Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

4 PLANIFICATION


— Bravo ! Tu as réussi, tu l'as fait.

Léaina sauta au cou de son petit frère et s'y agrippa, si bien que ses pieds ne touchaient plus le sol. Il la serra fort contre elle, et tournoya avec elle alors qu'elle riait aux éclats et sommait à Kalen de la faire immédiatement redescendre. Dans son landau, le petit Matteo battait des mains en ricanant. 

Puis il les tendit vers son père, attendant que ce dernier le porte et le fasse aussi pirouetter. Kalen s'exécuta, et Matteo hurla de rire lorsque le décor se mit à tourner autour de lui. Ils étaient dans la pièce sécrète de la maison, celle derrière la bibliothèque de la cuisine au bois de séquoia, celle qui leur permettait de cacher l'existence de Matteo au monde entier... 

Les murs avaient été peints à la va-vite de tons bleu clair et jaune. Il y avait une ampoule peu lumineuse qui pendait au-dessus du berceau, et de tas de jouets jonchaient le tapis bleu sombre qui recouvrait le sol. Des briques en plastique, des peluches, des ballons, et quelques ficelles en caoutchouc, pour le plus grand bonheur du gamin.

— Tu aurais dû voir sa tête, quand il t'a vu passer à la télé, se moqua Léaina en ajustant le bonnet blanc de l'enfant. Il était comme hypnotisé.

— Hypnotisé ? s'inquiéta Kalen.

— C'que t'es rabat-joie quand tu t'y mets ! souffla Léaina, alors qu'ils montaient les marches qui conduisaient hors de la cave sécrète. Ils débouchèrent dans la cuisine étroite, d'où provenait le ronronnement sourd du micro-onde et une odeur de macaronis au poisson. Anto disait que c'en était fini des convulsions, et que c'était uniquement passager.

— Je l'espère, soupira Kalen en faisant des mimiques drôles à son fils. Dehors, la nuit était déjà bien descendue sur la ville. Léaina ramena les rideaux violets à fleurs jaunes devant la fenêtre du salon. La pièce devint encore plus sombre. Elle actionna l'interrupteur de l'ampoule, qui grésilla un bon moment avant de se stabiliser. Aujourd'hui, continua le nouveau cuisinier, j'ai pu approcher Ramis Winchester.

— J'ai bien vu ça, soupira Léaina en souriant à demi. Tant le plat l'a conquis, que celui qui l'a cuisiné. Mais n'oublie pas que tout ce que tu fais, tu le fais uniquement pour Matteo. Pour personne d'autres...

— Ena, c'est mon chef. Théo, je ne crois pas être son genre. Et enfin tria, même si je l'étais, je me suis promis de ne plus jamais aimer aucun homme. De ne plus jamais...tuer aucun homme...

— Et c'est reparti pour un tour, soupira la rousse. Le repas est prêt, va prendre ton bain. Et surtout, n'oublie pas de refermer la bouteille de shampoing. Sinon, j'utilise ta peau comme serpillère pour tout nettoyer. T'es prévenu.

Déjà les pensées de Kalen étaient retournées vers Ramis, qu'il n'écoutait plus un traitre mot de ce que disait sa grande sœur. Il repensait à l'homme qui s'était opposé à ses compères, à son père, pour le défendre. N'était-ce pas chevaleresque ? Tout en lui inspirait crainte et fantasme. Il avait de magnifiques cheveux cacao, Kalen rêvait de les ébouriffer sauvagement lorsqu'il l'embrass...

— Tu m'as entendu ? s'exclama Léaina sur le pas de la porte, constatant que son frère n'avait pas bougé.

— Je meurs de faim, bredouilla Kalen en se précipitant dans sa chambre, sous le regard inquisiteur de sa sœur.

De toute façon, elle ne comprendrait pas. Lui-même ne comprenait pas. Ramis avait ce quelque chose. Ce truc mystérieux qui accaparait toutes ses pensées et son imaginaire. Il ne l'avait vu que pendant quelques minutes. Quelques minuscules petites minutes. Mais ces minutes, aussi burlesques furent-elles, avaient suffi à graver tous les détails de sa personne. 

C'était néanmoins insuffisant pour Kalen. Il avait besoin de plus. De bien plus. Ses cheveux. Avaient-ils la texture du chocolat ? Où étaient-ils plus rugueux ? Sa barbe...râpeuse ou soyeuse ? Son odeur ? Quelle odeur pouvait-il bien avoir ? A cause de toutes ces épices et tous ces condiments, il n'avait pu juger de l'odeur de Ramis. Elle devait pourtant être... exaltante. 

Kalen s'assit sur son lit bancal, et s'ébouriffa les cheveux. Qu'est ce qui lui prenait, de penser à ce genre de choses ? Le destin le lui avait interdit, pourtant. Il ne devait surtout pas s'attacher à un homme, de peur de tuer ce dernier. Il savait de quoi il parlait. Léaina ne le croyait pas, mais il savait. Cette malédiction lui avait coûté trois hommes de sa vie.

