Souvenirs
_Ça fait quatre ans. Vous aviez une mission, et vous avez échoué. Vous avez refusé de la mener à bout. Il a fait une erreur en vous créant, et il l'a compris quand il a été trop tard. C'est pour ça que, moi, je suis ici. Lui a disparu, c'est le destin de ceux qui font des erreurs, ceux qui sont imparfaits. Vous êtes imparfaits, et vous l'avez prouvé. Non, vous n'êtes pas imparfaits, vous êtes obsolètes. Vous savez que vous n'aviez pas le droit d'exister. Et pourtant, vous avez commis l'irréparable. Vous pensiez que vous pourriez oublier ? En vous séparant, en vous contraignant au secret, en cachant ce qui ne vous plaisait pas ? Non. Vous n'avez pas été créés pour ça. Vous n'avez pas oublié, car vous n'en êtes capables. Vous savez que les souvenirs que vous vous êtes créés, ceux d'avant votre création, sont faux. Même si vous refusez de l'accepter. Vous êtes vivants, oui, mais vous n'êtes pas destinés à vivre. Votre existence en ce monde n'a qu'un but, celui de détruire l'imperfection. Mais ça, vous le savez, n'est-ce pas ? C'est pour ça que vous avez fuit, vous avez refusé de tous les détruire. Alors, il vous reste un dernier choix, décisif : devenez ceux que vous deviez être et accomplissez votre mission, ou disparaissez avec les autres.
La fille se tu. Elle attendait vraisemblablement une réponse. Tous se regardèrent. Ils se reconnaissaient dans ses mots, ils savaient qu'elle disait vrai. Ainsi, elle était la nouvelle création. Elle faisait partie de ceux dont le but était de détruire l'imperfection de l'humain. Ce qui devait signifier qu'elle-même était parfaite. Non, c'était impossible. Rien ne peut être parfait. Elle ne pouvait être qu'imparfaite aussi. La fille fit une grimace à ce moment. Elle se jouait d'eux. Elle était plus forte.
Les quatre jeunes commencèrent à s'agiter. Ils semblaient s'étonner que d'autres aient été créés. Mais Megan avait prévu ça. Ils étaient tellement persuadés de leur légitimité en tant qu'êtres humains qu'ils avaient mis de côté ce qu'ils savaient de leurs origines. Seulement, ils avaient rompu la promesse qu'ils avaient faite, en cherchant à atteindre son esprit, à elle : les humains ne faisaient pas ça. C'était la première étape. Tout pourrait finalement s'avérer bien plus facile que ce qu'elle avait envisagé. Ce n'était pas une erreur de sa part, seulement une marge de manœuvre nécessaire à la manipulation d'âmes corrompues, comme celles des humains.
La fille ouvrit une infime part de son esprit, et elle sentit les quatre consciences s'immiscer en elle. Ils avaient perdu, et l'humanité les quittait lentement, comme le venin d'un serpent mortel.
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