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Chapitre 12

Margot


   Je n'aime pas l'automne. Les couleurs, oui, mais la météo, non. Les gouttes de pluie tambourinent violemment contre les fenêtres, le froid commence à s'infiltrer dans la pièce, et l'humidité fait naître des frisottis déplaisants dans ma crinière ondulée. Je jette un coup d'œil dehors. Les feuilles mortes, détrempées, collent aux pavés. La veille encore, elles dansaient dans le vent, ensoleillées sous des dix-huit degrés. Aujourd'hui, il en fait douze.

Non, je n'aime définitivement pas l'automne.

Je voulais sortir un peu avec Victoire, histoire de s'aérer un peu. D'après la météo, il était prévu un temps plutôt nuageux mais doux... Mon œil ! À peine dix minutes de promenade, qu'il pleuvait à verse ! N'ayant pas pris de parapluie, on a dû faire demi-tour à toute vitesse avant d'être trempées !

Maintenant, le silence est revenu, à peine troublé par le clapotis de la pluie contre les fenêtres. Louise est en ville, partie déposer des CV, alors cet après-midi, il est juste pour nous deux, un moment à partager le confort simple de la maison.

J'occupe Victoire avec plein de jouets et reste assise sur le tapis épais et moelleux du salon avec elle. J'aime la regarder s'émerveiller devant toutes ses figurines et toutes ces couleurs. Elle me fascine, en ayant tendance à vite passer à autre chose : elle va chercher un jouet précis que je vais cacher sous ses yeux, puis elle va apercevoir un autre jouet qui lui plaît et hop, oublié l'objet de ses recherches. Un truc de bébé, j'imagine. Si on pouvait nous aussi passer aussi vite à autre chose.

La sonnerie de mon portable retentit, m'annonçant l'arrivée d'un SMS. Le nom de Louise s'affiche et j'ouvre le message :

« J'ai d'autres projets pour ce soir !!!! Je te dis tout en rentrant baby ! »

D'autres projets ?

En lisant le message de Louise, une pointe d'appréhension m'envahit. Louise a le don pour concocter des plans farfelus. Je me demande bien ce qu'elle peut avoir en tête cette fois-ci. Espérons que ce ne soit pas trop extravagant, même si avec elle, on peut s'attendre à tout. Je suis à la fois intriguée et un peu nerveuse à l'idée de découvrir ses « autres projets » ce soir.

Pourtant, on avait tout prévu : une soirée tranquille, emmitouflées sous des couvertures, à se perdre dans des comédies romantiques dégoulinantes de clichés avec Élise et Louise. On s'était déjà imaginé nos snacks étalés devant nous – chips, chocolats, bonbons en pagaille. Que pouvait-on rêver de mieux ?

Quant à Élise, elle devrait arriver pour 18 h 30, d'après ce qu'elle m'a dit hier.

Ces sept derniers jours, nos moments ensemble se sont multipliés, que ce soit autour d'un verre au bar ou chez moi. Mon foyer devient souvent le lieu privilégié. Il semble qu'Élise se soit rapidement attachée à Victoire, et la petite lui rend cet amour de manière éclatante. Ses sourires illuminent la pièce, elles rient ensemble, et elles partagent des moments câlins complices. Élise arrive toujours avec un petit présent pour elle : une poupée de chiffon, un livre d'images, une sucrerie. Mon cœur se serre à chaque fois, une part de moi souhaitant qu'elle sache qu'elle n'a pas besoin de tout cela pour se faire aimer. La culpabilité persiste, surtout en observant à quel point leur relation a évolué depuis notre récente reconnexion.

En ce moment je peux dire que je suis plutôt heureuse, – enfin, si on oublie la gent masculine qui rôde dans cette ville. J'ai retrouvé mes deux amies les plus chères à mes yeux. Pendant des mois, j'ai erré comme une ombre, engloutie par la douleur et le vide, incapable de fuir ces souvenirs qui me tourmentaient. Mais maintenant, avec mes deux amies de retour, quelque chose change. La solitude qui pesait sur moi s'effrite un peu plus. Je sens que mes journées ne m'étouffent plus autant, que mes pensées retrouvent un éclat que j'avais cru perdu pour toujours.