Kalen avait perdu son frère Néro, lorsqu'il n'avait que huit ans et son grand frère onze. Ils jouaient à la balle ce jour-là, et s'étaient un peu trop aventurées dans les falaises de Santorin. Kalen avait tiré trop fort. Et en voulant intercepter la balle, Néro avait trébuché et avait plongé dans l'eau en contrebas. Son corps n'avait été retrouvé que trois jours après. Les poissons lui avaient dévoré les yeux, le pénis, et une bonne partie des oreilles. Une vision d'horreur qui ne quitterait plus Kalen jusqu'à ses derniers jours. 

Deux ans plus tard, c'était au tour de son père de rendre l'âme. Ce jour-là également promettait de l'accompagner toute sa vie. Il jouait aux billes près des escaliers, alors que son père déménageait quelques cartons du grenier, pour le vide-grenier du lendemain. Il avait fait un faux pas, glissé sur les billes, et s'était rompu la nuque en chutant dans les marches. C'est en voyant l'angle bizarre que faisait le cou désarticulé de son père, que Kalen comprit qu'il était mort. 

Et Mickael...ce jour-là, il avait envoyé tellement de messages à son mari pour savoir où il était, ne voulant pas rater leur diner aux chandelles à l'occasion de la fête des mères. Il y avait fort à parier que si son mari avait perdu le control, c'était à cause de ces messages répétitifs avec lesquels il l'avait bombardé. C'était on ne peut plus clair. Il tuait les hommes qu'il aimait. Une malédiction pesait sur lui depuis son enfance, et était sur le point de lui arracher Matteo...

Parce qu'il l'aimait...

***

Ressusciter Ingrid...dit comme ça, ça avait l'air complètement saugrenu  dans l'esprit de Ramis. Il se demandait quelle nouvelle idée farfelue son père était encore allé chercher. Néanmoins, était-il en mesure de nier que c'était les idées farfelues de Jéricho qui avaient fait du Smaken ce qu'il était aujourd'hui ? Non. Il savait que de cette nouvelle idée farfelue, ils en tireraient quelque chose de bon...

Le lendemain, aux premières heures de l'aube automnal, Jéricho Winchester avait convoqué une réunion sécrète avec son fils et la détective privée Willow Nikova, qu'il avait lui-même engagée pour enquêter sur la disparition de l'enfant Winchester. Cette dernière avait un long manteau beige, et des bottes de cuir noir décorées de franges. 

Elle explosa un chewing-gum, en croisant ses longues jambes interminables sous la table ronde au bois noir. Ils étaient dans une pièce contiguë sans fenêtre, avec une unique porte. Les murs étaient blancs, devenant gris au fur et à mesure qu'on se rapprochait du plafond noir charbon.

— Si je vous ai réuni ici aujourd'hui, c'est bien parce que j'ai l'impression que l'enquête piétine. Mon petit-fils est toujours dans la nature, et je n'ai encore reçu aucun rapport concluant de vous.

— Si ça peut vous rassurer, monsieur Winchester, le coupa Willow, nous avons une piste sérieuse. Nous creusons un peu plus de ce côté, et...

— ...et vous ne trouvez aucune pépite d'or. J'en ai marre que vous me rameniez des cailloux, madame Nikova. J'ai donc décidé de prendre les choses en main.

— Vous n'êtes pas détective, que je sache.

— Non, répliqua Jéricho, mais c'est moi qui vous ai embauché. 

Un long silence s'appesantit dans l'étroite pièce. Willow n'osa plus parler, déglutit bruyamment, manquant d'avaler son chewing-gum. Elle comprenait de jour en jour qu'elle connaissait mal ce vieillard chétif qui semblait au bout de sa vie. 

Même si Jéricho souffrait d'une maladie incurable et n'avait probablement plus beaucoup de jours devant lui, il était loin d'être faible. Son aura demeurait écrasante. Et cette lueur de détermination dans son regard, beaucoup de gens bien plus jeunes ne pouvaient se targuer d'avoir la même détermination en eux. Jéricho était un lion. Certes vieux. Mais un lion quand même.

— Comme je l'ai expliqué hier à mon fils, j'ai une idée pour faire sortir le kidnappeur de son trou. Madame Nikova...je vais parler en votre jargon. Avez-vous vu le corps sans vie de ma fille ?

— A part la personne qui a récupéré son cadavre entre les débris fumants de la moto, le médecin-légiste qui s'en est occupé, et vous sa famille, personne n'a vu Ingrid après sa mort.

— Exact, acquiesça Jéricho. Le public a cru ce qu'on lui a dit. Mais...et si on avait menti ?

— Je ne vois pas où vous voulez en venir, brailla Willow.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro