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Chapitre 18

Le jeu reprit, et la bouteille tourna telle une toupie sur le sol. Finalement, le bout en verre s'arrêta en direction de Jiwoo.
Tous levèrent la tête vers la jeune fille qui ouvrit alors ses yeux plus grands, réalisant la situation.

- Alors,, Jiwoo ? fit Soyeon en se penchant, posant son menton sur ses poings.
- Oui ? fit-elle innocemment.
- Action ou vérité ?
- Action, répondit Jiwoo.
- Bon choix ! Fais une déclaration à la personne que tu trouves la plus belle.
- Je peux choisir n'importe qui ?
- Non, choisis la personne "que tu trouves la plus attirante", appuya Soyeon en la regardant avec une certaine menace dans les yeux, laissant alors comprendre presque immédiatement à qui elle faisait référence.

Soudainement, Jiwoo remarqua le regard du garçon en question posé sur elle. Evidemment, tout le monde la regardait, mais le regard de Minhee rivé sur elle lui faisait bien plus d'effet, l'empêchant de réfléchir correctement.
Elle n'osait en réalité pas vraiment lever les yeux par peur de laisser quelqu'un comprendre. Elle choisit finalement de prendre une grande respiration et d'agir avant que son cerveau n'ait le temps de se rendre compte de ce qui allait se passer. La jeune fille se tourna ainsi vers l'intéressé, ouvrant la bouche mais ne levant pas les yeux pour autant.

- Euh... commença-t-elle. Et bien, Minhee...

A l'entente de son nom, le garçon dévoila une expression de surprise, un petit rictus se dessinant alors sur son visage.

- Je te trouve beau et... attirant et... voilà.
- Du genre c'est ton style ? fit Soyeon.
- Ça fait deux questions ça ! réagit presque aussitôt Jiwoo, rouge de honte.
- Pas du tout, je te demande de développer ta réponse.
- Je n'ai pas envie.
- C'est le jeu.
- Non, c'est de la triche.
- Alors ?
- Oui il l'est, c'est bon !?
- Parfait, maintenant tourne la bouteille.

Sans plus attendre, Jiwoo toucha la bouteille, l'invitant à tourner sur elle-même. Autour d'elle, certains souriaient en raison de cette déclaration tandis que d'autres riaient silencieusement. C'était notamment le cas de Minhee qui trouvait la réaction de Jiwoo on ne peut plus amusante. Ce dernier se posait également un tas de question concernant les réels sentiments qu'elle pouvait éprouver à son égard aujourd'hui.

Finalement, la bouteille décida de s'arrêter sur Wonjin. Ce dernier avait au passage bu un peu trop d'alcool, prenant visiblement tout bien trop à cœur, amenant ainsi les différentes émotions qu'il ressentait à s'exprimer de manière exagérée.

- Bon, Wonjin, lâcha Jiwoo. Action ou vérité ?
- Vérité, fit-il avec un sourire.
- Est-ce que quelqu'un te plaît ici ?
- Ouaip ! répondit-il simplement avec beaucoup d'entrain et levant la main.

A cette réponse, tout le monde ouvrit grand les yeux.

