𝐋𝐢𝐞́𝐬
Bonjour !
Je ne vais pas blablater pendant 107 ans, je n'ai de toute manière pas grand chose à dire. 😂
Peut-être simplement prévenir que cet OS est écrit au passé, chose que je fais généralement jamais parce que je m'embrouille dans les temps et je finis par faire n'importe quoi. j'espère donc que ça reste lisible. N'hésitez pas à me le dire si y a un souci quelque part.
Sur ce, bonne lecture à vous ! J'espère que cet OS vous plaira :)
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Kim Seungmin et Hwang Hyunjin se sont rencontrés par hasard un jour de pluie dans un musée New Yorkais. Kim Seungmin avait rendez-vous avec un ami et cet ami n'était jamais venu. Il n'y connaissait rien à l'art, mais il était rentré quand même parce que dehors les éléments se déchaînaient. Il avait traversé la première salle rapidement, jetant à peine un regard aux tableaux, ne voyant pas l'intérêt de passer une heure devant une toile blanche ou rouge. Et puis il était entré dans la deuxième salle.
Et il l'avait vu.
Hwang Hyunjin se tenait justement devant une toile blanche où s'étalait des formes géométriques sans queue ni tête de pleines de couleurs. Il portait une chemise beige, des lunettes rondes et ses cheveux noirs étaient relevés en un chignon brouillon sur le haut de son crâne. Il portait son manteau sur le bras et il n'avait pas l'air mouillé. Kim Seungmin s'était demandé depuis combien il était là pour avoir son manteau sec alors qu'il pleuvait depuis une vingtaine de minutes lorsqu'il était rentré.
Il s'était approché sans faire de bruit et avait remarqué les boucles en argent qui se balançaient aux oreilles de l'homme et le carnet qu'il tenait dans la main qui n'était pas encombrée par le manteau.
Étudiant en art, lui avait soufflé son esprit. Mais il n'avait pas eu le temps de faire quoi que ce soit de cette information que l'homme avait tourné la tête vers lui.
« J'aime beaucoup Malevitch, » avait-il dit.
Seungmin avait bredouillé quelque chose d'incohérent, faisant rire l'inconnu.
« Vous ne vous intéressez pas vraiment à l'art. »
Ce n'était pas une question alors Seungmin s'était contenté de hocher la tête et l'homme était retourné à son tableau.
« C'est dommage, » avait murmuré Hyunjin alors que Seungmin s'empressait de quitter la salle.
Il avait traversé le musée au pas de course et une fois dehors, s'était arrêté pour reprendre son souffle qui ne semblait pas vouloir se calmer depuis qu'il avait parlé avec l'inconnu. Il pleuvait encore et il était allé s'asseoir dans un café avec les fenêtres qui donnaient sur la sortie du musée. Il avait attendu en buvant un café. Il avait un livre dans son sac, mais il ne l'avait pas sorti. Il aurait pu écrire également, les idées fourmillaient dans son esprit et il ne sortait jamais sans un carnet et un stylo, mais il n'avait rien écrit. Il aurait pu écouter de la musique, son casque ne quittait jamais son sac, mais le léger jazz qu'il pouvait entendre en fond lui suffisait. Il n'avait rien fait, il avait attendu. Et il avait réfléchi.
L'homme du musée ne voulait pas quitter son esprit. C'était peut-être idiot, mais il lui faisait penser au personnage principal de son roman. Il avait le même air concentré, la même beauté éthérée, la même apparente fragilité. Son personnage était exactement pareil, même physiquement, il l'avait imaginé grand, aux cheveux noirs et brillants, affectionnant les chemises unies et les trenchs. Il lui avait donné cette apparence parfaite, lisse, belle, attirante, et il lui avait construit une personnalité complétement détruite, à l'opposé total de son apparence. Il l'avait fait naviguer dans ce monde plein de brouillard à la seule aide d'une minuscule lanterne.
Le soupir qui s'échappa des lèvres de Seungmin fit se retourner son voisin qui lui jeta un regard inquiet. Les joues de Seungmin rougir et il sortit son téléphone pour regarder son reflet qui lui renvoyait l'image d'un jeune homme dans la vingtaine aux cernes immenses et aux joues creusées par la fatigue. Ce roman lui bouffait toute son énergie, ce foutu personnage prenait toute la place dans sa tête, l'empêchant de dormir, de manger, de réfléchir à autre chose qu'à la vie qu'il allait lui faire vivre. Et voilà qu'il se mettait le voir dans les inconnus désormais ? Allait-il le suivre jusqu'à sa mort ? Allait-il continuer de vivre dans sa tête ?
