Chapitre 8
Quand l'alarme retentit, San se précipita vers la chambre de Wooyoung. Il n'avait sans doute jamais couru aussi vite de sa vie. Mais quand il arriva, les médecins étaient déjà en train de faire sortir Seonghwa qui était terrifié, totalement effondré. Hongjoong le prit tout de suite dans ses bras, sans rien dire, se contentant d'être là et de le soutenir.
Yunho s'était simplement assis sur une des chaises du couloir, le regard au loin. San s'était assis à côté de lui, tentant tant bien que mal de le soutenir sans savoir quoi dire. Il ne connaissait pas suffisamment bien Yunho pour vraiment savoir comment le réconforter. A vrai dire il ne pouvait pas faire grand chose. Le plus qu'il puisse faire c'était appeler Mingi. Il avait besoin des bras de son petit ami autour de lui à cet instant. C'est ce qu'il fit, espérant que Mingi pourrait venir tout de suite.
Ce dernier, comme à son habitude, décrocha à la première sonnerie.
— Oui ? Qui est là?
— C'est moi, San, répondit-il, il était épuisé mais tentait de ne rien laisser paraître, il allait devoir annoncer quelque chose de sérieux à Mingi..
— Tout va bien ? demanda Mingi, de toute évidence il connaissait déjà la réponse, et il ne s'agissait que d'une question rhétorique.
— Il faut que tu viennes à l'hôpital, Mingi. Maintenant. Il est arrivé quelque chose à Wooyoung, et je crois bien que Yunho a besoin de toi maintenant plus que jamais.. s'il te plaît, viens aussi rapidement que possible.
— Je serai là dans une demi-heure, reste avec lui en attendant d'accord ?
— Bien sûr, je vais pas l'abandonner comme ça, il n'y a que moi qui puisse le réconforter.
— San, merci beaucoup. Je fais au plus vite, tiens moi au courant s'il y a du nouveau.
— Promis, fais attention à toi sur la route.
Il n'y eut pas de réponse à l'autre bout du fil, Mingi avait raccroché, essayant de se préparer aussi vite que possible. Il savait qu'il n'avait pas une seconde à perdre, Yunho avait besoin de lui et il se devait d'être là. En attendant San veillait sur lui, bien qu'il ait envie de prendre l'air un peu, il préférait attendre l'arrivée de Mingi avant de le laisser. Il ne voulait pas que Yunho soit seul.
Il ressentit l'arrivée de Mingi comme une libération. Il avait fait de son mieux pour apaiser et rassurer Yunho, en vain, le grand brun était dans tous ses états. Une fois que Mingi était aux côtés de Yunho, il décida de sortir prendre un peu l'air. Il se sentait étouffé et sous pression ici, comme si tout pouvait exploser d'un instant à l'autre. Et en soi, c'était vrai. Tout pouvait exploser, à tout moment, leur famille pouvait être brisée. Enfin.. San pouvait-il se considérer comme étant de leur famille. Il n'en était pas certain, et il n'était pas certain non plus de vouloir savoir.
Une fois à l'extérieur, il prit une bouffée d'air frais. Il s'installa sur un des bancs, regardant les étoiles pour s'apaiser. La dernière chose qu'il avait vu avant de descendre prendre l'air, c'était Yunho dans les bras de Mingi qui le serrait contre lui, essayant de le rassurer. Et il se surprit à se dire que lui aussi aurait voulu qu'on le prenne dans ses bras. Il ne le demanderait pas, par respect pour ses amis. Mais il en avait tellement envie.
Il était plongé dans ses pensées, si bien qu'il ne vit pas le jeune homme aux cheveux noirs s'asseoir à côté de lui. Il sursauta quand ce dernier s'adressa à lui.
— Tu devrais rentrer. Tu vas attraper froid, lui dit-il, son ton avenant et rêveur, comme s'il disait ça par automatisme et était en fait plongé dans ses pensées.
— Dit-il alors qu'il est pas très couvert pour une soirée d'hiver, répliqua San, lui souriant légèrement.
— Oh, moi j'ai plus grand chose à y perdre. Je suis tout seul de toute façon. Si je venais à disparaître, je ne manquerais à personne.
— Dis pas ça, c'est faux. Tu me manquerais à moi, je t'apprécies déjà.
— Déjà? Alors que tu connais même pas mon nom ? Que tu connais rien de moi ? Si ça se trouve je suis un serial killer et j'attends juste le bon moment pour te tuer sans laisser de trace~
— Je sens que tu ferais pas ça. Et peut-être que tu pourrais commencer par me le dire, ton nom.
— Seulement si tu me donnes le tien aussi.
— San. Choi San, se contenta t-il de dire, attendant que son vis-à-vis fasse la même chose.
Ce dernier lui adressa un léger sourire.
— Choi Jongho. Je suis Choi Jongho.
— Rentrons, Jongho. Tu vas tomber malade.
— Je le suis déjà... Mais oui, rentrons. Ce sera plus confortable, il fait froid là.
Il prit la main de San et l'entraîna vers la cafétéria de l'hôpital. Au moins ils y seraient au chaud. San lui sourit, s'installant face à lui.
— Tu veux manger ou boire quelque chose ?
Jongho réfléchit un moment. La proposition le tentait mais il n'avait pas vraiment faim.
— Juste un chocolat chaud, ce sera très bien. Pas sûr que j'arrive à manger là maintenant.
— D'accord, répondit simplement San, scannant la carte pour trouver quelque chose qu'il avait envie de prendre. Mais lui non plus n'avait pas très faim, son estomac était tordu par le stress.
