✥ chapitre 16
Hyunjin faisait les cent pas dans sa chambre, la main enroulée autour de son pendentif. Il ne cessait d'aller et venir d'un bout à un autre, devant la grande fenêtre qui donnait vue sur le jardin. La nuit était sur le point de tomber, et il n'avait aucune envie d'être obligé de dîner avec sa famille, même si en ce moment, sa relation avec ses parents était bien meilleure. Depuis que Chan leur disait faire des séances religieuses avec leur fils, ils avaient constaté un réel changement chez lui. Hyunjin ne fuguait plus, il était posé, très calme, et il étudiait avec beaucoup de sérieux. Ils ne l'avaient jamais vu aussi docile, et ils remerciaient le prêtre pour avoir autant de pouvoir sur leur enfant. Il était le seul capable de le dompter et de le remettre sur le droit chemin.
Mais tout ça n'était qu'une mascarade.
Une fois le soleil couché et le repas terminé, Hyunjin retrouvait Chan à la chapelle, et ils s'éclipsaient au sous-sol, prétendant qu'ils devaient se recueillir et que le prince devait être purifié. Et personne ne disait rien, personne ne se doutait de quoi que ce soit, tant que Hyunjin se comportait bien. Il était enfin devenu un fils aux yeux de ses parents, et non plus une erreur. Tout ceci n'était que poudre aux yeux, une illusion que les deux amants s'efforçaient de maintenir. Ils ne devaient jamais être découverts. Ils risquaient leur vie pour avoir péché, pour avoir croqué dans le fruit défendu. Et aucun d'eux ne voulait être séparé de l'autre.
Hyunjin se posta devant la fenêtre et soupira longuement.
— Allez, vas-y.
Il leva les yeux au ciel en entendant la voix de Lilith résonner dans son esprit. Sa main se crispa davantage sur la pierre translucide, la démone apparut face à lui, les bras croisés sur sa poitrine rebondie.
— Tu vas faire cette tête encore longtemps ?
Hyunjin détourna le regard et ne répondit pas. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis qu'il avait couché avec Chan la première fois. Il lui en voulait, pour lui avoir menti, et pour s'être servie de lui afin d'obtenir ce qu'elle seule désirait en réalité. Elle avait eu beau s'excuser, il ne voulait rien savoir. Depuis le jour où Lilith avait rencontré le prêtre, elle avait su que Hyunjin ne le laissait pas indifférent. Elle avait senti ce désir qui émanait de lui, cette envie folle et irraisonnée de l'enlacer, de l'embrasser, et de lui dire ô combien il l'aimait. Sa présence en Hyunjin n'avait fait qu'accélérer le processus pour que Chan ne craque. Elle avait compris qu'il était sensible, qu'il avait déjà eu affaire à d'autres démons, et qu'il saurait reconnaître les signes.
Elle savait tout ce qui allait se passer, le scénario qu'elle avait imaginé s'était déroulé à merveille. Elle s'était volontairement montré à Chan ; elle savait qu'il était un homme pieu et qui se souciait de Hyunjin, et elle savait qu'il tenterait de la faire sortir. Mais il y avait aussi un détail qu'elle n'avait pas manqué, il s'agissait de cette aura sombre et mystique qui planait au-dessus de lui, un passé qu'il dissimulait, une histoire qui en réalité, ne faisait que lui rappeler ce que Hyunjin était en train de vivre. Elle avait senti à quel point Chan avait souffert, à quel point il avait été brimé, jusqu'à oublier qui il était, jusqu'à jouer un rôle en espérant se racheter. Alors elle l'avait laissé emmener Hyunjin dans le sous-sol, pour qu'il redevienne enfin lui-même. Elle voulait le confronter à ses propres démons, au souvenir de cette nuit tragique où il avait été forcé de devenir quelqu'un d'autre.
Cependant, cela ne changeait rien au fait que Hyunjin avait beaucoup de mal à digérer qu'elle l'ait trahi. Qu'elle lui ait caché la vérité. Il avait la sensation qu'elle avait pleinement profité de la situation, qu'elle l'avait poussé à faire des rencontres et à dépenser toute son énergie dans de longues nuits de débauche, alors qu'il n'avait finalement pas vraiment besoin d'elle. En réalité, c'était elle qui avait le plus besoin de lui. Il avait l'impression d'avoir été dupé, et il détestait cela.
— Hyunjin, je t'ai expliqué cent fois que si je n'avais pas été là, les choses n'auraient probablement pas évolué. Tout du moins pas si vite.
Il expira par le nez et sa mâchoire se crispa.
— Mon coeur…
D'un mouvement brusque, il tourna la tête vers la démone et la dévisagea.
