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✥ chapitre 18

Hyunjin se sentait terriblement vide. Il avait passé la nuit à pleurer et à présent, il n'y arrivait même plus. Il avait l'impression de suffoquer, de mourir à petit feu, qu'un morceau de lui avait été sauvagement arraché. Sans Chan à ses côtés, il ne pouvait plus respirer, il ne pouvait plus vivre. L'angoisse lui nouait la gorge et lui tordait le ventre. Il n'avait pas bougé depuis la veille, il était resté dans son lit, complètement nu et replié sur lui-même.

Un véritable défilé avait eu lieu dans sa chambre. Jinyoung, sa mère, son père, et puis des prêtres qu'il ne connaissait même pas. Ses parents lui avaient hurlé dessus, répétant qu'il n'était qu'un monstre, une erreur, une abomination créé par le Diable en personne. Ils avaient rejeté la faute sur lui, comme toujours, car il était plus simple de lui en vouloir plutôt que d'accepter que même les hommes les plus purs en apparence n'étaient pas si irréprochables. Pour eux, les conquêtes de Hyunjin étaient des victimes de son immoralité.

Il rongeait tous ceux qu'il approchait d'un mal obscur. Semblable à la gangrène, il se propageait et continuerait à le faire si personne n'agissait.

Les religieux qui s'étaient succédé dans sa chambre avaient récité des prières, demandant pardon à Dieu pour les déboires de cette brebis égarée. Ils l'avaient aspergé d'eau bénite, et Hyunjin était simplement resté apathique. Ils avaient promis de s'occuper de lui plus tard et de le délivrer du méchant ; ils allaient l'exorciser. Il se sentait périr, ou devenir fou, il ne savait plus vraiment ce qui se passait dans sa tête. Il avait la sensation de rêver tout ce qui était en train de se passer, et qu'il allait bientôt reprendre connaissance. Tout autour de lui semblait flou, irréaliste. Sans Chan, il n'avait plus de raison d'être, plus de raison de tenir le coup. Sans lui, il pouvait bien mourir, il s'en fichait.

— Hyunjin, lève-toi, je t'en prie.

Il ferma les yeux de toutes ses forces quand il sentit une main sur son épaule.

— Hyunjin…

— Tout ça, c'est de ta faute, cracha-t-il.

L'animosité qu'il avait envers Lilith s'était de nouveau réveillée. Elle lui avait promis qu'il obtiendrait ce qu'il désirait le plus au monde, et il l'avait eu, il ne pouvait pas dire le contraire. Cependant, ce cadeau venait de lui être ôté de la plus horrible des manières, et il ne le supportait pas. Il se sentait humilié, ridiculisé, bafoué.

— Tu m'as tout repris, tu m'as enlevé la seule personne qui croyait en moi et qui m'aimait.

— Non Hyunjin, ne crois pas ça.

Il ignorait comment il en était encore capable, mais il se redressa en position assise pour faire face à la démone. Il ramena les genoux contre son torse et les encercla de ses bras. Il tremblait de tout son être, sa peau était glacée et pâle, ses membres le faisaient souffrir, sa tête était lourde. Il grimaça. Les prochaines heures allaient être compliquées. Il ne savait pas où était son amant, il ne savait même pas s'il était encore en vie et il ne pouvait pas sortir de sa chambre. Des gardes étaient postés devant la porte de celle-ci, avec interdiction de le laisser sortir. Il était condamné à rester là, dans l'ignorance, sans même être capable de verser une seule larme tant il avait pleuré. Il était épuisé, il n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

— Tu as toi-même dit que tu pouvais reprendre ce que tu m'avais offert, et c'est ce que tu as fait.

— Tu ne sais rien de ce que j'ai fait pour toi, pour que tu sois enfin heureux et libre.

— Comment pourrais-je ne pas croire que tu m'as trompé ?

— Si je t'avais trompé, je serais déjà partie de ton corps.

Hyunjin fronça les sourcils.

— Comment ?

— Parce que je n'ai plus besoin de toi. Parce que je pourrais de nouveau vivre la vie que j'attends depuis si longtemps.

Le prince ne répondit pas, mais son regard interrogateur laissait penser qu'il ne saisissait pas tout ce que Lilith lui avouait.

— Oui, j'ai retrouvé ce que je voulais. Ma force, mon énergie, tout est revenu. Quand tu as couché avec Chan hier, c'était ce dont j'avais besoin.

— Alors pourquoi ne pas seulement t'en aller maintenant ?

— Parce que toi, tu as encore besoin de moi.

Il pouffa de rire et détourna le regard quand la démone s'avança vers lui, jusqu'à ce que leurs visages soient très proches.

— Tout se passera bien. Tu dois avoir confiance en moi, et aussi en Chaejin.

Cette fois, Hyunjin se redressa. Ses prunelles devinrent sombres et son souffle se fit plus court.

— Qu'est-ce qu'il vient faire dans cette histoire ? grogna-t-il, les poings serrés.

Lilith passa une main dans ses cheveux, son toucher n'avait jamais eu l'air aussi réel qu'à cet instant. Ses gestes étaient tendres et délicats, comme ceux qu'une mère pourrait avoir envers son enfant. Hyunjin se sentit aussitôt détendu, apaisé, son cœur s'était adouci .

— Je t'assure qu'il va t'aider.

