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• Laments •

Le cabinet de psychologue d'Irène était un endroit que Jeonghan avait si souvent vu qu'il pouvait reproduire l'endroit les yeux fermés. À chaque fois qu'il s'y était rendu, il s'y était rendu mécaniquement, souvent depuis le commissariat puisqu'il était incapable de s'arrêter de travailler, et bien évidemment toujours en voiture. Il restait exactement neuf minutes dans sa voiture afin de réfléchir à ce dont il allait parler pendant sa séance avant de sortir et de sonner au bâtiment. La porte en bois du premier étage était la même, le code aussi.

75369.

Jeonghan n'avait même pas eut besoin de regarder les numéros sur le digicode, sa mémoire musculaire avait fait tout le travail. En rentrant dans la salle d'attente, il avait pris place dans un des fauteuils couleur chartreuse, celui à gauche de la pièce, à côté de la fenêtre.

Il n'avait jamais vraiment aimé cette salle d'attente. Pas tant pour la manière dont elle était décorée mais plus pour tous les mauvais souvenirs qu'elle contenait pour lui. Il avait dépassé les trois-cent séances avec Irène depuis la première fois qu'il avait pris rendez-vous avec elle il y a près de neuf ans maintenant. Si sa mémoire était bonne, et il savait qu'elle l'était, il en était à la trois-cent-onzième séance avec elle.

Trois-cent-onze fois où il s'était assis dans le même fauteuil couleur chartreuse à gauche de la pièce à côté de la fenêtre et qu'il avait fixé continuellement le tableau baroque d'un bouquet de fleur qui perdait de sa couleur au fil du temps attaché au mur beige de la pièce.

Il ne se rappelait pas d'une seule fois où il était venu voir Irène en étant de bonne humeur. Peut-être le jour où il lui avait annoncé son mariage faisait l'exception, même s'il avait pleuré tout le reste de la séance et qu'il était reparti les yeux gonflés.

Seungcheol était venu le chercher ce jour-là.

Jeonghan avala sèchement et se reconcentra sur le tableau fleurit. À présent, il lui paraissait fané. Il était un peu comme lui au final. Plus le temps passait, plus il perdait de sa couleur et de sa vivacité; cette salle d'attente en avait été témoin.

Il ferma les yeux pendant cinq secondes et lorsqu'il les rouvrit, la porte du bureau d'Irène en fit de même. Elle n'avait pas du tout changé depuis leur dernière entrevue: toujours la même queue de cheval noire dans son dos, toujours les mêmes lunettes, toujours le même rouge à lèvres. Jeonghan avait toujours trouvé que ce rouge à lèvres était trop rose pour son ton, il ne lui allait pas vraiment, mais il ne lui avait jamais dit.

- Jeonghan, entre je t'en prie.

Comme un fantôme, Jeonghan se leva et suivit Irène dans son bureau. Lui non plus n'avait pas vraiment changé, les meubles et la décoration étaient restés les mêmes. Finalement, lui et Irène partageaient le même dégoût pour le changement. Chose qui était ironique venant d'elle puisqu'elle était la première personne à parler du fait que la vie était un constant changement et qu'il était important d'essayer de nouvelles choses. Encore une fois il ne dit rien et prit place dans le fauteuil, cette fois-ci céruléen.

- Comment vas-tu Jeonghan? Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus.

- Oui. Ça va comme on peut. Je te remercie d'avoir pu me trouver un rendez-vous si rapidement, je ne pensais pas en avoir un avant la semaine prochaine.

- C'est normal, et puis je te connais déjà depuis des années alors c'est différent que d'accueillit un nouveau client. Mais dis moi, comment se fait-il que tu sois là aujourd'hui? À Séoul je veux dire, tu as emménagé de nouveau dans la capitale?

Emménagé était un grand mot. Il y avait été entrainé de force par Mingyu et son responsable incompétent pour une affaire qui allait sûrement lui pourrir la vie plus qu'autre chose.

- C'est un arrangement temporaire, je suis là dans le cadre d'une enquête et je repartirai quand elle sera terminée.

- C'est ce que tu souhaiterais?