— Ne m'appelle pas comme ça, lança-t-il d'un ton sec. Tu n'es qu'une sale menteuse.
— Je ne t'ai jamais menti. N'as-tu donc pas ce que tu désirais le plus au monde ?
Il se détourna de Lilith et recommença à marcher, le bruit de ses pas résonnant dans la chambre. Oui, il avait enfin Chan, et il ne pouvait pas avoir la certitude que sans la présence de la succube, les choses se seraient aussi déroulées de cette manière. Il ne pouvait pas le savoir, car il n'avait jamais essayé de faire un véritable pas vers le prêtre auparavant.
Il sursauta lorsque quelqu'un toqua à la porte. Après avoir donné son autorisation, une tête brune apparut, il s'agissait d'une de ses domestiques.
— Que se passe-t-il ?
— Le dîner, prince Hyunjin.
Il soupira.
— Je n'ai pas faim. Dis à mes parents que je ne me sens pas très bien et que je préfère me reposer.
La jeune femme acquiesça sans un mot, soucieuse de ne pas contrarier le prince. Son comportement avait peut-être changé, il se montrait désormais un peu moins sauvage et agressif, mais elle n'avait pas envie de réveiller en lui une quelconque animosité. Elle en avait déjà assez fait les frais. Elle s'inclina une dernière fois et referma la porte. Hyunjin rejoignit le fauteuil qui trônait face à la coiffeuse afin de s'y laisser tomber. Ses parents ne lui en voudraient pas s'il s'absentait juste une fois. Non seulement ils n'avaient jamais réellement tenu à ce qu'il réponde présent lors des dîners mais désormais, ils se montraient bien plus indulgents depuis qu'ils savaient que Chan l'aidait.
— Tu ne veux pas manger, mais tu ne veux pas non plus aller le retrouver ?
— Fous-moi la paix, maugréa Hyunjin en se massant le front.
— Il doit t'attendre. Tu sais qu'il t'attend toujours.
Cette fois, un long et puissant frisson glissa le long de sa colonne vertébrale. Le seul fait d'imaginer que Chan puisse avoir envie de le voir, de l'embrasser, de l'enlacer, et de le toucher, lui donnait chaud. Il avait découvert en lui quelque chose de bestial, mais dont il était tombé éperdument amoureux. Encore plus qu'il ne pouvait déjà l'être. Quand Chan lui faisait l'amour, il était passionné, parfois rude, mais en même temps, il était toujours d'une douceur incomparable, tendre, débordant d'affection à son égard. Et Hyunjin le trouvait parfait avec ses imperfections. Il adorait cette façon qu'il avait de lâcher prise, d'oublier ses responsabilités et de se dévoiler complètement à lui. Il adorait lorsqu'il lui prouvait ô combien il l'aimait, quand il le prenait contre lui et lui répétait qu'il était heureux, même s'ils devaient se cacher pour s'aimer.
D'une traite, Hyunjin se leva et quitta sa chambre. Il devait aller le retrouver. Ce soir encore, il avait besoin de voir Chan et de sentir ses bras autour de lui. Il traversa les corridors d'un pas décidé, essayant tout de même de ne pas trop attirer l'attention. Il ne voulait pas que ses parents ou même ses frères lui tombent dessus, qu'ils lui demandent de se joindre à eux pour le dîner. Maintenant, tout le monde se comportait avec lui comme s'il était une petite chose fragile qu'il ne fallait pas offenser. Cela l'amusait beaucoup. Il avait juste à prétendre que Chan le remettait sur le droit chemin et ils n'y voyaient que du feu.
Suffisait-il de jouer les Saints aux yeux des hommes pour en devenir un ?
Il arriva face aux portes de la chapelle, celles-ci étaient ouvertes et, au loin devant l'autel, il aperçut Chan qui allumait un cierge. Il s'arrêta une fois à l'entrée et l'homme se tourna vers lui. Leurs regards se croisèrent et l'échange visuel qui débuta sembla durer une éternité. Leurs yeux brûlaient de désir, leurs cœurs s'étaient mis à battre d'un même rythme et, au plus profond de leurs entrailles, un sentiment d'allégresse ne faisait qu'accroitre. Ils se désiraient d'une façon si pure et à la fois si dangereuse. Ils le savaient, ils jouaient avec le feu, mais c'était si bon d'être sans cesse sur le point de se consumer qu'ils ne pouvaient pas se permettre d'arrêter. Il était trop tard pour revenir en arrière.
— Bonsoir, Hyunjin.
La voix de Chan se répercuta contre les murs.
— Bonsoir, mon père.