Elles sont comme une éclaircie à travers les nuages de ma vie.

À peine une semaine qu'elles sont de retour. Une semaine et elles sont devenues les quelques bouffées d'oxygène qu'il me manquait. Avec les filles à mes côtés, et mes parents qui me soutiennent sans relâche, j'ai l'impression de pouvoir enfin regarder un peu plus loin, d'oser imaginer avancer. Depuis le décès de Paul, mon cœur est comme un puzzle complètement détruit. Un puzzle tombé au sol, où toutes les pièces sont éparpillées. Je dois juste le reconstruire.

Peut-être qu'avec le temps, j'arriverai à en remettre quelques-unes dans le bon ordre.

Peu de temps après avoir donné le goûter à Victoire, Louise débarque, sautillant comme un lapin. Ses cheveux sont mouillés, son manteau goutte. Elle fonce sur moi, créant un filet d'eau qui la suit à la trace, en m'agitant par la même occasion un bout de papier sous le nez.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Ben lis !

Je prends le flyer qu'elle me tend et la lis à haute voix :

« Inauguration

The Green Cell

Cocktail dînatoire

Rendez-vous le jeudi 24 octobre à partir de 19 h 00. »

— Louise...

— Ben quoi ? Y'aura des p'tits fours et plein d'alcool ! En plus je suis passée devant et ils étaient en train de se faire livrer une sono et une estrade !

— Louise...

— Allez, je t'en prie !!! supplie-t-elle, joignant ses deux mains. Ça va être fun j'en suis sûre !

Je soupire, hésitante.

— J'suis pas super motivée à emmener Victoire là-bas. Elle va s'ennuyer, et si elle s'impatiente, ça va tourner au cauchemar...

— Pourquoi tu ne demandes pas à tes parents de la garder cette nuit ?

Elle me fixe de son regard de chien battu, un regard à faire fondre le plus endurci des cœurs.

— Non, ce soir ils passent leur soirée en amoureux. Mon père a réservé un resto pour ma mère, ça fait des semaines qu'il prépare ça.

— OK, tant pis alors...

Elle rebrousse chemin, se décidant enfin à quitter son manteau.

— Rien ne t'empêche d'aller y faire un tour tu sais ?

— Non, ça ira, répond-elle en haussant les épaules, un sourire en coin. On se boira un verre plus tard.

Nous ne cherchons pas à en discuter plus que ça et elle finit par me raconter son après-midi, en me citant tous les lieux où elle a postulé.

Nous nettoyons cette traînasse d'eau maintenant marron et rangeons le salon histoire d'être tranquille quand Élise sera là. Plus de jouets qui traînent, je mets quelques bougies par-ci par-là, ajoutant une lueur chaleureuse à l'atmosphère, pendant que Louise sèche ses cheveux. Le crépitement des bougies crée une ambiance apaisante. Nos rires résonnent dans la pièce, mêlés aux bruits étouffés de la ville qui s'éveille à la tombée de la nuit. Voilà, le salon est désormais un cocon accueillant, prêt à recevoir Élise pour cette première soirée entre filles depuis le lycée. L'excitation monte à mesure que la soirée se prépare.

À 18 h 27, on frappe à la porte. C'est une Élise toute pimpante qui entre à la maison, portant un sac de courses rempli de gourmandises. Elle n'a pas fait les choses à moitié. Sachant que j'avais déjà pris pas mal de choses hier, je pense que certains paquets vont rester dans le placard.

Je prends le sac des mains d'Élise et vais déposer le tout dans la cuisine.

— Vous avez prévu un autre programme pour ce soir ? demande-t-elle, surprise.

— Comment ça ?

Je la rejoins au salon alors qu'elle regarde le flyer que Louise a ramené plus tôt.

— Ouais, répond Louise d'un air boudeur, je m'étais dit qu'on aurait pu y aller, mais j'suis pas sûre qu'ils passent des comptines à la sono et servent des biberons de lait au chocolat.