C'était la première attaque d'Irène. Discrète, presque imperceptible et cachée par un ton professionnel. Sa phrase aurait plutôt dû être "Est-ce que tu vas vraiment être capable de t'en aller?" . À vrai dire, Jeonghan ne savait même pas. Depuis qu'il était parti après son divorce, il n'avait pas passé plus de deux jours d'affilée à Séoul. Parfois il passait la nuit chez Jisoo lorsqu'il était trop fatigué pour faire son trajet à Busan le même jour, mais il ne restait jamais plus. Il ne voulait pas s'attacher. Cette ville était comme des sables mouvants pour lui: plus il restait en son cœur sans bouger, plus le sable l'attirait vers le bas et il pouvait se débattre autant qu'il le voulait pour s'en défaire, l'attraction était plus puissante que sa volonté.

- Je ne sais pas. Tout dépend de la finalité de l'enquête.

Il ne développa pas plus sa réponse. Il n'avait pas envie de s'attarder sur ça, il y avait plus important à discuter.

- Très bien. Et d'ailleurs, le choix de revenir était le tien?

- Non. Mais l'enquête m'y a obligé. C'est le même tueur que Minhyuk apparemment. Pour l'instant on en est à trois meurtres mais j'ai déjà connu ce genre d'affaires et je doute fort que le tueur s'arrêtera là. Je... Je ne sais même pas par quoi commencer, il y a beaucoup trop de choses à reprendre...

- Prenons les dans l'ordre alors. Quelle est la meilleure manière d'aborder les choses selon toi? Tu préfères le faire dans un ordre chronologique ou d'importance?

- Chronologique.

Même pas une once d'hésitation se dessina sur son visage. Son cerveau fonctionnait de manière très mécanique et très méthodique. C'est pourquoi il se lança dans un récit le plus réduit possible pour expliquer à Irène les raisons qui l'avaient ramené dans la capitale. Il survola l'affaire sans trop donner de détails, il n'aimait pas mêler sa vie professionnelle à sa vie personnelle quand ce n'était pas nécessaire, mais il parla cependant du fait que les meurtres visaient son cercle de connaissances et qu'il s'inquiétait pour Chan.

Il expliqua aussi qu'il avait recroisé sa mère et que Minki lui avait payé une visite bien désagréable au commissariat. Il lui parla de Jun, le nouveau, et d'à quel point Mingyu lui tapait sur les nerfs à longueur de journée. La visite de Jihoon, toujours dans son coma depuis quatre ans, et celle au cimetière furent aussi abordées. Il s'exprima sur tout et n'importe quoi, comme s'il avait ouvert les portes d'un barrage. D'ordinaire il n'était pas très bavard sur des sujets comme ceux-ci, mais à force de tout garder en lui il allait exploser, alors consulter une psychologue était la manière la moins dévastatrice de le faire.

- Et qu'en est-il de ta vie personnelle?

La phrase d'Irène provoqua tout d'un coup un énorme blanc dans son esprit. Il n'arrivait plus à réfléchir, plus à compter. Un visage ne cessait de lui revenir en tête. Il déglutit.

- Est-ce que je peux te demander où tu en es après le divorce ?

- Je n'ai rien de spécial à dire. Avec le boulot j'ai à peine le temps pour moi et de toute manière c'est pas comme si c'était quelque chose de primordial pour moi. Je n'ai rencontré personne et je ne pense pas que ça sera le cas dans un futur proche.

Irène poussa ses lunettes sur son nez et se redressa un peu. Ce changement voulait toujours dire qu'elle avait tendu l'appât à Jeonghan et qu'il allait mordre au hameçon. À présent, elle attendait de voir si elle devait agir ou attendre encore un peu avant de tirer.

- Tu ne te vois plus entretenir une relation amoureuse ou sexuelle avec qui que ce soit?

Jeonghan ne se voyait entretenir une relation qu'avec une seule personne mais maintenant que ce n'était plus possible, il était prêt à mourir seul, dans un coin reclus, éternellement plongé dans la solitude.

