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Juin - 9.

NDA : Bonjour à tous !

Cette petite note est pour parler du chapitre précédent. En effet, je disais que j'y traitais des sujets difficiles (l'automutilation et la maltraitance infantile). J'ai donc proposé de faire un résumé de ce chapitre pour les personnes qui auraient trop de mal avec ces thèmes.

Résumé : Victor se rend chez Pauline avec cette dernière. Sur le chemin, ils parlent de Yann et d'Arthur ; Pauline l'a retrouvé devant chez Victor, errant et visiblement venant de se battre. Elle l'a amené chez elle pour le soigner (et lui donner plus de chance de voir Victor). On apprend dans ce chapitre qu'Arthur vit chez son oncle, un homme acariâtre, accidenté de la vie et trop occupé par sa carrière pour s'occuper de l'adolescent. Ce dernier a en effet perdu ses deux parents dans un accident de voiture quelques années plus tôt et habite donc chez le frère de sa mère. L'homme est de plus en plus violent, alcoolique, méchant avec Arthur et ne supporte pas sa bissexualité. Après une énième dispute bien plus violente que les autres, Arthur frappe son oncle et ce dernier décide de le virer.

Victor et Pauline décident de trouver une solution pour lui. Arthur montre par ailleurs ses scarifications à Victor. Ce dernier lui montre également ses propres cicatrices, des marques qu'il a eues suite à son histoire ; un harcèlement scolaire duquel il s'est vengé. Ces événements sont assez proches du flashback évoqué lors de la première discussion entre Arthur et Victor (Mai - 8.).

Voilà ! Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture pour ce chapitre, clairement plus léger que le précédent ^^'

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— Je stresse...

— Mais non, ça va bien se passer !

— Je ne parle pas du bac...

— Oh, tu parles de... Ne t'inquiète pas, il va s'en sortir.

— Il a de nouveaux examens médicaux aujourd'hui. C'est horrible. Au fait, comment ça se passe pour Martin ?

Pauline soupira. La maladie de Martin était bien traitée, mais les multiples rendez-vous médicaux agaçaient beaucoup l'enfant. Il détestait l'hôpital, son odeur âcre, les tons pastels immondes qui recouvraient les murs. Il ne trouvait de réconfort que dans certains magnifiques dessins par quelques enfants, dont l'une d'entre elle, paraît-il, se montrait très douée. Victor le comprenait ; lui aussi ne portait pas une grande affection pour ces endroits.

— J'espère que ça va aller. Il me manque déjà, s'impatienta Victor.

Il leva les yeux. Aujourd'hui, les cieux, parés d'un bleu océan, emportaient les nuages dans une lente danse au-dessus des têtes troublées. Le grand jour arrivait, celui pour lequel toute la jeunesse avait travaillé d'arrache-pied, celui qui marquait un tournant décisif dans le quotidien. L'aboutissement de mille heures de souffrance, de peine, de larmes, de quelques rires et de sang émergeait en ce jour presque estival.

Victor ne se sentait pas prêt, bien loin des préoccupations de tous les autres élèves. Seul le nom de son amoureux résonnait dans sa tête, refrain entêtant, envoûtant, refrain dont il lui était impossible de se défaire, chaînes dorées qui empoignaient son coeur.

Lorsqu'il pénétra pour la première fois dans la salle d'examens, il n'eut qu'une envie : en finir le plus vite possible. Tout le monde tenait son crayon, la hâte de commencer au bout des doigts. Il regarda la chaise vide à quelques mètres de lui. La seule chaise fantôme. Sa poitrine lui parut bien trop étroite.

La semaine s'écoula dans une lenteur abominable. Chaque épreuve trouvait encore moins de grâce et d'intérêt que la précédente aux yeux de Victor. Seules les épreuves d'histoire et de littérature l'intéressèrent. Même la philosophie lui apparut dénuée de sens, vide, fade. Il n'attendait pas une mention très élevée ; obtenir son diplôme lui suffisait.

Chaque soir, après les épreuves, il appelait Yann pour prendre des nouvelles. La plupart du temps, ils restaient quelques minutes au téléphone ; parfois, il tombait sur Cécile lorsque son petit ami dormait ou était trop épuisé pour parler. De simples mots lui demandaient à présent beaucoup d'énergie.

