Ils avaient pris soin de Yunho pendant plusieurs jours. Il avait semblé se sentir mieux. Mais San lui avait quand même conseillé de se reposer et de voir un médecin. Yunho lui avait promis de prendre soin de lui et avait de suite pris rendez-vous avec un médecin pour savoir ce qu'il en était vraiment.

Mingi avait déjà l'espoir d'attendre un heureux événement. Ce qui était le cas.

Wooyoung et San étaient ensuite retournés à leur petit train-train quotidien. San travaillait à nouveau à plein temps, et Wooyoung était retourné à la salle de danse.

Au début ça avait été difficile pour lui. Il avait perdu une grande partie de son niveau et ça l'avait beaucoup attristé au début. Mais il avait vite progressé et avait retrouvé un niveau acceptable. Il ne se sentait plus comme un idiot quand il dansait avec son nouveau groupe, et passait des journées entières avec eux. Il s'était lié d'amitié avec l'un de ses équipiers, Seeun, et ce dernier l'aidait beaucoup à progresser.

Ils passaient beaucoup de temps ensemble, et même San avait pu faire sa connaissance. Tout se passait à merveille. Du moins pour le moment.

Jongho avait dû être hospitalisé à nouveau quelques semaines plus tard. Yeosang n'avait pas pu le réveiller, un matin, et s'était rapidement rendu compte qu'il était inconscient. Il avait fait au plus vite pour qu'il soit pris en charge.

Mais les nouvelles n'étaient pas bonnes. Jongho commençait à aller vraiment mal. Son état empirait de jour en jour, et Yeosang avait une décision à prendre.

Il devait décider entre continuer à s'acharner pour essayer de faire en sorte qu'il survive encore un peu, et le laisser partir. C'était la pire décision de sa vie.

Égoïstement, il voulait maintenir Jongho en vie, il ne voulait pas se retrouver seul. Mais il voyait l'état de Jongho s'aggraver, il voyait qu'il était de moins en moins lucide, qu'il commençait à avoir des crises de convulsions.

Il souffrait davantage chaque jour, et il était du ressort de Yeosang de décider de ce qu'il allait devenir. Et après avoir longuement réfléchi, après avoir passé des heures à en parler avec les médecins, avec les proches de Jongho, il avait pris sa décision.

Il entra dans le bureau du médecin qui suivait Jongho depuis le diagnostic initial de la maladie.

Ce dernier le regarda longuement. Il n'y avait pas besoin de mots pour comprendre la décision que Yeosang avait prise. Il posa une main sur son épaule.

— Je pense savoir ce que vous avez décidé monsieur Choi.

— Vous l'avez compris. Je veux qu'on le débranche. Il a suffisamment souffert. Il n'est plus lui-même depuis quelques jours et je sais qu'il voudrait pas ça. Il supporterait pas d'être un légume. C'est pour lui que je fais ça.

— C'est sans doute la plus belle preuve d'amour que vous puissiez lui offrir. Il ne peut plus vivre comme ça, vous prenez la meilleure décision. On va faire les choses en douceur, d'accord?

— Il ne souffrira pas hein? Il a assez souffert, je ne veux pas que même ça soit douloureux pour lui. Je sais qu'il est inconscient mais j'ai peur qu'il ressente quand même la douleur.

— Il ne souffrira pas. On l'a sédaté suffisamment pour qu'il ne sente absolument rien.

Yeosang le remercia. Les larmes lui montaient aux yeux, c'était le moment le plus difficile de sa vie. Mais il savait qu'il avait pris la meilleure décision. Jongho ne supporterait pas de vivre comme ça. Et lui-même ne pouvait plus supporter de le voir souffrir sans pouvoir rien faire pour le soulager.

C'était une preuve d'amour de lui offrir le repos et le soulagement qu'il méritait, non? Quand il suivit le médecin qui retournait dans la chambre de Jongho, il crut que ses jambes allaient lui lâcher, mais il fit de son mieux pour ne pas craquer. Il devait rester fort.

Il se répétait sans cesse qu'il faisait ça pour Jongho, pour qu'il ne souffre plus. Il se répétait qu'il aurait voulu qu'il fasse ça, ils avaient déjà eu cette discussion d'ailleurs, peu avant qu'il le retrouve inconscient au petit matin.

Mais les larmes coulaient d'elles-mêmes sur ses joues, et elles coulèrent davantage quand le médecin coupa les machines qui le maintenaient en vie. Il crut qu'il allait s'effondrer tant la douleur de cette perte le brûlait de l'intérieur, mais il resta debout, tenant la main de Jongho.

— Je suis là, Jongho.. Je t'aime, plus que tout.. Je suis là.. Tu peux te reposer maintenant.. Tu t'es bien battu, je suis fier de toi.

Ce fut tout ce qu'il trouva la force de lui murmurer, bien qu'il savait que Jongho ne l'entendait plus. Il lui embrassa le front, ayant besoin de ce dernier contact, puis recula d'un pas, faisant de son mieux pour continuer de rester debout. Ses larmes coulaient sur ses joues, plus qu'elles n'avaient jamais coulé, mais un sentiment de paix l'envahit peu à peu, et il se calma petit à petit.

