De l'autre côté de la région de Tabantha, au pied de l'imposante chaine de montagne d'Hébra se trouvait le village Piaf. Pas aussi grand que celui d'Elimith ou même Kokoriko, il n'en restait pas moins un endroit très agréable à visiter. Reconnu pour sa beauté et pour la bienveillance de ses habitants, il était une destination que très peu manquaient dans leur vie. 

Et parmi ces habitants-là se trouvait le fils du chef du village, Felix.

Très beau jeune homme dans la vingtaine, il était la fierté de son peuple. Il était intelligent et gentil avec chaque personne qu'il rencontrait. Il leur venait en aide avec toujours un sourire sur les lèvres.

Seulement lorsqu'il était seul il ne l'avait pas toujours, ce sourire aux lèvres.

Il pouvait demander tout ce qu'il voulait à son père et il ferait en sorte qu'il l'ait, il pouvait demander à qui que se soit de lui rendre un service et on lui rendrait, il pouvait tomber malade et le village entier pouvait s'occuper de lui.

Mais jamais il ne pouvait sortir.

S'il était accompagné d'une demi-douzaine de soldats, il pouvait faire une centaine de mètres jusqu'à l'extérieur du village pour cueillir quelques baies, mais jamais plus loin. Exceptionnellement, il avait l'occasion de voir du pays pendant des entrevues diplomatiques, mais celles-ci était extrêmement rares pour lui. 

Alors il avait trouvé un compromis.

À deux pas du village du côté des montagnes se trouvait le stand d'entrainement au tir. Felix y avait fait son endroit secret lors des disputes -de plus en plus fréquentes- avec son père, où il pouvait faire ce qui le calmait le plus; rester seul et tirer à l'arc. Les piafs étant une espèce hybride, il n'avait qu'à faire ressortir ses ailes et planer sur une petite centaine de mètres pour rejoindre le bâtiment. Étant constamment protégé à tour de rôle par des soldats, son père n'était pas si inquiet que ça à l'idée que son fils y reste pendant des heures durant.

Et il s'y trouvait en ce moment même.

Il prit une grande inspiration, ferma les yeux quelques instants et prit son élan avant de se jeter dans le vide. De là, il saisi trois flèches qu'il fit partir presque aussitôt, se logeant toutes parfaitement au coeur de leurs cibles. Toujours dans sa chute, il en décocha cinq autres, puis encore deux avant d'amortir sa chute à seulement quelques centimètres du sol grace à son imposante paire d'ailes.

- Ça doit bien faire trois ou quatre secondes de plus que la dernière fois... Zut...

Il remonta de nouveau jusqu'à la cabane en prenant bien soin de récupérer ses flèches avant de s'asseoir et de marquer ses statistiques sur un carnet.

Étant le meilleur archer de son village, il devait toujours s'entrainer pour s'améliorer. Non pas que cela lui déplaise, mais il aurait aimé s'entrainer sur autre chose que les même dix cibles qu'il visait depuis qu'il savait décocher une flèche.

Il s'autorisa à fermer les yeux quelques instants pour pleinement profiter du vent légèrement glacial qui lui chatouillait le visage.

- Qu'est-ce que l'air est bon ici...

Malheureusement il fut interrompu dans son petit rituel par le tintement répétitif de la cloche à l'entrée, lui signalant que quelqu'un l'appelait d'en bas et qu'il était sûrement l'heure de rentrer.

- Oui, oui, j'arrive! Je dois juste ranger mes affaires! 

Cependant les tintements ne cessèrent pas alors Felix se pencha sous l'échelle pour crier à qui conque était là de bien vouloir arrêter. Mais quelle fut sa surprise lorsqu'il vit un ami de longue date se tenir debout dans la neige.

- Innie! Qu'est-ce que tu fais là? Vite, dépêche toi de monter que je puisse te prendre dans mes bras!

