Chapitre XXXIII
Lila se senti stupide.
Les Cracheurs libérés se ruèrent sur les légionnaires.
Edna regarda Lila droit dans les yeux et lança un jet de feu dans sa direction. Avant même qu'elle n'ai eu le temps de se défendre, la vision de la jeune fille lui sembla devenir trouble. L'esprit de Yakulu était entrain de renvoyer les flammes vers la cheffe des Cracheurs de Feu.
En esquivant le retour des flammes, Edna arrêta son attaque et Lila entendit Yakulu s'écrouler à côté d'elle. La jeune fille s'accroupit aux côté du thyül inconscient.
- Yakulu ! Réveille-toi !
Autour d'elle, Cracheurs et légionnaires se battaient avec vivacité. Personne n'avait remarqué la chute du vieux thyül. Seule Edna la regardait avec un sourire satisfait.
- Yakulu ! Répétait Lila, désespérée.
- Le feu, ça brûle. Même pour un misérable thyül, fit la voix odieuse d'Edna.
Lila sentit une rage grandir en elle à une vitesse qu'elle ne pouvait imaginer. Elle se redressa d'un coup et alors que la cheffe s'approchait d'elle, Lila lui envoya un roc en direction de sa tête. Edna évita le coup et envoya une boule de feu.
S'enchaînèrent alors un échange où ni Edna ni Lila n'arrivaient à se toucher l'une et l'autre. Entre des tentatives pour s'attraper, des coups de couteau et des attaques de Dons, chacune esquivait les attaques de l'autre. Plus le duel durait, plus la rage de Lila augmentait. Son visage devait être autant déformé par la haine que son ennemie. Dire qu'elle avait voulu suivre ses directives et qu'elle avait voulu participer à toute cette barbarie ! Les Cracheurs l'avaient attiré avec des belles paroles. Mais leurs chefs n'étaient que des êtres aussi cruels que le Général.
C'est alors que Lila aperçut Yakulu bouger. Cette fraction de seconde d'inattention permit à Edna de fondre sur elle. Lila réagit au dernier moment et sentit une lame lui brûler le flanc gauche. La jeune fille serra les dents de douleur et plaqua ses mains sur sa blessure.
Alors qu'elle relevait la tête, elle vit Edna fondre sur elle à nouveau. Seulement cette fois-ci, une armure de légionnaire vint la percuter de plein fouet. Les deux corps tombèrent au sol. Lila reconnut Méda qui écrasait la cheffe des Cracheurs de Feu de tout son poids.
La jeune femme avait les cheveux totalement ébouriffés et le visage sali par un mélange de terre et de suie. D'un mouvement maîtrisé, Méda bloqua Edna au sol en lui attrapant les bras.
- Va soigner les blessés ! ordonna-t-elle sans adresser un regard à Lila tandis qu'Edna se débattait.
La jeune fille ne se fit pas prier et laissa les deux femmes dans un combat acharné. Elle se dépêcha de mettre Yakulu à l'abri. Le vieux thyül eut du mal à se relever, malgré l'aide de Lila. La jeune fille serrait les dent pour se retenir de succomber à la douleur qui lui déchirait les côtes.
- Ca va aller, je vais te soigner, tentait-elle de le rassurer.
Elle vit face à elle un légionnaire sortir de derrière un rocher et trancher le bras d'un Cracheur de Feu qui fondait sur la gorge d'un de ses camarades, dague en main. Les ennemis étaient devenus incontrôlables. Le plan des légionnaires pour les immobiliser avait échoué. Le bain de sang qu'ils voulaient éviter était en train de couler.
- Lila... souffla Yakulu.
- Ne parle pas, utilise tes forces pour marcher.
- Je espère vous victorieux.
Lila regarda son ami et une terreur lui plaqua le ventre. Elle se mit alors à regarder tout autour d'elle. Elle ne voulait pas le perdre.
- Qu'est-ce que ton esprit a vu, Yakulu ? Donne moi une direction, quelque chose, je te protégerais !
