Chapitre 4: Tu es dans mon rêve
Malgré mes tentatives pour rester éveillée, je me suis endormie et je me suis mise à rêver comme chaque nuit. Les précédentes n'ont été que cauchemardesques, mais enfin, je retrouve la sérénité des nuits douces.
Je suis ramenée dans le monde irréel par le claquement des vagues sur le sable, du chant des mouettes au-dessus de moi et des bises du vent. Je soulève mes paupières lentement, m'étire en levant mes bras et tirant en longueur mon dos. Je me redresse et frotte les grains de sable sur mes vêtements.
Je tourne sur moi-même pour observer l'environnement qui m'entoure. Un paysage calme, contrairement à celui de mes cauchemars. Je reconnais la plage de Lacanau. Je repère au loin l'escalier pour remonter vers la zone urbaine, j'enfourne alors mes mains dans mes poches et me dirige vers celui-ci en prenant mon temps, respirant l'air salé avec joie.
Dans la vie réelle, nous sommes presque en hiver mais apparemment dans mon rêve, nous sommes en plein été. Le soleil brille fortement au-dessus de ma tête, réchauffant les parties de ma peau exposées. Étant pieds nus, je me mets à marcher près du rivage, appréciant la fraîcheur de l'onde glisser entre mes orteils et sous la plante de mes pieds.
Je baisse la tête vers le sol granuleux, la chaleur environnante est vraiment agréable, c'est bien mieux que de se geler le derrière dans le froid. Je relève le visage et sors de l'eau pour partir en direction de l'escalier. Je fronce les sourcils en voyant une silhouette étendue juste devant.
Je m'approche et me fige sur place. Je n'y crois pas ! Pourquoi il est là lui ?! Dans mon rêve ! Je me précipite vers le coréen endormi dans le sable, me penche au-dessus de lui et lui donne un coup de pied sur le bras pour le réveiller.
« Qu'est-ce que tu fous là toi ? Lâché-je froidement, montrant bien mon mécontentement de le voir ici. »
Il soulève ses paupières puis pose ses iris bruns sur moi avec un air blasé. Je grimace, dégoûtée de voir son visage qui ne m'avait pas du tout manqué.
« Oh, je t'ai posé une question ! M'impatienté-je en lui redonnant un coup.
- Frappe-moi encore une fois et je te fais bouffer le sable, me menace-t-il calmement en s'étirant.
- Ah tiens, l'écrevisse fait claquer ses pinces maintenant ? Ricané-je en croisant les bras sur ma poitrine.
- Haha, très drôle. Je suis mort de rire, réplique-t-il en abaissant ses paupières.
- Si cela pouvait être le cas, soupiré-je. Bon bouge, j'aimerais monter, déclaré-je en me retenant de lui redonner un coup de pied. »
Il ouvre un œil avec un air blasé et me fixe avant de le refermer, un sourire aux coins des lèvres. Oh, je sens qu'il va rapidement m'agacer...
<< Pour quoi faire ? Tu veux aller où ? Me demande-t-il sans me prêter la moindre attention.
- Quelque part, cela ne te concerne pas, rétorqué-je en grinçant des dents.
- On est dans le même rêve donc si cela me concerne, rigole-t-il fier de sa répartie.
- Rectification, on est dans MON rêve. »
Ma déclaration le fait rire, il soulève une seconde fois ses paupières et se redresse en position assise en une fraction de seconde. Je le regarde se remettre sur ses pieds, un sourcil haussé et un air lassé sur le visage. Il sourit et vient se placer à côté de moi, mains dans les poches de son pantalon court.
« Bon, on va où ? Lance-t-il soudainement.
- On ? Répété-je dans un rire forcé. Il n'y a pas de on, je reste seule et toi tu vas faire ce que tu veux dans ton coin, annoncé-je en grimpant les marches ensablées de l'escalier. »
Je ne fais plus attention à lui et remonte vers la zone urbaine. Je croise sur mon passage quelques passants mais pas plus. Du haut je peux voir la plage vide en contre-bas. Je lève mon visage vers le ciel bleu, sans nuage au-dessus de ma tête, je me sens bien, apaisée.