- QUOI ??? sortit Taeyoung.
- Mais depuis quand ??? demanda à son tour Eunji.
- Haha... depuis que mes yeux ont rejoint son monde, répondit simplement Wonjin de manière la moins sobre de la Terre.
- Et c'est qui ? intervint Seongmin avec une voix innocente et curieuse.
- Hé... Je suis peut-être pas tout net là... Mais ça fait deux questions ça. Donc je n'ai pas à y répondre. Allez hop ! C'est mon tour.
- Le choix est vite vu entre les trois filles, fit remarquer Minhee.
- Qui te dit que c'est une fille, reprit l'intéressé en tournant la bouteille, lançant un regard arborant une expression volontairement charmeuse.
- Sans façon merci, je ne suis pas intéressé, réagit le blond en tournant la tête vers son voisin.
- Tu ne sais pas ce que tu rates. Ah ! C'est Taeyoung !
- Je pensais y échapper, ria-t-il.
- Action ou vérité ?
- Action, je n'ai rien à cacher, ce serait ennuyant pour vous.
- Mais quel garçon honnête, fit Soyeon en joignant ses mains comme pour montrer son émotion.
- Bon, commença Wonjin, comme vous avez des problèmes avec Eunji, remerciez-moi car on va enfin pouvoir les régler !
- Avec une action ? intervint Jungmo, assez dubitatif.
- Oui ! Vous allez être attachés l'un à l'autre jusqu'à ce qu'on considère que vous êtes sur la voie de la paix.
- PARDON ?? se réveilla presque Eunji, qui était restée assez silencieuse depuis son passage.
- Euh... Non, dit simplement Taeyoung en arquant un sourcil.
- C'est une merveilleuse idée ! fit Soyeon.
- Non pas du tout ! firent les deux victimes de la situation.
- Si vous êtes inséparables l'un de l'autre vous n'aurez pas d'autre choix que de vous entendre au bout d'un certain temps, c'est astucieux, argumenta Seongmin.
- Seongmin, pourquoi tu te mets à parler comme un psychopathe ?? T'es pas censé être doux d'habitude ??? C'est de la torture, tu devrais être contre et me soutenir ! réagit Eunji.
- On est loin de la torture, vous n'êtes pas physiquement en danger, sourit-il.
- Seongmin, sérieusement ????
- Vous êtes sûrs que c'est un jeu ? les questionna Taeyoung en s'apercevant que tout le monde était assez d'accord avec l'idée de Wonjin.
- Peut-être que de cet union naîtra une belle amitié, lâcha Minhee en posant sa main sur l'épaule de Taeyoung.
- Une amitié belle, née dans la souffrance, continua Hyeongjun afin de dramatiser encore plus ce moment, posant également sa main sur l'autre épaule de Taeyoung.

Ce dernier laissa sa tête partir vers l'arrière, désespéré de la situation dans laquelle il allait se retrouver.
Pendant ce temps, Wonjin était parti dans sa chambre chercher un objet... On ne peut plus particulier. En raison des effets de l'alcool, il mit un petit temps avant se retourner vers les autres. Finalement, il présenta l'arme du crime à ses nouvelles victimes, tout fier.

- Tada !
- Wonjin... Tu te fous de moi ? fit simplement Eunji.
- Lequel des bras vous voulez attacher ?
- Wonjin... Ne bois plus jamais, lâcha Taeyoung.
- Du coup ?
- La gauche, informa rapidement Eunji, ne laissant même pas le temps à son "acolyte" de dire quelque chose.
- Et tu ne penses pas à me demander mon avis ? Non ? C'est optionnel ?
- C'est à cause de toi qu'on est dans cette situation. Alors j'ai au moins le droit de choisir à quelle main je me dois d'être attachée à toi pour une durée indéterminée.
- Soit.
- D'ailleurs Wonjin, fit Jungmo.
- Oui ?
- Tu les a eues où ces menottes ?
- Ne commencez pas à vous faire des idées tous, fit-il. Elles ne viennent pas de là où vous pensez.
- C'est difficile de ne pas se faire des idées avec un objet pareil dans ta table de chevet, sourit Hyeongjun, amusé.
- Arrêtez ça ! Bon, Taeyoung, viens là.

Ainsi, les deux victimes de la situation se retrouvèrent attachés, aussi grincheux l'un que l'autre... Enfin, il était difficile d'être plus grincheux qu'Eunji dans ce cas.
Le jeu se termina après deux autres tours en raison de "l'heure des potins" qui avait été déclarée par Jiwoo et Soyeon, Eunji ayant décidé de ne plus laisser aucun son sortir de sa bouche.
Alors que tous étaient à l'écoute des histoires racontées, Taeyoung frotta sa main libre contre son bras emprisonné, tentant en vain de se réchauffer. Eunji le regarda du coin de l'œil mais décida de ne pas réagir.

- Je vais prendre un gilet, fit Taeyoung à Eunji.
- Maintenant ? demanda-t-elle.
- Oui, maintenant.