- Pas vraiment. Peut-être qu'éventuellement j'aurais besoin de décompresser mais je ne me vois pas m'engager dans quelque chose de sérieux à nouveau. En tout cas je ne vais certainement pas me remarier, ça c'est une certitude.

Jeonghan se frotta inconsciemment l'annulaire. Irène plissa légèrement ses yeux, épiant Jeonghan à travers ses verres. Seul le bruit de l'aiguille de l'horloge pouvait se faire entendre dans la pièce, mais même sur ça, Jeonghan n'arrivait pas à se concentrer. Il voulait lutter encore un peu pour voir s'il pouvait s'arracher de lui même du fil de pêche qu'Irène avait lancé.

- Je vois. Comment tu le ressens, de devoir travailler avec Seungcheol?

Un forte inspiration entra dans ses narines. Il attendit trois secondes avant de répondre.

- Sur le plan professionnel, il n'y a pas vraiment de problème. C'est quelqu'un de compétent qui va droit au but. Je n'ai pas de choses à redire là-dessus.

- Et sur un plan personnel?

Jeonghan commençait à mordre doucement à l'hameçon. Il voulait lutter et dévier du sujet comme à chaque fois qu'il se rendait chez Irène, juste pour que ses émotions ne prennent pas trop le contrôle. Il détestait quand elle faisait ça. À chaque fois il faisait en sorte de ne pas trop s'immiscer dans les profondeurs de ses états d'esprits pour ne pas repartir d'une humeur encore pire que celle qu'il avait lorsqu'il venait. Au fond il savait que ça l'aidait puisqu'il revenait chaque semaine, il détestait juste le processus pour y arriver.

- C'est... C'est neutre. On s'est parlé, deux trois fois. Je l'ai engueulé dans le couloir mais ça c'était à cause de Minki, sinon il n'y rien eu de notable.

- Très bien. Je vais te poser une dernière question puisque nous allons bientôt arriver à la fin de notre séance. Si jamais tu ne veux pas répondre, il n'y a pas de problème.

Jeonghan tirait sur l'hameçon le plus fort possible. Il sentait la question venir et il ne voulait pas l'entendre. Il n'avait pas peur de ce qu'Irène allait lui dire, il avait peur de la réponse que son cerveau allait lui donner. Il ne voulait pas l'entendre. Il ne voulait pas lui donner raison. Il refusait d'accepter la vérité.

- Est-ce que tu penses que tu aurais envie de recommencer une relation avec Seungcheol?

Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non.

- Je...

Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui. Non. Oui.

- Je ne sais pas... Je préfère ne pas répondre.

Et l'hameçon se décrocha.

- Très bien. Tu veux prendre un autre rendez-vous pour la semaine prochaine ou dans deux semaines?

Lorsqu'il sortit de l'immeuble, il faisait noir dehors. La nuit était tombée depuis un petit moment et la fraîcheur de l'air raviva Jeonghan. Il n'avait pas réalisé à quel point il avait eu chaud. Lorsqu'il s'assit au volant de sa voiture, il ne démarra pas avant une bonne dizaine de minutes.

Il avait envie de quitter son corps.

Il avait envie de mettre son esprit en silencieux et de changer de corps avec celui de quelqu'un d'autre. Il avait envie de dire à son cerveau d'arrêter de tout ramener à son passé et de se concentrer sur son présent, mais il était totalement incapable de le faire.

- Putain!

Le Klaxon se déclencha lorsqu'il mit un coup dans son volant. Il en avait assez de réfléchir. Il en avait assez de se lamenter sur sa vie, il voulait passer à autre chose.

Alors il démarra sa voiture et se mit en route en direction du supermarché proche de chez lui. Il avait besoin de faire quelques courses pour la semaine et ça allait le faire réfléchir à quelque chose d'autre que ses problèmes.

Il fallait qu'il pense à autre chose, qu'il fasse autre chose pour se sortir Seungcheol et son enquête de la tête. Il était prêt à rentrer dans le magasin et à demander au premier homme un minimum attirant et de son âge s'il voulait s'envoyer en l'air avec lui. Il voulait prouver non seulement à Irène mais à son subconscient aussi qu'il était toujours capable d'être avec quelqu'un d'autre que Seungcheol, au moins sur un plan physique.