Mes épaules s'abaissent tout à coup quand je repère derrière moi la chevelure rouge de mon collègue et soupire une énième fois, je pivote vivement sur mes talons pour lui faire face. Je fronce les sourcils et me mords la lèvre inférieure en le voyant sourire grandement. Son air amusé me donne envie de lui mettre une claque.
« Tu es obligé de me suivre ? Grogné-je.
- Je ne connais pas les lieux, j'aurais besoin d'un guide, lance-t-il malicieusement, clairement décidé à m'énerver.
- Débrouille-toi pour t'en trouver un, répliqué-je en levant les yeux au ciel.
- Oh mais ne t'inquiètes pas, j'en ai déjà trouvé un, dit-il en haussant un sourcil, me fixant avec insistance.
- Dans tes rêves, je ne reste pas une seconde de plus avec toi, brisé-je ses délires en lui retournant le dos. »
Je m'apprête à me remettre en marche mais sa main attrape soudainement mon poignet et me fait pivoter vivement vers lui. Sous la force de son emprise, je me retrouve malencontreusement contre son torse. Mes muscles se contractent aussitôt à son contact et je le repousse fortement en reculant tout en lui jetant un regard noir.
Le fait d'avoir été aussi proche de lui durant seulement quelques secondes m'a fait involontairement rougir. Je le pointe du doigt, le cœur battant dans mes oreilles. Cela ne m'étonnerait même pas qu'il puisse l'entendre.
« Ne refais plus jamais ça, grogné-je en essayant de ralentir mon rythme cardiaque et de calmer la chaleur sur mes joues.
- Faire quoi ? Nie-t-il en se rapprochant d'un pas.
- Ne fais pas semblant de ne pas comprendre, m'agacé-je. Écoute-moi le chinoise. Je veux passer enfin un rêve tranquille sans toi alors laisse-moi seule, finis-je avec un sérieux glacial. »
Il serre les dents sous la façon par laquelle je viens de l'appeler. Ai-je fait exprès de l'appeler ainsi ? Totalement. Je veux lui montrer que c'est à ses risques et périls de rester avec moi.
Mais tout d'un coup, il se décontracte et retrouve son sourire qui m'agace fortement. Il penche la tête sur le côté, me fixant malicieusement de ses prunelles sombres.
« Et si je t'offre une glace, tu acceptes de rester avec moi ? Me propose-t-il sur un ton amusé.
- On est dans un rêve pas dans la réalité. Tu crois vraiment qu'on puisse manger, répliqué-je dans un souffle agacé.
- Je pense que dans nos rêves on peut faire ce que l'on veut, répond-il. Alors, tu acceptes ?
- Pour que tu m'étouffes avec de la glace, sûrement pas. C'est mon rêve et j'ai bien l'intention de rester en vie cette fois-ci, refusé-je sèchement. »
Je lui tourne une énième fois le dos, plonge mes mains dans mes poches et pars cette fois avec la ferme intention de ne pas lui faire face quoi qu'il arrive.
« Je suis désolé ! »
Je me fige sur place en l'entendant s'excuser d'une manière si soudaine. Je ne fais plus le moindre mouvement, je reste statique et attends qu'il continue sur sa lancée, parce que je suis sûre qu'il ne va pas s'en arrêter là.
« Je suis désolé... répète-t-il. Désolé d'avoir été un connard avec toi et d'avoir causé ta mort, ajoute-t-il plus doucement. »
Je rêve, il se sent coupable ? Lui ?! Un rire forcé s'échappe de ma gorge, je pivote vivement sur mes talons et me retrouve nez à nez avec un coréen confus et légèrement peiné. Quel bon acteur, je pourrais presque tomber dans le piège.
« Tu crois que je vais te croire ? Ricané-je sombrement.
- Non mais je veux tout de même essayer de me faire pardonner, dit-il calmement sans rien laisser transparaître à part sa soi-disant sincérité.
- Pourquoi tout d'un coup tu veux faire ami-ami avec moi, le questionné-je sur mes gardes. »
En une fraction de seconde, il se retrouve plus proche de moi, nos visages séparés par seulement quelques centimètres. Ses mèches de cheveux colorés glissent doucement sur mon front, son souffle s'écrase sur ma bouche entrouverte de stupéfaction. Lentement, ses doigts frôlent ma joue pour venir prendre sans brusquerie mon menton, il le soulève légèrement pour que je le regarde dans les yeux.