Jeongin s'était lié d'amitié avec Felix quelques années auparavant lors d'un de ses voyages et en apprenant à se connaitre, ils avaient fini par devenir meilleurs amis au point où Jeongin avait ramené sa famille d'adoption au village pour leur présenter Felix. Il venait très souvent lui rendre visite et chaque fois, ça avait le don de remonter le moral de Felix.

- Oh viens là! C'est moi où tu as grandi? Tu vas bientôt me dépasser à ce rythme!

- Beurk, on dirait ma mère.

- Ça va, je te taquine... Mais tu as quand même poussé un peu! Dis moi, comment est-ce que tu as su que j'étais ici? C'est mon père qui te l'a dit?

- Oui. Pourquoi vous vous êtes disputés cette fois?

Felix soupira et prit place au côté de Jeongin sur une banquette pour lui expliquer.

- Je vais faire très court: mon père veut me marier à un guignol et j'ai dit non.

- Un guignol?

- Oui un malotru. Apparement il serait héritier au throne d'une tribu Piaf à l'extérieur d'Hyrule et mon père pense que ça ferait un bon parti si je l'épouse. Pire encore, c'est peut-être mon cousin! Il est hideux, mal éduqué et ne sait pas tirer à l'arc. Je ne sais même pas comment on peut être élevé comme ça! Bien évidemment j'ai refusé et mon père a accepté de reporter cette discussion à plus tard, mais il est déterminé à ce que j'épouse ce blanc-bec analphabète!

Jeongin laissa échapper un petit sourire discret. Felix était de nature si bienveillante qu'il ne pouvait même pas insulter quelqu'un méchamment. Cependant sa situation lui faisait de la peine. Il savait que tout ce dont rêvait Felix était de pouvoir voyager en toute liberté et un mariage arrangé ne ferait que l'en éloigner.

- Tu n'as pas d'autre solution? Quelqu'un d'autre en tête?

Les joues de Felix se teintèrent d'une couleur rosé alors qu'il tourna la tête pour éviter le regard de son ami. 

- Tu sais bien que si... Mais jamais mon père ne voudra... Il n'est même pas au courant qu'on se parle depuis des années... D'ailleurs tu as des nouvelles de lui?

- Non désolé. Mais si tu veux que les choses changent tu devrais lui parler de ce que tu ressent. À Changbin et à ton père. Si tu veux je pourrais lui transmettre une lettre, tu sais que je le fais toujours.

En effet depuis plusieurs mois déjà, Jeongin s'était porté volontaire pour faire passer en toute discrétion des lettres de Felix à Changbin, qu'il qualifiait seulement "d'ami" même si toute personne dotée d'une paire d'yeux fonctionnelle aurait pu voir qu'il y avait plus que ça. Felix l'aurait grandement accepté, mais avec le peu de fois où ils ont eu l'occasion d'avoir une conversation face à face durant les deux dernières années et leurs lettres, certes longues et détaillées, il ne pouvait pas exactement le considérer comme plus qu'un ami. Et une autre raison était que Changbin était le chef de la tribu Goron. Et Felix était bien placé pour savoir que les chef de tribus et les mariages ce n'était jamais simple. Alors il se contentait des lettres occasionnelles qu'il recevait de lui dans l'espoir que quelque chose se passe, mais toujours en vain.

- Je le sais bien... Mais bon, mon père est têtu et puis Changbin... Ce n'est pas aussi simple que ça... Même si je lui parle et dans le meilleur cas que ça soit réciproque, pense un peu à toutes les histoires diplomatiques qui s'en suivront...

Jeongin préféra ne rien ajouter par faute de meilleur plan. Ce n'est pas comme s'il avait déjà eu une relation amoureuse dans sa vie, alors il n'était clairement pas le meilleur à donner ce genre de conseils. 

- Mais passons, je m'occuperais de mes problèmes seuls. Dis moi plutôt ce qu'il se passe plus récemment dans ta petite vie! Oh et joyeux anniversaire, je n'ai pas eu l'occasion de t'écrire, excuse moi... J'espère que tu l'as quand même bien passé, cette journée!

- Comment te dire...