Il restait sceptique quant à cette information. Après ce qu'avait dit Jinyoung sur leur frère, il était persuadé que ce dernier avait joué la comédie pour le percer à jour. Il pensait qu'ils s'étaient ligués contre lui, pour que sa relation avec Chan soit dévoilée. Pour que jamais il ne soit un jeune homme heureux. Car peut-être ne méritait-il pas le bonheur, qu'il était destiné à souffrir pour le reste de sa vie.

Il était né dans la douleur, il devait mourir dans la douleur.

***

Le temps passait lentement, mais la nuit était sur le point de tomber. Le soleil s'effaçait derrière l'horizon et Hyunjin, assis sur son lit, restait là à observer les derniers rayons illuminer son visage pâle. Une journée sans Chan, sans avoir de ses nouvelles, était une journée de trop. Il n'en supporterait pas une de plus. Il perdait la tête, et Lilith avait beau tenter de le raisonner, il ne voulait rien entendre. Pour lui, tout était perdu. Il ne reverrait jamais son seul et unique amour, il ne sortirait plus jamais d'ici, et sa vie ne valait rien s'il était condamné à vivre comme un prisonnier. Lui, il rêvait d'amour et de liberté, il rêvait de bonheur et d'insouciance. Il rêvait d'un monde où il serait apprécié pour qui il était, avec ses qualités et ses défauts, un monde où il n'aurait plus besoin de se cacher ou de se faire passer pour ce qu'il n'était pas.

Un monde où il était avec Chan.

Ce rêve lui échappait, et il ne laisserait personne lui dicter ce qu'il devait faire. Il n'accepterait jamais d'être enfermé dans cette prison dorée. Il se leva et alla ouvrir la fenêtre. Le vent s'engouffra dans la chambre, faisant virevolter les rideaux ainsi que ses longs cheveux noirs. Il sentit la brise fraîche lui fouetter le visage, et l'envie de se sentir libre comme l'air l'envahit. Il avança d'un pas et posa un pied sur l'appui de fenêtre avant de s'y hisser, debout dans l'encadrement. Il inspira à pleins poumons le doux parfum des roses blanches en contrebas, elles lui rappelaient ô combien il était dépendant de Chan. Dépendant de l'amour qu'il lui rendait si bien.

— Hyunjin, ne fais pas ça, supplia Lilith d'une voix faible.

Ses doigts se contractèrent contre les rebords de la fenêtre, les larmes se mirent à nouveau à glisser le long de ses joues.

— Hyunjin, arrête ça !

Cette fois, il ne s'agissait pas de la succube, il avait sans aucune difficulté reconnu la voix de son frère. Il déglutit. Il craignait de se confronter à lui, de se montrer aussi faible et larmoyant.

— S'il te plaît, descends de là et viens.

Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, l'expression de Chaejin était inquiète. Le jeune homme s'avança lentement, une main tendue vers lui. Hyunjin hésitait à la saisir, de peur qu'encore une fois, les autres ne se jouent de lui. Il ne savait plus vers qui se tourner, en qui avoir confiance. Il ne savait plus si Chaejin était sincère, ou s'il prenait lui aussi un malin plaisir à le torturer.

— Fais-lui confiance, susurra Lilith.

Tremblant, il lâcha les rebords de la fenêtre et accepta la main de son frère. Il s'empressa de le serrer contre lui, geste qu'il n'avait jamais eu à son égard, et Hyunjin s'en sentit déboussolé. Il ne comprenait plus rien, il était perdu dans un océan de sentiments différents, bons et mauvais.

— Je suis désolé Hyunjin. Je suis profondément désolé.

Le jeune prince se détacha de Chaejin et l'observa des pieds à la tête.

— Tu vas devoir m'expliquer ce qui se passe.

— Oui, je sais.

Hyunjin regarda en direction de la porte, il se demandait comment le jeune homme avait pu entrer dans sa chambre sans encombre.

— D'autres gardes ont pris la relève, ils sont sous mes ordres.

— Vraiment ?

Il était on ne peut plus étonné que Chaejin prenne des initiatives, et surtout qu'il soit capable de diriger des soldats. Il l'avait toujours vu incertain, effacé aux côtés de Jinyoung, alors le voir aussi confiant ce soir, c'était une première. Et il s'était peut-être trompé sur son compte.

— Écoute, j'ai peu de temps à t'accorder avant que nos parents, ou même notre frère, ne remarquent mon absence. Je ferai vite, mais tu dois bien m'écouter.

Hyunjin soupira. Qu'avait-il à perdre maintenant ? Plus rien à part sa propre vie, et ce n'était plus ce qui lui importait désormais.

— Je suis sûr que Jinyoung m'a piégé. Il l'a avoué à demi-mot tout à l'heure, mais je ne suis pas parvenu à lui faire cracher le morceau. Il m'a juste remercié de lui avoir permis de voir qui nous étions réellement. Je t'assure que je n'ai jamais voulu te nuire.

— Pourquoi m'avoir demandé si Chan et moi nous nous aimions ?

— Honnêtement, je n'en sais rien. Je l'ignore c'est comme si… comme si je n'avais eu aucun contrôle sur ça.

Il enfouit le visage dans ses mains pour le frotter vigoureusement.

— Je sais, c'est complètement absurde.

— Non, je crois savoir.

— Vraiment ?