Je me laisse faire, ayant perdu tout combativité, je suis spectatrice de ce qu'il va faire. Muette, immobile, j'attends simplement qu'il dise ce qui lui fait pincer ses lèvres naturellement rosées et attirantes. ATTIRANTES ?! Mais qu'est-ce que je raconte...
L'homme sans nom se rapproche un peu plus, réduisant dangereusement l'écart entre nous. Mon cœur rate un battement avant de partir au quart de tour, une soudaine chaleur s'installant sur mes pommettes tandis que tous mes muscles se tendent à leur maximum. Il fait quoi là ?!
« Parce que, je te veux pour moi seul, murmure-t-il à mon oreille. »
Je sens ses lèvres frôler fébrilement le bord cartilagineux de mon oreille faisant hérisser tout à coup les poils de mon échine. Ses mots atteignent enfin mon cerveau, réveillant au passage mon dégoût envers lui. Je frappe sa main pour la repousser loin de moi et le fusille du regard.
« À quoi tu joues ? Lâché-je sèchement.
- À rien, je te dis juste ce que je pense, répond-il en perdant son air amusé.
- Ne te moque pas de moi, répliqué-je en fronçant les sourcils.
- Je suis sérieux, assure-t-il en plantant ses prunelles brunes dans les miennes.
- Ouais c'est ça, fis-je sarcastiquement. Il y a peu, tu faisais tout pour me faire vivre un enfer, pour que je meurs dans les rêves ! À cause de toi je n'en dors plus la nuit sans faire de cauchemars et tout d'un coup, tu me dis que tu veux que je reste avec toi ?! Alors que tu as tout fait pour que j'abandonne ?! Et tu crois que je vais te croire ! M'écris-je d'une voix chevrotante. »
Suite à ma déclaration, il se mordille la lèvre inférieure tout en baissant la tête. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Où est le Jean-Pascal arrogant, casse-pieds, insupportable, détestable ? Qui l'a remplacé par cette chose toujours aussi moche qui est capable de ressentir des émotions ?
Une lumière s'allume dans mon cerveau, je comprends qu'en fait, la personne devant moi n'est pas réelle et qu'elle est seulement le fruit de mon imagination. C'est complètement logique !
Je m'approche de lui, me penche légèrement en avant pour pouvoir voir son visage puis pince sa joue que je garde entre mes doigts.
« Tu n'es pas réel, n'est-ce pas, l'interrogé-je sur un ton blasé.
- Mais non, je suis bien réel, réplique-t-il en relevant soudainement sa tête, faisant sous le coup que je lâche sa peau.
- Dommage... Marmonné-je dans un souffle.
- Écoute, je sais très bien que de devoir rester avec moi est bien la dernière chose que tu souhaites, mais j'aimerais que tu me laisses une chance de te montrer qui je suis. S'il te plaît, finit-il avec un petit sourire. »
J'aimerais lui dire que je ne veux pas savoir qui il est vraiment mais pour mon propre bien, je pense que si je suis en bon terme avec mon collègue, les expériences se passeront mieux. Je soupire longuement par le nez en me massant l'arête du nez puis relève mon regard sur lui.
« Tu n'as qu'une seule chance, annoncé-je. Et ne pense pas que mon comportement envers toi changera du jour au lendemain, parce que je n'étais pas en tort moi.
- Je ne gâcherai pas cette chance, assure-t-il avec un sourire en coin. Allez viens, on va manger une glace ! Lance-t-il en attrapant ma main. »
Il ne me laisse pas le temps de réagir et m'entraîne à sa suite rapidement, cherchant autour de lui un restaurant qui pourrait nous offrir une table où déguster notre glace.
Mon attention se dirige vers ses doigts entrelacés aux miens, je me pince les lèvres, mais étrangement, je ne dis rien et me laisse emmener par le coréen.
Nous arrivons à destination, un serveur nous amène à une table sur la terrasse au-dessus de la plage en bord de mer. Je suis toujours impressionnée par la fausse réalité des rêves, on pourrait vraiment croire que ce qui se passe en ce moment est vrai.
Je m'assois sur une chaise et fixe avec attention le roux qui regarde la carte présentée devant lui. Je croise les bras devant moi et me couche sur la table sans pour autant le quitter des yeux.