Le magasin n'était pas nécessairement rempli. Il y avait un vendeur à la caisse qui observait l'écran de son téléphone d'un air distrait et une vieille dame qui pesait ses légumes. L'écran qui était accroché derrière la caisse affichait le journal et Jeonghan lu sur le bandeau que la nation était en deuil après l'annonce de la mort de Min Jaehwan. Il avait envie d'en rire.

En se baladant entre les rayons, il récupéra quelques aliments pour se faire à manger et s'attarda un peu plus dans le rayon alcool. Il n'était pas encore tombé dedans parce qu'il n'aimait pas particulièrement la sensation de l'alcool dans sa gorge mais pendant un moment il hésita à prendre une bouteille de vin. C'était selon lui un alcool qui ne lui collait pas une étiquette d'alcoolique s'il l'achetait, mais plus une étiquette d'homme raffiné avec des goûts. Son cerveau oscillait entre prendre la bouteille ou non quand une voix l'appela à côté de lui.

- Jeonghan?

Il s'était attendu à plein de gens: sa mère, Minki, Mingyu, un de ses collègues, même Jihoon à la limite, mais certainement pas la personne qui venait de lui parler.

- Hyungwon...

C'était étrange, le sentiment qui venait de s'installer dans son esprit. C'était comme une alarme nucléaire qui lui hurlait dans sa tête de s'éloigner le plus possible ou même de prendre la bouteille et de lui exploser le crâne avec.

Mais Jeonghan fit la sourde oreille.

Avant Seungcheol, il y avait eu quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui lui avait détruit tout ce qu'il avait: sa confiance en lui, la perception de son corps, sa personnalité positive, tout. Quelqu'un qui avait levé la main sur lui et qui l'avait convaincu qu'il ne recommencerait jamais et que c'était la dernière fois avant de recommencer la semaine d'après. Celui qui lui avait promis que son comportement était normal et que tout le monde faisait comme ça.

Et ce quelqu'un d'autre c'était Hyungwon.

- Tu vis toujours à Séoul? Demanda-t-il.

- Pas vraiment. Je suis revenu pour une enquête. Je vis à Busan depuis trois ans.

- Ah. Ok. T'es toujours flic du coup?

- Oui.

- Mh. Je pensais pas que tu tiendrais autant. T'as quel âge maintenant? Trente-trois? Trente-cinq?

- Trente-huit.

Hyungwon n'avait jamais retenu sa date d'anniversaire. Il ne savait jamais quel âge il avait. Lorsqu'il s'étaient rencontrés, il s'était juste assuré que Jeonghan avait au moins dix-huit ans, puis il avait tout oublié.

- Ah ouais? Tu les fais pas. T'as l'air claqué mais pas vieux.

- Hm.

- Tu veux aller boire un verre?

L'alarme retentissait dans son cerveau. C'était comme ça que ça avait toujours recommencé entre eux. Jeonghan partait, Hyungwon le rattrapait, il s'excusait sans vraiment le penser et ensuite ils reprenaient là où ils en étaient restés. Et ça finissait toujours mal.

Mais Jeonghan avait envie d'oublier. Mauvaise ou non, il avait envie de se mettre dans une nouvelle situation. Hyungwon avait toujours eu le pouvoir de le contrôler à sa guise en ayant à peine quelques mots à dire. Jeonghan avait tout d'abord pensé que c'était son charme, ce n'était en fait que de la manipulation.

Il aurait dû s'en rendre compte dès que Hyungwon lui avait proposé une relation. Jeonghan avait dix-huit ans et Hyungwon en avait sept de plus que lui. Mais à cette époque-là, il était naïf et Hyungwon était beau, il lui avait dit qu'il le trouvait très mature pour son âge, qu'il pouvait lui proposer une relation plus sérieuse que celles qu'il avait pu avoir au lycée. Jeonghan avait sauté sur l'occasion parce qu'il n'avait pas réfléchi. Sa situation chez lui commençait à devenir insoutenable et il voulait désespérément partir de chez lui. Alors quand Hyungwon lui proposa de s'installer avec lui, trois semaines seulement après le début de leur relation, il avait accepté. Il était loin de se douter que sa situation allait devenir pire.