Un mince sourire étira les lèvres du prince, puis il s'avança juste assez pour être en mesure de refermer les portes derrière lui. Il marcha jusqu'à Chan, sans le lâcher des yeux une seule seconde et, quand il arriva face à lui, il se lécha les lèvres en observant les siennes. Il mourait d'envie d'y goûter, de venir s'en saisir pour les embrasser avec avidité. Il fut attiré par son éternel chapelet qu'il ne quittait jamais, et cela le fit sourire de plus belle. Sa seule vue lui rappelait leur toute première nuit ensemble. Il ne l'oublierait jamais.
Chan lui attrapa la main et la porta à sa bouche pour y déposer un tendre baiser.
— Ne te retiens pas, nous ne sommes que tous les deux.
Suite à ses mots, il haussa un sourcil avant de se reprendre :
— Enfin, tous les trois.
Hyunjin perdit son expression joyeuse et détourna le regard. Chan serra davantage sa main et, avec délicatesse, il le tira pour que leurs corps se rencontrent. La chaleur qui émanait d'eux était hors du commun. Ils se voulaient, ils s'attiraient, et c'était une sensation délicieuse. Cela fut suffisant pour que le jeune prince oublie Lilith et ce qu'elle avait fait. À cet instant, ce n'était pas important. Il avait Chan, face à lui, contre lui, et il pouvait ressentir à quel point il aspirait à l'embrasser, à le caresser, à lui faire toucher les étoiles.
Chaque nuit passée ensemble était une véritable bénédiction. Un moment qui leur appartenait, où ils pouvaient s'aimer sans limite, sans jugement. Où ils n'avaient plus peur de dévoiler leur vraie nature, humaine et imparfaite.
— J'ai tant envie de t'embrasser Chan.
— Je t'en prie. Fais tout ce dont tu as envie. Absolument tout.
Sa voix s'était éteinte dans un murmure, comme s'il le suppliait silencieusement. Il aimait quand Hyunjin se laissait aller, quand il osait être lui-même. Il avait toujours su de quoi il était capable ; il avait maintes et maintes fois eu vent de ses aventures, peut-être pas dans les moindres détails, mais il avait compris qu'il était un jeune homme qui aimait avoir mal, qui n'avait pas de tabous, pas de barrières. Il avait souvent eu peur pour lui, les hommes étaient mauvais et sournois, et Hyunjin était vulnérable. Il s'était beaucoup inquiété, il craignait qu'un jour, il ne soit retrouvé inerte dans la chambre d'une sombre taverne.
Hyunjin fit un pas, sa main se cala sur la joue de son amant pour la lui caresser. Il ferma les yeux et se pencha pour atteindre ses lèvres tentatrices, c'était si bon de les retrouver. Il remua contre elles et n'attendit pas longtemps avant d'y glisser sa langue. Il sentit Chan sourire avant qu'il ne l'empoigne par la taille, ses grandes mains s'ajustant parfaitement autour d'elle. Hyunjin laissa filer un faible gémissement à ce contact, et il inclina légèrement la tête sur le côté. Le baiser s'approfondit aussitôt, et leurs langues se mirent à jouer ensemble. Elles se caressaient lentement, quelques bruits humides venant briser le silence de la chapelle et, en les entendant, Chan se recula.
Déjà à bout de souffle, les yeux mi-clos, Hyunjin détailla son visage. Il adorait ses prunelles noires, ses cheveux qui tombaient sur son front mais qui dévoilaient ses sourcils. Son nez large et ses lèvres pleines et brillantes. Il adorait sa peau blanche comme la neige, mais brûlante comme l'enfer.
— On devrait tout de même se cacher, on ne sait jamais, proposa Chan.
Le prince acquiesça et, sans tarder, le prêtre le tira jusqu'au confessionnal à proximité. Il y faisait sombre, ils ne distinguaient presque rien à l'intérieur, mais cela n'en était que plus excitant.
Impatients, leurs corps se retrouvèrent et leurs bouches se scellèrent à nouveau pour partager un long et langoureux baiser. Chan s'installa sur le banc en bois et Hyunjin prit place sur lui, les genoux de part et d'autre de ses cuisses. Il attrapa son visage en coupe et l'obligea à basculer la tête vers l'arrière. Il imposa la langue entre ses lèvres, prit soin de lui lécher les dents et de lui arracher quelques grognements.
