30 CONDAMNATION
Antonio rugit de douleur. Il sentit un liquide chaud lui couler sur le dos, alors qu'un autre coup de fouet venait de s'abattre sur lui. Le sang s'insinua dans les autres entailles causées par le knout avant de continuer son chemin.
— Pitié, supplia-t-il, pitié, arrêtez ce supplice. Je ne voulais pas que votre femme meure, je vous le jure. Arrêtez.
— Tu es déjà à bout ? rigola le russe en avalant une grosse gorgée de whisky au goulot.
— Vous m'avez flagellé. Vous m'avez arraché une dent avec...un arrache-clou...vous m'avez taillé en morceaux...je n'en peux plus...tuez-moi.
— Ce serait bien trop facile, voyons. Beaucoup trop facile. On va encore un peu s'amuser, tu veux ? Tout en parlant, l'homme aux cheveux rouges s'empara du couteau aiguisé et fit glisser la lame sur le torse ensanglanté de son otage.
— Non, pleura Antonio en secouant ses chaines, non je vous en prie ! Arrêtez ! Pitié, je ferais tout ce que vous voudrez.
— Tout ce que je voudrais, sourit Kotchenko en tournant autour du chirurgien comme un prédateur. Je dois avouer que l'offre est alléchante. Il rangea la dague, et Antonio poussa un long soupir ponctué de sanglots.
— Je vous promets que je n'ai rien à voir avec la mort de votre femme...
— Tu ne l'as pas tué, mais tu sais qui l'a fait. Antonio ne répondit pas et préféra fermer les yeux, ses mains tendues vers le haut par les dures chaines de fer. Tu sais, Willow était tout pour moi...nous vivions une vie de rêve à Saint Petersburg.
"Quand les Winchester l'ont contacté pour cette enquête d'enlèvement d'enfant, je ne voulais pas qu'elle accepte. Pourquoi elle ? Il y a bien des centaines de détectives privés à Amsterdam. Mais ils voulaient ma Willow, j'ignore pourquoi. Elle a accepté, j'ignore également pourquoi."
" Et voilà qu'en dix mois d'enquêtes, elle et moi ne nous sommes vus que deux fois...deux fois...elle m'avait pourtant assuré qu'elle aurait tout régler en un mois. Hélas, l'enquête n'a pas tourné en sa faveur comme on l'espérait. A cause de toi, j'ai été séparé à jamais de ma femme. Si tu n'avais pas eu la malheureuse idée de sauver cet enfant, Willow serait encore en vie."
— Je n'ai fait que mon travail, murmura Antonio entre ses dents endolories.
— Tu as tué ma femme, docteur, le coupa sèchement Kotchenko. Or, ton travail n'est-il pas plutôt de sauver des vies ? Quelle impudente ironie !
— Ce sont des dommages collaté... il ne termina pas sa phrase, que déjà le poing de Kotchenko s'abattit sur son visage. On entendit le bruit d'une brisure et le nez du chirurgien explosa de sang.
— Ne compare jamais ma Willow à des dommages collatéraux, rugit le bourreau alors que le nez d'Antonio pulsait de sang. Kotchenko s'empara d'un mouchoir dans sa poche et compressa le nez de sa victime. Pardon, dit-il, je me suis emporté. Je ne voudrais surtout pas que tu te vides de ton sang, docteur.
— Qu'est-ce que vous me voulez ? ragea Antonio.
— Oh, j'y pense...tu as dit pouvoir faire tout ce que je veux, se souvint le russe. Je te libère, mais à une seule condition...si jamais tu ne la respectes pas, c'est ta fille qui en pâtira...
— Florida...
— Oui, Florida Delacruz. Une belle petite fille, très gentille d'ailleurs. Gymnastique chaque lundi après-midi au centre Hujiko. Et elle adore se promener au parc des tulipes le samedi. N'est-ce pas adorable ?
— Si vous touchez à un seul cheveu de Florida, je vous jure que je...
— Oh, ça c'est mignon. Mais pas de dévergondage de pensées, je vous en prie. Revenons aux affaires. Si tu veux continuer ta vie de famille paisible, je ne te demanderais qu'une seule chose...
Il prit une pause, pendant laquelle il alluma sa pipe dorée et en tira une longue bouffée. Puis il essuya à nouveau le nez douloureux d'Antonio, lui arrachant un grognement par la même occasion. L'air semblait s'être alourdi, si bien que le docteur Delacruz avait cessé de respirer. Kotchenko leva son regard gris sur lui.
— Ramène-moi le corps sans vie de Matteo Winchester...
***
Kalen avait l'impression de planer dans un monde parallèle. Avait-il bien entendu ? Ramis Winchester venait-il de dire que Mickael et lui étaient les véritables géniteurs de l'enfant ? Ça n'avait aucun sens, voyons. C'est Ingrid qui avait donné naissance à cet enfant avant de mourir. Qu'était donc cette mauvaise blague ?
— Pardon, mais tu m'expliques ? demanda Kalen, visiblement perdu.
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