✥ chapitre 13
Transpirant et haletant, Hyunjin se laissa tomber dans les oreillers. Les yeux fermés, il se concentra sur son cœur qui battait à tout rompre, son rythme cardiaque était sens dessus dessous. Il se redressa quand une main se glissa sur son ventre. Il la balaya d'un geste brusque, une expression de dégoût venait de métamorphoser son visage rouge et ravagé par l'orgasme. À ses côtés, son précepteur l'observait avec de grands yeux ronds, visiblement abasourdi par sa vive réaction.
— Quoi ? cracha le prince.
— Je viens te sauter et c'est comme ça que tu me remercies ?
Hyunjin leva les yeux au ciel et quitta le lit. Il alla se saisir d'un linge humide qui trainait près du broc et le passa sur son ventre pour se défaire des différents fluides qui maculaient son corps. Avec acharnement, il frotta sa peau déjà bien amochée, comme s'il voulait se l'arracher. Il avait passé l'après-midi dans sa chambre, dans son lit, en compagnie de Lee Minho, et ce dernier n'y avait pas été de main morte. Hyunjin était allé le retrouver dans la bibliothèque et lui avait fait des avances auxquelles il n'avait pu résister. À croire qu'il n'attendait que ça, de pouvoir décompresser.
Ils s'étaient envoyé en l'air pendant des heures, testant de nouvelles positions, de nouvelles pratiques. Lilith s'était fait une joie de profiter de cette séance, sa voix n'avait cessé de résonner dans l'esprit de Hyunjin. Elle extériorisait son bonheur, son plaisir, ses cris emplissant sa tête à la limite de la faire exploser.
— Tu n'as pas envie de recommencer ?
Des bras s'enroulèrent autour de sa taille, et il sentit le corps de Minho, derrière lui, se coller au sien. Il se retourna vivement et le repoussa avant de l'analyser de bas en haut.
— Dégagez.
Le précepteur haussa un sourcil.
— Comment ?
— Je vous ai dit de dégager d'ici. Je n'ai plus envie de votre queue, je m'en suis lassé.
Minho expira par le nez et, sans un mot, il ramassa ses vêtements éparpillés aux quatre coins de la pièce. Il les enfila rapidement et les défroissa du mieux que possible sous le regard irrité du prince. Il voulait qu'il s'en aille, qu'il lui fiche la paix. Il avait eu ce qu'il voulait, Lilith aussi, il n'avait plus besoin de lui. Avant de passer la porte, l'homme se tourna et Hyunjin leva légèrement le menton.
— Dégagez.
— Bonne soirée Hyunjin.
Il s'inclina et quitta la chambre du jeune homme. Ce dernier se laissa tomber à genoux sur le sol, les mains à plat sur la pierre froide, la tête baissée. Il se recroquevilla sur lui-même, en avant, et ses cheveux s'éparpillèrent sur ses frêles épaules. Il tremblait de tout son être, il n'en pouvait plus. Cela faisait des jours qu'il ne cessait de coucher avec des hommes, des jours qu'il faisait tout ce qu'il pouvait pour assouvir l'appétit de la démone. Elle était insatiable, et elle lui en demandait toujours plus. Il pensait qu'elle s'était calmée, mais le baiser que Chan avait déposé sur son front avait éveillé en elle un désir hors du commun. Un désir qui dépassait les limites humaines de son hôte.
Hyunjin commençait à faiblir, à se laisser envahir. Il n'arrivait pas à lutter, et il n'en avait pas envie. Il devait faire tout cela s'il voulait un jour que Chan tombe sous son charme. Si Lilith obtenait ce qu'elle réclamait, il verrait son vœu le plus cher se réaliser. Il aurait tout donné pour que le prêtre l'aime, pour qu'il lui accorde de l'attention. Alors il lui rendait souvent visite et lui offrait des cadeaux. De simples fleurs la plupart du temps, mais qu'il semblait apprécier tout particulièrement. Chacun d'elle avait un message caché et, secrètement, Hyunjin espérait que Chan les devine. Son cœur se remplissait de joie lorsqu'il le voyait sourire grâce à ses présents, quand il croisait son regard après avoir passé la porte de la chapelle. Il se forçait à y aller chaque jour car voir l'homme qu'il aimait le motivait à continuer. Il ne laisserait jamais tomber.