Il réfléchit encore un moment puis secoua la tête, appuyant sur un bouton de la tablette qui servait à commander.
— Je crois que je vais juste prendre la même chose que toi. Je n'arriverai pas à avaler quoi que ce soit de solide.
— Hm.. tu es stressé?
— Aish.. je suis vraiment nul quand il s'agit de cacher mes émotions...
— Pas besoin de le cacher. Pas avec moi en tout cas. Je suis peut-être pas celui qui te conseillera le mieux, mais si tu as besoin de parler à quelqu'un je peux au moins t'écouter.
— Je veux pas t'embêter, tu as sans doute mieux à faire que d'écouter les problèmes d'un inconnu.. répondit San avec hésitation. Il avait envie de se confier, mais il n'était pas certain que Jongho soit vraiment prêt à l'écouter tout le long.
— Qu'est-ce que je peux avoir de mieux à faire ? Je suis hospitalisé ici depuis six mois, je ne reçois quasiment jamais de visite, même pas de mes propres parents, je suis quasiment tout le temps tout seul. Tu ne m'embêtes pas, bien au contraire. Je suis heureux d'avoir quelqu'un à qui parler, même si c'est pour écouter tes problèmes, je suis content que tu sois là.
— D'accord, mais alors toi aussi tu me parleras de toi et de tes problèmes. Si tu acceptes de m'écouter comme ça je ferai la même chose.
— Hm.. Marché conclu. Mais c'est toi qui commence.
San leva les yeux au ciel, il s'attendait à cette réponse. Il allait commencer à parler quand leur commande arriva. San paya et prit une gorgée de son chocolat chaud et cela lui donna la force de parler.
— En fait.. Un ami qui m'est très cher est ici.. Il a eu un accident il y a quelques mois et ses blessures se sont infectées. Son état a l'air grave, et j'ai vraiment peur qu'il ne s'en sorte pas. Et il y a tellement de choses que j'ai encore à lui dire, à faire avec lui. J'ai peur qu'il ne s'en sorte pas, j'ai aussi peur que ses amis m'en tiennent pour responsable s'il venait à mourir ou avoir des séquelles..
— Pourquoi tu en serais responsable ? Et puis t'es sûr que c'est juste un ami? Parce que là ça a l'air d'être plus que ça.
— Aish tu lis en moi comme dans un livre ouvert toi, c'est dingue. Et en fait.. je suis son kiné à la base.. C'était moi qui était censé m'assurer que tout allait bien. Et j'ai échoué à ça. Tout comme je m'étais promis de ne pas m'attacher à lui parce que ça m'avait causé des problèmes par le passé, et à ça aussi j'ai échoué.
— Tu n'as pas échoué. Tu as fait de ton mieux. Déjà s'occuper des blessures c'est pas à toi de le faire, j'ai passé assez de temps à l'hôpital pour le savoir. Et puis si tu t'es attaché à lui, c'est que c'était ton destin, pour le meilleur ou pour le pire. Ce que je vais te dire ne va sans doute pas te faire te sentir mieux, mais il est inutile de stresser concernant son état. Il est entre de bonnes mains, il n'y a pas de raison que ça n'aille pas, et puis stresser ne le ramènera pas s'il venait à lui arriver quelque chose, ça te fait plus de mal qu'autre chose pour quelque chose que tu ne peux pas contrôler..
— Je sais... mais j'arrive pas à contrôler ce stress.
— Si tu peux pas le contrôler fais en une force qui te motive et t'aide à avancer. C'est ce que les médecins me disent quand ça ne va pas. Enfin, ça va mal plus souvent que ça va bien, mais ils n'y peuvent rien.
— Comment ça ? demanda San, la curiosité audible dans sa voix.
— J'en ai plus pour très longtemps. J'ai un cancer. Techniquement ils peuvent toujours essayer une chimio mais dans mon cas.. je ne pense pas être capable de la supporter. Je pense que ça ne fera pas grand chose ou alors même si c'est efficace, à quel prix ?
— Je suis désolé..
C'est tout ce que San trouva à dire après avoir appris ce qui n'allait pas avec Jongho. Ce dernier secoua la tête.
— Inutile de l'être. Si ça m'est tombé dessus c'est que ça devait me tomber dessus.
— Je pense quand même que tu devrais essayer le traitement. Ils t'ont dit si tu avais de grandes chances de guérir ou pas ?
— Ils m'ont dit avant-hier que j'avais trois jours pour prendre une décision définitive de refuser ou pas le traitement. Après il sera trop tard. Je ne sais pas si ça me donne de grandes chances de guérir, et je ne suis pas sûr d'avoir la chance d'affronter ça tout seul.
— Qui t'a dit que tu aurais à affronter ça seul? Si je te dis d'essayer ce traitement c'est que je serai avec toi. Après il me semble que tes chances de guérison dépendent du type de cancer que tu as.
— J'ai une leucémie. De stade 3.
A ces mots, San eut l'impression de tomber dans le vide. Cela lui rappelait trop de souvenirs. Il blêmit et ses mains se mirent à trembler. Il entendait Jongho l'appeler, inquiet en voyant sa réaction, mais sa voix était étouffée, comme s'il avait des bouchons d'oreille. Tout tournait autour de lui, il se sentait si mal. Puis ensuite, plus rien, le trou noir. Il n'entendit pas la voix paniquée de Jongho crier à l'aide, pas plus qu'il ne se sentit être installé dans un lit, entouré de toute une équipe médicale qui s'occupait de lui sous les yeux horrifiés de Jongho.
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