« Vous allez bien monsieur ? Vous avez besoin d'aide ? »
Seungmin tourna la tête vers son voisin qui semblait avoir décidé de s'inquiéter de son état. Il le comprenait, il avait une tête à faire peur.
« Tout va bien, merci. »
Du mouvement près de l'entrée du musée attira alors son regard. L'inconnu se tenait sur les marches menant à la porte, son manteau toujours sous le bras et le nez levé vers le ciel où le soleil qui réapparaissait timidement entre les nuages, éclairait sa peau diaphane d'une lumière dorée.
Sans même réfléchir, Seungmin attrapa son manteau et sortit du café, sans entendre le gérant lui crier qu'il n'avait pas payé.
« Laissez, c'est pour moi. »
Le voisin de Seungmin tendit un billet à l'homme et regarda le brun marcher au pas de course vers l'homme qui se tenait toujours à l'entrée du musée. Il y avait quelque chose dans le regard de Seungmin qui avait attendri Lee Minho. Considérons cela comme sa bonne action du jour. Il ramassa ses affaires et sortit du café. Il n'y avait plus personne sur les marches. Un léger sourire flotta sur ses lèvres alors qu'il se dirigeait vers la bouche de métro, sifflotant une chanson populaire qu'il avait entendu plus tôt dans la matinée.
Lee Minho n'aimait pas trop le métro. Trop de monde, trop de bruits, trop de stimulations pour quelqu'un comme lui. Alors il mit ses écouteurs et respira de nouveau. Avec un peu d'appréhension, il descendit les marches et ne tarda pas à trouver la ligne qu'il lui fallait pour rentrer chez lui. Il n'aimait pas le métro alors il avait appris les horaires et le plan par cœur. Cela lui évitait d'avoir à réfléchir, à contempler le plan, à se poser la question de savoir quelle ligne valait plus qu'une autre dans telle ou telle situation. Il savait et puis voilà.
Son téléphone vibra dans sa poche et il le sortit. Un sourire sincère naquit sur ses lèvres. Il répondit à son copain qui lui demandait dans combien de temps il serait rentré et s'accrocha à une barre, non sans grimacer à l'idée du nombre de germes qui devaient à cet instant être en train de grimper sur sa peau. Le métro se mit en marche et Minho repensa à l'inconnu du café. Il n'avait vraiment pas l'air très bien. Sa bonne humeur retomba un peu. Il espérait vraiment que les choses s'arrangent pour lui. Il avait l'air gentil et polit.
Les portes du métro s'ouvrirent et Minho trottina pour sortir. Lorsqu'il fut dehors il écarta les bras pour s'étirer et son sourire réapparut lorsqu'il vit une silhouette familière appuyée contre un lampadaire à quelques mètres de lui, un téléphone vissé à l'oreille, en pleine conversation. Minho sautilla jusqu'à lui et le regard de Bang Chan s'illumina lorsqu'il le vit se stopper devant lui. Il ouvrit un bras pour que Minho vienne se blottir contre son torse et s'excusa auprès de son interlocuteur avant de raccrocher et de ranger son téléphone pour pouvoir serrer Minho plus fort contre lui.
« Salut toi.
- Salut toi. »
Ils se sourirent et Minho se sortit de l'étreinte de Chan et le laissa lui prendre la main et l'entraîner vers le parc.
« Ta journée s'est bien passée ? » lui demanda Chan et Minho acquiesça.
Il lui raconta les bêtises des enfants, comment l'un d'entre eux avait renversé sa bouteille d'eau en pleins milieu de la salle et qu'ils avaient dû arrêté le cours pendant une quinzaine de minute pour nettoyer, comment sa petite protégée avait encore progressé, comment le dernier élève qui venait d'arriver du Japon l'avait impressionné, comment la nouvelle secrétaire avait essayé de le draguer pour la troisième fois cette semaine, et Bang Chan le regarda lui raconter tout ça, des étoiles dans les yeux et un grand sourire sur le visage.
« Et toi ? C'était bien ?
- Plutôt, l'entreprise se porte bien. Je devrais pouvoir passer la main dans quelques mois. Et ensuite, on pourra monter notre école tous les deux. »
La pluie avait disparu, les oiseaux chantaient, Chan et Minho s'assirent sur un banc, pas loin du skate parc.