Ce que Lilith voulait, Lilith l'obtenait.
— Mon doux Hyunjin.
Il sentit la main de la démone se glisser sur sa nuque et descendre le long de sa colonne vertébrale. Il sentait ses ongles frôler chacun de ses os, chacune de ses blessures. Son corps était un véritable désastre, tout comme son esprit.
— Je suis fatigué… souffla-t-il.
— Tout va bien se passer.
— Et j'ai froid…
— Tu devrais t'habiller et aller le voir, tu ne crois pas ?
Aussitôt, Hyunjin releva la tête. Oui, il devait rejoindre la chapelle pour rendre visite à Chan. Il avait besoin de le voir, de sentir sa chaleur, d'entendre sa voix agréable et suave. Il avait besoin de lui, plus que jamais. Non pas sans mal, il se remit sur ses jambes et récupéra ses vêtements. Ils n'étaient plus très frais, mais ils feraient l'affaire. Il se dirigea vers la coiffeuse et attrapa un flacon de parfum. Il tamponna un peu de liquide sur son cou et à la naissance de son torse. Quand il reposa la petite bouteille, il croisa son reflet dans le miroir.
Il se contempla un moment, penchant la tête d'un côté et d'un autre. Malgré ses traits fatigués et ravagés par toutes ces nuits de débauche, il se trouvait beau. Il se trouvait même désirable. Comment lui résister ? Impossible.
Il eut un mince sourire et appuya les mains sur le meuble afin de se courber vers l'avant. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du miroir, et son regard bifurqua sur sa bouche entrouverte. Il expira, de la buée se forma, et il ferma les yeux. Ses lèvres pulpeuses et humides entrèrent en contact avec son reflet. Il avait mal à la tête, mal au coeur, mais il n'avait aucune envie de s'arrêter. Lentement, il embrassa la surface froide, remuant avec une certaine habileté. Il avait l'impression de s'embrasser, de partager un véritable baiser avec lui-même. Sa langue se faufila entre ses lippes pour se mêler à la danse. Tous ses sens étaient en alerte. C'était à la limite du supportable, sensuel, torride, si bien qu'il dirigea une main vers son entrejambe pour presser son membre qui commençait à s'éveiller.
Il était seul, devant ce miroir, à échanger de longs et langoureux baisers avec lui-même. Il perdait toute notion de réalité, il perdait le contrôle, et c'était terriblement bon.
— Hyunjin, n'oublie pas.
Il fut sorti de son illusion par la voix de Lilith, par la main sur son épaule.
— Tu dois aller le voir.
— Pourquoi ?
La succube prit une grande inspiration.
— C'est le moment.
Hyunjin acquiesça. Il n'imaginait pas vraiment ce qu'impliquait les paroles de Lilith, mais il ressentait ce besoin irrépressible d'aller voir l'homme qu'il convoitait. Il attrapa un ruban de soie et noua ses cheveux en une demi-queue un peu brouillonne. Ses bottes enfilées, il sortit de la chambre. Le palais semblait plongé dans le calme, la nuit enveloppait peu à peu la ville et bientôt, elle l'engloutirait. D'un pas pressé, mais discret, le prince marcha jusqu'à la chapelle. Il espérait y trouver Chan et - même s'il n'avait pas de présent à lui donner - voir son magnifique sourire illuminer son visage pâle. Il espérait croiser son regard pétillant, sentir sa main contre sa joue, peut-être même ses lèvres contre son front. Et pourquoi pas sur les siennes.
Il poussa les portes du lieu saint. L'intérieur était très faiblement éclairé ; quelques cierges étaient encore en train de se consumer devant l'autel, ils finiraient par plonger la pièce dans l'obscurité. Il n'y avait personne, le silence régnait, et Hyunjin afficha une moue de déception. Pourquoi Lilith l'avait-elle fait venir jusqu'ici ? Non, ce n'était pas le moment, elle s'était trompée. Alors qu'il allait faire demi-tour, Hyunjin sentit une force le paralyser.
— Tu restes là, lui ordonna la démone.
— C'est inutile. Il n'y a personne.
— Ta confiance en moi n'est pas une option. Si je t'ai dit de venir, si je te dis de rester, ce n'est pas pour rien.
