Mars - 18.
Les rouages de l'esprit du brun se mirent à tourner à toute vitesse, défiant probablement les lois de la physique. Il n'avait pas vu cette information venir. Victor admettait volontiers que les deux aient un lien par le passé, comme Mathéo et Doriane connaissent Yann depuis plus longtemps que lui. Mais il était tout de même surpris par cette information.
— Son beau-frère, répéta Victor. Donc tu es le frère d'Angelo ?
Mathéo attrapa son verre et en but la moitié d'une traite, avant de le poser sur la table. Le choc fit sursauter Yann.
— Ah !
— Oups, lâcha Mathéo. J'suis un peu maladroit, parfois.
— Ouais, pas qu'un peu ! Tu m'as fait peur, connard !
— Tout doux, blondinet, va pas nous clamser entre les doigts. Ton noiraud risquerait de se noyer dans les larmes.
— Très drôle, pestèrent les deux adolescents.
Victor, peu enclin de continuer dans cette voie, demanda à son camarade de continuer ses explications.
— Je suis le beau-frère de Doriane, donc ouais, je suis le frère d'Angelo. Enfin, soupira-t-il, c'est un peu plus compliqué que ça.
— Comment ça ?
— Angel est son demi-frère, expliqua Yann.
Victor observa les deux amis se détailler du regard. Les prunelles de Mathéo luisaient d'une étrange manière, mais Yann ne se démontait pas.
— Vous êtes fâchés ? lança subitement Victor.
Sa remarque fit tiquer les deux adolescents. Le brun se redressa un peu et jeta un coup d'oeil vers son petit ami. Ce dernier secouait doucement la tête de droite à gauche.
— Quoi ?
— Vic, même si je t'aime, et que ça implique tes qualités et tes défauts, il faudra vraiment que tu apprennes à être moins spontané...
— J'ai dit quoi ?
— Yann, rit Mathéo avec un petit sourire en coin, ton petit loup est quand même vachement perspicace, en fait. Même s'il est pas très discret.
— Petit loup ? J'ai presque dix huit ans ! se plaignit Victor.
Un ricanement s'échappa de la gorge de Yann, tandis qu'il observait Mathéo, toujours souriant. Mais les coins de ses lèvres s'affaissèrent légèrement, tandis que le jeune homme cherchait ses mots. Il inspira un grand coup et se lança :
— Pour être honnête, reprit le meilleur ami de Yann, tu n'as pas tout à fait tort. Ce n'est pas qu'on soit fâchés. C'est juste que c'est... compliqué, entre nous.
— Compliqué ? demanda Victor.
— Peut-être que tu devrais juste en venir aux faits avec Doriane, suggéra le blond. En plus, elle est ici.
— Je sais. Comme tu le sais, Doriane et Angel sont en couple. Seulement, leur relation s'est... tendue, récemment.
— Pourquoi ?
— Notre situation familiale n'est pas hyper simple. Je ne préfère pas rentrer dans les détails. Mais pour faire simple, Angel doit partir en Argentine, et Doriane a du mal à l'accepter.
Victor acquiesça et constata que le visage de son petit ami s'était renfermé.
— Il était censé partir après le bac, continua Mathéo. Mais les choses se compliquent, et son départ a été avancé.
— Il part quand ?
— A vrai dire, je ne sais pas. Mais ce sera dans moins de deux mois.
— Deux mois, répéta Yann d'une voix blanche.
— Tu sais très bien qu'on ne peut pas faire autrement, rétorqua son meilleur ami.
Yann ne répondit pas. Le poing crispé, il poussa un soupir. Victor, touché par l'état angoissé de celui qu'il aimait, fit glisser ses doigts sur le dos de la main du blond. Il les agita doucement, dessinant de petites vagues sur la peau de son ami.
Ce dernier lui fit un petit sourire, mais l'éclat de ses yeux était si concentré sur un point fixe que Victor savait pertinemment que son esprit vagabondait, et qu'à ce moment précis, il était partout sauf là où il se trouvait vraiment.
— Et du coup, comprit Victor, elle essaie de passer par toi pour que les choses s'améliorent.
— Plus ou moins. Sauf que, vu notre situation, notre relation s'est plutôt... comment on dit, déjà, Yann ?