Sans en rajouter, la jeune fille se leva en même temps que le garçon, et tous deux se dirigèrent vers la chambre de Wonjin où les garçons avaient laissé leurs affaires dans leurs sacs. En arrivant, les deux siamois se disputèrent et l'exprimèrent à travers des onomatopées telles que des raclements de gorge exprimant leur exagération.

- Eunji s'il te plaît fais un effort, fit Taeyoung en essayant tant bien que mal d'approcher sa main de son sac. Ca me fait mal.
- Moi aussi figure-toi.
- On ne s'était pas déjà mis d'accord pour arrêter ces conneries ?
- Résultat des courses, je suis attachée à toi.
- Excuse moi de ne pas avoir lu dans l'esprit de Wonjin pour savoir quelle action il avait prévu de nous donner.
- Ça sonne faux.
- Ça tombe bien parce que ça l'est. Ces disputes, ça fait chier tout le monde. J'essaye de régler ce problème même si ça ne m'enchante pas forcément, alors je t'en supplie, arrête ça et baisse-toi pour que je récupère mon gilet.

Eunji fut touchée par les mots du garçon. Il paraissait réellement exaspéré par la situation, ou par elle. Plus aucun mot ne sortit de sa bouche et elle se contenta simplement de suivre ce que le garçon lui demandait de faire.
Ayant toujours agi comme ça à son égard, et ne l'ayant jamais réellement apprécié auparavant, la jeune fille se rendit compte à quel point elle se sentait stupide. Elle ne lui avait jamais laissé la chance de se rapprocher d'elle comme les autres, comme si elle l'avait toujours repoussé. De plus, elle n'avait jamais cessé de le considérer de la même manière, peu importe qui se trouvait devant eux. Au final, même si Taeyoung ne l'appréciait pas, il avait choisi de prendre sur lui pour oublier ces mésententes et laisser place à cette nouvelle année.

Ces rejets, elle les réalisait aujourd'hui pour de bon, recevant de plein fouet les mots du garçon qu'elle méritait amplement d'entendre.
De nature relativement émotive, Eunji tenta de ne pas laisser ses émotions prendre le dessus en s'exprimant par des larmes. Pour cela, elle choisit de ne plus prononcer un seul mot.

A l'extérieur, Minhee passa devant la porte de la chambre, se dirigeant vers la salle de bain. Observant les deux dans la pièce, il eut un petit sourire aux lèvres avant de fermer la porte discrètement, les laissant alors complètement seuls.

Eunji était comme absente, repensant encore et encore aux paroles de Taeyoung, les argumentant par de nombreux reproches qu'elle se fit à elle-même dans ses pensées. Ainsi, les bruits environnant n'étaient plus pris en compte par son cerveau, comme mis en veille.
Par accident, Taeyoung tira sur l'élément les attachant d'un coup net afin de mettre la manche de son gilet, ce qui fit un coup sec au poignet de la jeune fille.

- Ça tire ! lâcha-t-elle finalement sur le coup.
- Pardon, j'avais oublié.
- Fais attention.
- Oui, c'est bon, je t'ai dit ne pas avoir fait exprès.

Aucune réponse ne se fit entendre de nouveau.
Taeyoung la prévint finalement avant de se relever. Il fit un mouvement avec ses coudes, permettant au vêtement de tomber correctement sur ses épaules. Malencontreusement, ce mouvement réalisa une pression accidentelle sur l'interrupteur, plongeant la pièce dans le noir.

A ce moment, une sensation de frayeur intense s'empara du corps d'Eunji qui ne bougea plus d'un pouce. Taeyoung tenta de s'approcher de la porte pour partir mais fut bloqué par le non mouvement de sa camarade.

- Eunji, viens, fit-il.
- Me demande pas de bouger, lâcha-t-elle sèchement, ne sachant plus comment réagir face à la situation.
- Je t'en conjure parle-moi mieux ! Viens, on sort.
- Arrête.
- Mais on ne va pas rester toute la soirée ici. Ecoute Eunji, je sais que tu ne m'aimes pas mais ça commence à me taper sur le système !
- Arrête !