— Oui, mais ça n'a pas d'importance, que voulais-tu me dire ?

Chaejin lui attrapa les mains et planta le regard dans celui de Hyunjin. Il était intense et déterminé.

— Je te demande de me faire confiance, de croire en moi. Si tu ne le fais pas, Chan va mourir.

Cette phrase était un véritable poignard en plein cœur. Il ne pouvait pas accepter cela. Jamais il ne laisserait quiconque faire du mal à celui qu'il aimait. S'il y avait un espoir, aussi minime soit-il, de sauver Chan, il ferait tout ce qui était en son pouvoir. Il ferait n'importe quoi pour lui, même s'il devait y laisser la vie.

— Tu dois écouter ton frère, intervint Lilith. Rien n'arrive par hasard.

Il ravala sa salive et fit un petit hochement de tête. Chaejin regarda vers la porte, il était nerveux, et il devait faire vite.

— Je vais vous aider à quitter le palais. Il faut partir avant l'aube, sinon Chan sera exécuté et toi, ils vont t'exorciser.

— Que dois-je faire ?

— Deux de mes soldats vont rester à la porte de ta chambre, tu n'auras pas à t'en faire pour ça. Je viendrai te chercher dans la nuit pour t'emmener aux écuries, Chan sera sans doute déjà là.

— Tu vas réussir à le faire sortir ?

— Je connais quelqu'un qui va s'en charger, ne t'inquiète pas pour ça. Des chevaux seront prêts pour que vous puissiez fuir. Fuyez loin, aussi loin que possible, pour que personne ne vous retrouve.

Le cœur de Hyunjin s'emballa, l'adrénaline coulait dans ses veines et tordait son estomac. Il avait peur de tout perdre, de ne jamais revoir Chan, de devoir tirer un trait sur ce bonheur qui était à portée de main. Il avait caressé les étoiles, il avait goûté à la sérénité, plus jamais il ne pourrait s'en passer désormais. Si la situation venait à mal tourner, s'il se voyait séparé de son amour, il préférait encore la mort. Elle serait bien plus douce que la souffrance qui s'apprêtait à empoisonner son cœur.

— Est-ce que c'est compris ?

— Oui. Je peux réellement te faire confiance sur ce coup ?

— Hyunjin, je suis navré pour ce qui s'est passé. Jinyoung n'est pas quelqu'un de bien, il a peur pour sa place, il a peur pour ses secrets.

— Ses secrets ?

Chaejin se tourna à nouveau vers la porte et après avoir serré les mains de Hyunjin un peu plus fort, il soupira.

— Je dois y aller, je reviendrai dans la nuit, tiens-toi prêt.

Il le lâcha et se hâta à l'extérieur. Hyunjin bascula la tête en arrière et Lilith apparut dans son dos, les mains posées sur ses épaules.

— Tu voulais vivre ton amour librement, c'est bien ça ?

— Oui…

— Alors voit ceci comme un cadeau supplémentaire que je te fais. Ta chance d'être enfin libéré de tout ça, elle est là, et tu dois la saisir.

Hyunjin acquiesça. Il avait compris comment les choses en étaient arrivées là. Il connaissait Lilith, il savait de quoi elle était capable, il savait qu'elle avait le pouvoir de deviner ce qui allait se passer dans un avenir proche. Et puis, elle était perspicace. Elle discernait des choses que lui ne pouvait pas. Elle pouvait influencer les autres, les plus faibles, les plus malléables. Elle pouvait leur faire dire ce qu'elle voulait, leur faire faire ce qu'elle voulait. Elle avait des plans, qu'elle ne partageait pas avec son hôte, mais c'était pour le bien de ce dernier. Elle agissait dans l'ombre pour que Hyunjin ne s'oppose pas à elle, mais pour qu'il obtienne tout de même ce qu'il désirait.

« Rien n'arrive par hasard. »

Les paroles de Lilith avaient du sens, et s'il fallait passer par la souffrance pour obtenir une récompense, elle ne reculait devant rien. Hyunjin aurait ce qu'il convoitait, même si pour cela il devait verser sang, sueur et larmes.

Comme Chaejin lui avait demandé, il patienta jusqu'à ce qu'il revienne le chercher au beau milieu de la nuit. Il n'avait plus aucune notion du temps, mais le ciel était sombre et la pleine lune était haute. Il avait enfilé une cape noire dont il avait rabattu le capuchon sur sa tête. Son palpitant tapait à vive allure dans sa cage thoracique, il eut du mal à reprendre sa respiration et l'angoisse ne faisait qu'augmenter sa température corporelle. Il voulait tellement revoir Chan, s'assurer que ce dernier allait bien et qu'aucun mal ne lui avait été fait. Il voulait contempler son visage, son sourire, le prendre contre lui et lui dire qu'il l'aimait, que tout était terminé et qu'enfin ils allaient être libres.

Il eut l'impression que traverser le palais était interminable. Il craignait que quelque chose ne se déroule pas comme convenu, que les plans de Chaejin ne tombent à l'eau. Ses paumes de mains étaient moites, et des gouttes de transpiration perlaient dans sa nuque et sur ses tempes. Il était impatient d'être dehors, aux écuries, et d'enfin tirer un trait sur cette vie infernale qu'il subissait depuis sa plus tendre enfance. Il ne voulait plus être Hwang Hyunjin, le troisième né de la famille royale, l'enfant maudit, le paria. Il voulait seulement être l'homme que Chan aimait, sans masque à porter, sans fardeau à traîner.