« Je t'aime si fort, murmura Chan en passant son bras autour des épaules de Minho qui se blottit contre lui.
- J'ai tellement de chance de t'avoir à mes côtés, » répondit Minho dans un soupir et Chan déposa un léger baiser sur son front.
En face d'eux, les skateurs s'envolaient toujours plus haut dans les bols. Attrapant leurs planches en l'air, tournant sur eux-mêmes, réalisant toujours plus de tricks. Chan et Minho aimaient venir ici parce que le ballet des skateurs avait quelque chose de beau, de satisfaisant. Leur musique arrivait jusqu'à leurs oreilles et Minho aurait bien aimé pouvoir danser dans ce parc. Il ne le fit pas parce qu'il n'aimait pas qu'on le regarde, sauf quand il était sur scène.
Pourtant il sentit le regard de quelqu'un sur lui. Comme d'habitude, toujours le même.
Assis, sur le bord du bol, les jambes pendant dans le vide, un garçon les regardait, lui et Chan. Il avait les cheveux blonds décolorés et des taches de rousseur visibles même depuis le banc. Il semblait à peine être sorti du lycée, peut-être y était-il encore ? Sa planche de skate reposait sur les genoux, mais il ne semblait pas décider à l'utiliser. Il préférait regarder Chan et Minho dont les silhouettes ne faisaient plus qu'une.
Ses yeux chocolat s'abaissèrent vers ses mains toutes égratignées à cause de ses nombreuses chutes. S'il s'était mis au skate ce n'était clairement pas pour sentir l'adrénaline, pas non plus pour refuser l'autorité de ses parents, encore moins pour paraître populaire.
Un cri s'éleva un peu plus loin, rapidement suivit d'un éclat de rire.
« Félix ! T'as vu la boîte que je me suis prise ? »
Félix secoua la tête.
« Je me suis éclaté comme une merde ! »
Nouvel éclat de rire, Felix grimaça.
« Tu saignes Changbin, » dit-il simplement.
Changbin haussa les épaules, comme si ce n'était rien, comme si ce n'était pas grave. Il passa une main dans ses cheveux noirs et les ébouriffa allégrement avant de remonter sur son skate et de rouler vers Felix qui n'avait toujours pas bougé.
« Lix ? T'es sûr que ça va ? »
Changbin prit une impulsion un peu plus forte que les autres et il se hissa avec son skate à côté du blond.
« T'es ailleurs ces derniers temps. Tu sais que tu peux tout me dire, hein ? »
Il lui sourit et Félix eut mal à la gorge. Alors pour éviter à ses larmes de sortir sans son consentement il se reconcentra sur le petit couple qui continuait de vivre leur vie sur le banc en face d'eux.
« Ils sont mignons, tu ne trouves pas ? murmura-t-il et Changbin mit un moment avant de comprendre de qui il parlait.
- Oui, ils le sont. Ils sont souvent là, je crois.
- Tu ne trouves pas ça bizarre ? »
Changbin le regarda sans comprendre.
« Pourquoi je trouverais ça bizarre ?
- Parce que ce sont deux hommes ? »
Le sourire sur le visage de Changbin se fana rapidement.
« Ils font bien ce qu'ils veulent, non ? »
Félix se mordit la lèvre. Il faisait n'importe quoi. Voilà que Changbin le pensait homophobe.
« Félix ? T'es sûr que ça va ? Pourquoi tu me demandes ça ?
- Oui, ça va.
- T'en n'as pas l'air. »
Avec un soupir, Félix ferma les yeux et s'allongea sur le béton encore humide de l'averse. Il avait enlevé son tee-shirt tout un peu plus tôt, mais il avait froid désormais. Il aurait bien aimé que Changbin le prenne dans ses bras pour le réchauffer.
« Bon, quand tu voudras parler tu sauras où me trouver, d'accord ? »
Il murmura quelque chose et Changbin se redressa. Il regarda Félix un instant. Son bras reposait sur ses yeux et son torse se soulevait au rythme de sa respiration. Le vent soufflait dans ses cheveux et bordel qu'est-ce qu'il était beau. Alors Changbin lâcha son skate pour enlever son tee-shirt noir aux manches longues et le laissa tomber à côté de la tête de son meilleur ami.