Voyant qu'Élise ne comprend pas où elle veut en venir, je reformule :

— Je ne me vois pas emmener Victoire là-bas. Et puis de toute façon mes parents ne sont pas dispos pour la garder ce soir.

— Aaah d'accord, elle semble réfléchir, moi je peux la garder si vous voulez.

Elle dit ça avec détachement, comme si ça ne lui posait aucun problème.

— Quoi ? Non, non, tu ne vas pas te sacrifier, il y aura d'autres occasions, pas vrai Louise ?

Le peu d'étincelles qu'il y avait dans son regard à la proposition de notre amie s'éteignent net à la fin de mon interrogation. Je crois qu'elle n'est pas du même avis.

— J'insiste, je t'avoue que je suis fatiguée, je me suis tapée des patients ingrats toute la journée, et passer du temps avec Victoire me ferait tellement plaisir...

Sa sincérité me touche un peu, et même si ça m'embête de changer nos plans, je commence à hésiter.

— Bon, tu vas attendre qu'elle te supplie ou comment ? dit ma meilleure amie à mon intention.

Je soupire, puis lève les yeux au ciel.

— Bon... d'accord.

Les deux filles soupirent de soulagement en chœur. Louise me tire par le bras, un sourire victorieux sur les lèvres.

— Allez, on file te changer !

Quelques minutes plus tard, nous voilà prêtes à partir. J'enlace mon bébé, faisant un dernier point avec Élise sur ce qu'elle doit savoir par rapport à Victoire : le repas, les changements de couches, le dodo, et encore un tas d'autres détails. Peut-être que je détaille trop, car Louise commence à tapoter du pied pour me faire comprendre de me dépêcher. C'est plus fort que moi, je me sens stressée à l'idée de les laisser toutes les deux, une anxiété que je n'arrive pas à expliquer. Saura-t-elle s'occuper d'un bébé ?

Bon, Louise l'a fait, ça devrait aller, mais c'est toujours difficile de la laisser à quelqu'un d'autre que ma mère.

Pourtant, j'ai confiance en mon amie, et je reste persuadée que tout se passera bien. Louise me pousse presque dehors quand je finis, prévenant Élise que mon portable est allumé, son au maximum, au cas où elle aurait besoin de quelque chose ou si un problème survenait – bien que je n'espère vraiment pas cela.

Quand la porte se referme derrière moi, je sens mon cœur se serrer dans ma poitrine.

Nous arrivons devant le Green Cell en quelques minutes. La décision d'y aller à pied s'avère judicieuse, car il n'y a quasiment plus une place de libre sur le parking. Apparemment, c'était un évènement attendu. Je me réjouis d'habiter près du centre-ville.

À peine pénétrons-nous dans l'établissement, nos corps se réchauffent instantanément, une sensation bienvenue. Je commençais à ressentir des picotements sur les cuisses – car oui, Louise a insisté pour que nous portions des jupes ! Courtes, bien sûr, sinon ce n'est pas drôle...

Dans le hall d'entrée, deux hommes nous proposent de prendre nos manteaux et nous donnent en échange un ticket numéroté que nous devrons présenter au moment de partir pour les récupérer. C'est sympa, on se croirait presque à l'entrée d'une discothèque pour le coup.

— Le mec avec le petit bouc là, je lui redonne mon manteau quand il veut ! me « chuchote »-t-elle.

L'homme au bouc en question rit discrètement à sa remarque délicate.

— Louise, je t'en prie, tu ne vas pas commencer...

— Quoi ? Tu crois vraiment que je suis venue juste pour les petits fours ? J'ai très faim en ce moment, si tu vois ce que je veux dire...

D'un revers de la main, elle rejette ses cheveux en arrière et part devant. En fait, ça ne m'étonne même pas qu'elle me dise ça. Elle m'a toujours dit que le passé n'était que le passé et qu'il valait mieux aller de l'avant plutôt que de s'attarder sur ce qu'on ne pouvait plus changer.

Et elle a raison. Dans un sens.

Seulement, c'est plus facile à dire qu'à faire. Avec Paul, on n'a pas juste rompu, il est mort.

Et une partie de lui vit en Victoire.