Quand il sentit l'air frais sur sa peau, il eut l'impression de revivre, de reprendre son souffle. Chaejin lui lança un rapide coup d'œil et il lui attrapa le poignet pour l'obliger à accélérer le pas. Ils arrivèrent aux abords de l'écurie, Hyunjin hésita quand il remarqua deux gardes postés à l'entrée.

— Eux aussi sont avec moi.

Il avait vraiment tout prévu, et ça le surprenait autant que ça le rassurait. Il avait douté de lui, mais Jinyoung était doué pour semer la zizanie, surtout parce qu'il en avait après lui. Il le détestait, alors il aurait tout mis en œuvre pour l'anéantir. Il aimait le voir souffrir, il aimait lui faire du mal, il n'attendait que ça et là, l'occasion était bien trop intéressante pour ne pas se jeter dessus.

Ils contournèrent le bâtiment et Hyunjin s'arrêta quand il posa les yeux sur Chan. Sa respiration se fit saccadée et il ne put se retenir de fondre en larmes. Il courut vers lui et se jeta dans ses bras sans aucune hésitation. Doucement, son amant réciproqua l'étreinte qu'il lui offrait. Il le serra aussi fort que possible, et Hyunjin épencha ses pleurs sur les vêtements de Chan. Il avait troqué sa soutane pour une simple chemise en coton et un pantalon taille haute.

— J'ai eu si peur, sanglota le prince.

Son corps soubresautait dans les bras de Chan, ce dernier prenait soin de lui caresser le dos en lui répétant qu'il était là et qu'il devait se calmer. Hyunjin resserra son emprise sur lui, comme pour s'assurer qu'il était bien réel, puis il s'en détacha. Il renifla et s'essuya les yeux avant de se rendre compte qu'ils n'étaient pas seuls. Changbin se trouvait là, un peu en retrait, les mains jointes dans son dos alors qu'il observait la scène d'une expression impassible.

— Qu'est-ce qu'il fait là ? maugréa Hyunjin.

Chan lui prit la main.

— Il m'a sorti du cachot, il est avec nous.

Il lança un regard à Chaejin, cherchant des explications. Changbin était toujours en train de suivre Jinyoung comme un véritable petit chien obéissant et, même s'ils avaient couché ensemble une fois, cela ne voulait pas dire qu'il était de son côté.

— Nous pouvons faire confiance à Changbin. Comme l'a dit Chan, il est avec nous.

— Pourquoi ? demanda Hyunjin à l'attention du militaire.

Il s'inclina légèrement.

— Parce que j'ai l'injustice en horreur, et que Jinyoung doit cesser de se penser intouchable.

— Alors pourquoi l'avoir soutenu pendant tout ce temps ?

— Hyunjin, ça n'a pas d'importance, il vous faut fuir, dit Chaejin.

Il dut se résoudre à grimper sur son cheval sans poser davantage de questions. Il était pourtant curieux de savoir pourquoi Changbin, un homme aussi loyal en temps normal, s'était joint à leur cause. Une cause contre Jinyoung et l'autorité qu'il voulait instaurer.

— Nous allons vous conduire jusqu'à la porte Ouest, le chemin est sécurisé, annonça Changbin.

Hyunjin et Chan se lancèrent un regard, pétillant et empli d'espoir. Ils allaient enfin quitter ce palais maudit, se libérer de leurs entraves afin de vivre leur idylle sans se soucier du regard des autres, sans avoir peur d'être taxés de monstres, d'enfants de Satan, sans devoir se séparer. Ils étaient fait pour s'aimer, ils se comprenaient mieux que quiconque. Ils étaient destinés, depuis le premier jour où Chan était entré comme prêtre à la chapelle du château.

— Allons-y.

Chaejin et Changbin ouvrirent la route, les sabots résonnaient sur les pavés et ils priaient tous pour que personne ne soit alarmé par le bruit. Hyunjin se cramponnait aux rênes de sa monture et de temps à autre, il s'assurait que son amant restait à côté. Il n'arrivait toujours pas à réaliser que les derniers événements n'étaient pas le fruit de son imagination. Tout était si étrange, hors de la réalité. Il y avait eu tant de choses qui s'étaient passées en peu de temps.

L'arrivée de Lilith, leur pacte, ses nombreuses aventures, ses sentiments pour Chan, leur relation, puis la descente au enfer. Et maintenant, il avait espoir que tout s'arrange à nouveau. Il voulait y croire, il voulait faire confiance à son frère et à la démone. Il ne lui restait que cela et il ne pouvait pas s'avouer vaincu. Pas maintenant. Il devait tout essayer pour sauver ce qu'il était en train de construire. Pour sauver sa peau et celle de son amant.

Une ombre se dessina devant eux, une silhouette tenant une épée de taille moyenne. Les chevaux reculèrent d'un pas et s'ébrouèrent, Hyunjin resserra son emprise sur les brides de cuir. Un horrible sentiment s'était épris de tout son être ; de la peur, de l'angoisse.

— Vous feriez mieux de retourner d'où vous venez.

Hyunjin déglutit. Jinyoung n'allait jamais les laisser, il allait les poursuivre jusqu'au bout.

— Laisse-les passer, demanda Chaejin d'une voix douce.