— Dégradée ?
— Ouais, c'est à peu près l'idée. Désolé si je perds parfois mon français, mais tu vois, je reviens d'Argentine alors j'oublie un peu mon vocab, des fois.
— T'inquiète, je crois qu'à part Yannou, on est dans la même galère, mon pote, rigola le brun, un peu bêtement.
Au même moment, le portable du demi-frère d'Angelo sonna. Ce dernier l'attrapa et le consulta avec une mine presque dégoûtée.
— C'est encore elle ? questionna le blond.
— Ouais. Elle ne comprend pas pourquoi je reste avec vous.
— Peut-être parce qu'on est plus sympa, fit remarquer Victor.
— Mais je comprends pas pourquoi elle te vise aussi, constata Mathéo, en fixant Yann. Tout va bien ?
— Elle ne supporte pas l'idée que je sorte avec Victor, en fait. Tu sais, depuis...
— Elle est jalouse, l'interrompit son petit ami rapidement. Elle est jalouse parce que forcément, je lui pique son meilleur ami. Mais comme c'est pas vraiment une bonne amie, franchement, je ne vois pas pourquoi elle en fait tout un foin.
— Je vois, acquiesça Mathéo. C'est pour ça qu'elle est autant sur les nerfs. Entre Angelo et toi...
— Je ne suis pas responsable de ses caprices, dit Yann.
Le silence vibra violemment entre les deux amis, au milieu de cette bulle sonore alimentée par les conversations endiablées des clients du bar.
— Enfin bref, tu comprends mieux pourquoi c'est tendu, en ce moment, déclara Mathéo en guise de conclusion.
— Essaie de penser à autre chose, lui conseilla le brun. Je sais que ce n'est pas facile. Surtout avec elle.
— Tu la connais ? Je veux dire... vraiment ?
— Ouais. Je préfère pas entrer dans les détails, si ça ne te dérange pas.
— Pas de soucis, même si là, ça frise le spoil vu ce que tu as dit tout à l'heure.
— Je te raconterai ça, peut-être un autre jour. Juste, ce soir, faut éviter de penser à elle.
— Facile à dire.
— Je sais bien, soupira le lycéen après un petit temps de réflexion, je ne le sais que trop bien. C'est difficile de se détourner de nos préoccupations, mais faut quand même essayer.
— Dit-il en ne pensant qu'à un certain blond, hein ?
— Eh ! c'était petit, ça.
Mathéo fut totalement incapable de réprimer un sourire. Yann, qui commençait à fermer les yeux, en ouvrit un à moitié, de telle sorte que sa paupière semblait légèrement close, ne laissant dans les lumières artificielles qu'un petit morceau de jade de ses prunelles.
— Tous les coups sont permis. Hein, marmotte ?
— Hmm, grogna son meilleur ami.
— Si tu pionces, par contre, je crois que ça va pas le faire.
— Je pionce pas, répliqua Yann. Je ne fais qu'économiser mes forces, c'est pas pareil.
— Ne joue pas sur les mots, petite tête. Tu pionces, là. Regarde, tu baves. A moins que tu ne sois en train de mater Victor en secret ?
L'hypothèse de Mathéo fit bondir le brun, qui devint rouge jusqu'à la racine des cheveux.
— Non... mais... il... je... me mater... Hein... ? Mais... comment... Moi... ?
— Ne dis pas n'importe quoi, ronchonna Yann.
— Pris en flagrant délit, mon pote. Laisse tomber la figure de l'amoureux ténébreux qui n'assume pas. Franchement, ça ne te va pas du tout.
Le blond siffla une réponse incompréhensible entre ses dents, s'apparentant visiblement au mélange de plusieurs jurons en même temps. Il croisa les bras pour exprimer toute la grandeur de sa désapprobation. Victor, sentant sa gorge sèche, décida de se lever pour chercher un autre verre. Mais une main lui saisit le poignet.
— Reste.
Ce simple mot, qui avait tous les pouvoirs du monde, dompta en un éclair le coeur du jeune lycéen. Quand il finit par croiser son regard, il ne lui fallut qu'une seconde, une seule et unique fraction d'éternité, pour comprendre toute la force de ce sentiment qui lui étreignait avec violence et espoir le monde de ses entrailles.
