Chapitre 7
3 jous s'étaient écoulés depuis l'enterrement. La douleur ne voulait pas passer. La perte d'un être cher était toujours horrible. Comment faire pour survivre ? Comment faisait les autres ? On m'avait dit que le temps arrangerait tout, mais j'ai l'impression que ça ne fera qu'empirer. J'avais récupéré l'ordi de Diana il y a maintenant 2 jours, mais je n'avais pas la force de l'allumer et de regarder les fichiers à l'intérieur, de peur que cela me brise encore plus que je ne l'étais. Alors j'attendais et j'essayais d'apaiser mon âme meurtrie.
Aujourd'hui, j'ai décidé de retourner au lycée. Alex m'avait déjà prévenue que lui aussi y retournerait, du coup, pour le "soutenir", j'irai également. Mon réveil allait sonner. J'ai réussi à dormir 2 heures cette nuit. Nouveau record. J'allais avoir des cernes... Oh, et puis merde, tant pis.
Je m'arrêtai. Normalement, c'était à ce moment là que je devais retrouver Diana, dans ce coin de rue. Je l'attendais toujours 2minutes 26. Cette fille était réglée comme une horloge. La seule fois où elle était arrivée en retard, c'est parce qu'elle avait fait un malaise sur le chemin. Elle avait eu 35 secondes de retard.
Diana détestait les gens en retard. Elle disait qu'ils ne réussissaient pas dans la vie. Sûrement à cause de son oncle, qui était au chômage et père divorcé car il n'était jamais à l'heure. Pas à l'heure au travail. Pas à l'heure pour aller chercher ses enfants. Pas à l'heure au repas de famille. Diana détestait son oncle. C'était à cause de lui si elle était restée 5 heures dehors alors qu'il neigait quand elle avait 6 ans. Et elle avait marché 6 kilomètres dans la nuit. C'était aussi de sa faute si elle avait raté "la chance de sa vie", car il ne l'avait pas conduit à l'heure lors d'un spectacle de théâtre alors qu'elle avait le rôle principal. Elle s'était fait taper les doigts par sa professeure, qui ne lui avait donné que des rôles de figurants après cet incident, malgré son talent évident.
Je regardai autours de moi. Je ne savais pas pourquoi. Je pense que... j'espèrais seulement qu'elle surgisse d'un bout de rue. Qu'elle me saute dans les bras en disant " Tu m'as manqué Morgane! T'as fait les exercices de maths cette fois si? "
Je baissai les yeux. Je regardai le bracelet ancre que j'avais au poignet. Je souris tristement et je murmurai " Non, Diana. Non, je n'ai pas fait ces foutus exercices de maths. "
Le lycée était lugubre. Alors que je marchais en direction de celui ci, j'étais perdue dans mes pensées. Enfin non. J'étais perdue dans le vide infini qu'était ma tête. Je ne pensais plus. J'étais juste... déconnectée de la réalité. C'est alors que je remarquai qu'il n'y avait personne aux alentours du lycée. Bizarre. D'habitude c'est bondé... C'est là que je le remarquai. Depuis tout ce temps je ne l'avais pas vu ni même ressenti. Je ne savais pas combien de temps ça durait.
Il pleuvait.
Je me regardai dans une vitre. J'étais trempée. Non. PLUS que trempée. Si j'avais sauté dans une piscine toute habillée, ça aurait donné exactement le même résultat. J'avais les habits totalement trempés et mon maquillage avait coulé. Bien sûr, j'avais eu la bonne idée de mettre du mascara, et j'avais maintenant de longs sillages noirs sur les joues. Look panda. Super.
Le hall allait être rempli de monde, je ne pouvait pas me permettre de passer devant autant de gens avec cette tête. De plus que j'étais "la meilleure amie de la morte", alors c'était sûre que tout le monde allait me devisager. Rentrer dans le hall, c'était comme être un animal en cage dans un cirque, et c'était inacceptable.
La meilleure option était de sécher le premier cours du matin et de le passer aux toilettes. J'allais rentrer par la porte de derrière réservée au personnel. Elle n'était jamais fermée, et il n'y avait que les femmes de ménage et le jardinier qui l'utilisait. Autant dire que si je passais par là, ça leur était complètement égal.
J'entrepris alors mon plan, qui était assez simple. Je passai la porte et bufirquai rapidement vers la gauche, puis je m'engouffrai dans les toilettes. Par chance, il n'y avait personne, et je pus me regarder dans le miroir. J'avais vraiment, vraiment le physique d'un panda. Je commençai à me démaquiller (heureusement que j'avais des lingettes démaquillantes au fond de mon sac). J'avais presque terminé quand j'entendis des pas près de la porte. Je pris rapidement mes affaires et je m'enfermai dans une des cabines les plus proches.
<< - Oh la la, j'ai réellement besoin de me remaquiller.
- Mais tu es belle ma chérie, ne t'inquietes pas.
- Mon rouge à lèvre s'est effacé, il n'est plus aussi rouge qu'avant! >>
Dans une position assez inconfortable dans ma minuscule cabine (les toilettes prenant le plus de place), j'essayais de faire le moins de bruit possible. C'était des premières. Leur discussion n'était pas très interressante, composée essentiellement de maquillage et de mecs. Je priais pour qu'elles s'en aillent vite, jusqu'à ce que leur discussion dérive sur un nouveau sujet...
<< - T'as vu Alex? Les cernes qu'il a! Lui, il lui faudrait bien une bonne couche d'anti-cernes!
- T'es méchante, quand même. Il est beau gosse.
- Apparement il est sur quelqu'un, c'est Enzo qui me l'a dit.
- Sur quelqu'un ? Ça m'étonnerai. Je ne l'ai jamais connu avec une petite copine!
- Toi, tu es jalouse!
- Nan, tu déconnes. Bref, tu es au courant que c'est un Feringord?
- Attends, de la même famille que la seconde qui est morte?
- Oui, c'est son frère!
- Le pauvre quand même... Devoir supporter la réputation de "frère de la suicidée"...
- C'est clair! Pareil pour ses amis... Enfin, j'suis pas sûre qu'elle en avait, vu sa réputation... Ça m'étonnerait!
- Tu penses qu'il y a assez de rouge à lèvre, là?
- Mmmh, mets en encore un peu. Pour qu'on voit que c'est bien rouge.
- Merde, c'est l'heure! On va être en retard! >>
Comment ça, sa "réputation"? Je savais que Diana était connue dans le lycée, mais je ne me doutais pas que sa réputation soit aussi dégradante que ça. Je n'avais jamais vraiment prêté attention aux rumeurs, car la plupart du temps elles étaient sans intérêt pour moi, car elles ne me concernaient pas. Avec Diana on ne se racontait pas ce genre de "petits potins". Je sortis de ma cabine et fixai le mirroir d'un regard vide. Et si... c'était la rumeur qui courait sur elle qui l'avait poussé à faire ça...?
D'un coup le monde se mit à tanguer violemment. J'eus tout juste le temps d'atteindre les toilettes pour vomir toutes mes tripes. Je pleurais en même temps.
Je n'avais pas été une bonne amie. Je n'avais pas été là pour elle. Je... Tout était de ma faute finalement. J'aurais dû être plus attentive...
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