Chapitre 5
Je marchais dans la rue. Le ciel était couvert, comme si il était lui aussi triste. Je regardai pour la énième fois mon portable. 17h48. Il m'avait donné rendez vous à 18h00. Je m'engageai sur le petit sentier. Je marchai pendant 3 minutes à travers les arbres avant de déboucher sur une petite clairière. Très peu de gens connaissait cet endroit. Non loin de là, la rivière s'écoulait doucement. Je me dirigeai vers elle et la longeai. Peu après, j'aperçus le banc et je m'y installai. C'était notre point de rendez-vous. Je regardai une dernière fois mon portable. 17h56. La nuit commençait à tomber. Nous sortions de l'hiver, mais la nuit arrivait encore tôt. Il ne faisait pas froid, bien que la brise était glacée, mais la petite clairière était entourée de hauts sapins, qui la protégeaient du vent. J'entendis des bruits de pas derrière moi, mais je ne me retournai pas. Matthieu s'assit à côté de moi. Je fixais l'eau de la rivière, et il fit de même. Nous restions ainsi, sans dire un mot, pendant quelques minutes. Il décida de briser le silence :
<< - Morgane? >>
Je tournai ma tête vers lui. Il n'avait pas détourné ses yeux du spectacle magnifique de l'eau.
<< - Je viendrai moi aussi demain... Je serais là pour lui rendre un dernier adieu.
- ...
- Tu y seras, pas vrai? Vas-tu prononcer quelques mots en son hommage?
- Oui.
- Et... Tu arrives à écrire quelque chose?
- Non. >>
Il tourna enfin la tête vers moi.
<< - Je le savais. C'est pour ça que je suis venu te transmettre un message.
- Un message?
- Oui. Enfin plutôt un conseil. Tu sais... Quand j'ai perdu mes deux parents, je me suis senti obligé de leur écrire un discours à leur enterrement. Mais... Je ne savais pas quoi leur dire. Finalement, j'ai copié un texte sur internet. Ne fais pas comme moi.
- Hein?
- Tu m'as bien compris. Après l'enterrement, je me suis senti mal durant des semaines. Même maintenant, quand j'y repense, je regrette. Ecoute Morgane.>>
Il prit mes mains.
<< - Ecris quelque chose qui te correspond. Ce seront les derniers mots que tu pourras lui dire, alors laisse parler ton coeur. Choisis-les bien. Sinon, comme moi, tu regretteras.
- C'est bien ça le problème. Je ne peux pas. Je suis en colère contre elle, tu comprends? Si je dis ce que j'ai sur le coeur, ça fera du mal à toutes les personnes présentes.
- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Dis-lui ce que tu ressens au plus profond de toi.
- Au plus profond... de moi?>>
Il se leva et regarda droit devant lui.
<< - Je ne suis pas sûre de comprendre. >>
Il me sourit.
<< - Ne t'en fais pas. Tu comprendras vite.
- Attends !
- A demain, Morgane. >>
Et il partit sans ajouter un mot. Matthieu était un pote depuis longtemps. Je l'avais rencontré après Diana, et j'avais beaucoup de points communs avec lui. Nous étions tous deux mystérieux, nous cachions nos émotions. Mais Diana ne l'aimait pas. Je n'ai jamais vraiment su pourquoi. Il l'avait compris très vite, c'est pourquoi il a pris les distances nécessaires pour ne pas s'attirer les foudres de Diana. Du coup, nous nous retrouvions après l'école, parfois, dans cette petite clairière. Il a toujours été mon confident, il m'a toujours donné de bons conseils, et il sait quand je ne vais pas bien. Je pourrai toujours compter sur lui.
Je suis rentrée chez moi vers 18h. J'avais traîné au centre ville, et j'en avais profité pour faire quelques courses. Ma mère faisait du repassage.
<< - Morgane! J'étais si inquiète! Tu ne répondais à aucun de mes textos!
- C'est bon maman, je captais pas. J'suis juste allée faire quelques courses.
- Mouais. Tu n'as rien fait d'autre?
- J'ai croisé Matthieu, et on a pris un café ensemble.
- Je vois. Va ranger les courses s'il te plaît. >>
Après avoir rangé les courses, je suis montée dans ma chambre. Je me suis allongée sur mon lit, j'ai mis à fond "Halellujah" dans mon casque et j'ai fermé les yeux. Vers la fin, j'ai pris mon carnet qui traînait par terre et un crayon. J'ai écrit. Je pensais très fort aux paroles de Matthieu. "Au plus profond de toi". J'avais enfin compris ce qu'il voulait dire. Il me demandais d'écrire ce que je ressentais à l'égard de Diana, ces sentiments, les plus compliqués à décrire. "L'Amitié". Je ne devais pas me limiter aux sentiments éprouvés sur le moment, mais à ceux ressentis tout au long de ma vie. Quand je relus le résultat final, j'en étais satisfaite. Je déchirai la page et la pliai soigneusement en quatre. Je la mis dans mon gilet, celui que j'allais porter le lendemain.
Ma mère vint me voir à l'heure de dîner. Je n'avais pas faim. Je voyais bien qu'elle était inquiète, parce qu'elle avait cette manie de se tordre le petit doigt de sa main droite. Elle n'esseya pourtant pas de me convaincre d'avaler ne serait ce qu'une petite bouchée de sa tarte.
Je partis vite me coucher avec l'espoir de dormir un peu, au moins 1 heure ou deux. Mais rien. Pas une seule fois j'ai sombré dans le sommeil. Vers 1 heure du matin, j'avais réussi à somnoler pendant 3 heures, mais je ne fis que des cauchemars, en imaginant Diana allongée sur son lit. Alors vers 5 heures, je me levai et j'entrepris la recherche du petit calepin de notes, dans lequel se trouvait notre ancien language codé. Je m'installai sur le lit, le calepin et la lettre de Diana dans les mains, et à côté mon carnet de notes avec mon stylo.
Quand je réussis enfin à déchiffrer le message, le soleil commençait déjà à se lever. Je décidai de commencer à me préparer. Pour la première fois depuis longtemps, mon ventre criait famine. Je descendis les escaliers et me dirigeai vers la cuisine. Là, je fis couler un café, que je mis dans une bouteille isotherme, et je me tartinai un bout de pain avec du beurre. Je remontai dans ma chambre et je commençai à me préparer.
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