« Tu payes, déclaré-je sans beaucoup articuler.
- Hum, oui si tu veux, répond-il distraitement.
- Ce n'était pas une question. »
Notre commande prise, nos glaces servies, nous dégustons en silence en observant la plage en contre-bas. Ma cuillère dans la bouche, je profite du son des vaguelettes sur le sable. C'est rare dans la vie réelle que je puisse aller à la plage...
« Alors, comment tu t'appelles en vrai ? Entendis-je soudainement, me sortant de mes songes.
- Tu n'as pas besoin de le savoir, rétorqué-je, toujours ma cuillère en bouche.
- Bah si. S'il faut repartir sur de bonnes bases, il serait bien que je sache comment tu t'appelles, argumente-t-il avec un sourire en coin.
- ... Kira, dis-je tout bas.
- Comment ? Me demande-t-il de répéter.
- Mon prénom c'est Kira, fis-je plus fortement.
- C'est joli, lâche-t-il sans aucune gêne. »
Je sens le rouge me monter aux joues et baisse légèrement la tête vers mon bol en mordillant ma cuillère. Pourquoi sort-il quelque chose d'aussi gênant... Finalement, je lui refais face et plonge mes pupilles dans les siennes.
« Et toi ? Le questionné-je en ayant retrouvé le contrôle de mes émotions.
- Moi ? Ah... heu... C'est ... Jimin ? Laisse-t-il entendre sur un ton d'interrogation.
- Jimin ? Répété-je en haussant un sourcil, peu convaincue.
- Oui Jimin ! Acquiesce-t-il avec plus d'assurance cette fois. »
Il plisse tout d'un coup ses paupières avant de se mettre à sourire. Qu'est-ce qu'il a à me fixer comme ça lui...
« Quoi ? Lâché-je froidement.
- Tu as de la glace aux coins des lèvres, répond-il amusé. »
Suite à sa remarque, il se penche en avant, main tendue en direction de mon visage. Je réagis tout de suite et claque sa paume pour la repousser loin de moi tout en déviant mon regard sur le sol, les joues soudainement en feu.
« J'ai une serviette, murmuré-je simplement. »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Je m'essuie les lèvres rapidement avant de reposer le morceau de tissus sur la table et de reculer ma chaise en annonçant que j'ai fini de manger. Il hoche silencieusement de la tête, les sourcils froncés, sûrement vexé que je le repousse ainsi. Il va quand même falloir qu'il s'y habitue...
Il se lève et me fait signe de le suivre au comptoir pour payer nos glaces. Nous nous arrêtons devant un serveur et Jimin prend la parole sans me regarder et dans sa langue natale. Comme je m'y attendais, étant dans mon rêve, l'homme devant nous ne comprend pas un seul mot de ce qu'il dit.
Je pousse sur le côté le coréen pour faire face à l'employer du restaurant, un sourire poli sur les lèvres.
« Bonjour, est-ce que nous pouvons avoir la note s'il vous plaît, demandé-je.
- Bien sûr Mademoiselle, acquiesce-t-il en me tendant un ticket contenant la somme à payer. »
Je le remercie et donne le bout de papier à mon collègue qui a gentiment proposé de payer la totalité des frais. Je lui fais un sourire ironique tandis qu'il regarde le montant avant de soupirer et de plonger sa main dans la poche avant de son pantacourt. Son regard s'agrandit tout d'un coup tandis qu'il fouille plus profondément dans son bas.
« Kira, je n'ai pas d'argent, annonce-t-il avec un sourire.
- Tu te moques de moi j'espère ! Grogné-je en arquant les sourcils.
- Bah ce n'est pas grave, on est dans un rêve, réplique-t-il en haussant les épaules. Je suis sûr qu'on peut partir sans payer.
- Tu n'as peut-être aucune conscience morale mais ce n'est pas le cas chez moi, rétorqué-je froidement en cherchant de l'argent dans mes vêtements. »
Par chance, je sors un billet de dix euros de mon short. Je soupire de soulagement et le tends au serveur, mais celui-ci le refuse en secouant la main, un rictus joyeux sur les lèvres.
« On vous offre les glaces, déclare-t-il en repoussant gentiment ma main.
- Hein mais pourquoi ? Fis-je surprise par un tel retournement de situation.