Ça commençait à agacer Jeongin de devoir répéter cinquante fois la même histoire mais il fit tout de même l'effort pour Felix. Bon, il évita tout un tas de détails pour éviter que ça soit trop long pour le jeune homme, mais il fit en sorte que le récit soit le plus complet possible.

- Alors comme ça tu as rencontré Chan?

- Vraiment? C'est tout ce que tu as retenu? J'ai en ma possession une relique ancienne et toi tu te concentre sur le fait que j'ai rencontré un soldat qui est connu de tous? D'ailleurs pourquoi je suis le seul à découvrir son existence seulement maintenant? J'ai l'impression que c'est une célébrité et que je suis sensé le connaitre comme si c'était la personne la plus importante d'Hyrule!

- Eh bien c'est un peu une célébrité chez les royaux. Je te rappelle que c'est le meilleur élément de la garde royale et de la cavalerie du pays donc ce n'est pas rien. Et ça fait des années qu'il a obtenu ce titre donc ça veut dire qu'il a ces capacités depuis un certain temps. C'est aussi lui qui est chargé des missions les plus difficiles pour le roi. D'ailleurs quand je l'ai rencontré je l'ai trouvé très froid, mais c'est en faite une personne très gentille et attentionnée!

Jeongin roula des yeux. Lui avait trouvé que ce n'était qu'un menteur peu professionnel, rigide d'esprit, forceur, supérieur et mesquin.

- Autre chose?

- Il a aussi un très beau visage et de très jolis yeux.

- Tiens, tu voudrais pas l'épouser lui plutôt que Changbin? Parce que vu comment tu le vend on dirait l'homme de ta vie. Avec un peu de chance ça passera mieux chez ton père.

- Oh arrête... C'est juste que Chan est vraiment une bonne personne si tu prend la peine d'apprendre à le connaitre! Tu devrais lui laisser une chance tu sais?

- Felix, je t'aime de tout mon coeur, mais je suis recherché par lui justement. Donc pour l'instant, je suis loin de vouloir lui laisser une chance.

- J'avoue que vu comme ça... Mais est-ce qu'il y a une raison concrète à ce que la garde royale t'arrête? Tu n'as rien fait de grave non?

- Justement, quelque chose cloche de ce côté là. Je n'ai aucune raison de finir en prison alors pourquoi est-ce que le roi veut ma tête?

- Peut-être qu'il veut juste la tablette? Elle est sensée appartenir à la famille royale alors peut-être que la savoir entre les mains de quelqu'un d'autre à froissé sa fierté... D'ailleurs si jamais tu veux rester caché au village, tu es le bienvenu!

- Merci mais je ne pense pas rester bien longtemps, je compte repartir demain.

- Si tôt? Eh bien si c'est le cas, tu n'as pas le droit de partir avant un entrainement de tir à l'arc!

Un grand sourire se dessina sur le visage de Jeongin. Felix savait comment lui parler. 

Ils passèrent l'après-midi à s'abandonner à leur activité préférée. Avec Jeongin, le tir a l'arc paraissait moins répétitif pour Felix. Il était content de l'avoir comme ami. Jeongin lui en avait profité pour tester la paravoile que Jiwoo lui avait confectionné et découvrit qu'elle était en réalité très pratique à utiliser. Il se fit une note mentale de la remercier pour sa création qui pour une fois n'était pas foireuse, elle qui d'habitude confectionnait des armes de destruction massive par pur "accident", même si Jeongin n'y croyait pas trop.

La nuit ne tarda pas à tomber sur la région alors les deux garçons prirent le chemin du retour pour rentrer au village. Felix avait demandé à ce qu'il puisse avoir sa propre tente plutôt que de dormir à l'auberge, alors Jeongin s'était retrouvé en étoile de mer sur son grand lit à fixer les étoiles par la fenêtre de sa chambre personnelle.

