Ezéchiel s'était mis à chercher frénétiquement dans ses affaires après s'être rendu compte de la disparition de ses sous. Pas parce que perdre quelques pièces l'inquiétait, mais parce qu'il craignait pour un autre objet. Enfin, au fond d'un sac, il le trouva. Cet objet pouvant sembler sans valeur aux yeux de quelqu'un d'autre etait très important aux yeux du jeune elfe. 

C'était un vieux médaillon de bronze ou de cuivre. Si quelque chose avait un jour été gravé sur sa surface, ça avait disparu depuis longtemps. La chaîne, cassée il y des temps immémoriaux, avait été remplacée par une ficelle qui commençait à montrer des signes d'usure. Mais le vrai trésor se trouvait à l'intérieur, protégé du passage du temps, une gravure datant d'avant l'unification des langages qui signifiait le monde pour le jeune elfe :

"I will wait for you"

Son trésor enfin retrouvé, il s'affala sur son lit. Ainsi, il se perdit dans ses pensées. Contrairement aux croyances communes, Masgugue n'était pas le seul point de passage pour aller à la capitale. Alors pourquoi Azel avait-il autant insisté pour venir ici? En plus il y avait ce garçon...

Et c'est des questions plein la tête qu'il s'endormit.

Il fut réveillé par des coups contre sa porte. Il laissa échapper un «J'arrive, j'arrive...» fatigué avant de se lever. Il alla ranger le médaillon au fin fond de ses affaires avant d'enfin daigner ouvrir la porte. Le grand homme aux cheveux d'un noir profond se tenait là. N'étant pas une personne du matin, Ezéchiel lança :

«Tu connais la signification des mots "se reposer" ?»

«Tu me l'expliquera en chemin.» répondit l'autre, l'attrapant par le bras pour le tirer dehors.

Autant vous dire que l'elfe n'en fit rien, trop occupé à tenter de se défaire de la poigne puissante de l'homme. Une fois arrivé dehors, sur la terre ferme, il le lâcha enfin. Ezéchiel se frotta le bras et remarqua que Azel partait :

1) Sans escorte.

2) Vers un endroit que leurs hôtes ne voudraient pas qu'ils voient.

Excité et heureux de sortir des clous, il parti à la poursuite de l'homme immense. Il faisait passer ses yeux d'une chose à l'autre, à la fois émerveillé et dégoûté de ce qu'il voyait. Oui la ville du dessus était belle avec son architecture raffinée et ses horrible dorures sur fond immaculé, mais ce n'était pas la ville du dessous. Ici les gens s'enrichissaient sur les autres et les voyageurs et tout était... mou... Alors que en dessous... Il y avait quelque chose qui lui plaisait... C'était sûrement dû à cette éducation qu'il haïssait, mais il avait bien aimé cet endroit... Il ferait plus attention à sa bourse, la prochaine fois !

«On est presque arrivés.»

Ezéchiel fut tiré de ses pensées et resta bouche bée devant leur destination. Le bâtiment trapu était entièrement noir, fait d'une roche qu'il ne connaissait que trop bien. Il avait entendu que de dangereux criminels avaient été enfermés ici, mais il n'aurait jamais imaginé une chose pareille... 

Cette pierre, Argalantite, permet "d'effacer", du moins en partie, la magie à l'intérieur des gens le temps où ils y sont exposés et bloque totalement les capacités de changement de forme des loups-garous. En telle quantité, un dieu ne serait capable de faire apparaître qu'une mini flammèche entre ses mains, pour vous dire... Un autre coup d'œil lui permit de voir une roche d'un rouge miroitant, plus un cristal qu'une roche... Les démons aussi étaient bien gardés...

Le jeune elfe perdit de vu son guide lorsqu'il sauta au dessus du mur, pas très haut, qui entourait la prison. Ils avaient vraiment pas peur que quelqu'un s'échappe... En même temps il comprenait, qui pouvait bien ressortir de ça ?

Et c'est là, après être passé de l'autre côté du mur à son tour, que Azel intercepta le garçon de la dernière fois qui fuyait de ce même "ça d'où personne ne pouvait ressortir"...

Occupé à procédé ce à quoi il venait d'assister, Ezéchiel ne se réveilla que lorsqu'il remarqua le geste brusque du fuyard envers celui qui le retenait... Et il il recommença à procéder pour comprendre ce qu'il voyait. L'autre remarqua son regard et ce qui le causait, cacha cette raison d'un air honteux et totalement paniqué avant de courir vers la falaise sur laquelle la prison était construite. L'elfe vit les gardes courir pour rattraper l'enfant qui sauta. 

Alors que les gardes, persuadés que personne ne pouvait survivre à une telle chute, partaient, Ezéchiel vit ressurgir, trop loin pour les yeux humains, un immense serpent de mer. Plissant les yeux, il remarqua la silhouette sur son dos.

«Il est temps d'y aller» dit Azel d'un air satisfait, tirant le jeune incompréhensif par le bras.

C'est environ à ce moment là que l'elfe sut qu'ils seraient trois à quitter Masgugue.