A peine eut-elle fini sa phrase qu'une masse d'eau s'abattit sur eux. La tête de Lila frappa violemment le sol. Sonnée mais toujours consciente, la jeune fille se releva d'un coup et attrapa le bras de Yakulu pour l'aider. Seulement, le vieux thyül ne bougeait plus.
La gorge de Lila se serra. Elle n'eut pas le temps de vérifier son pouls que des pas précipités s'approchaient derrière elle. La jeune fille fit volte-face tout en envoyant une planche de terre vers ses ennemis.
Elle se retrouva alors devant Edna et Godfred. La rage qui l'habitait doubla lorsqu'elle croisa le regard de son ancien ami.
La jeune fille risqua un regard là où Méda l'avait sauvée. La légionnaire était au sol, une brûlure au bras et les cheveux trempés.
C'est alors qu'elle entendit Amin hurler à sa droite.
- Tu n'as pas fini ton combat, Godfred !
Le légionnaire se posta à côté d'elle, prêt à se battre.
- Allez, fit-il pour lui donner du courage.
Ils échangèrent un regard entendu. Ils dressèrent un mur devant eux. Lila ferma les yeux pour se concentrer sur les vibrations du sol. Ni Edna, ni Godfred ne pouvaient voler, ils étaient donc prisonniers de la terre et Lila et Amin étaient des maîtres en la matière.
Edna et Godfred fondirent sur eux et explosèrent leur mur. Seulement Lila et Amin ne se laissèrent pas faire. La terre bougeait avec eux et ils bougeaient comme un. Tous les deux avaient les yeux fermés et se concentraient que sur les vibrations qui résonnaient dans le sol.
Malgré le combat, Lila se sentait étrangement en harmonie et apaisée aux côtés d'Amin.
Cependant, les attaques de leurs ennemis devenaient de plus en plus fortes. Lila avait de plus en plus de mal à suivre.
C'est alors qu'elle senti comme un éclair se déplacer au sol. Quelqu'un se téléportait autour d'Edna et Godfred et leur faisaient perdre l'équilibre.
- MAINTENANT ! cria Amin.
Lila ouvrit alors les yeux. Elle aperçut Lionel qui s'envolait autour des deux ennemis et qui lança une bourrasque, plaquant Godfred et Edna au sol. D'un geste parfaitement synchronisé avec le capitaine, Lila fit trembler le sol. Godfred et Edna se retrouvèrent allongés, entourés de liens de terre aux côté du corps inanimé de Yakulu.
En voyant son ancien ami, la colère de Lila déborda. Elle fit sortir deux flèches de terre qu'elle pointa droit sur les deux ennemis.
- NON ! hurlèrent deux voix autour d'elle.
L'une était celle d'Amin. L'autre fit flancher la jeune fille. Elle leva la tête dans sa direction. Geron se tenait devant elle, essoufflé.
- Tu ne veux pas être une meurtrière, Lila, dit-il.
Le cœur de la jeune fille explosa.
- Je ne te dois rien !
Les larmes montaient. Elle était sur le point de s'écrouler. Sa douleur au flanc gauche la torturait. Seule la rage la maintenait debout.
- Geron a raison, lui souffla Amin, puis il reprit d'une voix forte vers le jeune homme, ne t'approche pas où c'est moi qui les tue !
Geron se stoppa, les mains en avant en signe de paix.
- Ne joue pas au gentil, on vous connaît, fit Lionel qui se déplaça derrière le jeune homme tel un coup de vent et lui bloqua les bras en arrière.
Lila sentit alors le monde tourner autour d'elle. Elle regarda sa main recouverte de sang qu'elle venait de poser sur sa blessure. Un sentiment de soulagement la parcouru et elle s'évanouit.
Amin rattrapa la jeune fille in extremis. Son côté gauche était ensanglanté et son visage était pâle. Il jeta un coup d'œil aux ennemis pour vérifier qu'ils étaient toujours bloqués au sol.
Le capitaine vit alors la cheffe des Cracheurs de Feu éclater de rire.
- Le petit toutou du Général a gagné le combat. Mais nous ne nous laisseront pas faire. Nous reviendront et nous vous extermineront vous et votre famille.
Amin soupira.