Il pensa une nouvelle fois à la raison qui avait poussé le roi à vouloir l'arrêter. Il n'avait fait de mal à personne et ne comptait pas le faire dans les jours à venir, il n'avait pas détruit quoi que se soit autour de lui, alors pourquoi diable était-il dans le viseur de la garde royale? Comme l'avait dit Felix, c'était peut-être par cause de fierté ou de jalousie de la part du roi de ne pas posséder cette relique légendaire. Dans tous les cas il devait faire attention, c'était certain. Demain il allait sûrement partir vers le nord pour explorer Hebra et trouver de nouveaux sanctuaires, alors il ne devait pas avoir trop peur de se faire attraper là-bas.

Il souffla un bon coup avant de laisser ses paupières se fermer doucement. Une bonne nuit de sommeil allait surement l'aider à oublier ses problèmes. 

Oui, du repos allait être le bienvenu.

Cependant, à l'autre bout du pays, le repos était ce qu'il manquait le plus.

En effet, la petite cheminée du phare d'Akkala laisser s'échapper une grande fumée dans le ciel deja bien sombre. Malgré l'heure tardive, Jisung était toujours en train de travailler. Enfin, travailler était un grand mot. Il vaguait plus à des activités personnelles qu'autre chose. 

Penché à son bureau, il s'affairait à emboiter, souder et visser des pièces ensemble sous le regard attentif de Minho, assis à côté de lui. Depuis qu'il vivait avec le scientifique, il avait découvert un style de vie beaucoup plus calme que celui qu'il avait lorsqu'il était sous les ordres Yigas. Rien ne semblait avoir de l'importance. Il pouvait enfin respirer et ne rien faire de ses journées. Certes, il était constamment accompagné d'un garçon pour le moins excentrique, mais il avait trouvé qu'il rajoutait un peu d'action dans sa nouvelle vie.

- C'est bon j'ai fini! Fais moi voir ta jambe.

Depuis plusieurs heures maintenant, Jisung s'était affairé à construire une attelle adaptée à la jambe du jeune homme pour l'aider à se soigner plus vite. Il lui avait déjà déniché une béquille temporaire à l'aide d'une branche d'arbre qu'il avait trouvé dehors, mais il avait peur que Minho n'aggrave sa blessure par accident s'il n'avait rien pour la protéger.

- Je crois que ça tient bien. Tu veux bien faire quelques pas pour voir comment tu marches avec?

Minho se leva doucement et marcha dans le laboratoire en boitant un peu. Cependant il devait l'avouer; c'était vachement plus pratique qu'avant.

- Alors? Demanda Jisung.

- Ça tient bien. Merci...

- De rien! Comme ça au moins, tu seras sûr de ne pas tomber de nouveau! Surtout avec tout le bordel qui traine par terre ici, on est jamais trop prudent!

Jisung se rassit à son bureau et commença à griffonner dans un carnet, repartant dans son univers de calculs et de chiffres.

Minho quand à lui resta debout au milieu de la pièce et fixait Jisung avec un air confus sur son visage. Il eut comme une réalisation par rapport à sa situation. Il était en train de se faire aider par la personne qu'il avait essayé de tuer quelques jours auparavant.

- Jisung, pourquoi est-ce que tu as fait ça?

Le jeune homme sembla perplexe face à sa déclaration. Il s'arrêta dans son travail pour lui faire face.

- Bah parce que tu t'es cassé une jambe! 

- Ça oui mais... Je parle de tout ça... Que tu me laisse vivre chez toi, que tu m'es venu en aide... J'ai essayé de te tuer alors pourquoi tu n'en a pas profité pour... Je ne sais pas, t'enfuir ou même me tuer pour te défendre? Tu n'as pas peur que je réessaye de t'assassiner dans ton sommeil?

- Hm... Non? Soyons logique, si tu voulais vraiment me tuer, tu l'aurais fait depuis un bout de temps, jambe cassée ou pas. Et puis si je n'ai pas agi c'est parce que toi aussi tu es comme moi et tu mérite d'être traité comme tel. Et puis je te rappelle que tu m'a aidé en retour avec la garde royale l'autre jour! J'allais pas te tuer après ça quand même! Déjà je t'aurais pas tué tout court parce que j'en suis pas capable... Mais j'allais pas te laisser mourir comme une andouille quoi. Tu sais, j'ai peut-être plus toute ma tête à force de vivre tout seul depuis des années mais je sais qu'une bonne action est une bonne action, peut importe la personne.