Durant cette semaine, une routine s'était installée. Mi-angoissante, mi-reposante, Victor avait eu l'impression que ces quelques jours se tenaient hors du temps. Un réveil plus ou moins difficile avec mille questions, une épreuve qui le laissait apathique, quelques mots échangés avec son amoureux, la lecture des commentaires sur leur histoire, des révisions pénibles et un sommeil sous des étoiles imperturbables.

Le vendredi arriva, et avec lui, une vague au goût étrange. Lorsque Victor posa son crayon, il resta un long moment ainsi, gagné par un silence reposant. Une fois sa copie rendue, il quitta le lycée, non sans un dernier regard. Trois années de travail et de repos, de joies et de peines, de larmes et de rires, de haine et d'amours lézardaient ces pierres qui l'avaient vu grandir.

Assis sur un banc un peu plus loin, il attendit Pauline. Comme il ne restait plus que dix minutes à l'épreuve, le temps passa vite ; bientôt, la silhouette de son amie se démarqua des autres. Elle se jeta sur lui et l'enlaça, euphorique. Il répondit à son étreinte :

— On l'a fait ! On l'a fait ! répétait-elle. C'est bon, on est libres !

— Ouais, répondit Victor. On est libres.

— Tu te rends compte ? On est enfin débarrassés des cours ! On a réussi !

— Ouais, on a réussi.

Pauline fronça les sourcils :

— Bah qu'est-ce qu'il y a, mon petit chou ? Tu ne t'es pas paluché hier soir ?

— Lili... grogna Victor, mal à l'aise. Si, je suis content. C'est juste...

— Laisse-moi deviner : il te manque, c'est ça ?

— Ouais.

— Ben, viens, on va le voir.

— Tu vas m'accompagner ?

— Bien sûr, qu'est-ce que tu crois !

Elle l'entraîna par la manche vers sa fidèle voiture. Sur le chemin, Victor se retourna ; la masse de lycéens se dissipait peu à peu, mais certains restaient encore dans une joyeuse cacophonie. Le moteur rugit dans un élan de joie qui faisait écho à celui de ses deux occupants. Comme à son habitude, Victor posa la tête contre le carreau et se laissa porter par la route.

— Au fait...

— Hum ?

— Je voulais te dire que tu as été super, l'autre jour, avec Arthur. Tu as su trouver les mots pour lui remonter le moral. 

— Je n'ai dit que ce que je pensais, maugréa Victor. Par contre, si je mets la main sur son connard d'oncle...

— Tu l'aimes bien, hein ?

Victor lança un regard en coin à la conductrice puis reporta son attention sur les rues qui défilaient.

— Peut-être.

— Arrête de mentir, c'est clair que tu l'adores. T'as toujours été le plus jeune, que ce soit avec moi ou avec Yann. Avec Arthur, tu te sens pousser des ailes, tu joues le grand frère.

— N'importe quoi ! bouda le brun.

Pauline se contenta d'un petit rire pour seule réponse. Victor ne trompait personne.

Lorsqu'ils passèrent les portes de l'hôpital, les senteurs âpres des lieux vinrent chatouiller leurs narines. Victor se frotta le nez. Il ne s'habituait pas à cette odeur lourde qui soulevait son coeur. Il constata qu'il n'était pas le seul quand Pauline accéléra le pas, le visage fermé.

Ils montèrent rapidement ; ils cassèrent la distance qui les séparait de Yann d'un pas mécanique. Victor ne put s'empêcher de passer une main sur les murs, vieille habitude qu'il gardait de son enfance. Il secoua sa main poisseuse de mauvaises ondes. A cette couleur froide et métallique non plus, il peinait à s'adapter. Tout manquait de vie ici.

— Eh, mais c'est...

Au moment où Pauline constatait la présence des deux adolescents, Mathéo se retourna et fit la même réflexion en tapotant sur l'épaule de son amie. Victor esquissa un petit sourire pincé en s'approchant. Il se sentait partagé entre la reconnaissance de savoir que Yann avait reçu de la visite et l'envie de vite se débarrasser d'eux pour voir son prince.

— Holà, fit Mathéo quand ils arrivèrent à leur niveau.

— Hey.

— Salut...

Victor porta son attention sur la petite voix. Si on lui avait dit un jour que Doriane Miller pourrait parler si doucement et paraître si fragile, pareille aux pétales de cosmos bercés par le mistral des montagnes, il aurait souri, incrédule. Et pourtant, aujourd'hui, elle se trouvait là, battue par les flots de l'existence, secouée par la réalité. Une cascade blonde entourait son visage blafard. Ses yeux brillaient comme une lune solitaire au milieu d'une nuit sans étoiles. Le halo de son regard faiblissait dans l'ombre ; dans la lumière, pâlissait sa peau. Vestiges d'une jeune femme fleurissante, Doriane n'était aujourd'hui qu'un spectre. Cette vision ficha une flèche de feu dans le coeur du lycéen, et une peur bleue. Reflet de son futur, elle portait son regard vers lui sans jamais le voir.