— Dis donc, il n'y a pas grand monde en fin de compte !

Je jette un regard circulaire, et Louise fronce les sourcils. Un peu gênée, je suis en même temps curieuse de ce silence étrange qui enveloppe la pièce. Une dizaine de personnes sont là, attablées pour certaines, mais l'animation qui devrait accompagner cet endroit ne semble pas au rendez-vous.

— Mesdames ? Vous êtes venues pour l'inauguration ?

Un homme, blond aux yeux bleus, soigneusement habillé d'une chemise grise et d'un jean noir nous interpelle vers le fond de la pièce.

— Oui, est-ce que l'événement est reporté ? je lance, en jetant un coup d'œil autour de nous. Il n'y a presque personne...

La question me semble stupide dès que je l'ai posée. Les places de parking étaient toutes occupées, jusqu'à l'angle de la rue.

Le blond se frotte la nuque, un sourire amusé flottant sur ses lèvres.

— Absolument pas ! En fait, tout se passe en bas, dit-il en ouvrant la porte sur sa gauche.

— Vous comptez nous séquestrer au sous-sol c'est ça ?

L'homme éclate de rire, un rire franc et détendu qui fait écho dans l'espace calme. Son regard se fait malicieux.

— Hahaha ! Non, sauf si c'est ce que vous voulez...

Mesdames et Messieurs, je crois qu'on vient de trouver la version masculine de Louise !

— Humm... Je vais y réfléchir...

Euh...

Ils se regardent avec un air de défi. J'hésite même à rentrer chez moi.

Je tousse légèrement histoire de leur rappeler que je suis là.

Le blond atterrit.

— Oui, pardon, suivez-moi !

Nous le suivons donc au sous-sol, en passant par la porte du fond où il se trouve, et descendons les escaliers en béton, avant d'arriver dans la grande pièce déjà bondée de monde.

C'est magnifique. Encore une fois.

Louise avait raison, une petite estrade est installée sur la gauche. Le plafond est illuminé par de grandes guirlandes lumineuses, formant comme un long rideau.

On dirait un ciel étoilé.

Un bar est installé au mur parallèle aux escaliers, avec, derrière, un mur lumineux blanc et vert. Pour rester dans le thème du Green Cell, quelques fausses plantes ont été mises sur les vingtaines d'étagères accrochées au mur en lambris peint. Des tables de quatre places comblent le reste de la salle, laissant un espace d'une quinzaine de mètres carrés entre la scène et les tables pour la circulation.

— Je vous laisse, mesdames, j'ai du travail. À tout à l'heure peut-être, lance-t-il à l'attention de mon amie.

S'il avait pu lui baiser la main il l'aurait fait, j'en suis sûre.

Il nous fait son plus beau sourire et remonte au rez-de-chaussée.

— Allez viens, on va boire un coup !

Louise m'entraîne au bar où nous commandons deux cocktails.

Une fois nos verres en main, nous partons à la recherche des serveuses – ou plus précisément, à la recherche des petits fours !

Alors que je m'apprête à piocher sur l'un des plateaux, je croise le regard indéchiffrable de mon supérieur.

Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?

— Bah qu'est-ce que t'as ?

— Rien, dis-je en pivotant, ma mignardise en main. Je viens de voir Lorenzo, ça m'a surprise c'est tout.

— C'est lequel ? demande-t-elle en se retournant d'un mouvement vif.

Je la regarde, alors qu'elle redresse les épaules, levant la tête pour mieux voir.

J'ai une envie soudaine de récupérer le plateau que tenait la serveuse il y a quelques secondes, et de me taper le front dessus. Heureusement que nous ne sommes pas des espionnes, et que nous ne sommes pas en mission. Grillées direct ! La discrétion et Louise est d'un écart infini !

— Laisse tomber, Louise, on s'en fiche.

— Le mec à la barbichette ? insiste-t-elle. Il tire une de ces têtes, il a une olive qui passe pas ou quoi ?

— Bon, tu viens, oui ?

Tout le monde s'arrête subitement de parler et de bouger lorsqu'une voix résonne dans le micro.


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