Minho resta silencieux. Il ne suivait pas toute la logique du jeune homme mais il accepta tout de même cette réponse.

- Je vois... Merci alors.

Il marcha jusqu'à son nouveau lit et s'y étala, visage tourné vers le jeune scientifique. Après tout, peut-être qu'il n'y avait pas que les bananes et les meurtres dans la vie. Vivre avec Jisung lui avait permis d'experimenter des choses que jamais auparavant il n'aurait pu imaginer dans sa vie normale. Peut-être que s'il l'avait tué cette nuit là, il n'aurait jamais reparlé de toute sa vie. Peut-être qu'il n'aurait pas découvert que socialiser n'était pas si horrible que ça. Peut-être qu'il n'aurait pas découvert que le visage de Jisung était plus agréable à regarder vivant que mort.

Il ne regrettait pas d'avoir chuté du haut du laboratoire cette nuit là.

C'est sur cette pensée qu'il s'endormi, affichant un sourire qu'il n'avait pas montré depuis des années.

Le lendemain matin, une silhouette émergea de son lit avec les premiers rayons du soleil. Le vent frais d'Hebra s'engouffra dans la chambre de Jeongin, faisant voler les rideaux dans la pièce. Il devait être aux alentours de huit heures quand il se décida de quitter le confort de ses draps. Pour une fois, il ne s'était pas réveillé aux aurores et il avait pu pleinement profiter de sa nuit comme il ne l'avait pas fait depuis quelques semaines. 

Après avoir mangé un en-cas, il parti à la rencontre de Felix en haut du village. Il comptait partir dans l'après midi pour passer un peu plus de temps avec lui, alors plutôt il le trouvait, plus il allait profiter de sa présence. La journée se déroula tranquillement; les deux garçons vaguèrent à des activités diverses comprenant bien évidement une partie de tir à l'arc, mais aussi une visite du sanctuaire du village qui mit des étoiles pleins les yeux au jeune Piaf. Ce dernier confia également une lettre pour Changbin à son ami, suivant ses conseils de lui faire part de ses sentiments. Avec un peu de chance, sa situation pouvait s'améliorer.

C'est sur une longue embrassade qu'ils se quittèrent à l'entré du village, Felix repartant de son coté pendant que Jeongin marcha jusqu'au relais d'en face pour récupérer son destrier.

Il comptait atteindre le prochain relais en fin de journée pour continuer ses recherches et voyager un peu. Mais ses plans rencontrèrent une certaine difficulté.

À peine son cheval récupéré, il s'apprêta à s'en aller quand une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter. Et malheureusement, la dernière personne qu'il souhaitait voir en ce moment même se trouvait là.

Chan, bien évidemment.

- Vous êtes en état d'arrestation pour trahison à la couronne.

Jeongin se pinça les lèvres. Après tous les efforts qu'il avait fait pour l'éviter, il s'était fait attraper si facilement dans un relais. Non, il ne pouvait pas juste se rendre comme si de rien était, il devait au moins essayer de parlementer avant. 

Il sorti son carnet de sa sacoche et commença à gribouiller dessus.

- Je n'ai pas la tablette.

- Ah bon? Ou est-elle alors?

- Pas avec moi.

- C'est vrai ce mensonge? Je ne suis pas idiot à ce point. Ce n'est pas parce que vous le dites que je vais vous croire sur parole.

Jeongin roula des yeux, il commençait déjà à l'énerver.

- Vous voulez une preuve? Tenez.

Sous les yeux absolument pétrifiés de Chan, Jeongin commença à se déshabiller devant lui, malgré la dizaine de degrés qu'il y avait à l'extérieur. Il termina en sous vêtements, son regard défiant plongé dans les yeux du garde comme pour se ficher de lui.

- C'est bon? Vous l'avez votre preuve?