L'aîné de la fratrie s'esclaffa avant de planter son regard dans celui de Hyunjin. Malgré la pénombre, il voyait à quel point Jinyoung était déterminé à le faire tomber. Il lui vouait une haine intense, et il ferait tout pour que jamais il n'atteigne le bonheur.

— Jamais tu m'entends, jamais il ne sortira d'ici vivant.

Ses mains se resserrèrent sur la fusée de son épée.

— Jinyoung, ça ne sert à rien.

— Comment peux-tu les laisser faire sans rien dire ? Comment peux-tu accepter leur relation ?

— Parce que c'est ce que Hyunjin mérite, si ça le rend heureux.

Le rire de Jinyoung s'élèva encore une fois dans les airs.

— Pourquoi aurait-il le droit d'être heureux ? Pourquoi a-t-il ce traitement de faveur alors que nous, nous sommes condamnés ?

— Laisse-les partir, ou je t'assure que ton secret sera révélé au grand jour.

En une fraction de seconde, l'expression du prince héritier se métamorphosa. Ses certitudes et son aplomb s'étaient envolés, laissant place à une peur qui déformait son visage. Hyunjin déglutit. Il n'avait jamais vu son frère dans un tel état, un rictus à la fois pervers et affolé au coin des lèvres, les yeux exorbités. Il avait l'air fou. Complètement fou.

— Et toi ! dit-il en pointant son épée vers Changbin. Comment as-tu osé…

Le Lieutenant-colonel inspira profondément.

— Je refuse de continuer à être votre pantin.

— Vraiment ? Pourtant c'est ce que tu sais faire de mieux.

Il rit de plus belle.

— Je ne serai plus votre jouet, prince Jinyoung. Vous n'avez plus aucun pouvoir sur moi.

Hyunjin papillonna des cils. Il n'était pas certain de tout saisir mais il était sûr d'une chose, Jinyoung cachait beaucoup de choses à la cour et à leurs parents.

— Si tu persistes, si tu appelles qui que ce soit, je dirai à tous qui tu es vraiment. Tous les sujets sauront qui est le vrai prince héritier de ce royaume.

— Ferme-la ! Tu n'es rien que mon larbin toi aussi !

— Je peux te faire tomber. Je peux dire à tous que tu dissimules ton désir pour les hommes et que c'est pour cela qu'aucune épouse ne fera jamais l'affaire. Que tu te rends chez des prostituées pour te convaincre que tu aimes les femmes. Que tu t'es servi du Lieutenant-colonel pour assouvir tes envies quand tu ne voulais rien assumer.

La mâchoire de Jinyoung se crispa. Hyunjin jeta un coup d'œil au militaire, il restait immobile, le visage froid, imperturbable, comme si les mots de Chaejin ne l'atteignaient pas.

— Je t'interdis de dire quoi que ce soit. Et ça, c'est entre lui et moi.

— Alors pousse-toi de leur chemin.

— Je te tuerai avant que tu n'aies l'occasion d'ouvrir la bouche.

Hyunjin n'arrivait même plus à réfléchir correctement, c'était trop à encaisser d'un seul coup. Chaejin avait des informations assez conséquentes pour que leur aîné soit déchu de son piédestal et pourtant, il essayait de négocier pour sa survie. Il était en train de s'effacer pour le sauver, pour sauver Chan. Il s'en voulait d'avoir douté de lui et de ses intentions. En réalité, Chaejin était quelqu'un de bien, qui avait lui aussi souffert, et ce soir il essayait de se racheter.

— Changbin.

Le militaire acquiesça et sans attendre, il se hissa sur le cheval de Hyunjin, juste derrière lui. Le prince se décala vers l'avant, bien que pris de court.

— Ne lâchez pas les rênes et foncez au galop, dit-il.

— Mais…

— Hyunjin, faites ce que je vous dis. Et vous aussi Chan. Maintenant.

Il asséna deux grands coups de talons dans les flancs de sa monture pour la faire partir, et Chan suivit. Ils passèrent à côté de Chaejin et de Jinyoung, sans que ce dernier n'ait le temps de réagir. Il ne pouvait rien faire contre eux, il était seul avec une épée, et négocier avec lui s'avérait inutile. Il aurait fini par alerter toute la garde royale et leur fuite se serait avérée compromise.

Les chevaux lancés à vive allure, Hyunjin entendit un puissant cri d'effroi fendre le ciel. Chaejin. Il tenta de se retourner mais Changbin l'en empêcha.

— Regardez devant vous, ne vous retournez surtout pas !

— Il faut aller l'aider !

— Non, l'interrompit-il. Il a choisi de vous faire sortir d'ici, quoi que cela lui en coûtait.

Le souffle de Hyunjin se coupa et son cœur se serra de douleur alors qu'il gardait les yeux rivés droit devant lui. Chaejin avait sacrifié sa vie pour lui, il avait sacrifié son avenir pour qu'il puisse goûter à cette liberté que lui n'aurait jamais. Peut-être préférait-il mourir plutôt que de devoir servir Jinyoung, bien qu'il aurait été en mesure de le faire tomber. Mais fallait-il encore que quelqu'un donne du crédit à sa parole. Il aurait été taxé de jaloux s'il avait cherché à nuire à leur frère aîné, Hyunjin en était persuadé. Jinyoung avait toujours été protégé, mis en valeur, comme s'il était un enfant prodige, le seul capable de reprendre le trône et le pouvoir. Il avait envie de pleurer alors qu'enfin, il touchait son rêve du bout des doigts. Il espérait au moins que Chaejin soit accueilli au paradis, car il le méritait plus que n'importe qui.