Mais à chaque fois Jeonghan lui pardonnait parce qu'il avait peur que s'il s'en allait, personne n'allait le vouloir et il n'aurait nul part où aller. Alors il acceptait que Hyungwon lui paye un verre, qu'il parle dans le vide pendant quelques minutes, puis qu'il lui propose de coucher ensemble pour se changer les idées.

Comme aujourd'hui.

Jeonghan avait accepté le verre de bière et avait essayé de faire abstraction des trois qui s'étaient empilés devant Hyungwon, puis il lui avait vaguement parlé de sa vie sans rentrer dans les détails. Au bout d'un moment, lorsque les bières furent terminées et que Hyungwon avait un certain grammage d'alcool dans le sang, il lui posa la fameuse question.

- Ça te dit de baiser?

Jeonghan détestait cette formulation. C'était tellement sale et déshumanisant. Mais à ce moment-là il eut une pulsion mesquine qui le poussa à accepter, à replonger dans ce cercle vicieux dans lequel il allait être incapable d'en sortir.

Il paya pour leurs boissons, récupéra sa voiture et entra l'adresse de Hyungwon dans son GPS. Il s'en souvenait toujours à cause de sa mémoire mais il fit mine d'avoir oublié. Il aurait aimé l'oublier. Puis lorsqu'ils furent arrivés, il gara sa voiture sur le trottoir, monta les deux étages par les escaliers puis rentra dans l'appartement où il avait passé sept ans de sa vie.

Il haïssait cet endroit. Du fond de son cœur. Mais il avait besoin d'oublier.

Et alors qu'il était plaqué contre un lit par son ex-partenaire, encaissant les violents coups de reins qu'il lui donnait, il ne ressentait plus rien. Il comptait passivement les secondes qui s'écoulaient en se demandant si Hyungwon avait toujours la même endurance qui laissait à désirer que lorsqu'ils étaient ensemble.

Il n'éprouvait plus rien.

Ni de joie, ni d'excitation, ni de plaisir mais il ne ressentait pas non plus de tristesse ou de douleur ou même encore de peur.

Il avait seulement cet arrière goût amère dans sa bouche qu'il avait toujours détesté avoir. C'était une sensation si désagréable pour lui. Juste le simple fait de devoir se mettre à genou faisait ressortir ce mauvais souvenir qui le hantait. Ça lui rappelait la manière libidineuse et crue dont le fixait Hyungwon de haut à chaque fois qu'il le faisait. Son horrible sourire alors qu'il approchait de l'asphyxie pendant qu'il se laissait emporter par un plaisir que seul lui ressentait. Il terminait toujours avec les yeux brûlants de larmes, la respiration saccadée et cet horrible arrière goût dont il n'arrivait jamais à s'en débarrasser.

"J'adore quand tu ouvres ta bouche pour moi... J'ai jamais aimé ta voix, heureusement que je lui ai trouvé une bien meilleure utilité."

La peur avait paralysé Jeonghan lorsqu'il avait entendu cette phrase pour la première fois de nombreuses années auparavant. Ce jour-là, il avait tout encaissé sans un mot, parce que Hyungwon lui avait assuré que c'était juste la manière dont les gens le faisaient d'habitude. Que c'était une chose normale et que ça l'excitait.

Quelle naïveté.

Mais le pire était que s'il entendait cette phrase aujourd'hui, il était pratiquement sûr de n'avoir aucune réaction tant il était habitué à entendre ce genre de propos venant de Hyungwon. Il était complètement immunisé.

Était-ce une bonne chose? Sûrement pas. Mais c'était sa manière à lui de ne plus souffrir. Encaisser jusqu'à l'anesthésie.

Il n'éprouvait plus rien.

Il était tant coupé de la réalité qu'il ne ressentait même plus le frottement désagréable et frénétique de l'homme au-dessus de lui. Il s'était laissé utilisé comme une poupée de chiffon écrasée sous le poids d'un chien excité.