- Hum.. Je- Enfin vous.. Vous devriez vous rhabiller...

Jeongin se retint de lui rire au visage. Le ô-si-grand chevalier d'Hyrule se trouvait à bégayer devant lui. Mais quel idiot, pensa Jeongin. Il se rhabilla entièrement, prêt à repartir, mais visiblement Chan ne voulait pas le laisser s'en aller.

- Attend une minute, tu crois pas qu'avec ton petit cirque j'allais te laisser partir? D'accord tu n'as pas la tablette, mais c'est quand même toi que l'on cherche depuis des jours alors je ne vais pas te laisser si facilement.

- On est passé au tutoiement maintenant?

Il sentait la patience du chevalier diminuer à chaque parole échangée. Même si ça faisait rire Jeongin intérieurement, il sentait qu'il allait bientôt atteindre ses limites et qu'il devait vite trouver une solution d'échappatoire.

- Écoute moi bien, je ne sais pas à quoi tu joues, mais je te promets que-

Jeongin l'interrompit en sortant son meilleur jeu d'acteur -muet certes- et pointa frénétiquement du doigt derrière le garde. Et comme un idiot, ce dernier se tourna pour chercher la source de l'affolement du jeune homme, sans remarquer qu'il s'était fait tromper comme un idiot. Jeongin en profita pour prendre ses jambes à son cou et courir comme si sa vie en dépendait en direction des montagnes. Il aurait ri à pleins poumons s'il en avait toujours la capacité. Qui aurait pensé qu'une technique aussi idiote aurait marché sur le soi-disant plus haut gradé chevalier de son pays? Même un enfant aurait compris qu'il s'agissait d'une ruse débile.

Cependant, sa joie fut de courte durée puisqu'il entendait les pas et les cris du chevalier derrière lui. Et il se rapprochait considérablement.

Se diriger vers les montagnes lui avait semblé une bonne idée en théorie puisqu'il les connaissait comme sa poche, mais en pratique, il remarqua bien vite que ce fut un choix pittoresque. Ses bottes s'enfonçaient dans la neige, le ralentissant beaucoup plus que ce qu'il aurait espéré. Il manqua aussi de glisser à plusieurs reprises, permettant à Chan de gagner quelques mètres sur lui. Le chevalier était endurant.

Il dut vite faire un choix alors qu'un fossé se dessina devant lui. Soit il sautait et en vue des mètres qui le séparait de l'autre coté, il avait cinquante pour-cent de chance de ne pas s'en sortir, soit il se laissait arrêter par Chan et là qui sait ce qu'il allait devenir.

Le choix fut vite fait pour lui.

Il prit tout l'élan qu'il put et se lança de toutes ses forces en avant. Le temps sembla presque ralentir au fur et à mesure qu'il se rapprochait du bord. Et par miracle, il réussit à s'accrocher au dernier moment à une roche qui dépassait du mur. Avec une bonne traction, il se hissa jusqu'au bord et se laissa tomber sur le tapis de neige à ses pieds. 

Il avait eu la peur de sa vie.

Mais il n'était pas au bout de ses peines puisqu'à sa propre surprise, Chan se lança lui aussi au dessus du fossé. Mais par faute de légèreté, il n'eut pas autant de chance que Jeongin, et ne se réceptionna pas assez haut pour remonter de l'autre côté. Il essaya avec tous les moyens possibles, mais rien à faire, il était coincé.

- Merde!

Jeongin fut pris d'un dilemme.

D'un côté il n'allait pas laisser mourir le pauvre homme, mais il ne pouvait pas non plus le laisser le rattraper. 

Il eut soudainement un flash de son propre accident. La personne qui l'avait sauvé s'était mise en danger pour lui, mais elle l'avait tout de même aidé.

Il ravala sa fierté et laissa sa conscience prendre le dessus.