La grande porte Ouest se dessina et elle s'ouvrit pour les laisser quitter l'enceinte du château. Cette fois, c'était terminé. C'était une page qui se tournait, et un nouveau chapitre qui débutait.

***

Ils avaient chevauché jusqu'au petit matin, jusqu'à ce que les premiers rayons du soleil ne viennent les sortir de l'obscurité. Hyunjin, épuisé, s'était endormi sur l'épaule de Changbin qui avait pris les rênes tout en le maintenant correctement entre ses bras forts. Chan commençait lui aussi à piquer du nez, alors s'étaient arrêtés un moment aux abords d'une forêt, en retrait de la route pour que personne ne puisse les voir. Le militaire s'était chargé de faire du feu pour qu'ils puissent se réchauffer de cette nuit glaciale, et les deux amants avaient dormi l'un contre l'autre. Les sacoches accrochées aux selles de leurs montures contenaient quelques vivres ; du pain, des fruits, et des gourdes. Chaejin avait tout prévu pour qu'ils puissent tenir plusieurs jours de voyage sans avoir besoin de s'arrêter dans un village proche de la capitale. Il leur avait aussi laissé des pièces d'argent et des bijoux qu'ils pourraient revendre à un bon prix.

Hyunjin ouvrit doucement les yeux quand il perdit la chaleur de l'homme qu'il aimait. Il avait beau être enroulé dans une épaisse cape, il n'y avait rien de plus agréable que de sentir Chan contre lui. Il jeta un rapide regard dans sa direction, il était allé s'installer devant le feu pour boire un peu. Il grelotta quand un coup de vent souffla et aussitôt, une bouffée fiévreuse l'envahit.

— Je peux toujours faire ça, s'amusa Lilith.

Il se recroquevilla sur lui-même et serra les poings.

— Je sais à quoi tu penses Hyunjin. Et je suis navrée pour Chaejin.

— Tu le savais ?

Elle s'allongea face à lui et caressa son visage.

— Non, j'ignorais que Jinyoung ferait ça.

Hyunjin se renfrogna un peu, mais Chan revint vers lui. Il leva les yeux dans sa direction et, sans être en mesure de se contrôler, ils échangèrent un sourire tout aussi triste que rayonnant. Oui, ils avaient dû fuir, ils avaient dû surmonter des obstacles, faire face à des épreuves, mais ils étaient indemnes et ensemble.

L'homme s'accroupit pour lui proposer de l'eau, Hyunjin s'assit et attrapa la gourde. Il but quelques gorgées, l'eau coulant sur son menton tant il avait soif.

—Comment te sens-tu ?

— Je sais pas trop.

— Hm, tu veux quelque chose en particulier ?

Hyunjin déglutit, mais sa vision se flouta. Il se hissa sur ses genoux et enroula les bras autour du cou de son amant. Le visage enfoui contre son torse, il se laissa aller à de puissants sanglots, il évacuait toute la pression qu'il avait accumulé depuis deux jours. Doucement, Chan l'étreignit, déposant quelques baisers dans ses cheveux alors qu'il lui caressait le dos.

— Je t'aime… bredouilla le prince. Je t'aime et j'ai eu si peur de te perdre.

Chan sourit contre sa tempe avant de l'embrasser.

— J'ai eu peur moi aussi.

— Je ne veux plus jamais t'avoir loin de moi, plus jamais.

— Je serai toujours là, d'accord ?

Hyunjin resserra son étreinte et hocha la tête. Un toussotement se fit entendre derrière et ils se détachèrent légèrement. Changbin tenait une carte en main et avait décroché une des sacoches du paquetage.

— Je pense que le moment de se quitter est arrivé, annonça-t-il.

— Où allez-vous aller ? demanda Chan sans lâcher Hyunjin.

— Je voudrais rejoindre le village de pêcheurs au sud, il y a plusieurs jours de route, mais je trouverai bien un convoi pour m'y emmener. En attendant, je vais m'arrêter dans un sanctuaire à quelques heures d'ici.

Le prince fronça les sourcils, il trouva cela un peu culotté et irréfléchi de la part de Changbin. Un sanctuaire, avec des religieux, alors qu'il venait de libérer un prêtre révoqué de ses fonctions et de trahir la couronne ? Il était bien audacieux et surtout inconscient. Le sourire aux lèvres, Changbin extirpa un chapelet de la poche de son pantalon, il le laissa fièrement se balancer de gauche à droite sous les regards consternés des deux autres.

— Où avez-vous eu ça ?

Chan se toucha machinalement le cou.

— Il vous a été ôté quand vous avez été jeté en prison.

Hyunjin se sentit rougir de gêne en comprenant qu'il s'agissait du bijou que Chan avait l'habitude de porter, et duquel il s'était servi la première fois qu'ils avaient péché. C'était étrange de voir quelqu'un d'autre le manipuler sans se douter des expériences qu'il avait vécues.

— Ils ne pourront pas me refuser une nuit et une soupe, et si des pèlerins passent par là en direction du sud, je pourrai toujours me joindre à eux.