- Vous êtes un couple tellement adorable, alors je participe au fait que vous passiez un superbe rendez-vous ensemble, répond-il avec un grand sourire.
- Quoi ?! M'étouffé-je avec ma salive.
- Il a dit quoi ? Intervient le roux en pressant légèrement mon épaule, curieux de savoir ce qui me met dans cet état.
- R-rien ! M'exclamé-je un peu trop précipitamment.
- J'ai dit à Mademoiselle que je vous offrais les glaces parce que vous êtes un beau couple, répète l'employer en coréen. »
Quoi ?! Mais je croyais qu'il ne savait pas parler coréen. Fichu cerveau qui traduit pour lui !
Ne voulant pas voir la réaction de mon collègue, je sors rapidement du restaurant, poings serrés et traînant des pieds. J'entends peu de temps après ses pas dans mon dos, je serre les dents lorsque sa bouche prononce mon prénom. Je regrette maintenant de lui avoir dit...
« Tais-toi, je ne veux pas savoir ce que tu as l'intention de dire, le coupé-je dans sa lancée sans me retourner.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es en colère parce que ton rêve vient de révéler que tu voudrais sortir avec moi ? Ricane-t-il, franchement amusé par la situation ridicule dans laquelle je me trouve.
- Plutôt mourir que de sortir avec toi, répliqué-je en levant les yeux désespérément au ciel.
- Je suis piqué à vif, joue-t-il la comédie. Allez avoue, ajoute-t-il en trottinant pour se mettre devant moi.
- Avouer quoi ? Soupiré-je en m'arrêtant, croisant les bras sur mon ventre.
- Avoue que tu en pinces pour moi. Je comprends totalement, je suis loin d'être moche, je suis assez musclé, je pourrais devenir mannequin, déclare-t-il avec un sourire en coin.
- Tu as surtout un atroce manque de modestie, soufflé-je en passant à côté de lui. »
Son rire résonne dans mon dos tandis que je m'avance vers l'escalier pour redescendre vers la plage. Il me suit sans dire un mot ce qui m'arrange grandement. Nous marchons donc en silence dans le sable humide, nos pieds appréciant le contact frais et agréable des grains. Mon regard se perd sur l'océan bleu qui se dévoile à perte de vue sous nos yeux émerveillés. Une brise de vent vient frôler la peau fine de nos joues, nous arrachant involontairement un léger sourire tandis qu'une vaguelette lèche doucement nos orteils.
Ça c'est un beau rêve d'une personne seine d'esprit, pas comme l'autre abruti.
« C'est magnifique, l'entendis-je soudainement murmurer, pensant sûrement l'avoir dit assez bas pour ne pas que je l'entende.
- C'est normal, c'est mon rêve, dis-je simplement en haussant les épaules.
- Je ne vois pas souvent la mer chez moi. J'en ai presque oublié qu'elle était magnifique, lance-t-il avec un sourire pensif.
- C'est un océan, le corrigé-je en m'asseyant dans le sable.
- Hein ? Fait-il en se mettant à mes côtés, appuyant ses bras croisés sur ses genoux.
- C'est un océan pas une mer, répété-je calmement. C'est l'océan Atlantique ici, ajouté-je en montrant l'étendue d'un mouvement de menton.
- L'océan Atlantique... Donc soit tu habites aux États-Unis soit tu es en Europe dans les pays ayant une frontière avec l'océan, réfléchit-il.
- Bonne chance pour trouver, chantonné-je en me laissant tomber sur le dos. »
Je ferme les yeux, me laissant bercer par la mélodie des vagues et du vent doux. Peut-on dormir dans nos rêves ? Je ne pense pas, je ne ressens pas du tout la fatigue, juste une simple envie de m'étendre.
« En France ! S'exclame tout d'un coup le coréen, me faisant sursauter.
- Pourquoi ce choix ? Tenté-je de l'embrouiller.
- Bah parce que la langue que vous parliez ne ressemblait pas à de l'anglais et je me suis souvenu que tu as dit "bonjour" et c'est l'un des rares mots que je connais en français, explique-t-il sa théorie.
- Bien vu Sherlock, acquiescé-je en refermant mes paupières.
- Tu habites ici ? Me questionne-t-il.
