Chapitre 4
<< - Tu as compris? >>
Alex me regardait avec des yeux interrogateurs.
<< - Compris quoi?
- La suite de la lettre.
- La suite? Tu veux parler du gribouillis à la fin? >>
Alex soupira.
<< - Ben oui, banane, tu pensais que je parlais de quoi? Du choix de la couleur du papier?
- Arrête, c'est pas drôle. Je ne comprends pas plus que toi. Je ne sais pas ce que c'est.
- Vous n'aviez pas un language codé?
- Un langage codé..? Nous avions bien inventé un language autrefois... Mais ça fait tellement longtemps... Je ne sais pas si j'arriverais à déchiffrer les mots... >>
Mon regard se reposa sur le paragraphe étrange de la lettre. Soudain, je me rappellai du petit calpin...
<< - J'emmène la lettre avec moi.
- D'accord. >>
Il y eut un gros blanc. Je ne savais pas quoi dire.
<< - Alex?
- Morgane?
- Est ce que je peux aller dans sa chambre? Il faut que je rédige mon discours pour demain.
- Tu vas faire un discours?
- Oui.
- Je vois. Vas-y. Je ne te montre pas le chemin, tu le connais déjà, pas vrai? >>
Il eut un sourire triste. Je me dirigeai vers la cage d'escaliers, et, en jetant un rapide coup d'oeil sur les photos encadrées de la famille Feringord, je montai à l'étage.
Arrivée dans le couloir, j'ouvris la première porte à gauche. Je parcourus du regard la chambre de Diana. Une vague de nostalgie déferla sur moi. L'eau trouble des souvenirs me noya. Mon regard s'arrêta sur ses posters. Essentiellement des posters représentant son groupe préféré, "Oasis". Sa chanson favorite était "Wonderwall" et elle l'écoutait à fond dans sa chambre lors de nos soirées pyjamas. Sur son mur "voyage dans le temps", on y trouve des photos d'elle dans différents endroits du monde et des photos de nous deux, parfois avec Alex. Mon coeur se serra. Mon attention se porta sur de nouvelles affiches que je n'avais jamais vues. Des photos en noir et blanc, tristes et mélancoliques. Je m'asseyai sur son lit. Je m'imaginais Diana, allongée sur le lit, immobile, le teint pâle, et à côté, la boîte de médicament. Je n'arrivais pas à extraire cette image de ma tête. Comment faisait Alex? Lui qui l'avait réellement vu...
Sur sa commode se trouvait des cadres de nous. Devant l'un d'eux, un bracelet pourpre était posé. Je le pris entre mes doigts pour mieux le regarder. Il était orné de deux petites perles blanches et d'une ancre miniature.
<< - Elle disait qu'il lui faisait penser à toi. >>
Je sursautai. Alex se tenait dans l'encadrement de la porte et me regardait.
<< - Garde-le.
- Quoi? Non, je ne peux pas. Ça lui appartient.
- Plus rien ne lui appartient. Elle est morte, Morgane. Peu importe ce que devient ses affaires désormais. >>
Ces mots étaient comme des coups de poing que l'on m'aurait donné dans le ventre. J'eus le souffle coupé. Pourtant, je savais qu'il avait raison. Mais... Une petite voix étouffée me répétait de laisser ce bracelet à sa place, au cas où. Je secouai la tête. Que m'arrivait-il? Pourquoi tout à coup je me mentais à moi même? C'était ridicule.
J'attachai le bracelet à mon poignet. Je levai les yeux vers Alex et m'avançai vers lui.
<< - Bon, eh bien... A demain alors.
- A demain, Morgane.>>
Alors que je passais à côté de lui, il me murmura :
<< - N'oublie pas la lettre.>>
Je ne me retounai pas et je continuai mon chemin. Je descendis les ecaliers, traversai le couloir et sortis par la porte.
Une fois dehors, je m'arrêtai pour prendre une grande bouffée d'air frais. Ma mère m'attendait, appuyée contre la voiture avec une cigarette dans la main. Quand je fus assez près d'elle, elle me tendit le mégot. Je le pris et inspira. Je détestais la cigarette. J'expirai la fumée et jetai le mégot dans le cendrier dans la voiture.
Le trajet du retour fut plus court que celui à l'allée. Je ne pensais à rien et je fixais la route. Arrivée chez moi, je montai dans ma chambre. Je m'asseyai à mon bureau, pris mon calepin et un stylo. Je restai figée quelque seconde, le crayon en l'air, devant la feuille blanche. Je ne savais pas quoi écrire. Que fallait-il écrire pour une morte? Une lettre d'adieu? Un poème? Une chanson? Un roman? Quelques lignes seulement? J'hésitais. Finalement, je commençai à écrire quelques mots.
Chère Diana,
Je regrette que tu sois morte. J'espère que là où tu es, tu es heureuse.
Je regardais ces deux phrases. J'arrachai cette page, la froissai et la jetai dans la poubelle.
Chère Diana,
Comment c'est, le paradis?
J'espère que c'est comme on le décris.
Le jardin d'eden, où tout est merveilleux...
Où toutes les peines disparaissent...
Je déchirais. Je froissais. Je jetais.
Chère Diana,
C'est moi, ta meilleure amie. Ou devrais-je dire ton "ancienne" meilleure amie?
Je recommençais.
Chère Diana,
Pourquoi m'as tu laissée?
Pourquoi ne m'as tu rien dit?
Pourquoi m'as tu abandonnée?
POURQUOI?
Je jetai rageusement mon calepin contre mon mur et je fondis en larmes. Je ne savais plus où j'en étais, comment je devais réagir ou même ce que je devais ressentir. Mon portable vibra. Je relevai la tête et je regardai l'écran.
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