— Hm, oui, c'est une bonne idée. Et nous ?

Changbin leur jeta la carte, Chan la rattrapa d'une main habile.

— Continuez vers l'Ouest, il y a une grande ville à trois heures de cheval d'ici. Il y aura sans doute de quoi vous restaurer et passer la nuit. N'y restez pas trop longtemps, personne ne sait de quoi Jinyoung est capable.

Hyunjin acquiesça. Il se sépara des bras de son amant et se releva pour avancer jusqu'au militaire. Il se planta devant lui et s'inclina. Il devait le remercier lui aussi, pour ce qu'il avait fait pour les sauver. Ce n'était pas la première fois qu'il venait à son secours mais aujourd'hui, il était un fugitif. Il avait quitté le palais, il avait déserté l'armée, et il avait risqué sa vie pour la leur. Il avait pris position contre Jinyoung, et Hyunjin le respecterait à jamais pour cela. La situation pouvait être un peu étrange, ils avaient tout de même couché ensemble, mais ça n'avait plus aucune sorte d'importance.

— Merci pour tout, Lieutenant-colonel.

— Je n'ai fait que mon devoir.

Chan vint rejoindre le prince.

— Merci encore, nous n'oublierons pas.

— Arrêtez ! râla Changbin. Et puis, je dois aussi vous remercier. Si je n'avais pas été d'accord pour vous aider, je serais toujours là-bas à servir de jouet.

Hyunjin l'observa tristement. Il ne savait pas vraiment ce que Changbin avait subi, ce que Jinyoung lui avait fait endurer, mais il était assez perspicace pour se faire une idée d'à quel point il avait pu l'utiliser et le torturer. Il était fort pour cela, que ce soit psychologique ou physique. Changbin était un homme fort, un homme imposant et intimidant, mais cela ne signifiait pas qu'il n'était pas vulnérable. Il était comme tout un chacun, trop bon parfois, manipulable aussi. Il avait subi la supériorité de Jinyoung, et il avait dû s'y soumettre.

Ils ne s'adressèrent qu'un simple « Adieu » avant que leurs routes ne se séparent. Changbin s'en alla vers le Sud, Chan et Hyunjin continuèrent à chevaucher en direction d'une grande ville à l'Ouest.

Arrivés dans l'enceinte de la cité, ils n'eurent aucune difficulté à trouver une auberge confortable. Les chevaux avaient été pris en charge, une écurie attenante au bâtiment s'occupait des montures des voyageurs les plus fortunés. Ils avaient pu prendre un repas chaud et copieux au coin d'une grande cheminée, tout en profitant de l'ambiance silencieuse du lieu, très loin des tavernes que Hyunjin avait pu côtoyer par le passé. Ici, les clients étaient de la haute société, propres sur eux, les hommes accompagnés de belles dames maquillées et décorées de bijoux hors de prix.

— Tu veux retourner dans la chambre ?

Hyunjin hocha la tête. Il était épuisé par le voyage et il n'aspirait qu'à retrouver le lit douillet qui l'attendait. Et puis, il avait hâte que Lilith tienne enfin sa promesse. Elle allait partir, elle allait quitter son corps. Son pouvoir était revenu ; elle n'avait plus besoin de Hyunjin, et Hyunjin n'avait plus besoin d'elle. Ce soir, dans cet hôtel, leur association touchait à sa fin.

— Elle est prête ? demanda Chan.

— Oui, elle est prête.

Installés sur le lit, à genoux, leurs mains se retrouvèrent pour que leurs doigts s'entrelacent. Hyunjin ferma les yeux aussi fort que possible. Il était frigorifié, ses membres tremblaient, son pouls pulsait dans ses veines alors que son cœur battait à vive allure. Chan resserra sa poigne sur ses mains et Hyunjin se pencha vers l'avant, le visage déformé par la douleur. Des gouttes de sueur coulaient dans sa nuque, sur son front, et sur tout son corps qui souffraient. Son amant restait silencieux, il ne pouvait rien faire à part être là et le soutenir. Il savait mieux que quiconque ce qu'il devait ressentir, et Hyunjin pouvait s'estimer heureux que Lilith sorte d'elle-même. Expulser un démon de force aurait été bien plus douloureux. Le jeune homme poussa un cri à s'en déchirer les cordes vocales avant de s'effondrer dans les bras de Chan. Sur le matelas, allongée et nue, Lilith se révéla à eux.

— Ça y est, sourit Hyunjin d'une petite voix.

La démone se redressa, ses longs cheveux cachant son corps aux courbes voluptueuses. De ses grands yeux, elle battit des cils et afficha un petit rictus amusé avant de s'avancer vers les deux hommes. Le visage à quelques centimètres d'eux, elle attrapa la main de Hyunjin et la posa sur sa joue. Elle sentait la chaleur de sa peau, la douceur de ses doigts, et le prince sourit de plus belle.

— Merci, susurra-t-elle. Merci de m'avoir permis de retrouver mon corps charnel.

— Un marché est un marché, s'amusa Hyunjin.

— Je vois que je t'ai bien appris.

— Tu es vraiment magnifique… N'est-ce pas Chan ?

— Les démons sont toujours magnifiques. Regarde-toi, répondit-il avant de l'embrasser.

