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6. Contretemps

Déhon

Je pose mon coude sur le dossier du fauteuil, juste derrière la tête de Nathanaël. Mes doigts glissent ensuite lentement sur sa tempe pour dégager ses cheveux de son oreille. Il lève la tête, j'ai à nouveau le loisir d'admirer l'éclat de ses yeux.

Je les kiffe déjà beaucoup, en temps normal. J'aime encore plus les voir prendre cette teinte un poil plus sombre, signe d'une bonne excitation. Alors je laisse peut-être échapper un sourire satisfait avant de me pencher au-dessus de son épaule.

- Regarde du côté de la scène, je lui indique. Tu vois la porte « Réservé au personnel » ? Elle donne accès à l'arrière du club. Là-bas, y'a mon bureau et des toilettes privées. Je vais peut-être encore devoir faire quelques aller-retours. Alors si tu te sens mal ou que t'es gavé par quoique ce soit, tu y vas et tu me textes.

On est installés à la meilleure table du carré VIP. La musique y est moins forte et on a une vue imprenable. Déjà sur la marée de corps de la piste, ensuite sur la scène et Kitty - la DJ qui enflamme le Rodrigue tous les samedis. Puis le côté vitré de cet étage donne sur la Seine. On peut profiter de la beauté des bâtiments qui illuminent la ville, sur l'autre versant du quai.

Nathanaël est en première loge de ce panorama urbain. Je l'ai détourné de sa contemplation pensive en engageant à nouveau la conversation. Il se recule un peu pour me parler à son tour, au creux de l'oreille. Son souffle fruité caresse ma joue.

- D'accord, mais le vigile me laissera-t-il entrer ?

- Ouais, t'inquiète. T'auras qu'à donner ton prénom, le staff sait que t'es mon invité spécial. Mais, si ça se trouve, j'aurais pas grand-chose d'autre à régler, ce soir.

- Je l'espère, sourit la petite bombe.

Moi aussi... La majeure partie de mon taf se fait en amont ; veiller aux stocks et au bon fonctionnement des locaux, analyser les chiffres d'affaire, m'assurer que les employés soient pas en galère ou se foutent pas sur la gueule.

Quand je passe, comme ce soir, je réponds aussi aux attentes des clients pour gratter des billets. Sauf que c'est pas mon rôle. Du moins, pas tant que ça touche pas à la distribution des extras proposés dans notre menu spécial. Mais j'ai pu mettre la main sur ce queutard de Léandro. C'est lui qui est censé gérer les thèmes des soirées, leur organisation et les aléas du service en salle. Moi, je vais me concentrer sur une autre tâche : travailler au corps de cette petite merveille.

- Ça te gêne quand je suis tactile ?

Nathanaël s'empresse de répondre :

- Pas du tout ! C'est juste que, comme je te l'ai dit, je n'ai pas trop l'habitude.

J'acquiesce et glisse les doigts de ma main droite contre son crâne. Ceux de ma main dominante longent son avant-bras d'un geste volatile. Je l'aperçois se pincer les lèvres, c'est que je lui fait mon petit effet. Il tourne lentement sa paume, au préalable posée sur sa cuisse, et me laisse la lui gratouiller.

L'affaire est dans la boîte.

- Ça ne dérange personne, qu'on se montre ouvertement aussi proches ?

Son regard inquiet se pose sur les tables d'à-côté. Je soupire, ne prête aucune attention à ces clients, et attire sa tête contre mon épaule. Il se blottit sous mon bras comme un chiot.

- Ça dérange certains, comme partout. Mais ici, personne t'emmerdera.

- Parce que je suis avec toi ?

- C'est ça.

- J'aime bien être avec toi.

- Bon à savoir.

Je ris doucement et presse ma joue contre le haut de sa tête.

Nathanaël m'a toujours l'air assez posé. Mais là, après un seul verre, je crois qu'il commence déjà à être pompette. Lili lui a concocté une de ces boissons dont raffolent les gonzesses. Alors, on sent que très peu l'alcool, ouais. Mais seulement parce qu'il est noyé par le sucre. C'est le genre de cocktail qui fait danser sur les tables, sans même avoir besoin de nos extras.

L'arrivée inopinée de quelqu'un devant notre table me pousse à lever le nez.

Oh non, putain, pas lui. À coup sûr, il va me pourrir mon plan.

- Dédé ! braille Chasm. Tu cherches à me remplacer ? Je suis choqué ! Enfin, au moins, mon rival est super cute (mignon). Je peux taper l'incruste ?

Voilà... Exactement ce je pensais.

