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5. l'Eveil

*

La présence de l'Originel réveillait mes instincts. Je sentais mon autre s'agiter dans mes entrailles, comme s'il voulait lui répondre. J'essayais de rester maître de mes émotions, de les contrôler mais je ne pouvais me détacher de lui, de son étrange regard triomphant. Mais quelle avait été la bataille ? Et quel en était l'enjeu ? J'avais cette sensation désagréable d'être son pion, qu'il me provoquait constamment et qu'il n'attendait qu'une chose, que je craque.

" Felix, répétait alors Minho. Qui a eu tellement de noms différents que je peux comprendre qu'on le confonde mais quand même. Il a su marquer les esprits à bien des égards.

- Tais toi. Il n'a pas besoin de savoir. Pas encore", trancha Chris alors qu'il jetait l'éponge dans le bain.

Je regardais Minho et alors qu'il glissait ses yeux sur mon torse, je me souvenais que j'étais totalement nu et sentait mes joues chauffer. Embarrassé, je me glissais un peu plus dans l'eau, espérant mieux me cacher mais je pouvais sentir encore son regard sur moi.

" Il faudra bien lui dire. Comment espères-tu un éveil total sans qu'il apprenne la vérité ?

- N'insiste pas. "

Christopher avait ce ton catégorique qui n'appelait aucune contestation possible, pas même de la part d'un être qui serait surement capable de le tuer en une fraction de seconde. Au lieu de quoi, il remettait ses manches en place et se tournait dans ma direction.

" Prends ton temps. "

Il poussa Minho hors de la pièce et refermait la porte derrière lui. Je sentais subitement mon cœur prendre un rythme effréné. Ou bien est-ce qu'il était déjà dans cet état depuis tout ce temps et je n'en prenais que subitement conscience ? J'avais du mal à respirer alors que j'avais encore cette sensation perçante dans mon dos, le regard du vampire sur moi, qui m'avait sondé comme on sonde un repas.

Je plongeais subitement dans l'eau, espérant noyer toutes ses pensées bizarres et pouvoir reprendre mes esprits.

Après avoir terminé mon bain et m'être habillé d'une simple chemise blanche et d'un pantalon noir, je descendais les marches jusqu'à rejoindre le rez-de-chaussée. Je les entendais du côté de la verrière, à l'arrière. Je m'avançais calmement, ayant toujours cette sensation de chaleur incandescente dans la poitrine. Je soupçonnais que ce n'était pas simplement la gêne de s'être retrouvé nu devant l'immortel, mais davantage ma Libération qui refaisait des siennes. J'avais encore une fois les dents douloureuses, l'adrénaline se rependait dans mes veines et rendait ma vision plus nette. Les choses me paraissaient plus proches, et tout en étant éloignées, elles étaient à porter de main. Si je faisais un seul pas, je franchirais tous les mètres qui nous séparaient en un claquement de doigts, un éclat invisible pour me retrouver tout près de la grande commode du couloir de verre.

C'était moins douloureux à vivre, plus facile à appréhender mais ce n'est pas encore ce que je pourrai appeler, une sensation naturelle. Elle me révulsait car malgré moi, je commençais à l'accepter.

" Il est toujours amnésique, dès que son côté vampire prend le pas, il oublie tout. Comment veux-tu que je lui fasse part de plus de détails ?

- Cesse d'être naïf. Il ne pourra devenir totalement ce qu'il doit être que s'il connait son passé. Si tu lui caches, il n'arrivera jamais à s'éveiller.

- Est-ce finalement une si bonne chose ? Je ne sais plus...

- C'est pas comme s'il avait le choix. C'est son destin. Celui que ces parents avaient choisi.

- Des criminels...

- Des vampires."


En m'approchant de la verrière, je vis Minho tout près de Chris, ses mains étaient posées sur son visage et son pouce caressait ses lèvres d'un geste lent, consciencieux. Je sentis un brusque élan de rage me gonfler la poitrine. Presque un cri de bête blessée et me faisant voir rouge.

Sans faire plus attention à annoncer ma présence, j'entrais dans la verrière ce qui les fit à peine se retourner, si Christopher semblait surpris, Minho était indifférent.

" Jisung", m'appelait mon tuteur alors qu'il retirait les mains du vampire de son visage.