Hyunjin gloussa dans le baiser avant de sentir le corps de Lilith contre le sien. Il était bouillant, plein d'envie, et ses mains baladeuses se perdirent sur son torse pour défaire les boutons de sa chemise. Il avait désiré Lilith, autant qu'elle l'avait désiré.

— Tu es d'accord ?

Avant d'aller plus loin, il voulait avoir l'autorisation de l'homme qu'il aimait.

— Tout ce que tu voudras. Si tu as envie d'elle, alors laisse-toi tenter.

— Et toi ? Succomberas-tu ? fit la démone en glissant une main dans la nuque de Chan.

Il pencha la tête sur le côté tout en contemplant ses lèvres ensorceleuses. Il fonça dessus pour les happer entre les siennes sous le regard pétillant de Hyunjin. Celui-ci brûlait d'une passion dévastatrice, elle lui ravageait les entrailles, lui dévorait les organes. À cet instant, il oubliait tous les derniers événements pour s'abandonner à la luxure. Il voulait panser ses blessures, soigner son coeur.

Tour à tour, la démone s'occupa des deux hommes et ils le lui le rendirent à la perfection. Ils honorèrent son corps durant de longues minutes, et elle en réclamait toujours davantage. Insatiable, comme à son habitude.

Nus, tous les trois, ils passèrent la nuit à s'embrasser, à se caresser, à extérioriser leur plaisir. Ils se mêlèrent les uns aux autres, sans pudeur, sans retenue. Il n'y avait rien qui comptait plus que l'envie et le besoin de se satisfaire mutuellement. C'était intense, sauvage, mais aussi plein de tendresse et d'affection. Il y avait quelque chose, dans leurs gestes, dans leurs mots, qui dépeignait un amour presque utopique et inconditionnel. Ils donnaient sans compter, d'une manière totalement désintéressée, sans rien attendre en retour.

Ils s'aimaient, avec bienveillance et compassion. Ils s'aimaient, au-delà de leurs différences, au-delà des ombres qui pouvaient les animer.

Ils s'aimaient, à l'image de l'amour que le Créateur avait pour ses créatures.

Essoufflés, transpirants, mais comblés, ils s'étaient endormis alors que le jour commençait à percer. Lilith était restée près de Hyunjin, face à lui, tandis que ce dernier s'était assoupi dans les bras de Chan, le dos collé à son torse. Ils étaient beaux, dépravés mais glorieux, semblables à une tempête apaisée, loin des flots tumultueux de la vie.

— Hyunjin…

Le murmure de Lilith s'échoua sur ses lèvres entrouvertes et il sortit lentement de son sommeil. Leurs regards se croisèrent et le jeune homme afficha un petit sourire. Il se libéra une main pour la glisser sur l'épaule dénudée de la démone, puis sur son bras, avant de la caler sur sa taille fine pour l'obliger à avancer dans sa direction. Elle vint se blottir dans ses bras, sa poitrine rebondie collée à son torse et le visage au creux de son cou. Elle inspira à pleins poumons et déposa un petit baiser sur la peau chaude de Hyunjin.

— Merci, souffla-t-elle.

Elle n'attendait pas de réponse, le prince s'était déjà rendormi. Elle profita encore un peu de leur proximité, de sa chaleur rassurante, avant qu'elle ne doive quitter la chambre. Il allait lui manquer. Elle s'était attachée à lui, à ce qu'ils avaient partagé durant tout ce temps. Mais le moment était venu pour chacun d'eux de vivre la vie qu'ils désiraient et pour cela, ils devaient vivre loin de l'autre.

Délicatement, elle ôta le collier à la pierre translucide que Hyunjin portait autour du cou et, après un dernier baiser sur son front, elle se leva. Face au miroir, elle observa le bijou avant de se décider à le mettre. Elle devait définitivement s'en aller maintenant qu'ils avaient tous les deux obtenu ce qu'ils désiraient ; Hyunjin avait Chan, et elle avait un corps.

Elle se tourna vers la fenêtre, une sensation intense naquit dans son ventre. Il était là, tout proche, peut-être même dans ce bâtiment. Il avait tenu parole et l'avait retrouvée. De toute façon, il savait toujours où elle était. L'homme qu'elle aimait depuis le commencement, l'homme duquel elle était l'égale. Ils étaient faits pour être ensemble, leurs chemins finiraient toujours par se croiser.

À pas de loup, elle se dirigea vers la porte et l'ouvrit sans un bruit. Son visage s'illumina d'un éclat d'euphorie quand elle le vit.

—Lilith, l'insoumise.

Elle sourit.

— Heureuse de te retrouver, Younghyun.

•••

Bonjour bonjour ( ꈍᴗꈍ)
Voilà, c'est ainsi que se termine Lilith !

C'était intense à écrire, vraiment intense, je crois que c'est une des histoires qui m'a demandé le plus d'énergie, mais je ne regrette rien, bien au contraire. J'ai adoré l'écrire, j'ai adoré construire les personnages, semer des indices, vous induire en erreur aussi de temps en temps.

J'espère que vous en avez apprécié la lecture, bien qu'elle ait pu vous paraître un peu étrange parfois.

Je vous remercie pour tous vos commentaires, vos votes, vos fanarts, c'est vraiment encourageant et agréable de voir que vous aussi vous étiez investi.es dedans 💜

Merci encore d'avoir suivi cette aventure et... à bientôt (。•̀ᴗ-)✧

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