Hyunjin serra les poings. Cela faisait des jours, des semaines, qu'il obéissait aux caprices de Lilith. Il partageait son corps avec elle, elle puisait énormément d'énergie et elle le fatiguait. Il ne savait plus qui il était, ce qu'il devait faire, ce qu'il voulait faire. Il se laissait guider et manipuler, pour qu'elle puisse assouvir ses désirs. Lui, il attendait. Il attendait qu'elle honore leur pacte, qu'elle lui donne ce qu'il cherchait. Et rien n'arrivait. Il lui avait tout offert, son enveloppe corporelle, ses nuits de débauches, et bien plus encore. Il avait l'impression de périr à petit feu à cause de tout ce qu'elle prenait.
— Je suis fatigué par tout ça. J'en ai marre de devoir faire tes quatre volontés, de foutre mon corps en l'air pour tes beaux yeux.
— Ce n'est pas pour mes beaux yeux. Mais pour les siens.
Le prince fronça les sourcils.
— Hyunjin ?
Il sursauta et se tourna vers l'homme qui venait de pénétrer dans la chapelle. Chan était là et s'avançait lentement, le visage paisible.
— Je ne m'attendais pas à vous voir ici maintenant.
Il arriva à son niveau et, aussitôt, leurs regards s'ancrèrent l'un dans l'autre. L'échange visuel était intense, et la tension qui émanait de leur corps insupportable.
— Vous avez besoin de quelque chose ?
— Non… Enfin…
Hyunjin déglutit, l'aura du prêtre était étrange. Différente. Il y avait quelque chose qui avait changé en lui, et il ne parvenait pas à dire ce que c'était. Peut-être dans ses yeux. Peut-être dans sa voix. Peut-être dans sa façon de se tenir. Il était attiré par lui, il était mordu, et il serait incapable de vivre si Chan le repoussait. Il ne le supporterait pas. Doucement, sa main se posa sur la joue du prince et il la caressa. Ses gestes étaient doux, consciencieux, comme s'il craignait de le briser.
— Vous me semblez exténué Hyunjin.
— Je le suis… avoua-t-il tout bas.
— Vous avez besoin d'aide.
— Mon père, je n'ai pas besoin d'aide.
Ses sourcils s'étaient affaissés en prononçant ces mots. Tout ce dont il avait besoin, c'était de lui. Rien d'autre. Il avait besoin de Chan, de sa tendresse, de son amour. Il avait besoin qu'il se soucie de son sort, qu'il le dorlote, qu'il lui dise que tout allait bien se passer. Il avait besoin de ses bras, de ses mains, de son corps, de sa bouche. Il avait besoin de se voir à travers son regard pour enfin prendre conscience qu'il avait le droit de vivre. Le droit d'être heureux.
— Vous voudriez venir avec moi ?
— Où ça ?
— Vous savez que tout ce que je fais, c'est pour votre bien. Vous me faites confiance ?
Hyunjin ravala sa salive. Le visage de Chan était si près du sien qu'un pas vers l'avant et leurs lèvres se seraient trouvées pour la toute première fois. Il en avait terriblement envie, mais il ne pouvait pas. Pas maintenant. Ce n'était pas le moment, il le sentait.
— Oui, je vous fais confiance.
La main sur sa joue glissa sur son épaule, puis le long de son bras, jusqu'à son poignet que Chan serra. Il adressa un petit signe de tête à Hyunjin et l'incita à le suivre. Il se saisit d'une torche sur le mur et ils arrivèrent face à une étroite porte en bois qui donnait sur des escaliers. Ils menaient au sous-sol et, quand ils s'engouffrèrent dans le corridor étriqué, le prêtre ne le lâcha pas pour autant. Hyunjin n'était jamais descendu dans le sous-sol du palais, il ne savait pas à quoi s'attendre, mais il était curieux de découvrir l'endroit où Chan l'emportait. En bas des marches, il découvrit un couloir plus large et très faiblement éclairé. Sur chaque côté se trouvaient des portes, certaines en bois, d'autres en métal. Il y faisait frais et humide, le calme y était presque opressant.
— Où va-t-on mon père ?
Chan lui lança un coup d'oeil par-dessus son épaule, mais il ne répondit pas. Il se stoppa devant l'une des entrées et déposa sa torche sur un support fixé au mur. De sa ceinture, il décrocha une clé qu'il utilisa pour déverrouiller la porte. Le bruit métallique résonna dans le couloir et Hyunjin fut parcouru d'un long frisson.