La voix d'Eunji s'était étouffée entre de la colère et de la panique. Le garçon comprit alors que quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas normal. Il se tourna vers la jeune fille, immobile dans le noir. Plus aucun bruit ne se laissa entendre dans la pièce mise à part les sanglots étouffés de la jeune fille.

- Taeyoung... T'es où s'il te plaît...
- Qu'est-ce qu'il y a ? fit-il, inquiet. C'est moi ?

Il se rapprocha d'elle et remarqua alors à quel point ses mains étaient tremblantes. Dans l'obscurité, la jeune fille avait fermé les yeux.

- Non, c'est rien, dit-elle finalement.

Taeyoung avait posé sa main sur l'épaule de la jeune fille, pour lui signifier sa présence.

- Je suis là, regarde.

Le garçon la rapprocha de lui, posant sa tête contre son torse. Il l'avait entouré de sa main libre pour la calmer, cherchant l'interrupteur des yeux.
Après quelques secondes, il le trouva et appuya sur ce dernier qui ralluma la pièce. Fermant à moitié ses yeux afin de supporter le changement de lumière, Taeyoung baissa la tête pour faire face à la jeune fille.

Remarquant le retour de la lumière, Eunji se laissa glisser sur le sol, accompagnée du garçon qui l'enlaçait.
Elle s'était accroché à son t-shirt et tentait à présent de se calmer. Le brun avait à présent posé sa main sur sa tête et la caressait doucement, comme pour la rassurer.
Cependant, il n'osait sortir aucun mot, ne sachant pas déterminer la potentielle réaction que cette dernière pouvait avoir.

Ayant à présent calmé ses sanglots, aucun ne se sépara de l'autre, ne sachant pas comment réagir. Ils étaient ainsi assis, elle contre lui, ne bougeant pas et ne disant rien.
Finalement, il tenta une phrase.

- Je suis désolé si je t'ai fais paniquer, ce n'était pas mon intention, fit-il.
- J'aurais réagi de la même manière avec ou sans tes paroles, répondit-elle simplement. J'aurais juste peut-être paniqué une ou deux secondes plus tard.
- Tu as peur du noir ?
- Ne le dis pas. Il n'y a que Minhee qui le sait.
- Je suis désolé.
- De quoi ? C'est moi qui ai été détestable avec toi et qui ai causé du tort à tout le monde.
- En dehors de ça, j'aurais dû comprendre tout de suite.
- Tu ne pouvais pas savoir.

Après quelques secondes, Eunji bougea en silence, se relevant, suivie de près par Taeyoung.

- Ça va ? demanda-t-il.
- Oui, répondit-elle presque trop vite.
- Eunji, tu...
- Non c'est bon, il n'y a rien. On y va ?

Elle avait répondu du tac au tac, comme pour rapidement mettre fin à cette situation. Ne pouvant pas fuir, la jeune fille dû se soumettre à des réponses courtes qui restaient pourtant peu convaincantes.
Taeyoung, de son côté, savait pertinemment que ça n'allait pas. D'une part en raison de ses mots qui tournaient en boucle dans sa tête, mais aussi en raison de la forte concentration de stress qu'elle venait d'accumuler.
La voir agir comme ça le perturba quelque peu, ne lui permettant plus de savoir comment se comporter.

- On y va ? demanda-t-elle à nouveau.
- Eunji, tu sais...
- Ça va. Let's go !

Taeyoung arborait à présent une émotion inquiète. Il commençait sérieusement à mettre de côté cette rancœur, remarquant à quel point Eunji était une personne cachant la majorité de ses émotions face aux autres. La découvrir ainsi, fragile, perturbable et émotive, s'opposait complètement à la définition qu'il avait toujours connu d'elle comme quelqu'un d'assez sociable, "rentre dedans" et honnête.
Le garçon eut alors l'impression d'être plus proche d'elle, d'une certaine façon. Cela développa en lui une envie de la connaître d'avantage, de comprendre qui se cachait derrière la façade qu'elle offrait aux autres, s'avérant en fait être une image faussée de sa réelle personne.

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