- Ce que tu es bavard aujourd'hui, soupiré-je en rouvrant mes yeux. »
J'écarquille ses derniers en le voyant pencher au-dessus de moi, un air curieux sur son visage lui donnant une moue enfantine presque adorable. Oui j'ai bien dit presque, car je ne vais pas m'écorcher la langue à dire qu'il est adorable, s'il vous plaît je ne veux pas vomir...
Ses iris sombres me fixent sans faillir, je plonge mon regard dans le sien, étrangement happée par l'intensité du sien. Je secoue finalement la tête pour remettre mes idées en place et détourne mon visage loin du sien, ne voulant pas affronter cet échange visuel qui me retourne les organes.
« Tu n'as pas besoin de le savoir, marmonné-je pour répondre à sa question. »
Tout d'un coup, il se positionne au-dessus de moi, entourant mes hanches de ses jambes et maintenant mes poignets au-dessus de mon crâne. Surprise par cette soudaine attaque de sa part, je tire sur mes bras en le fusillant du regard mais il semble clairement s'en moquer.
« Tu sais, si tu ne me dis rien sur toi on ne va pas réussir à faire connaissance, lâche-t-il sur un ton amusé.
- C'est drôle que tu dises ça, je ne connais rien de toi non plus, râlé-je.
- Bah on peut s'arranger. Que veux-tu savoir, me demande-t-il en se penchant vers moi.
- Justement, je n'ai pas envie de te connaître, ironisé-je.
- C'est dommage, des centaines de filles aimeraient avoir la chance que tu as de pouvoir parler avec moi et peut-être devenir amis, laisse-t-il entendre avec un sourire enjôleur sur ses lèvres.
- Je leur donne ma place volontiers ! »
Sur ces mots, je relève vivement mon genou qui vient frapper son entrejambe. Il se plie en deux et je profite de sa douleur pour le pousser d'au-dessus de moi. Je me remets sur mes pieds en soupirant, époussetant le sable sur mes vêtements puis viens m'accroupir près de la chose repliée sur elle-même.
« Oh ça va, je n'ai pas frappé si fort que ça, soupiré-je. Arrête de faire le bébé, dis-je en approchant ma main pour relever son bras qui cache son visage. »
Il se redresse soudainement, me faisant avoir une crise cardiaque sur le coup. Ses yeux reflètent une grande colère. Ah, je crois que j'ai dû appuyer sur le bouton interdit...
« J'espère pour toi que tu cours vite, grince-t-il des dents.
- Et bien, comment dire que j'aime courir mais ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, répondis-je avec un sourire maladroit. »
Je crois que ma blague ne lui a pas plu. En une fraction de seconde, je me relève et pars en courant loin de lui, mais malheureusement, je l'entends partir à ma poursuite. J'accélère mon allure et jette un coup d'œil par-dessus mon épaule pour voir avec horreur qu'il est déjà tout proche de moi.
C'est sans étonnement qu'il me rattrape, passe un bras dans le creux de mes genoux, l'autre dans mon dos et qu'il me soulève sans peine contre lui.
« Lâche-moi ! Ordonné-je en gesticulant.
- À vos ordres princesse, ricane-t-il en s'approchant de l'océan, un sourire mesquin sur sa bouche parfaite.
- Non ne me lâche pas ! M'écrié-je en enroulant mes bras autour de son cou, me collant encore plus à lui.
- Tu as vraiment cru que cela me gênait de me mouiller ? L'entendis-je rire. »
Je n'ai pas le temps de réagir qu'il se jette lui-même dans l'eau, m'emportant avec lui dans l'onde profonde. Je ferme automatiquement mes yeux et resserre mon étreinte sur son cou, malgré moi, ma bouche s'ouvre laissant entrer l'onde salée qui se dirige vers mes poumons à cause du manque d'air.
Il remonte enfin à la surface, je me mets alors à tousser fortement à m'en arracher la gorge, les yeux devenant rapidement larmoyants. Je le sens tourner son visage vers moi, mais je garde les paupières closes tout en pleurant sur son épaule.
Mon cœur et ma gorge sont fortement serrés, je tremble de tous mes membres sans pouvoir m'arrêter et ce n'est pas parce que j'ai froid.
« Eh Kira ! Qu'est-ce que tu as ? M'interroge d'une voix inquiète le coréen.