Et son univers, dans un étau aussi vert et brillant que les prunelles qui lui faisaient face, se comprimait en une sphère prête à exploser, remontant dans sa gorge et l'écrasant de l'intérieur, lui ôtant toute voix. Le poids des sentiments qui pesaient sur ses frêles épaules lui paraissant semblant parée de la toge des victorieux, invisible et majestueuses, l'écrasait pour mieux l'élever. Sentant toute sa soif se diriger vers un autre objet, il s'installa de nouveau à côté de Yann.
— C'est bon, j'ai compris, déclara Mathéo en se levant. Je vous laisse, les tourtereaux, je reviens dans cinq minutes avec deux verres. La même chose ?
— La même chose.
Mathéo, jetant un dernier regard derrière lui, s'éloigna du jeune couple. Il fendit la foule et partit faire ce qu'on lui avait demandé. Victor reporta son attention sur le blond. Il ne semblait plus vraiment endormi, bien qu'évidemment, selon son meilleur ami, ce n'était qu'un stratagème pour mieux observer le brun. Ses yeux étaient peut-être remplis de fatigue, mais ses intentions ne faisaient aucun doute.
— Tu ne trouves pas qu'il manque un peu de piquant à cette soirée ?
Son sourire espiègle avait la saveur de toutes les meilleures épices du monde. Et Victor aimait particulièrement les plats relevés.
— Si, un peu, mais... si quelqu'un...
— Oh, je t'en prie, Victor... Le temps, c'est précieux.
— Mais si Mathéo ou Pauline...
Yann se rapprocha un peu plus de Victor. Les deux étaient si prêts que l'espace semblait s'être réduit à un microcosme si étriqué que plus rien n'apparaissait autour d'eux. La main du blond s'éleva doucement, passant de la banquette rougeoyante sur laquelle ils étaient assis, grimpant doucement le bras de Victor avant de se poser délicatement sur sa joue.
— Je m'en fous. Mathéo n'est pas là. Et Pauline non plus. Je m'en fous de tout. Je te l'ai dit. Le temps est un luxe. Et si je dois le partager avec quelqu'un, c'est avec toi.
Les deux garçons se fixèrent avec la plus grande gravité dont ils étaient capables. Un fin sourire ornait les lèvres du blond. Victor l'imita. Il aimait tout de lui : sa peau fine et parsemée çà et là de quelques grains de beauté, comme des monts trônant au coeur de prairies enneigées, son nez retroussé, ses cheveux aussi blonds que le soleil, aux quelques rares mèches rebelles, ses lèvres radieuses d'un désir impérial et ses yeux, derrière ses lunettes qui le transformaient chaque fois qu'il les mettait ou les enlevait ; il aimait ses yeux qui brillaient dans la nuit de son monde comme deux phares vitaux pour éclairer le navire de son âme qui tanguait et chavirait, ballotté par les courants incertains des océans sentimentaux. En moins de trois ans, Yann était devenu son objectif et tout son univers s'était plu à graviter autour de lui.
Victor sentait que ce presque rêve qu'il vivait, ce petit instant, marchait sur la corde du désir, comme un funambule suspendu au-dessus d'un gouffre infini, battant des ailes pour échapper à une chute.
Un voile semblait recouvrir son monde, aussi fin et doux que les draps du passé dans lequel l'enfant, tout heureux de se retrouver à la frontière des mondes inconnus de l'inconscient, vient se réfugier pour passer dans la dimension des jeux. Et ce voile aussi fin que les rideaux du bonheur, voletait au gré de la brise des passions.
Il se sentait si proche et pourtant si loin de Yann que tous ses repères s'étaient renversés comme un château de sable devenu ruine au passage de la mer. Quelques centimètres les séparaient. Il ne s'était jamais retrouvé si proche de quelqu'un. Aujourd'hui, c'était celui qu'il aimait qui se tenait à ses côtés.
Ses joues devaient certainement être plus rouges que le rouge ne l'était lui-même. Pourtant, la distance qui les séparait le dérangeait. Plus encore, elle lui faisait mal. La tension lui arracha un petit rire. Légèrement cynique.
— Qu'est-ce qui te fait rire ?
— Je préfère te prévenir, je ne suis pas un expert...