Il s'approchait jusqu'à venir me regarder de la tête aux pieds, un petit sourire en coin alors qu'il constatait que je portais l'une des chemises qu'il m'avait offertes il y a peu. Plus saillante que les vêtements que je portais jusqu'à maintenant. Elle mettait en valeur ma silhouette que je persistais à vouloir cacher dans des pièces toujours plus amples.

Ça serait mentir de dire que je l'avais mise sans arrière-pensée.

Malgré moi, j'eu un regard vers l'Originel qui était resté en retrait. Alors que Christopher me tapotait l'épaule pour retirer un pli, nous nous jaugions comme deux mâles se battant pour les attentions du même partenaire. L'analogie prêtait à rougir, voire à sourire, mais ma colère m'empêchait de me confondre dans ma timidité habituelle.

La prise de conscience sur ma nature m'avait peut-être fait murir rapidement, ou bien était-ce mon Hôte Ténébreux qui prenait le dessus ? Qu'importe la raison, je ne courbais pas l'échine devant Minho et au lieu d'en être moqueur, il me regardait avec un sérieux glacial.

" Franz va préparer tes affaires, me dit Chris.

Rompant le contact avec le vampire, je revenais vers mon tuteur, intrigué.

- Pourquoi faire ?

- Je te l'ai dit. Tu vas suivre Minho, pour ton apprentissage.

- Mais...Déjà ? Je veux dire, on ne peut pas commencer ici ? Je suis obligé d'aller avec lui ?

A nouveau j'étais ce petit garçon effrayé et sentant ma perturbation, Christopher me prit les mains, se positionnant devant moi pour m'obliger à le regarder.

- C'est nécessaire. Il faut que tu apprennes à contrôler cette part de toi, sinon tu risquerais de devenir incontrôlable et...Sanguinaire. Être vampire ne signifie pas faire ce que l'on veut. Il y a des règles et Minho pourra te les apprendre."

Je savais que je n'avais pas mon mot à dire et voir Christopher aussi ferme, même si toujours très délicat, il n'y avait aucune échappatoire. Je me mordais les lèvres, frustré de ne pouvoir refuser et le supplier de me laisser rester auprès de lui. Me séparer était aussi terrifiant que douloureux. Je n'avais connu que Chris, mon monde tournait autour de lui depuis toujours.

" Nous nous reverrons vite, il murmura finalement.

- Quand ? Je soufflais du bout des lèvres.

Mes yeux se perdaient dans les siens, essayant d'y trouver une affection plus profonde, qui pourrait satisfaire un manque certain qui me gagnait peu à peu et que j'avais essayé jusqu'ici de ne pas voir.

- Peut-être un an. Environ.

- UN AN !"

Ma voix avait porté malgré moi. J'entendis un soupire derrière lui et je vis Minho s'approcher, penchant la tête d'un air dédaigneux. Il m'insupportait. Tous mes sens étaient en alerte quand il était près de moi et voyant mon regard changer de couleur, Christopher me tirait un peu plus contre lui.

" Ça passera vite. Et puis, ce n'est rien dans la vie d'un vampire, il tenta de plaisanter.

- Je ne vous manquerai pas ?

- Bien sûr que si."

Je me rapprochai, surprenant Chris qui me regardait faire et lentement, je passais mes bras autour de ses épaules avant de me hisser contre lui et venir enfouir mon visage dans son cou. L'odeur de sa peau, sa chaleur.

Je suis sûr que son sang est sucré.

Ma proximité soudaine l'avait rendu perplexe et même si je m'étonnais moi-même, je ne reculais pas. J'allais bientôt partir et mon cœur se languissait de pouvoir enfin obtenir un peu plus que quelques attentions. J'osais alors reculer et venir déposer un baiser papillon sur la pointe de ses lèvres. La sensation était particulière. Rondes et striées de ses petits plis. Douces, charnues. Elles me laissaient sur ma faim et davantage perplexe, Chris ne faisait pourtant rien pour me repousser.

" Je pense qu'il ne vivra plus d'amnésie, dit alors Minho à Christopher en passant à côté de nous, un petit rire sarcastique. Regarde-le, il ne se rend même pas compte que c'est son Hôte Ténébreux qui lui donne tout ce courage.

- Alors, chuchota Christopher. Ce n'est pas Jisung ?

