Chapitre 5 : Gwendolyne
Lavée, maquillée, mes leggings et mon haut Star Wars enfilés, je sors enfin quelques minutes dans la cour pour mes dix minutes de calme avant d'entamer ma journée. Mon thé/clope du matin, indispensable avant d'affronter les dragons du RER, suivis des nains hargneux du métro, puis des serpents venimeux à la langue bien pendue du bureau. Je jette un œil à ma montre et soupire en voyant qu'il est déjà 7h40. Si je veux avoir le RER de 7h52, il va falloir que je me bouge. Je rentre donc mes deux minets, enfile à la hâte ma veste et mes bottines, attrape mon sac sur lequel trônent les Tortues ninja et pars en courant à la station.
Il est 8h25 lorsque j'arrive devant les portes de mon client et que je badge, et je me permets donc de prendre une pause au deuxième étage, où se trouve le patio fumeur. Un dernier moment de détente avant d'ouvrir ma boite mail et d'hésiter entre jeter l'ordinateur par la fenêtre, insulter les fournisseurs trop stupides ou rire nerveusement aux questions qui me seront posées. Ah, le lundi. Le pire jour de la semaine. Celui où je redécouvre à chaque fois la bêtise humaine. L'inconvénient de travailler à l'international. Tous les fournisseurs et clients n'ont pas leurs week-ends le samedi et dimanche et, pour ceux qui l'ont, à cette heure-ci, l'Asie entame déjà son après-midi et a eu le temps d'envoyer des documents sur la plateforme électronique. Et comme mon travail consiste à gérer la Gestion Electronique des Documents (autrement appelée GED) et à veiller à ce que cette usine à gaz ne saute pas, je sais que je vais encore m'amuser.
Les allers-retours que je constate du coin de l'œil attirent mon regard et je soupire en constatant qu'il s'agit de Marc, un des chefs de projet, qui doit probablement attendre, par politesse, que je finisse ma cigarette avant de venir me demander un service.
- Salut Marc !
- Salut Gwen, ça va, le week-end ?
- Super et toi ? Et le projet ?
- Justement... On a un gros problème avec ABCent... Ils ont mis les documents n'importe où, la GED a dû planter ce week-end, ils ont réussi à entrer tout sans codification, il n'y a pas de signature, c'est...
- La cata ? Ben, ça change ! Ou pas !
- Non, mais... est-ce que...
- Je peux le mettre sur ma liste prioritaire ? Oui, Marc !
- Tu me sauves, merci beaucoup, Gwen !
Et, là-dessus, c'est lui qui se sauve. Il est vrai que son projet est sur le feu en ce moment, avec un pic d'activité mais, à ce rythme-là, je vais finir par le retrouver claqué dans un ascenseur. Et, deux jours plus tard, il serait remplacé par une autre vache à lait qui serait traite jusqu'à ce qu'elle n'ait plus une goutte en elle. Et ainsi de suite... Le monde du travail, quoi !
Après avoir passé la matinée à tenter de rétablir la situation avec les trois projets et la plateforme, je mange dans un petit restaurant du coin avant de retourner à l'attaque des deux-cents mails qui m'attendent tranquillement. Tandis que je m'affaire sur un sujet épineux et journalier d'explications à un fournisseur, j'aperçois ma cheffe qui me regarde, ne sachant pas si c'est le bon moment pour venir me parler ou non. Il faut dire que j'ai un certain caractère, qui plait assez au client car je suis en mesure de remettre les choses en place, mais qui fait que, parfois, on se demande si je vais exploser ou non.
- Oui, Jeanne, tu veux me parler ?
- Oui... Je ne te dérange pas, au moins ?
Je lève les yeux vers elle et esquisse, sans le vouloir, une sorte de rictus moqueur avant de rétorquer :
- Si par-là tu me demandes si je n'ai plus de problème et donc du temps à t'accorder, la réponse est non ! Mais on va faire avec parce que, si tu attends que j'ai du temps, tu vas prendre racine !
Elle tire une chaise du bureau d'à côté, encore vide, et vient s'installer près de moi, dans l'open space. Elle doit avoir quelque chose d'important à me raconter pour prendre le temps de s'asseoir, alors qu'elle est toujours entre deux feux, comme nous tous.
- Pour demain, ton binôme devrait arriver vers 9h30. Je me suis dit que ça te laisserait le temps d'être un peu tranquille...
- Oui, et de gérer les blaireaux du matin, aussi !
- Hum... On va dire ça... Tu sais, Gwendolyne... Nous sommes tous très conscients de tout le travail que tu abats et du fait que personne n'aurait tenu à part toi... La preuve, ceux qui sont passés avant sont repartis au bout de quelques semaines et toi, ça fait presque huit mois que tu tiens la barque... Mais... comment dire...
- Balance ! Qui est venu se plaindre ? J'ai une grande gueule ? Un fournisseur n'est pas content parce que je ne l'ai pas brossé dans le sens du poil ? Un collègue n'aime pas mon nouveau T-shirt ?
- Tu fais un boulot exceptionnel, le problème, c'est juste que tu es un poil trop exigeante...
- Le jour où votre usine à gaz de GED explosera, il ne faudra pas vous plaindre. En prenant un éditeur GED aussi nul, vous ne pouvez pas vous permettre de faire de la gestion de l'information ou documentaire par-dessus la jambe. Ou alors, il fallait investir dans quelque chose de plus complet... et plus cher ! Et, pour les fournisseurs, le jour où une de vos usines aura un accident et que l'on se rendra compte que le plan validé ici n'avait pas été signé par le créateur et n'était donc pas valable juridiquement eh bien... vous paierez la reconstruction à sa place.
Elle me dévisage quelques instants, hésitant probablement sur ce qu'elle doit maintenant me dire. Tous mes arguments sont logiques, et si elle l'est un tant soit peu elle aussi, elle va comprendre que j'ai raison.
- Tu es têtue, Gwendolyne... Mais j'aime les gens qui argumentent et montrent en quoi ils n'ont pas tort ! Juste une demande : lorsque le nouveau sera arrivé, tu auras un peu plus de temps alors, essaye d'être un peu moins cash dans tes mails.
- Je te promets d'y réfléchir, Jeanne. Sinon, on peut aussi leur offrir un cerveau, à certains !
Elle s'est déjà levée et s'apprête à quitter ma zone d'open space lorsque je l'entends me répondre en étouffant un rire :
- Je n'ai rien entendu !
Je me tourne à nouveau vers mon écran, et vois un appel d'un de nos fournisseurs terribles et... gentils, dirons-nous. 17h10. Courage, le binôme arrive demain matin !
Eh eh eh ! On ne m'arrête plus, finalement ! ^^
Première immersion dans le monde du travail de Gwendolyne ! Tout va bien, je n'ai perdu personne ? ;)
Alors, que pensez-vous de Gwen au travail ? Comme vous l'aviez imaginée, ou non ?
J'ai une pêche d'enfer ! Le chapitre 6 est déjà écrit et le 7 est en cours ! Impact Gwen / Raphaël imminent ! Vous avez hâte ? Moi, oui ! ;p
Bon dimanche :)
Sanguinement-vôtre,
Gothycka
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