Un élan de compassion s'empara de tout son être face à cette enfant fragile, docile, poupée de tristesse. Il s'approcha d'elle lentement et s'empara de sa main. Sa main froide, gelée, glacée de stupeur. Le contact électrisa les doigts de Victor mais il ne recula pas. C'était la première fois qu'il la touchait de cette manière ; un monde s'ouvrit à lui. Un silence entendu flotta au milieu des parfums assommants du couloir.

Elle détourna ses prunelles tourmentées

— Ça va ?

Il ignorait à qui il s'adressait ni même s'il s'agissait vraiment d'une question. Doriane acquiesça.

— Ouais, ouais, ça va.

— Les épreuves se sont bien passées, compléta Mathéo. On est partis voir Yann dès qu'on a terminé. Et vous, ça s'est bien passé ?

— On peut dire ça, grimaça Victor. Au moins, c'est derrière nous. Comment...

— Fatigué, répondit le demi-frère d'Angelo, mais ça va à peu près.

Victor lâcha les mains de Doriane. Elle recueillit une larme qui perlait au coin de ses yeux. Sa mine défaite parlait pour elle. Elle devait avoir pleuré en sortant de la chambre ; peut-être même avait-elle craqué en présence de son ami. Comment pouvait-il la juger, lui qui, chaque fois que la voix de Yann s'éteignait à la fin d'une conversation, pleurait jusqu'aux confins de la nuit ?

— Il est fort, dit-elle simplement. Il est très fort.

Pauline approuva les mots de Doriane ; les deux adolescents finirent par s'éclipser, Mathéo soutenant son amie par l'épaule. Avant de disparaître au détour du couloir, ils purent entendre l'écho de nouveaux sanglots.

Lorsque les deux adolescents firent leur entrée dans la pièce, Yann avait les yeux rivés sur son livre. Victor esquissa un sourire ; certaines choses ne changeaient jamais. Les mots l'absentaient du monde, peu importe ce qu'il s'y trouvait à ce moment-là. Le couinement de la porte attira son attention, il posa l'ouvrage et les accueillit avec un grand sourire :

— Hey !

— Salut, beau gosse, dit Victor en déposant un baiser furtif sur ses lèvres.

Pauline l'embrassa à son tour sur la joue.

— Comment tu vas ?

— Disons que ça peut aller. Je dirais bien que je m'ennuie. Mais j'ai pas le temps. Regarde.

Il désigna du menton son téléphone. Victor s'en empara et regarda rapidement l'écran, chargé de notifications. Une foule de messages se succédait. Pauline siffla.

— Eh bah, mon con ! T'es sacrément demandé ! C'est moi ou tout le lycée a ton numéro de portable ?

— En fait, c'est presque ça, répondit Victor.

— On dirait que ça t'emmerde, remarqua Pauline.

— Quand tu pionces chez monsieur et qu'il reçoit dix messages dans la nuit, oui, un peu.

Yann rit doucement. Victor sentit son coeur bondir dans sa poitrine ; voilà longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion d'écouter son rire ailé, cristallin. L'espace d'une seconde, il crut avoir rêvé. Peut-être n'étaient-ce que les murmures du vent ? Le souffle des nuages ?

— C'est bien, t'as du soutien, lança Pauline.

— Même si la plupart ne me connaissent pas vraiment...

— C'est déjà ça, tempéra-t-elle. Au moins, ils ne consacrent pas leur énergie à insulter ou à critiquer bêtement.

— T'as trop absorbé mon pessimisme, souffla Victor.

— Mais non, dit Yann en secouant la tête.

— Ce n'est pas forcément que du pessimisme, il y a un peu de réalisme aussi.

— Beurk, je déteste le réalisme.

Victor préférait la fantaisie des lieux irréels, la grandeur des sentiments, les masques qui tombaient, l'épique des batailles sanglantes, les couleurs vivifiantes des mondes parallèles. La réalité regorgeait d'abysses où la lumière y mourait.

— Bon, et ce bac ? demanda Yann.

— Une vraie torture, soupira Victor. Surtout l'anglais.