— Entrons.
Il laissa le prince passer en premier et récupéra sa torche avant de le suivre à l'intérieur. Hyunjin s'arrêta quand, petit à petit, Chan alluma les nombreuses bougies qui décoraient la pièce. Il observa tout autour de lui, la bouche entrouverte. Tout ce qu'il pouvait en déduire en découvrant les différents meubles présents était qu'il s'agissait d'une chambre. En son centre trônait un immense lit en fer forgé aux draps soyeux et rouges. Sur la droite, une bibliothèque occupait le pan de mur et de l'autre côté, une grosse armoire en chêne.
— Comment vous sentez-vous ?
— Je… Je ne sais pas…
Il était fébrile, à la limite de l'évanouissement. Ils étaient seuls, dans une chambre, où personne ne pourrait les trouver. Son coeur s'emballa dangereusement et son ventre se tordit d'envie. Chan, l'homme qu'il admirait, qu'il aimait, était avec lui. Il l'avait emmené là, ils n'étaient rien qu'à deux, et ça le rendait dingue. Alors, quand il s'approcha de lui et que sa main trouva à nouveau sa joue, Hyunjin fit valser les dernières barrières qui le séparaient de ce qu'il désirait. Il était là, à portée de main, rien que pour lui. Il fit un pas en avant et alla chercher du soutien en s'accrochant à la soutane de Chan tandis que leurs lèvres se frôlaient pour la toute première fois.
Hyunjin se sentit transpercé par le désir. Il venait d'exploser au plus profond de son être pour le ravager de l'intérieur. Il brûlait des pieds à la tête. Ses jambes allaient le lâcher et ses pensées n'avaient plus rien de cohérent. Il était en train d'embrasser Chan. Chan était en train de l'embrasser.
— Venez Hyunjin.
Il se détacha de lui et le guida jusqu'au lit. Il le poussa de façon à ce qu'il y tombe assis, et le prince leva la tête pour contempler le prêtre. Le souffle court, le palpitant incontrôlable.
— Mon père…
— Déshabillez-vous.
— Pardon ?
Chan vint passer une main dans ses cheveux et replaça une mèche rebelle derrière son oreille. Hyunjin n'arrivait pas à réaliser. Il était à la fois subjugué par l'homme qu'il aimait, mais aussi confus. Comment en étaient-ils arrivés là ? Avait-il réussi à le séduire ? Lilith avait-elle enfin décidé de lui donner ce qu'il attendait ? Il n'en savait rien, mais il trouvait cette situation particulièrement excitante. Il se sépara de ses bottes, puis s'attaqua à sa chemise. Il en défit les boutons, dévoilant peu à peu son buste meurtri.
— Vous êtes fort amoché. Qui vous a fait tout ça ?
Qui ? Il y avait tant de personnes qui étaient à l'origine de ses marques qu'il n'aurait pas assez d'une nuit pour toutes les citer.
— C'est une longue histoire.
— Quel plaisir avez-vous retiré de tout ça ? Quand vous couchez avec ces hommes, avec ces femmes, est-ce que cela vous comble ?
— Pas vraiment, dit-il en ôtant totalement sa chemise.
Il s'attaqua à son pantalon et Chan l'arrêta en lui saisissant la main.
— Gardez-le pour l'instant.
Hyunjin fronça les sourcils. Il ne comprenait pas vraiment où l'homme voulait en venir. Il lui demandait de se déshabiller, puis il l'empêchait d'aller jusqu'au bout. Qu'attendait-il de lui ? Voulait-il le faire sien ? Il n'en savait rien, il n'était plus sûr de rien.
— Allongez-vous.
Il grimpa sur le lit et Chan se pencha pour lui saisir les mains. Il les leva, jointes l'une à l'autre, et autour d'elle il noua une cordelette.
— Qu'est-ce que…
— Vous me faites confiance ?
— Oui.
— Tout ce que je fais, c'est pour votre bien.
***
Hello ! Ça y est ça commence à devenir sérieux par ici 👀
À votre avis, que va-t-il se passer ? Je suis curieuse de voir vos hypothèses :D
À très vite pour la suite !
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