Chan renforça l'emprise qu'il avait sur la taille fine de son amant et, d'un geste plus brutal qu'il ne l'aurait voulu, il fit s'entrechoquer leurs corps. Hyunjin hoqueta sous la surprise, la surprise de sentir à quel point leur petit jeu - qui ne faisait que débuter - avait déjà émoustillé Chan. Sous sa soutane, il avait deviné sans mal son membre éveillé. Le sien devait l'être tout autant, il était à l'étroit dans son pantalon, et son état n'allait pas s'arranger. Voir que l'homme qu'il aimait était excité grâce à lui, ça le rendait tout chose.
— Chan… geignit-il contre ses lèvres.
— Oui ?
— Je peux vraiment faire tout ce dont j'ai envie ?
— Je te l'ai dit, absolument tout.
Hyunjin soupira d'aise avant de glisser paresseusement sur le sol. Chan, ne sachant plus quoi faire de ses mains et anticipant ce qui allait se passer, se cramponna à l'assise.
— Tout ? répéta Hyunjin tandis qu'il passait une main sous la soutane de son amant.
— Tout…
Il sourit et releva le vêtement pour avoir un meilleur accès au pantalon de prêtre. Il passa la paume contre son érection et l'y appuya à plusieurs reprises. À chacun de ses gestes, il le faisait frémir d'envie, il entendait ses faibles expirations de bien-être, et cela le rendait fou. Ils ne pouvaient pas faire de bruit, quelqu'un pouvait débarquer à tout moment dans la chapelle et les entendre. Les surprendre. C'était à la fois inquiétant et euphorisant. Ils étaient à la limite, au bord d'une falaise, et il n'y avait qu'un pas qui les séparait de la chute. De ses doigts habiles, Hyunjin ouvrit le pantalon de Chan. Il eut besoin d'un peu de son aide pour le baisser, tout comme son sous-vêtement.
La faible luminosité qui régnait dans la chapelle rendait la scène encore plus enivrante. Ils distinguaient à peine le corps de l'autre, ils ne voyaient que des formes, légèrement éclairées par la lueur des cierges qui se consumaient devant l'autel. Hyunjin pouvait deviner le sexe de son amant fièrement tendu face à lui, qui ne demandait qu'à être caressé. De ses mains, de sa bouche. Il le saisit et débuta des va-et-vient prononcés, qui ne manquèrent pas de faire gémir Chan. Il se contenait comme il pouvait, son corps tout entier se crispait sous le toucher du prince, et il devait lutter pour ne pas laisser éclater sa voix.
Il fut obligé de redoubler d'effort lorsqu'il sentit un souffle chaud sur son sexe, puis une paire de lèvres pulpeuses se glisser dessus. Dans la pénombre, tout ce que le jeune homme lui faisait subir semblait encore plus exquis. Il se concentrait sur les sons, sur les odeurs, sur chaque caresse, aussi infime fut-elle. Il avait l'esprit sens dessus dessous, et Hyunjin s'amusait de sa langue en espérant le faire durcir davantage.
Une main enroulée autour de son érection, il s'en occupa avec beaucoup d'attention et d'amour. Il aimait avoir Chan en bouche et le sentir trembler, l'entendre soupirer du plus profond de son être. Il aimait lui faire perdre la tête, jusqu'à ce qu'il finisse par exploser de plaisir.
Il accéléra la cadence, ses va-et-vient se firent plus rapides et Chan trouva du soutien dans ses longs cheveux noirs. Il s'y accrocha d'une main et laissa son crâne reposer sur la paroi derrière lui. Il pouvait parfaitement dessiner dans son esprit le visage de Hyunjin, ses lèvres gonflées autour de sa verge, et même son regard imprégné de luxure. Quand il le regardait de cette manière alors qu'il s'occupait de lui, il ne pouvait pas résister. Il relâchait toute la tension qui s'accumulait dans son corps, il se laissait sombrer dans les abîmes, sans se soucier de ce qui pourrait leur arriver. Quand ils étaient ensemble et qu'ils se faisaient l'amour, il n'y avait plus rien. Ils étaient seuls, dans un autre monde. Dans leur monde.
— Mon père ?
Hyunjin sursauta, mais il ne se sépara pas de son amant pour autant. Il avait reconnu la voix de Chaejin, et il se demandait bien pourquoi ce dernier venait là.
— Mon père, j'aurais besoin de me confesser s'il vous plaît.
Chan déglutit bruyamment. Le jeune homme savait qu'il était là, il l'avait sans doute entendu faire un peu de bruit ou il avait discerné sa silhouette dans le confessionnal. Les pas se rapprochèrent.
— Oui, je vous écoute.