- Putain...

Trois minutes douze.

Jeonghan n'eut aucune réaction lorsque le mouvement s'arrêta. Même pas un grincement de dents lorsque Hyungwon se détacha de lui et se leva pour se nettoyer et allumer une cigarette. Il continuait à fixer le plafond en silence, sans aucune pensée précise.

Il aurait très bien pu s'imaginer quelqu'un d'autre à sa place pour trouver un moyen d'apprécier l'acte mais il ne l'avait pas fait. Il n'avait pas non plus souffert, sûrement une première depuis des années avec Hyungwon. Ou alors peut-être qu'il était trop dépassé pour se rendre compte de la douleur.

Anesthésié.

- T'en veux une?

Jeonghan divagua du plafond pour la première fois depuis ces trois minutes et douze secondes de désagréabilité pour fixer le bâtonnet de nicotine que lui tendait mollement Hyungwon.

Il en avait fumé au moins dix aujourd'hui.

- Non.

- T'as arrêté?

- Non. Enfin si.

- Si?

- J'ai arrêté il y a sept ans. Mais j'ai recommencé depuis que je suis revenu.

- Ah. Du coup t'en veux une ou pas?

- Non, pas maintenant.

- Okay.

Jeonghan n'avait jamais apprécié les discussions qu'il avait avec Hyungwon. Il détestait la manière dont il lui répondait de manière si désintéressée à toutes ses questions. Avec du recul, Hyungwon ne s'était jamais vraiment intéressé à lui.

- J'avais oublié à quel point t'avais un bon cul.

Juste à son corps.

- Ah.

L'objectification de son corps avait toujours mis Jeonghan mal à l'aise. Mais bizarrement lorsqu'il avait rencontré Hyungwon, chaque remarque sur son corps le mettait en valeur. Peut-être était-ce parce qu'il était habitué aux remarques trop négatives qu'il avait subi durant toutes ses années de lycée. Personne n'avait accordé autant d'attention à son corps alors il avait apprécié ça.

Jusqu'au moment où il avait compris qu'il était apprécié juste pour ça.

Alors les belles remarques s'étaient changées en remarques désagréables.

"Pourquoi tu t'es pas rasé? Je vais pas coucher avec un rat quand même?"

Puis en remarques désobligeantes.

"T'as perdu du poids, j'ai l'impression de baiser un cadavre tous les soirs."

Puis en remarques dégradantes.

" Tu ressembles vraiment à une salope habillé comme ça. On dirait que tu veux que tout le quartier te baise. Peut-être que c'est ça que tu veux en fait."

Et comme un con il avait tout laissé passé comme si de rien n'était. Il avait encaissé et encaissé au point ou il ne ressentait plus rien.

Quel gâchis.

- Je vais rentrer, je bosse demain.

Il fallut une minute et six secondes à Jeonghan pour se rhabiller. Une minute et six secondes qui lui parurent comme étant une éternité puisqu'il sentait le même regard lubrique de Hyungwon sur son corps dénudé. Il sentait comment il lorgnait chaque parcelle de peau avec vulgarité sans une seule trace de honte sur son visage. Et bien qu'il ne le montrait pas physiquement, Jeonghan savait que Hyungwon trouvait un mesquin plaisir à apprécier son dégoût lorsqu'il ressentit la sensation désagréable dans le bas de son dos lorsqu'il enfila son pantalon.

Parce qu'entre deux taffes de cigarettes, il savait pertinemment que Jeonghan était retombé dans son piège.

- Tiens, mon numéro. J'imagine que tu l'as effacé après tout ce temps.

Oui, Jeonghan l'avait effacé depuis exactement sept ans, trois mois, une semaine et deux jours. Il se souvenait encore de la satisfaction qu'il avait ressenti lorsqu'il avait appuyé sur le bouton "supprimer" du contact. Et voila que maintenant il rentrait ces maudits chiffres de nouveau.

Il était tombé bien bas.