— Je m'en fous, répliqua Yann.
— Ça fait beaucoup de fois que tu me dis ça.
Mais le blond ne cessa pas de regarder Victor. Il esquissa un sourire. Radieux. Insolent. Un de ces sourires qui donnait envie au brun de se jeter sur lui pour l'embrasser fougueusement.
— Tant que c'est toi, ça me va, susurra Yann à son oreille.|
Victor sentit ses yeux s'embrumer. Il continua néanmoins à regarder son camarade. Ses yeux, encerclés de cernes, brillaient eux aussi. Ils lui paraissaient semblables à deux perles venues d'un autre monde. Deux phares dans la brume de son existence, venus pour le guider.
Il sentait les effluves des rares verres que le blond avait pris au cours de la soirée. Devant ses narines, dansait comme un parfum d'ivresse. Victor esquissa un léger rictus. Comment, en dépit de toute la puissance de ses sens, ressentait-il ce détail plus encore que les autres ? Le jeune lycéen préféra s'en amuser.
— On n'est pas dans un roman, affirma Yann.
A l'écart de tous ces gens, de cette musique dynamique, des verres qui s'enchaînaient, des chorégraphies et des sourires improvisés, tout lui semblait couler de source.
— Je ne pense pas pouvoir te promettre le monde entier, continua-t-il. Je serai maladroit. Je te blesserai et tu me blesseras peut-être. On est rarement doués, pour ce genre de choses.
Loin de tous ces artifices, tout lui paraissait naturel.
— On pleurera, on jouera, on sera tristes, en colère. On aura nos coups de mou et nos grands soirs.
Dans les bras de celui qu'il aimait, le monde lui apparaissait sous les traits de sa vérité. Son unique vérité.
— Je t'aime.
Chaque mot prononcé par le blond résonnait dans le coeur de Victor, et chaque mot avait été prétexte à casser la distance entre eux. Le brun venait à peine de lui déclarer son amour que Yann avait définitivement supprimé la distance entre eux. Et leurs lèvres exécutèrent la plus belle des collisions.
Sous la force des événements, le brun ferma les yeux un moment, pour se délecter de ces secondes salvatrices. En cet instant, tout son monde resplendissait de mille feux, comme un soleil. Il sentait les lèvres chaudes de Yann contre les siennes, et c'était tout ce qui comptait pour lui. Ses lèvres chaudes et enivrantes ; depuis combien de temps en rêvait-il ? Combien de fois s'était-il perdu dans ses pensées en observant la bouche du blond ? Victor se rattacha de toutes ses forces à ces souvenirs pour renforcer son baiser.
Yann, qui tenait tendrement la joue de Victor de son bras gauche, fit glisser sa main jusqu'à la nuque de son amoureux. C'était une explosion de saveurs de passion et de tendresses qui germaient dans cette union, dans cette danse.
Une supernova se consumait dans leur coeur, gagnant leur être entier. Le jeune écrivain se tendit une fraction de secondes quand la main de Victor lui toucha la cuisse, suivit la courbe de ses jambes jusqu'à son bassin, son dos, puis son cou ; puis il finit par se décontracter, restant collé à sa moitié.
Les yeux toujours presque clos, Victor oublia un instant le monde. Tout autour de lui disparut : la musique bruyante, Mathéo, les gens qui les entouraient ou Pauline. Ne restaient qu'eux, âmes errantes et passionnées.
Durant ces quelques secondes d'infinie douceur, le brun étouffa un rire en constatant que l'une des pensées qui traversa son esprit à ce moment, c'est qu'il ne s'attendait pas que Yann embrasse aussi bien. Il s'en doutait, mais cette réalité dépassait toutes ses espérances. Cette pensée, douce et provocante, renforça l'étoffe d'ivresse qui empoignait son coeur.
Le monde, devant la force de ce baiser, cessa complètement de tourner. Il ne restait plus qu'eux, les lèvres collées, demeurant l'un contre l'autre, avec l'intime espoir d'être dans l'incapacité de se séparer. Victor ouvrit les yeux, heureux.
Parce que ce simple contact, il l'avait voulu, il l'avait souhaité durant des années ; et Yann avait choisi de le lui offrir ce soir. Il sentit peu à peu l'écrasement de leurs lèvres s'affaiblir. Mais cela n'avait que peu d'importance pour lui, parce que dans ce simple baiser, reposait toute la force de leur amour.