- Ramène-moi au rivage Jimin...
- Quoi ?
- Ramène-moi au rivage ! Crié-je en plantant mes prunelles dans les siennes. »
Il ne rétorque rien, ne cherche pas à savoir pourquoi je m'énerve et s'exécute en repartant vers le bord de plage. Mon visage enfouie dans le creux de son cou, j'essaye de calmer les violents sanglots qui me prennent douloureusement.
Arrivés sains et saufs sur la terre ferme, il me dépose délicatement sur le sol avant de s'agenouiller devant moi et de poser ses paumes sur mes joues humides de larmes et d'océan. Je me laisse faire, n'arrivant pas à penser à autre chose que la panique que j'ai ressentie tantôt.
« Kira, inspire, expire, me conseille-t-il en respirant au même tempo qu'il impose. »
Je suis ses directives comme une enfant bien élevée et arrive au bout de quinze minutes à reprendre en main les mouvements de mon corps, à retrouver ma lucidité et le contrôle sur moi-même.
« Tu as peur de l'eau ? Me questionne le roux en caressant mes pommettes de ses pouces. C'est bizarre, tu marchais au bord de l'eau tout à l'heure...
- Ne m'approche pas ! Le repoussé-je en me pinçant les lèvres.
- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur, tente-t-il de se faire excuser.
- Pourquoi... Pourquoi tu changes du jour au lendemain... Pourquoi tu ne restes pas le connard que je déteste ? Murmuré-je d'une petite voix. Pourquoi tu veux absolument rester avec moi...
- C'est une raison personnelle, je ne peux pas te le dire... Répond-il en baissant la tête. »
Pourquoi semble-t-il triste en disant cela ? Tant de questions qui restent sans réponse. Je renifle et pose mon regard sur lui quand tout d'un coup, j'écarquille les yeux.
« Jimin ! Tu deviens transparent !
- Ah... Je crois que je vais me réveiller, soupire-t-il. On ne va peut-être pas se revoir avant ce week-end donc, à bientôt ! »
Il caresse une dernière fois ma joue avant de disparaître totalement de mon champ de vision. Instinctivement, mes doigts se dirigent où se trouvait sa main et son prénom franchit la barrière de mes lèvres.
« Jimin... »
♦ ♦ ♦ ♦
Point de vue de Jungkook:
Je soulève faiblement mes paupières en soupirant. Pourquoi a-t-il fallu que je me réveille maintenant ? Je commençais à la connaître...
« Jungkook debout, on rentre au dortoir ! Entendis-je Jimin m'appeler.
- Ouais... grogné-je. »
Je me redresse dans un râlement rauque, étire mon dos sous le regard curieux de mon Hyung. Je ne fais pas attention à lui, me lève, attrape ma veste étendue sur le dos d'une chaise et passe à côté de lui pour rejoindre les autres membres qui nous attendent à la sortie. J'enfile mon vêtement encore à moitié endormi, quand soudain, une main se pose sur mon épaule.
« C'est un joli prénom Kira, lance avec un sourire le châtain.
- J'ai encore parlé dans mon sommeil ? Soufflé-je.
- Ouais mais je n'ai juste entendu ça, le reste était franchement incompréhensible. Tu faisais des "niamniumnian", se moque-t-il gentiment. Au fait, c'est le prénom de qui ? Me demande-t-il en haussant un sourcil.
- Celle qui fait les expériences avec moi, avoué-je en baissant la tête tout en passant une main dans mes cheveux.
- Vous avez donc fait connaissances, c'est ça ?
- On peut dire ça ... »
Je joue nerveusement avec mes doigts. Je suis en train d'apprendre des choses sur elle, mais moi, j'ai déjà commencé à lui mentir. Elle ne peut pas savoir qui je suis... Si elle l'apprend, ma seule chance de la garder pour moi va disparaître définitivement... Je dois tout faire pour que jamais elle ne l'apprenne, je ne veux pas perdre la clé de ma renaissance...
~~~~
Voici le chapitre de la semaine, d'une longueur plus qu'acceptable, enfin je crois.
Enfin un rêve dont l'origine est de Kira ! On voit bien la différence...
J'espère que ce chapitre vous a plu et vous dis bientôt pour le prochain chapitre la semaine prochaine !
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