32 DILECTION
Kotchenko ne pouvait pas nier que la ville d'Amsterdam était très charmante. Le champ de tulipes était magnifique. Les fleurs s'étendaient devant lui en plusieurs rangées distinctes. Bleues, rouges, jaunes, orangées, violettes, il y avait tant de couleurs différentes. C'était un spectacle reposant.
Willow lui avait déjà parlé de cet endroit dans l'une de leurs nombreuses conversations. Il l'avait d'ailleurs charrié en lui disant qu'elle s'extasiait pour tout et rien, et qu'un champ de tulipes ne pouvait pas être aussi beau qu'elle le décrivait. Elle avait ensuite fait la moue et il lui avait promis qu'aucun champ de tulipes n'était aussi beau qu'elle. Il n'avait pas menti, elle non plus.
Il songea à quel point il aurait voulu qu'elle soit là à ses côtés, sous le vent frais de fin d'automne et devant le champ luxuriant de fleurs. Chaque jour, son absence le pesait un peu plus. Et chaque jour, il se promettait une vengeance monstrueuse pour ceux qui avaient causé sa mort.
— Maman, regarde ! Un papillon.
— Tu vois, elle est avec sa copine.
Kotchenko touna la tête vers la gauche et regarda la jeune fille enthousiaste près de lui, qui tenait la main de sa mère. Autour d'eux, il y avait une sorte d'aura de bienveillance. Autour d'eux, on aurait dit qu'il n'y avait plus personne. Kotchenko se sentait mal de devoir s'incruster dans cette bulle familiale, mais il se réjouissait quand même de l'exploser.
— On dirait plutôt un prince et sa princesse, remarqua le russe en pointant du doigt les deux papillons.
— Mais oui, cria la jeune fille, ce sont des « namoureux » !
— Amoureux, Florida, le corrigea sa mère. Kotchenko éclata de rire, et la femme blonde suivit.
— Enchanté, je m'appelle Kotchenko, lui dit-il en lui serrant la main.
— Moi c'est Nina...
— Dobrev ? plaisanta le détective.
— Delacruz, répliqua la femme. Et voici ma fille. Florida, dit bonjour au monsieur.
— Elle ne ressemble pas du tout à son papa, opina gentiment le veuf.
— Je vous demande pardon ? Dans les yeux kiwi de la blonde, l'incompréhension surgit.
— Je disais qu'elle a plus pris de vous que d'Antonio, sourit-il. Nina sentit des frissons lui traverser le corps de bas en haut. Et ce n'était assurément pas à cause du vent froid qui soufflait sur le champ de tulipes.
— Florida, tu ne veux pas aller t'acheter une sucette ? proposa sa mère en pointant du doigt un vendeur ambulant pas loin d'eux. La petite fille ravie s'éloigna d'eux au pas de course, après que Nina lui eut tendu une pièce de monnaie. Qui êtes-vous ? demanda-t-elle d'un air effrayé, tout en gardant l'œil sur sa fille.
— Vous gardez votre calme, vous ne criez pas et vous m'écoutez. Si vous faites ce que je vous dis, tout se passera bien...
***
Antonio s'était suffisamment reposé et la plupart de ses plaies avaient été pansées. De temps à autre, Léaina quittait son chevet pour se rendre à celui de Matteo, et vice-versa. Les deux se rétablissaient bien, ce qui n'était pas pour déplaire à la rousse, qui avait hâte que le cauchemar se termine. Mais ils avaient traversé le pire. Matteo avait été sauvé de la mort, c'était l'essentiel.
A présent, il s'agissait de tout faire pour qu'il reste un Lachenaie.
— Amène-moi voir Matteo, supplia Antonio une énième fois. Je dois vérifier qu'il se rétablit bien.
— Et toi, le réprimanda Léaina, tu te rétablis bien ? Arrête de penser aux autres, alors que ton cas est tout autant critique.
Au même moment, Kalen entra dans la chambre d'Antonio.
— Qu'est-ce qui s'est passé ? s'effraya-t-il en découvrant l'état amoché de leur ami.
— Un règlement de compte, répondit Léaina en venant à sa rencontre. Elle le saisit par les épaules. Va dans la chambre de Matt et surveille-le de très près. Ces Winchester sont des fourbes, je n'ai pas envie qu'ils nous la mettent à l'envers.
— Avant d'y aller, répliqua Kalen, j'ai quelque chose à te dire. Il y a ici quelqu'un que tu ne voudrais probablement plus revoir, mais s'il te plait ne t'emporte pas.
— De qui parl... elle n'avait pas fini sa phrase, que Hecla Lachenaie s'était déjà présenté au seuil de la porte. Léaina écarquilla les yeux et resta figée sur place.
— Ma petite lionne a bien grandi.
— Je peux savoir ce qu'elle fait ici, Kalen ? cracha la rousse en fusillant sa mère de ses yeux fauves.
— Vous devriez discuter, répliqua le brun, elle a des choses à te dire. Quant à moi, je file au chevet de Matteo.
— Je viens avec toi, tonna Antonio en se relevant avec beaucoup de peine. Léaina voulut répliquer, mais Kalen lui fit signe de laisser tomber.
Après tout, à qui ça causerait un problème, qu'Antonio se rende au chevet de Matteo ?
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