était pas souvent convié ou alors il ne s'y rendait pas, tout simplement.
— Tu te sens comment ?
Hyunjin se laissa tomber contre le dossier, la tête basculée vers l'arrière. Il laissa échapper un long soupir et ferma les yeux, le bras toujours pressé contre son ventre.
— J'ai mal, mais ça va passer.
— Tu veux que…
Jeongin marqua une pause et Hyunjin rouvrit les yeux, curieux de savoir ce qu'il allait lui soumettre. Il haussa un sourcil interrogateur et le jeune homme papillonna des cils tout en se détournant de lui.
— Rien, laisse tomber.
— Qu'est-ce que tu voulais dire ?
Il avala bruyamment sa salive et ne répondit pas.
— C'est bien ce que je me disais, t'es un gros coincé.
Jeongin se redressa, tous ses muscles s'étaient contractés, et le voir aussi tendu fit rire le prince.
— Quoi ? Ose me dire le contraire.
— Je… Je ne suis pas un coincé.
— Si. Tu ne sais pas t'exprimer quand on te le demande. Tu rougis, tu bégayes, t'as aucune conversation. Tu es ennuyeux à mourir, tout ce que tu sais faire c'est dire amen à tout et t'as pas de personnalité.
— Tu ne me connais pas.
— Alors réponds à ma question. Qu'est-ce que tu voulais dire ?
Jeongin prit une grande inspiration. Il se pencha vers Hyunjin et, sans que ce dernier ne s'y attende, il déposa les lèvres sur les siennes. Le contact fut bref, presque illusoire tant il avait été rapide, mais Hyunjin ressentit déjà un changement dans son état. Il n'avait plus aussi mal au ventre, comme si ce geste présageait davantage. Peut-être quelque chose qui apaiserait Lilith et sa soif de luxure insatiable.
— Qu'est-ce que tu fous ?
Tout penaud, Jeongin baissa la tête, il s'excusa dans un soupir. Hyunjin était surpris et dérouté par ce que le jeune homme venait d'instaurer.
— Réponds-moi au lieu de fuir.
— Il… Il paraît qu'embrasser quelqu'un qui souffre lui fait oublier la douleur… Au moins quelques secondes.
Hyunjin passa l'index sous son menton pour l'obliger à le regarder droit dans les yeux. Jeongin était rouge de gêne, et sa bouche entrouverte était une véritable invitation au péché. Le prince se mordit la lèvre, désireux de venir y goûter. Après tout, c'était lui qui avait commencé en l'embrassant, et il n'en fallait pas beaucoup pour l'emmener sur un terrain glissant. Il n'imaginait pas que le jeune homme soit aussi entreprenant, et ça lui plaisait énormément. Et ça avait l'air d'enchanter Lilith.
— Yang Jeongin, tu es un sale mioche, ricana Hyunjin.
Il serra son menton entre son pouce et son index avant de venir happer sa bouche. Il lui donna un langoureux baiser auquel le jeune homme peina à répondre, trop envahi par un flot de pensées désordonnées. Hyunjin pencha la tête d'un côté, puis de l'autre, ne cessant de mouvoir ses lèvres pulpeuses sur celles de Jeongin. Ce dernier s'était agrippé à son haut pour le tirer vers lui. Il se laissa aller sous les agréables caresses du prince ; leurs langues se lièrent et se délièrent pour permettre à quelques soupirs de bien-être de se faufiler. Si les éclats du feu d'artifices n'étaient pas venus les déranger, ils auraient probablement perdu toute décence ici même.
Haletant, Hyunjin lui caressa la joue et posa le front sur le sien. Il le connaissait à peine, mais qu'en avait-il à faire ? Il y avait cette attirance commune, ce désir partagé, et c'était bien suffisant pour signifier que ce soir, il allait coucher avec Jeongin.
— Rentrons, susurra-t-il.
— Pour aller où ? Retourner à la fête ?
Hyunjin laissa filer un rire.
— Tu sais, j'ai très mal au ventre, je pense que j'aurais besoin de plus qu'un baiser pour oublier la douleur. On peut rejoindre ma chambre pour ça. Qu'en dis-tu ?
Jeongin retint un gémissement et Hyunjin rit de plus belle. Cette soirée qui s'annonçait si insipide prenait une tournure qui lui plaisait. Non, il n'était pas près de s'endormir maintenant que la machine était lancée.
***
▶️ Voilà voilà 🙄
Promis on revoit père Chan bientôt ( ꈍᴗꈍ)
À la semaine prochaine !
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