Jongho avait l'air paisible désormais, et il ne faisait aucun doute dans l'esprit de Yeosang que l'homme qu'il aimait était en paix désormais. Ça lui faisait mal de l'avoir vu mourir, mais il savait que le laisser partir était la meilleure chose à faire. Aussi avait-il l'esprit en paix, sans culpabilité bien que la douleur l'envahissait. Ce qui lui faisait peur, désormais, c'était de l'annoncer à leurs proches. Il craignait particulièrement la réaction de Wooyoung, qu'il savait très proche de Jongho.

Il devait annoncer le décès de Jongho à leurs amis, et cette tâche lui parut soudain insurmontable. Pourtant il devait le faire. Il n'avait pas le choix.

Le médecin sortit de la pièce, voulant laisser un peu d'intimité à Yeosang qui avait voulu rester encore un peu avec Jongho, lui dire au revoir avant de se confronter à la tâche la plus difficile qui lui était donnée de faire.

Il resta une heure auprès de son bien-aimé, ne pouvant pas se résoudre à quitter la pièce bien qu'il savait que Jongho dormait désormais éternellement.

Yeosang décida d'appeler San et Wooyoung en premier. Il préférait le faire en premier que l'annoncer à Yunho, Mingi et Seonghwa, puis ne plus avoir la force de le dire à Wooyoung et San.

San répondit à la première sonnerie, comme presque toujours, et Yeosang sentit sa gorge se nouer. Maintenant qu'il y était, il ne savait pas comment l'annoncer. Devait-il dire les termes sans particulièrement chercher à être délicat? Essayer de l'annoncer en prenant des pincettes? Il ne savait pas quoi faire.

Il choisit la deuxième solution, il ne pouvait pas se résoudre à être brutal envers San, et par extension, envers Wooyoung.

— Sanie.. Il .. Il s'est passé quelque chose..

— Dis moi tout, Yeosang. Tu veux qu'on vienne? Tu as besoin de quelqu'un?

Il avait déjà compris qu'il s'agissait de Jongho. Mais il osait encore espérer que ce n'était pas si grave, que là encore, Jongho s'en sortirait comme il l'avait toujours fait. Il mit le haut-parleur, comme Wooyoung venait de lui demander, lui aussi voulait savoir.

— Venez me rejoindre.. S'il vous plaît.. Je veux pas être seul..

San répondit d'une voix douce, sans hésiter.

— On va venir, ne t'inquiète pas. Explique nous ce qu'il se passe en attendant, d'accord?

— Il.. Sanie.. Jongho.. Il.. Il est parti.. Il vient de partir..

San faillit lâcher son téléphone. Il avait espéré que ce n'était pas ce qu'il craignait, mais ses pires craintes étaient devenues réalité. Le pire, c'était d'entendre les sanglots de Yeosang à l'autre bout du fil et de ne rien pouvoir faire pour le réconforter. Qu'aurait-il pu lui dire pour le rassurer de toute manière?

Il tenait fermement Wooyoung qui semblait sous le choc.

— Sanie.. Dis moi que ce n'est pas vrai.. Que c'est une erreur.. Que Jongho va bien..

— Wooyoungie.. Tu le sais comme moi.. C'est mieux ainsi..

Il le serra contre lui.

— Je suis tellement désolé..

Wooyoung secoua la tête. Il était un peu dans le déni, et fit de son mieux pour se ressaisir.

— Il faut qu'on aille les voir, maintenant. Ils ont besoin de nous.

San hocha la tête avant de s'adresser à nouveau à Yeosang.

— On sera là au plus vite. Ne t'inquiète pas. Tiens bon jusqu'à notre arrivée, okay?

Yeosang put à peine balbutier un faible oui, les larmes continuant de dévaler ses joues. Une fois l'appel coupé, il retourna dans la chambre de Jongho. Il ne voulait pas être séparé de l'homme qu'il aimait. Il n'était pas prêt, c'était beaucoup trop tôt. Il avait pris lui-même cette décision, pourtant une partie de lui la regrettait, cette décision, bien qu'il savait que Jongho aurait fini par mourir, et que le laisser partir était la plus belle preuve d'amour qu'il puisse lui offrir.

— Sanie, on y va! On peut pas les laisser seuls maintenant!

San ne dit rien et se contenta de le suivre. Ils devaient y aller au plus vite. Et ils arrivèrent en moins de vingt minutes. Allaient s'ensuivre les heures parmi les plus difficiles de leur vie.

— Yeosang, on est là. Tu n'es plus seul..

C'était tout ce que San avait dit en entrant dans la chambre de Jongho, allant serrer Yeosang dans ses bras. Wooyoung se figea en voyant le corps sans vie de Jongho allongé dans le lit, totalement immobile. Il recula un peu, complètement sous le choc. Il avait l'impression que ses jambes allaient lui lâcher. Et ce n'était pas qu'une impression.

Yeosang s'en rendit rapidement compte et se défit aussi vite qu'il put de l'étreinte de San, comprenant que Wooyoung était littéralement en train de s'effondrer. Il cria son nom, mais il se retrouva sans aucune réponse.

Tout s'était fait noir autour de Wooyoung. Il ne le sentait pas mais Yeosang le tenait dans ses bras.

— Wooyoung! Wooyoung!

Les cris de Yeosang n'atteignirent pas les oreilles de Wooyoung.