— L'anglais, hein...

— Ce bac n'avait pas la même saveur sans toi.

— D'ailleurs, ajouta la rousse, tu as manqué à tout le monde !

— Je sais. J'aurais aimé venir.

Son petit ami lui serra la main.

— Et tu as des nouvelles de... d'Arthur ?

Les deux visiteurs se regardèrent. Loin d'être stupide, Yann comprit que quelque chose de grave avait dû se produire. 

— Quoi ? Il s'est passé quelque chose ?

— Eh bien...

Ils lui racontèrent toute l'histoire, scène par scène ; l'appel de Pauline, les révélations d'Arthur, ses peurs, sa situation. Victor n'eut pas besoin de lui montrer ses cicatrices, Yann les connaissait par coeur. L'inquiétude, la compassion et la tristesse déformèrent ses traits en deux sourcils soucieux. 

— Et maintenant ?

Les deux adolescents avaient passé un accord avec leurs parents ; il était hors de question de laisser Arthur aux griffes d'un monstre pareil. Ils avaient donc décidé de le prendre sous leur aile. Pauline avait tout de suite demandé à ses parents de le garder chez eux, ce qu'ils acceptèrent bien vite. Sensibles à l'histoire de l'ami de leur fille, ils n'eurent pas besoin de mille tirades pour céder, au moins le temps des vacances.

— Comment ça, le temps des vacances ? avait demandé Victor.

— En fait, mes parents m'ont annoncé qu'ils risquaient de déménager... Au boulot de ma mère, ils discutent d'une promotion qui les ferait déménager. Pas très loin, mais suffisamment pour que ça devienne vraiment galère pour Arthur. Puis, le connaissant, je ne suis pas sûr qu'il accepterait de rester si je ne suis pas là... Il ne voudrait pas les déranger...

— Oh, je vois... C'est cool pour tes parents quand même !

— Oui... Mais ce n'est pas encore sûr, de toute façon. La décision n'est pas définitive.

De fait, ils avaient dû prévoir un plan de secours. Victor avait questionné sa mère et lui avait proposé d'héberger Arthur après son départ pour qu'elle se sente moins seule. Plus réticente, elle ne tarda pas à faire tomber ses barrières et accepta en raison de la situation exceptionnelle.

— C'est mon meilleur ami, avait menti Victor.

Lorsqu'elle accepta, une joie immense secoua le coeur du brun. Il se mit finalement à douter de son mensonge...

— Je vois... Je suis content pour lui, dit Yann. Il ne méritait pas ça.

— Il ne t'en avait pas parlé ?

— Non. Il me fait confiance mais pas au point de révéler ça...

— Sachant que tu traînais avec la moitié du lycée quand tu ne te trouvais pas avec moi... Ouais, c'est compréhensible.

— Il ne veut pas que ça se sache.

Les trois adolescents furent interrompus par l'arrivée d'infirmières ; Victor et Pauline durent sortir quelques instants. Adossé au mur du couloir, Victor poussa un soupir :

— Il ne nous dit rien, mais je suis sûr qu'il a mal.

— Peut-être, reconnut-elle, mais ils font tout pour que ce soit supportable.

— Tu dois avoir raison... J'ai mal rien que d'y penser, tu sais.

— Penser à quoi ?

— Penser à ce qu'il vit. Comment il doit le vivre. Et... J'ai peur pour la suite.

Pauline se passa une main agacée sur le front.

— Pour l'instant, il est là. Je sais que c'est dur, fit-elle, mais tu dois profiter de ces moments avec lui. Eh, tu sais quoi ? Tu devrais sortir un peu avec lui.

— Mais le personnel ne voudra jamais...

— Il a l'air suffisamment en forme pour que vous sortiez une petite heure.

— Peut-être pas une heure, mais... ça se tente.

— Tu n'as rien à perdre en posant la question de toute façon. Vis à fond, Victor. Ne t'encombre pas de craintes au moment décisif.

— Tu dois avoir raison... Je suppose.

— Bien sûr que j'ai raison !

Un sourire illumina le visage de Victor. Elle n'avait pas tort ; même couturé de craintes, il devait continuer d'avancer. Il ne voulait pas finir, l'air misérable, le sourire bas, comme l'était Doriane ; il savait qu'il aurait tout le loisir d'expérimenter la faiblesse.

— Tu sais, je pense qu'elle tient sincèrement à lui, malgré tout ce qu'on a pu voir, constata Pauline.