La séparation n'en fut dès lors que plus douloureuse ; Victor sentit son coeur se serrer au fond de sa poitrine. En face de lui, Yann le regardait avec des yeux brillants. Il n'était pas télépathe, mais il n'avait pas besoin de pouvoirs surnaturels pour comprendre que le blond partageait sa peine et sa frustration.
Le brun n'osait pas ouvrir la bouche ; ses lèvres, encore marquées au fer rouge par l'impact passionné qui l'avait marqué, restaient désespérément collées entre elles. Mais plus que ses lèvres, c'était son corps entier qui prenait la teinte du sang, de l'amour, du bonheur complet. Il l'avait embrassé ! Yann l'avait embrassé !
Si le choc ne s'était pas diffusé dans ses veines pour se mêler aux effluves de l'alcool, il aurait très certainement bondi dans toute la boîte en hurlant sa joie et son amour pour le jeune écrivain. Il ne parvenait même pas à le dire à son copain, lequel lui aurait sûrement demandé de faire attention, en considérant le nombre astronomiques d'imbéciles à l'esprit limité, ne pouvant admettre que l'amour vienne de partout.
Et Victor laissait déjà son imagination courir. Tout le film se déroulait dans les parois de son crâne. Dans un demi-sourire, il aurait sûrement répondu que les homophobes aillent crever et qu'une partie de pétanques était moins amusante s'il n'y avait que deux boules.
Mais la réalité était tout autre. Ils étaient face à leur silence respectif, émergeant petit à petit de cet étrange rêve éveillé, sortant de cette mare de miel et d'amour dans laquelle ils avaient sauté les mains jointes.
C'était comme au sortir d'un lit douillet, berceau des rêves humains et des désirs les plus profonds ; les yeux d'abord fermés goûtent aux faisceaux acérés du Soleil, qui veille en maître sur l'univers par-delà les forêts, les villes et les volets ; puis viennent les pensées, d'abord lettre par lettre, syllabe par syllabe, mot par mot, rappel absolu à la condition humaine. Et ce flux de pensées comme des fleuves ramifiés se transforme en océans d'idées, coulant à flot dans l'esprit innocent marchant à la frontière de l'inconscient.
Le corps ensuite s'éveille à son tour : un orteil, un doigt, un bras, une jambe, s'articulant, se retournant, gesticulant comme ceux d'un nouveau-né découvrant le monde, pareil à l'affamé à qui on donnerait une cuillère du meilleur miel que ce monde ait porté, accompagne la levée de l'âme. Et tandis que cette ingénieuse machine découvrait par tous ses sens le monde, les rêves, douces berceuses de cet autre monde aveugle, se délient tranquillement et enlèvent leurs tendres liens sucrés qui pèsent sur les yeux des endormis.
Alors le rêveur s'éveille, et s'offre à lui toute l'imparfaite beauté du monde, bien que les volutes incertaines de ses songes l'enrobent encore dans un cocon.
Victor, en cet instant précis, se sentait comme un enfant au sein de ce berceau ; il cligna plusieurs fois des paupières, prenant connaissance des questions qui s'échouaient sur la plage de son imagination comme l'écume de l'océan.
Et ce lit, ce grand lit, sublime et magnifique, le recouvrant d'une couverture de sérénité, ne le laissait pas seul en son sein. Ce soir, dans le lit de son univers reposait l'amour de sa vie.
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NDA : Bonjour ! :p
On arrive AU chapitre clé. C'est l'un des chapitres les plus importants de l'histoire, et c'est un de ceux que j'ai préféré écrire, pour l'instant.
Et oui, ILS L'ONT FAIT ! Enfin !
Honnêtement, pour être franc, ça n'aurait pas dû arriver tout de suite : mais j'ai été frappé par le syndrome des personnages auteurs. Ce sont eux qui ont décidé de ça, pas moi. Mais quand c'est eux qui prennent le contrôle, c'est que c'est forcément le bon moment, non ?
Bref, j'espère que vous avez apprécié ce chapitre ! On se retrouve mercredi prochain pour la suite, bisous ! :D
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