Chapitre 1
Le réveil sonna.
BIP BIP BIP.
J'étais déjà réveillée depuis longtemps. Je n'avais pas dormi de la nuit. Je m'étais contentée de fixer le plafond dans la pénombre de ma chambre, et de réfléchir. Réfléchir sur ma vie. Sur sa vie. Sur le temps qui passe... Et qui s'arrête.
BIP BIP BIP.
Je pris mon portable pour mettre un peu de musique. Peut-être cela me donnera la force de me lever? De me préparer pour aller au lycée? Je ne sais pas. Je fis défiler mes playlists. Ne savant pas laquelle choisir, je lançai l'écoute aléatoire. Comme par hasard. Parmi des centaines de chansons, il fallait que ça soit elle. Notre chanson. La voix de Jeff Buckley s'éleva dans ma chambre. C'était une mauvaise idée. Je ne savais pas si je pouvais supporter ça. Mais je n'avais pas la force de lutter. Je n'ai rien fait. J'ai écouté, immobile, dans mon lit, osant à peine respirer. Je sentais des larmes me monter aux yeux. Comment avait-elle pu? Pourquoi? Tant de questions...
"I used to live alone before I knew you"
Et maintenant tu m'abandonnais.
"Well there was a time when you let me know what's really going on below but now you never show me that to me, do you"
Tu aurais dû me montrer. J'aurais pu t'aider. Maintenant il est trop tard. Tu ne pourras plus rien me montrer.
"Well, maybe there's a god above"
A toi de me le dire maintenant, toi qui croyais en ces choses la. Tu es au paradis? Existe t-il vraiment un lieu comme ça? Est-ce qu'il vaut la peine de renoncer à la vie, à un futur?
"Hallelujah..."
Une fois la chanson finie, je me rendis compte que mon visage était trempé de larmes. Je me suis levée et je me suis dirigée vers la salle de bain. En passant, je me suis regardée dans le miroir. Je ressemblais à un zombie. Mes cheveux roux étaient rassemblés en un chignon difforme. Des tas de mèches dépassaient. Mes yeux bleus étaient ornés de cernes violettes. Mon teint était encore plus pâle que d'habitude. J'avais une démarche de bossu, le dos courbé, les épaules tombantes, les pieds trainants. On dirait que j'ai perdu 10 centimètres et que j'ai maigri de 20 kilos en seulement 2 jours.
Ma mère arriva dans la salle de bain en même temps que moi. Elle s'arrêta et me dévisagea. Je levai les yeux vers elle. Elle arborait une expression entre la pitié et l'inquiétude. La voir ainsi m'a fait sourire. Mais mon visage avait oublié comment faire. Je devais plutôt faire une grimace. Je lui lança :
<< - Je fais tellement pitié à voir? >>
Elle ne changea pas d'expression. Elle se contenta de me regarder et de dire :
<< - Ma chérie, aujourd'hui j'ai prévenu ton lycée que tu n'iras pas en cours. Tout le monde est inquiet à ton sujet. Ton père et moi en avons discuté. Je t'emmène chez un psychologue cet après-midi.
- Un psychologue, rien que ça. Devoir parler de mes secrets les plus intimes, de ce que je ressens et en plus payer un mec qui ne fais que t'écouter pendant 1 heure serait la solution à mes problèmes? Waouh, c'est tellement simple la vie. Sérieusement maman, j'ai pas envie. Faut que je prépare le discours pour l'enterrement de Diana.
- Ecoutes, je sais que Diana était ta meilleure amie. Elle comptait beaucoup pour toi. Mais si tu n'as pas la force de prononcer un discours en sa mémoire à son enterrement, je suis sûre qu'elle ne t'en voudra pas.
- Comment tu peux en être sûre? Elle m'a déjà laissée toute seule, elle ne s'est même pas posée la question de quel impact son suicide allait avoir sur moi. Pourquoi a t-elle fait ça? Penses-tu que j'ai été une mauvaise amie? >>
J'éclatai en sanglot. Ma mère me pris dans ses bras et me chanta une berceuse avec sa voix rassurante. Elle attendit patiemment que je me calme avant de me dire :
<< - Tu sais ma chérie, ton amie ressentait des choses que personne ne pouvait deviner. Tu ne peux pas te reprocher ce que tu n'as pas pu voir. Ses parents eux-mêmes n'ont pas su le voir. Imagine ce qu'ils éprouvent en ce moment. Tu sais que je suis très amie avec Eliana, sa mère, pas vrai? Je vais chez elle tout à l'heure pour prendre de ses nouvelles et lui apporter un petit plat que j'aurais cuisiné. Tu veux venir? Peut-être que ça t'inspireras pour ton discours. Et il me semble que quelqu'un voulait te parler. >>
J'ai acquiescé. Je savais que le grand frère de Diana voulait me voir. Il n'avait que 1 an de plus que moi, et il était très mignon. Je ne voulais pas qu'il me voit dans mon "mode" zombie. J'ai donc pris une douche, je me suis maquillée légèrement de sorte à cacher mes cernes et à redonner un peu de vie à mon teint et à mes yeux. J'ai enfilé un sweat et un jean. Je me suis attachée les cheveux en un chignon un peu plus correct, et je suis descendue. Ma mère m'attendait, un tuperware dans les mains. Elle avait sûrement préparé des lasagnes, sa spécialité. Elle esquissa un sourire triste en me voyant, comme pour m'encourager.
Nous sommes montées dans la voiture, et avant de la démarer, ma mère s'est tournée vers moi et m'a lancé un regard interrogateur. Je l'ai regardé et je lui ai adressé un petit sourire ( enfin une grimace ). Elle m'a rendue mon sourire et elle a tourné le contact.
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