Ce petit est un cliché ambulant. Il se lâche dans le fauteuil, juste près de moi, ajuste le haut déboutonné de sa chemise - qu'il laisse pourtant volontairement glisser sur ses épaules pailletées, comme un bustier. Ses doigts fins s'enfoncent dans ses boucles blondes, qu'il ramène sur le côté avant de croiser les jambes aussi serré qu'une petite meuf. Puis il sort son phone de son slim et se prend en selfie.

Son attitude donnerait presque à croire que je l'ai aussi invité. Nathanaël se redresse, interloqué. Je ressens pourtant aucun besoin de me justifier. Ça donne l'air coupable. Je garde simplement la main dans la sienne pendant que j'éclaircis l'histoire.

- Comment t'es arrivé jusqu'ici, toi ?

- C'est Léandro qui m'a laissé monter ! Il voulait ramoner la cheminée de ma pote, alors il m'a même offert une bouteille. Elle devrait pas tarder. Mais j'ai pas envie de rester tout seul et le Rodrigue, c'est clairement pas l'endroit rêvé pour brancher du gibier gay. Enfin, sauf pour toi, on dirait. D'ailleurs, pour info, suis majeur depuis décembre et mon frère, je veux dire ton fidèle soldat, il se fout royalement de savoir qui me saute. Alors, si vous êtes opés pour un plan à trois...

- Chasm...

Je sens les doigts de Nathanaël se relâcher autour des miens. Puis il reprend sa main. Je présente à Chasm la tête des mauvais jours avant de tourner le regard vers Nat. Il se mord la lèvre en posant les yeux ailleurs, histoire de faire semblant de pas calculer, mais son visage est très expressif. La preuve, mon boulet poursuit en se penchant vers lui.

- Oh, je te rassure, chéri, Dédé et moi on n'a jamais baisé. Pas faute de l'avoir chauffé ! Mais je ne suis sans doute pas assez innocent pour qu'il s'intéresse à mon joli petit cul.

- Hé, sérieux. Arrête ça.

Face à mon regard mitrailleur, le blondinet contre-attaque à la moue enfantine.

- Aller, s'il te plait Déhon. Vous vous rendrez même pas compte que je suis là. Je serais sage, promis !

- Tu connais pas la définition de ce mot.

- Je plaide coupable, s'esclaffe-t-il.

Un léger rire m'échappe aussi. Au premier coup d'œil, on lui donnerait le bon dieu sans confession. Sauf qu'il est souvent occupé avec tous les lascars qui s'y intéressent, justement, à son « joli p'tit cul ».

Sauter des mecs comme lui, qui ont des kilomètres au compteur, est beaucoup plus simple. Ils sont disposés à tout ou presque et s'attachent moins facilement. Mais Chasm n'est pas du tout mon type. Trop jeune, déjà. Trop exubérant, aussi. Il parle à tort et à travers. J'imagine que la seule occasion où il doit savoir tenir sa langue correctement, c'est au bout d'une bite pour une éjac' faciale.

Je soupire et me penche vers Nathanaël. Quand même, le pauvre, il doit rien capter à ce qui se passe.

- T'occupes, c'est le petit frère d'un pote.

Il opine. Pas très convaincu, à mon avis. Et... merde ! Mon portable choisit bien son moment pour vibrer.

Je m'excuse auprès de Nathanaël, sors mon portable de ma poche et me lève pour vérifier le message.

« Youcef :

BT / toilettes bonhomme. Type déchaîné, nana hystérique. Menace d'appeler Condé. »

D'un coup, je suis blasé. Faut que je rejoigne Youssef aux chiottes. On doit gérer ce bad trip (mauvais voyage) et embobiner la go pour qu'elle appelle pas les flics.

Putain... Comme si j'avais besoin de ça.

Bon, la présence de Chasm est utile, du coup. Il aime trop jouer les dramatiques, mais il est quand même marrant et c'est un fêtard hors pair.

- Nat, je vais devoir y aller un moment. Ça te dérange de rester avec Chasm ?

Oui, ça le dérange. Je dirais même qu'il est déçu. Chasm a le don de raconter des conneries. Alors je comprends le trouble de la p'tite bouille, mais c'est pas ma priorité.

- Je me ferai pardonner, je lui lance avec un clin d'œil. Et Chasm, je te laisse rester seulement pour lui tenir compagnie. Me fais pas le regretter.

- Si tu m'avais donné ma chance, bébé, tu saurais qu'avec moi, on ne regrette jamais rien.

Il est chiant, sérieux. L'idée de me plomber auprès de mon mec a l'air de l'amuser à donf. M'enfin, j'ai pas de temps à perdre. Un bisou sur la petite bouche sucrée de Nathanaël, un dernier sourire pour achever de l'amadouer - je me pâme à le regarder rougir - et je m'éclipse.