Chaejin entra de l'autre côté et il s'éclaircit la gorge. Hyunjin était toujours à genoux sur le sol, priant pour ne pas se faire repérer par son frère. Il était en mauvaise posture, il ne pouvait pas trop bouger au risque de signaler sa présence. Alors, avec précaution, il se sépara du sexe de Chan sans émettre le moindre bruit. Ils tentèrent de se lancer un regard, Chan garda une main dans les cheveux du prince et l'autre se posa sur la sienne, qui était toujours enroulée autour de son membre. Discrètement, il le guida pour qu'il continue de le toucher.
— J'ai… J'ai péché… avoua Chaejin.
— Hm, pouvez-vous me dire ce qu'il s'est passé ?
Un soupir retentit.
— Je suis rongé, mon père. Rongé par la convoitise. Je n'en peux plus de le voir, de le croiser au palais, de l'apercevoir se pavaner… Il me dégoûte et en même temps, j'aimerais avoir tout ce qu'il a.
Hyunjin se redressa un peu, l'oreille attentive. Il n'avait jamais entendu son frère parler avec autant de dégoût. Il semblait réellement peiné de ressentir ces choses, mais aussi terriblement honnête. De qui parlait-il ? Était-il en train d'avouer qu'il l'enviait au point que cela lui pourrissait la vie ? Même si Hyunjin avait toujours envié ses aînés, même s'il leur vouait une haine exacerbée, il n'avait jamais ressenti le besoin d'en parler. Il s'était forgé grâce à cette haine, elle l'avait aidé à devenir le jeune homme qu'il était aujourd'hui. Que Chaejin soit autant perturbé par ce qu'il ressentait, cela l'amusait. Il savait qu'il n'était pas fort, et qu'il devait se sentir inférieur par rapport à Jinyoung qui lui, hériterait du pouvoir.
— De qui parlez-vous ?
— Jinyoung.
— Vous l'enviez ?
— En fait, je l'envie et le déteste.
Un sourire fleurit sur le visage de Hyunjin. S'il y avait bien un point sur lequel Chaejin et lui se comprenaient, c'était sans doute sur leurs sentiments envers leur grand frère.
— Je voudrais obtenir tout ce qu'il a, mais je ne veux pas être comme lui. Il est mauvais, il n'a d'amour que pour lui-même. Je suis jaloux de voir que nos parents lui accordent autant d'importance. Il est faux, il essaye toujours de s'attirer leurs faveurs.
Un court silence s'installa avant que le jeune homme ne continue.
— Et son comportement avec notre frère, je ne le cautionne pas du tout. Je ne l'ai jamais cautionné.
Cette fois, Hyunjin s'arrêta. Il releva la tête pour mieux entendre et papillonna des cils.
— Je n'ai jamais pu rien dire, de peur d'être moi aussi traité comme Hyunjin l'est. Et je m'en veux, je m'en veux de l'avoir moi-même insulté parfois alors que sa peine m'a toujours touché. J'espère que Dieu pourra me pardonner…
Sa voix s'était faite tremblante, incertaine, et Hyunjin avait l'impression qu'il aurait pu pleurer d'une seconde à l'autre. Ce qu'il venait de confier le touchait en plein cœur, et lui aussi sentait que les larmes étaient sur le point de couler. Sa gorgé s'était nouée, il se retenait de craquer. Il n'avait jamais imaginé que Chaejin puisse l'apprécier, ou tout du moins ne pas le haïr comme il le prétendait. Il n'avait jamais été violent avec lui, mais il était toujours resté distant et froid.
— Vous savez prince Chaejin, la première personne qui doit vous pardonner est votre frère.
Le jeune homme acquiesça et promit qu'il irait voir Hyunjin dès qu'il en aurait le courage. Il avait peur de sa réaction, qu'il n'excuse pas toutes ces années passées à ne pas le soutenir, à faire semblant pour plaire à ses parents. Dans le fond, Hyunjin comprenait pourquoi il avait agi ainsi, peut-être aurait-il fait la même chose dans l'espoir d'être accepté et aimé si la situation avait été différente. Il ne pouvait pas lui en vouloir d'avoir essayé d'être parfait aux yeux de sa famille.
Chan récita une courte prière avant que Chaejin ne quitte la chapelle. Hyunjin expira longuement, le départ de son frère était un véritable soulagement. Il avait la sensation qu'un poids énorme s'était enfin envolé de ses épaules.
La main de Chan dans ses cheveux glissa sur sa joue.
— Relève-toi, Hyunjin.
Il obtempéra et alla trouver les bras réconfortants de son amant, laissant des larmes inonder son visage. Il n'était pas seul. Il ne l'était plus.
•••
Chaejin n'est pas si méchant finalement 👀
Il reste deux (ou trois ?) chapitres avant la fin, accrochez-vous ( ꈍᴗꈍ)
À très vite 💜
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