Il essaya tant bien que mal de faire abstraction de la satisfaction de Hyungwon lorsqu'il lui rendit son téléphone avant de mettre ses chaussures.

- Envoie moi un message quand tu rentres. Et puis surtout envoie moi un message quand t'as envie de remettre ça.

- Bonne soirée Hyungwon.

La première chose que Jeonghan fit lorsqu'il arriva dans son appartement fut de se brosser les dents. Il se brossa si fort que ses gencives en saignèrent. Mais ça lui importait peu. Il voulait à tout prix se débarrasser de ce goût horrible qu'il avait en bouche. Alors il frotta à tel point qu'il en oublia de compter les secondes. Il s'arrêta seulement lorsque la mousse blanche qui ornait ses dents devint rougeâtre. Le simple fait d'apercevoir son reflet dans le miroir lui fit prendre conscience de son erreur.

Il était revenu alors qu'il s'était promis de ne plus jamais revenir.

Au final, ça avait marché. Il avait oublié tous ses problèmes le temps de ces trois minutes et douze secondes. Mais il s'était plongé dans d'autres. Et ceux-là était potentiellement pires que ceux qu'il voulait oublier.

Jeonghan voulut se dire que maintenant qu'il avait un certain âge, il pouvait voir les signes avant-coureurs, il allait pouvoir anticiper les comportements toxiques et les actions douteuses de Hyungwon.

Mais au fond il savait que c'était faux.

Rien que la veille, il s'était dit qu'il n'allait jamais revenir avec un ex-partenaire et maintenant son esprit se moquait de lui et le pointait du doigt. Il était tombé bien bas.

Il alluma le robinet et se rinça frénétiquement la bouche jusqu'à ce que le sang s'arrête de couler puis il alluma l'eau de la douche et se déshabilla. Il frotta le savon sur son corps jusqu'à ce que sa peau devienne rouge. Il voulait retirer la sensation de ces mains sur lui, l'intrusion si désagréable de tout à l'heure qu'il ne réalisa que maintenant, la sueur qui n'était probablement même pas la sienne qui souillait sa peau. Parce que ces retrouvailles n'avaient servi qu'à une seule chose: se faire souiller. Il pensait que ça allait le faire oublier, qu'il allait ressentir une émotion après n'avoir rien fait avec qui que ce soit depuis plus de trois ans, mais avec du recul ça n'avait fait qu'empirer les choses.

Alors il pleura.

Il pleura parce que c'était la pire décision qu'il avait pu prendre depuis qu'il était revenu. Il pleura parce qu'il avait promis à tout le monde que jamais il ne poserait ne serait-ce que son regard sur Hyungwon de nouveau. Il se l'était promis à lui-même, mais voila qu'il avait recommencé. Et le pire dans tout ça était qu'il savait au fond de lui qu'il allait retourner le voir et qu'il allait continuer.

Parce qu'il n'était qu'un homme lamentable.


***

Boo. :)

Bon ce chapitre était bien horrible on va pas se mentir et dites vous que les emmerdes sont pas finies pour lui. (je sais pas si c'est rassurant ou pas, aled :I)

 Par contre on va parler sérieusement, ce genre de relation toxique peut toucher n'importe qui et c'est quelque chose de très grave. Les violences conjugales sont terribles et dans de nombreux cas ça peut finir en décès, c'est pourquoi c'est très important d'en parler et de se faire entendre. Il y a pleins de sites et de numéros à disposition en cas de besoin alors s'il vous plaît, si vous êtes témoins ou victimes de ce genre de comportement, parlez-en autour de vous et agissez. Ça peut venir de n'importe qui, même de certains proches. Restez safe les amis.

Sur une note un peu plus neutre, j'espère que ce chapitre aura permis d'éclaircir quelques petites choses et aussi je suis désolée pour ce que j'ai fait du personnage de Hyungwon mais il me fallait bien un méchant dans cette situation et il faisait un très bon candidat. Mais coeur sur lui, je ne veux renvoyer aucune haine envers l'artiste, encore une fois c'est purement par raison de plot. :p

Bref, sur ce je vous dit à bientôt, prenez soin de vous les amis!

- Dru :)

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