En faisant attention à ne pas tomber à son tour, il se pencha au dessus de la falaise et tendit sa main au chevalier. Il manqua de tomber à cause du poids de son armure, mais il réussit à le tirer vers le haut et à le guider au bout de roche auquel il s'était lui même accroché auparavant. Cependant il ne l'aida pas plus que ça et reprit sa course vers les montagnes. Maintenant il devait avoir beaucoup plus d'avance sur lui.

Ou du moins c'est ce qu'il croyait.

Alors qu'il se croyait à une distance assez lointaine de l'homme, ses pieds s'emmêlèrent dans une corde que Chan avait lancé dans sa direction, le faisant tomber face la première dans la neige. Il essaya de se défaire de la prise mais il manqua de temps. Chan l'avait rattrapé. Il était foutu.

Il jura mentalement. Il aurait dû le laisser tomber de cette maudite falaise.

- Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser partir? Je te remercie de m'avoir aidé, mais je dois quand même suivre les ordres qu'on m'a donné.

Comme toute réponse, Jeongin se contenta de lui cracher au visage. Lui qui avait presque failli le pardonner, il venait de tomber en chute libre dans son estime. Il fut très peu collaborateur avec l'homme qui dû le manier comme une poupée de chiffon pour lui passer une menotte à un de ses poignets, accrochant l'autre bout à sa propre main.

- En voyant tes capacités, je me doute bien qu'une paire de menottes ne va pas t'empêcher de partir. Comme ça au moins, je sais que tu seras toujours accroché à moi. Allez lève toi, on doit rejoindre le relais. On fera une escale avant de partir en direction du chateau. Tablette ou non tu vas quand même finir dans les geôles.

Jeongin n'avait pas le choix. Enfin, il aurait très bien pu faire le même caprice qu'un enfant de cinq ans à qui on refuse quelque chose et se rouler dans la neige en tapant des pieds, mais ça allait à l'encontre de ses idées. Il se força donc à suivre Chan jusqu'au relais.

La nuit étant tombée, ils durent passer la nuit là bas, par faute d'autre alternative. Déjà le trajet jusqu'au relais s'était avéré bien déplaisant pour les deux hommes puisqu'ils étaient attachés par le poignet, alors de la faire un voyage de nuit allait être encore plus désagréable.

Le seul point positif que Jeongin avait trouvé à Chan était qu'il l'avait aidé à boire et à manger et qu'il lui avait laissé son carnet pour pouvoir communiquer avec lui, bien que Jeongin avait préféré le laisser de coté. 

- Bon, le gérant du relais nous à laissé une chambre double. Comme il est hors de question que je te laisse seul, on collera nos lit ensemble et j'attacherait les menottes au cadre comme ça même si tu essaye de t'échapper, tu ne pourras pas aller bien loin.

- Connard.

Il l'avait insulté en langue des signes, sans son carnet et donc sous la confusion du chevalier.

- Ce qui veut dire..?

Il lui fit un simple doigt d'honneur pour lui faire part de ses très agréables sentiments envers sa personne. Chan ne fit que soupirer et le conduisit jusqu'à leur chambre. Comme convenu il se libéra de sa menotte et l'attacha au cadre du lit, laissant Jeongin le toiser en silence autant qu'il le voulait. 

Certes, ça heurtait sa fierté de l'avouer mais il n'avait plus d'échappatoire. Il devait simplement prier pour qu'une opportunité s'offre à lui. 

Et surtout qu'elle arrive vite.

°*o.¨°*o.¨°*o.¨°*o.¨°*o.¨°*o.¨°*o.¨

Boo. :)

Je suis actuellement en train de mourir, ça fait une semaine que je tousse non-stop et je n'en peux plus! Vivement que ça passe TT

Sinon j'espère que vous avez aimé ce chapitre, ce n'est pas mon préféré mais il fait un peu la transition avec les prochains, mais il y aura bientôt du changement!

Encore une fois merci à ceux qui prennent le temps de voter, ça me fait toujours très plaisir ^^ et n'hésiter pas à commenter si jamais vous avez des remarques ou des questions, tout est bon à prendre !

Entre temps prenez soin de vous surtout en ce moment et à bientôt!

- Dru