Après avoir dévalé les escaliers, je rafle une canette d'Oasis du plateau d'une serveuse au passage, me faufile entre les gens qui s'éclatent, en évite d'autres qui essaient de m'alpaguer, pour enfin arriver du côté des chiottes.

Un groupe de nanas s'échauffe parce que mon gars bloque le couloir menant aux deux accès et pas seulement celui qui débouche aux toilettes hommes.

- Ah, Déhon ! Enfin ! lance Abdou, en sueur. Youcef m'a demandé de bloquer l'entrée, mais ça râle.

- Laisse râler.

Youcef a bien fait. Malgré la musique, j'entends d'ici l'écho des cris.

- Personne n'entre tant que le problème est pas réglé, je lui ordonne.

Abdou hoche la tête. Je le remercie d'une tape sur l'épaule et avance jusqu'à rejoindre le bordel en cours sur le sol des toilettes.

Je soupire une énième fois en matant le mec se contorsionner par terre. On dirait un remake de l'Exorcisme. Il hurle des propos incohérents et se tape dessus. Crâne, torse, jambes, tout y passe.

Sa nana aussi est déphasée. Elle chiale, l'enjambe en le saisissant par sa chemise déchirée, et beugle presque aussi fort que lui.

Faut qu'on la vire.

Je fais signe à Youcef, debout du côté des urinoirs, les mains sur la tête. Depuis près d'un an, je délègue certaines tâches. Quand je suis pas sur le site, c'est lui qui gère ce genre d'aléas. Mais il apprend encore et là, j'avoue que la situation est impressionnante. Ses traits tirés se détendent dès qu'il me voit. Il accourt.

- Oh putain, t'es là. Le négro est en panique, frère ! Il vient d'arracher sa chemise.

- Il dit que des bestioles essaient de le bouffer ! hurle sa nana.

- Wesh, qui a ce genre de délires, même ? se désespère Youcef, essoufflé.

- Ça a assez duré ! déclare la rousse, qui s'éloigne de son mec pour aller devant les portes des cabines. Je peux pas le laisser comme ça, j'appelle les pompiers.

J'avance direct et saisis le phone, déjà entre ses mains manucurées. Elle lève un regard surpris vers moi. J'accroche solidement ses yeux bleus.

- T'en fais pas, ma belle. Je me charge de lui. Il va se calmer et on va vous installer dans un coin tranquille.

- Euh... D'accord. Mais y'a intérêt à ce qu'on soit aussi dédommagés en boissons !

Tiens, finalement, elle perd pas le Nord. J'opine et adresse un geste à Youcef pour qu'il la dégage des toilettes.

- Elles sont à l'intérieur de moi ! braille le type. Elle essaient de me bouffer le cœur. Aide-moi, s'te plaît !

Je me tourne pour m'assurer qu'on soit bien seuls et vais vers lui.

- Ouais, je suis là, t'inquiètes.

Il est en détresse, mais me paraît pas violent. Je le chope par les aisselles. Putain... Il pèse son poids, le connard. Au prix d'un bel effort, j'arrive à l'asseoir dos contre le mur.

- Regarde, je lui annonce en brandissant la canette. J'ai ramené quelque chose pour tuer les bêtes de l'intérieur.

Je prends une voix apaisante. Les mauvais voyages et les crises blanches, mon premier mec en faisait souvent. C'est un peu comme les crises d'angoisse. Le type doit se calmer pour redescendre. S'il y arrive pas, faudra attendre que les effets de la drogue s'estompent d'eux-mêmes. Clairement, on a pas ce temps. Je reste donc accroupis devant lui comme un putain de coach, comme je le faisais avec Mike.

Vive les bons souvenirs...

- Allez, respire, mon gars. Souffle un bon coup, en même temps que moi. Tu verras, tu te sentiras déjà mieux et je pourrais te donner ça.

Je lui montre encore la canette d'Oasis. Pour l'instant, au milieu de sa crise hallucinatoire, il doit penser que c'est son remède miracle. J'inspire et j'expire comme un con, de manière bien exagérée. Il suit l'exemple.

Je crois que je reste bien vingt minutes sur le carrelage des chiottes avec le lascar. Par chance, il finit par surmonter son bad trip. Je demande à Youcef de les accompagner, lui et sa meuf, jusqu'au salon VIP de l'extérieur.

- Eh, pas par la salle, par contre, je précise. La foule risque de le faire flipper. Passez par l'issue de secours la plus proche pour rejoindre la terrasse. Ensuite, attitre leur une serveuse au parfum du menu spécial. Mais qu'elle leur refile plus de commandes sur cette carte-là, hein. Que des boissons, à mettre sur le compte de Léandro... Et surveille-le de loin. S'il se sent à nouveau mal, on appellera les secours. Dernière chose, je veux leurs identités à tous les deux, qu'on puisse leur mettre un coup de pression si jamais une plainte se profile.