« Mets-ça, tu vas prendre froid. »
Félix se redressa sur un coude à temps pour voir Changbin basculer dans le bol et filer à l'autre bout. Le cœur au bord des lèvres, il enfila le tee-shirt qui était un peu trop court pour lui mais dans lequel il semblait nager. Il porta le col à son nez et inspira discrètement. C'était presque comme un câlin.
Presque.
Du mouvement en face attira son attention et, mut par une force plus forte que lui, il sauta sur ses pieds pour courir à l'entrée du parc.
« Attendez, articula-t-il difficilement en s'arrêtant devant Minho et Chan qui le regardèrent sans comprendre alors qu'il était plié en deux devant eux, tentant de reprendre sa respiration.
- Tu veux de l'eau ? » demanda Chan gentiment. »
Félix secoua la tête et son regard un peu perdu navigua entre les deux hommes devant lui. Celui qui lui avait proposé de l'eau avait la main posée sur la hanche de l'autre qui fixait obstinément le sol.
« Je- »
Il se tut. Il ne savait plus ce qu'il faisait là. Il voulait leur parler. De quoi déjà ?
« C'est toi qui nous regardes à chaque fois qu'on vient. »
La réplique de Minho avait flotté dans l'air pendant quelques instants. Félix était rouge comme une tomate et Chan regardait Minho avec surprise.
« Je suis désolé, murmura Félix en tirant sur les manches du tee-shirt pour cacher ses mains. Je... Je crois que je suis un peu jaloux.
- Jaloux ? » répéta Chan sans comprendre.
La respiration de Félix s'accéléra et il passa une main dans ses cheveux pour tenter de reprendre contenance. Son autre main se referma sur son collier au bout duquel pendait une clé en argent.
« Calme-toi, lui intima Chan. Respire. »
Son sourire finit par avoir raison de la bouffée de panique qui avait manqué d'emporter Félix avec lui et il offrit un sourire un peu maladroit au couple.
« Comment vous faites pour avoir la force de vivre comme ça ? »
Minho tourna la tête vers Chan qui fronça ses sourcils.
« Comme ça ?
- Deux hommes, ensembles. Comment vous faites ? Comment vous faites pour ne pas vous noyer sous le regard des autres ? Comment vous faites pour qu'on vous accepte autour de vous ?
- C'est comment ton nom ? demanda alors Minho un peu abruptement.
- Félix.
- Je suis Minho. Lui c'est Chan. On ne fait rien de spécial, Félix.
- On vit, c'est tout, ajoute Chan.
- Et on dégage de notre entourage ceux à qui ça ne va pas.
- Tu n'as pas à t'excuser de qui tu es Félix.
- Et tu devrais aller parler à ton ami, conclut Minho.
- Mon ami ? »
Les deux plus vieux lui sourirent et Félix se tourna vers le skate parc. Ses yeux rencontrèrent ceux froncés de Changbin, un peu plus loin, qui les regardait.
« Merci, chuchota-t-il à l'attention de Chan et Minho qui le regardèrent trottiner vers le brun et foncer dans ses bras.
- Je suis fier de toi, murmura Chan à Minho.
- Il me rappelle toi à son âge. »
Le rire de Chan résonna dans le parc, faisant se retourner deux hommes qui regardèrent le petit couple quitter le parc, main dans la main.
« Je veux bien te servir de modèle pour ton livre, dit alors Hyunjin. Mais à condition que tu poses pour moi. »
Seungmin ne réfléchit même pas. Il avait passé à peine deux heures avec cet homme, mais il ne voulait déjà plus le quitter. Quelque chose de lunaire se dégageait de lui, une impression de calme qu'il savait fausse et qui le transcendait. Presqu'autant que Hyunjin se sentait impressionné par la prestance et le charisme de Seungmin. Il l'avait laissé venir à lui à la sortie du musée, l'avait laissé le traîner dans un restaurant pour lui expliquer son histoire de personnage qu'il retrouvait en lui, puis l'avait emmené dans ce parc.
« C'est d'accord. »
Hyunjin sourit. Seungmin sourit. Minho sourit. Chan sourit. Félix sourit. Changbin sourit. À la croisée des mondes, des plaques tectoniques qui s'entrechoquent, des chemins qui se recoupent, ils se tenaient là, plus fort que tout parce qu'ils étaient ensemble, parce que tout change, que le temps s'écoule, et qu'ils s'entraident.
Les liens sont parfois invisibles.
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