— Elle s'est beaucoup servie de lui quand même... Même si j'ai de la peine pour elle, je ne peux pas oublier le passé. Yann m'a dit que son statut au lycée, il le devait grâce à elle, mais l'inverse me paraît aussi vrai...

— Ils ont vécu beaucoup de choses ensemble.

— C'est vrai.

Il pouvait au moins lui concéder ça, même si le simple fait d'imaginer qu'ils aient passé du temps ensemble remuait les vagues de sa jalousie.

— Tu croyais même qu'ils étaient en couple, pendant un moment, ricana Pauline.

— Qui ne le croyait pas ? Ils se collaient tout le temps, même si déjà, à l'époque, il paraissait détaché...

— Pas tant que ça, puisque sinon, monsieur n'aurait pas passé des soirs à s'empiffrer de glace.

L'air moqueur de son amie tira un grognement pathétique à Victor.

— N'importe quoi.

— Eh, je te rappelle que c'est moi qui ai dû t'en racheter cette fois-là, t'arrivais même pas à te lever de ton lit.

Victor souffla, les joues gonflées. Pauline avait le don de le taquiner là où ça faisait mal...

— Je plaisante, ne fais pas cette tête !

Pour toute réponse, il lui tira la langue. Pauline n'eut pas le temps de répliquer ; la porte de la chambre de Yann s'ouvrit. L'infirmier qui passa levait les yeux au ciel et fit signe aux deux adolescents qu'ils pouvaient rejoindre le malade. Victor ferma la porte derrière lui :

— Il tirait une tronche... commenta Victor.

— Moins bien que Law, sourit Yann.

— Qu'est-ce que tu lui as dit ou fait à ce pauvre bonhomme ?

— Rien de particulier, pourtant.

La malice qui transpirait de son regard disait tout l'inverse, mais Victor n'insista pas ; il connaissait trop l'insolence de son petit ami pour croire à son innocence. Yann lui fit une grimace devant son air dubitatif.

— Tu t'ennuies pas trop ? En vrai, je veux dire.

— Si...

— Dis, je me disais... Est-ce que tu voudrais qu'on fasse une balade ?

Les yeux du blond s'écarquillèrent, choqués de l'audace de Victor.

— Ne me donne pas de faux espoirs, soupira Yann.

— Si je demande au médecin, il acceptera peut-être... Et puis ça te fera du bien.

— C'est vrai que le parc en face a l'air sympa.

Victor se demanda s'il était sincère ou ironique. Il jeta un coup d'oeil par la fenêtre ; cette vue n'offrait rien d'extraordinaire.

— C'est mieux que rien...

L'été naissait à peine mais le soleil tapait déjà dru. L'air de la chambre oppressait Victor. Pour contrer cette harassante chaleur, la climatisation tournait à plein régime. Un ronronnement de félin enrhumé faisait vibrer les murs. Le froid de la brise artificielle s'incrustait dans les poumons du brun, lequel tentait de se composer un visage confiant et habitué. Mais il ne rêvait que de partir. Loin. Et d'emmener Yann avec lui.

— Alors, ça te tente ?

Plusieurs secondes s'écoulèrent. Les yeux rivés vers la fenêtre, Yann réfléchissait. Contemplatif, absent, il était assis sur son lit comme un roi sur son trône, toisant les ailes qui fendaient le ciel, les feuilles qui riaient sous les caresses du vent, l'eau qui dansait au rythme du temps et la couronne de feu qui courbait l'échine.

— Pourquoi pas ?

Sa voix était rauque, un peu épuisée. Comme si mille ans avaient coulé depuis qu'il avait fermé la bouche ; un air paisible courait sur son visage gagné par la fatigue ; les flammèches d'une lueur étrange dansaient dans son regard. Dans celui de Victor, s'agitait le soleil de l'amour. Resplendissant, majestueux, parfait.

Impassible quelques secondes, son visage brilla de bonheur.

— Super ! Je vais demander !

Alors qu'il allait s'élancer en dehors de la chambre, Pauline le rattrapa par la manche.

— Au lieu de te déplacer, tu sais qu'il peut les appeler avec une télécommande ?

— Ah, oui, mais...

Il se gratta le front, accablé par la gêne. Son empressement occultait tout, même des informations si basiques. Il s'excusa. La rousse, à côté de lui, lui tapota l'épaule, désespérée par son attitude enfantine.

Et, un peu à l'écart, Yann se mit à rire. Doucement.

Le bonheur savait fleurir n'importe où.

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