Mon soldat s'exécute. Abdou peut enfin débloquer l'accès. Moi, je fonce dans les locaux arrière pour retrouver ce chien d'italien.

- T'as croisé Léo ? je demande à un hôte du comptoir d'encaissement.

- Je crois qu'il prenait la direction du parking avec une gonzesse, y'a environ trente minutes.

- Il s'est barré ?

- Franchement, je sais pas. Ah non, tiens, le voilà !

Il pointe l'entrée du couloir. Je me retourne. Léandro franchit tout juste la porte de l'arrière. En me voyant, il sort toutes ses dents et écarte les bras en mode vainqueur.

- Ben alors, mon renoi, qu'est-ce tu fous là ? Ton rencard s'est pas passé comme prévu ?

Je vais le niquer...

- Viens avec moi deux petites minutes.

Je lui fais signe d'approcher. Son faciès change. Il a compris que je suis à deux doigts de monter en pression.

On quitte les caisses ensemble. À peine arrivés dans mon bureau, il se défend déjà.

- Je sais, j'ai encore déserté mon poste. Mais je plais ! J'y peux rien, c'est mon petit air Enrique Iglesias. Tu peux pas me reprocher d'en abuser.

Je me retourne à la volée et lui attrape direct le cou. Son dos percute le mur en brique, où je le coince. Il lève les mains sans chercher à se défaire de ma prise. Au contraire, il couine comme un sale rat.

- Déhon...

- Tu plairas plus une fois que je t'aurais défiguré, je gronde, mais le relâche. T'offres encore des accès VIP et des bouteilles, à tort et à travers, juste pour soulever de la michto ?

Il replace les mèches les plus longues de ses cheveux raides en arrière, le temps de reprendre son souffle. Son audace revient avec.

- Et alors ? L'argent ne sort pas de tes poches, à ce que je sache.

- Il y entre pas non plus, avec tes conneries !

Quel abruti, vraiment. Je me passe les mains sur le visage et prends une grande inspiration. Il se mord la lèvre et me fixe avec ses yeux de cocker. J'ai juste envie de le baffer.

- Écoute... Que tu laisses le personnel en galère pour baiser, passe encore. Mais rater une urgence liée à la carte spéciale, c'est prendre le risque que les keufs fourrent le nez dans nos affaires. Alors, je sais que c'est pas ton rôle principal, mais tu dois rester joignable et rappliquer si les gars t'appellent à la rescousse. Ça arrive pas souvent et moi, je réponds toujours présent pour t'aider avec les couilles de la partie légale.

- Ouais, d'accord. Mais t'aurais pas à me stresser si ton cannabis n'était pas de mauvaise qualité.

Je le dévisage, sévère. Il veut vraiment me faire péter un câble ?

- T'engage même pas sur ce terrain, gros. Que ce soit à teneur CBD ou THC¹, tout ce que je produis est nickel. Et à en croire sa meuf, le type a pas commandé de cannabis. C'est plutôt du côté des putains de fournisseurs que Junior et toi avez validés qu'il faudrait regarder. Je vous avais prévenu, pourtant.

- Vas-y, c'est des choses qui arrivent. Vu la marge qu'on a négociée avec les manouches, on va pas chipoter pour un bad trip de merde. Si ça se trouve, c'est juste le gars qui a pas supporté le produit. Je t'apprends rien en disant que les drogues dures sont pas pour tout le monde. Peut-être qu'il était à jeun, ou trop bourré, ou même les deux !

Plus déflecteur que celui-ci, tu meurs.

- Je suis pas là pour faire des suppositions, mec. Je te rappelle juste un truc, pour la dernière fois : on bosse en équipe. Déconne pas avec mon gagne pain.

Il sait combien je suis sérieux à ce niveau. Alors il se la ferme et opine en glissant les mains dans ses poches.

J'en ai ma claque, de ce genre d'embrouilles. Le business au Rodrigue marche à merveille. Je serais vraiment vénère de tomber à cause de guignols comme lui.

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Lexique

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THC¹ : TetraHydroCannabinol, substance active présente dans le chanvre (cannabis). Contrairement au CBD présent dans la même plante, qui est relaxant et entraîne une sensation de bien-être sans dépendance, le THC est un psychotrope euphorisant, peut entraîner des épisodes hallucinatoires, aussi appelés "crises blanches", et causer la dépendance. Sa vente et sa consommation sont proscrites en France, son taux dans les produits dérivés du CBD ne peut excéder 0,3%.

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