- Si seulement vous aviez écouté Lila, vous sauriez que nous sommes dans le même camp.
C'est alors qu'un sifflement aigu retentit et tous les combattants s'arrêtèrent. Un silence pesant s'installa. C'était comme si tout s'était arrêté. Aucun oiseau, aucun bruissement, aucun claquement d'arme. Chacun, qu'il soit légionnaire ou Cracheur de Feu, stoppa son mouvement pour se tourner vers l'origine du bruit. En haut de la montagne de terre qui protégeait le convoi se tenait un Cracheur de Feu.
- Nous avons perdu le combat. Il est temps pour nous de repartir.
Quelle drôle de manière, se dit Amin. Il était pourtant persuadé que les Cracheurs étaient déterminés à les tuer et prendre le pouvoir après cette bataille.
- Nous n'abandonneront pas ce pourquoi nous nous battons ! fit un autre Cracheur qui tenait un légionnaire, prêt à lui trancher la gorge.
Il y avait donc des conflits entre les rebelles.
- Simon, reprit le premier, regarde autour de toi. Nous avons des morts dont beaucoup dans notre camp.
- C'est le prix à payer, Samuel !
- Le prix qu'Edna et toi voulez payer.
Tout le monde s'était arrêté, les regards étaient fixés sur les deux Cracheurs de Feu. Les combattants des deux côtés observaient la scène, comme si cette discussion allait décider de la finalité de ce combat.
Amin tenait toujours Lila évanouie dans ses bras. Il ne put s'empêcher de se dire qu'elle adorerait voir cette scène.
Le capitaine sursauta lorsqu'il vit Samuel, le Cracheur qui se tenait au dessus du convoi se tourner vers lui et le désigner du doigt.
- Le changement qui débloquera la serrure.
Le dénommé Simon et Edna, toujours bloquée au sol, se mirent à rire.
- Juste parce que tu as trouvé une petite perle aussi pacifiste que toi, fit la femme d'un ton méprisant.
- Lila est la plus fidèle à nos valeurs d'origines. En faisant confiance à cet homme, elle a réussi là où nous avons échoué.
Amin se sentit si petit en cet instant. Jamais on avait parlé de lui de la sorte. Tout le monde le respectait et lui parlait comme un être supérieur dû à sa position. Et voilà qu'un ennemi, sans mauvaise intention, parlait de lui comme s'il était un homme parmi tant d'autres.
Il semblait à Amin que c'était la première fois qu'on le considérait à sa juste valeur, un être comme les autres.
- Si le prix à payer est de voir tous mes camarades mourir, reprit Samuel, alors je ne veut pas en faire partie.
Autour de lui, tous les Cracheurs de Feu avaient rangé leurs armes, mis à par Simon. En cet instant, ce Samuel semblait avoir plus de charisme que n'importe qui. Tout le monde était suspendu à ses paroles et semblait le suivre.
Le Cracheur sauta de son perchoir et plana jusque devant Amin. Son regard se planta dans celui du capitaine. Ce Samuel avait une prestance et un regard déstabilisant, comme s'il voyait en lui.
- Je veux croire au changement, capitaine.
Il regarda Lila.
- Cette jeune fille et sûrement beaucoup de vos légionnaires ont besoin de soins. Je m'excuse au nom de tous les Cracheurs de Feu, nous nous sommes égarés de notre droit chemin.
Amin ne savait pas quoi dire, cet ermen l'impressionnait. Samuel recula en continuant son discours.
- Vous, autant que moi avez besoin de changer ce pays. Je vous enverrai un lieu de rendez-vous pour en discuter. Pour le moment, mes camarades et moi-même retournons dans nos quartiers.
Sans attendre une réponse, Samuel se détourna, suivit des autres Cracheurs de Feu. Celui qui lui avait tenu tête était tenu par deux Cracheurs tandis qu'Edna et Godfred étaient toujours bloqué par les liens de terre d'Amin et Lila.
Les Cracheurs disparurent à l'horizon, laissant un calme de mort sur le champ de bataille. Seuls les cris de rage d'Edna et Godfred brisaient le silence.
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