- Je t'en prie ! Se plaignait Minho. Ce n'est pas un être différent qui vit dans le corps de ton protégé, il devient simplement lui-même."

Ils continuaient de parler comme si je n'étais pas là et moi, j'essayais de comprendre ce qu'il voulait dire. Il est vrai que j'avais eu peu de crainte dans l'action et je n'avais aucun regret. Comme si j'avais gagné une brusque confiance en moi. C'était pourtant naturel, ça me paraissait naturel.

" Tu devrais me remercier, Jisungie, c'est grâce à moi, me sourit encore l'Originel fier de lui.

- En quoi ? Je demandais froidement ne relevant pas le surnom infantilisant.

- Un Originel en appelle un autre. "

Je voulais bien le croire, mais je n'en étais pas heureux. Je sentais mon souffle devenir plus rapide, mes muscles eux-mêmes se contractaient. Minho avait un sourire encore plus grand, observant très certainement des changements que je ne pouvais percevoir, mais simplement imaginer.

" Partons, il s'exclamait soudainement en sortant de la pièce. Il nous faut arriver chez moi avant la nuit et je ne suis pas certain que tu puisses suivre la cadence."

***

J'étais prêt, le vague à l'âme mais j'obtempérais, sentant encore les pulsations régulières de mon cœur résonner dans mes veines, mes tempes, jusqu'à me donner une sensation d'oppression qui était moins désagréable avec le temps. Je m'habituais.

Alors que j'allais rejoindre Minho qui m'attendait sur le seuil de la porte du château, Christopher me retint par le bras. Je me retournai, ne voulant pas nécessairement lui montrer à quel point j'étais triste mais c'était plus fort que moi, je n'arrivais pas à lui cacher et évitait alors soigneusement son propre regard que je craignais qu'il ne reflète que la déception face à ma puérilité. C'était tout ce que je détestais le plus, continuer d'être un enfant capricieux à ses yeux, bien que je ne puisse pas dire que je l'ai été un jour mais c'était la peur qui parlait et me faisait baisser la tête. Il avait été mon monde, tout ce temps, mon existence n'avait tourné en boucle qu'entre ses quatre murs, aussi haut soient-ils, et sous les yeux attentifs du maître des lieux. Ses légères boucles chocolat, son regard qu'il m'est toujours aussi difficile de tenir.

Voyant que je ne me décidai pas à le regarder, il m'attira à lui avec force mais sa poigne était plus faible que je ne l'imaginais. Je me redressai finalement, surpris par son geste et je n'eus pas vraiment le temps de réagir, qu'il remontait ses mains sur mon visage, soupirant avant de se pencher et déposer un baiser chaste sur la pointe de mes lèvres.

Une forte sensation de picotement se propageait dans tout mon corps, une vague de fourmillement qui se logeait dans mon estomac et me donna une brusque sensation de vertige. Mon cœur s'arrêta tout du long, des secondes interminables où le temps s'arrêtait sur l'aspect satiné de la pulpe de sa bouche. Le parfum fruité que je me retrouvai incapable de définir avec précision mais qui pourtant était limpide dans mon esprit, mon âme. C'était acidulé, doux comme du coton. Assurément autre chose que le premier petit baiser timide que je lui avais volé plus tôt. Assurément plus captivant.

Il était réel. Pas un élan désespéré d'un garçon qui découvrait seulement des émotions nouvelles à chaque seconde, bien moins innocentes, ou du moins de je l'espérais. Je le désirais.

C'était le baiser d'un homme à un autre homme et mon corps se fondait littéralement contre le sien, jusqu'à venir entourer sa taille et le serrer avec force dans mes bras. Un peu trop de force.

"Aïe..., se plaignait Chris en reculant. Tu m'étouffes... Jisung... "

N'ayant absolument rien remarqué, je le libérais, en me rendant subitement compte de la pression que j'avais exercé sur son corps mortel. Ma force avait changé, comme tout le reste.

Il se retira lentement, malgré mon imperturbable esprit de vampire j'étais plus que troublé. J'étais encore sur un nuage, rougissant malgré mon sang froid, mes lèvres de glaces se faisaient flammes ardentes de l'enfer. Un paradoxe appétissant.

" Reviens moi vite, il murmura avec un léger sourire.

Un sourire presque trop paternaliste pour être celui d'un amant mais je préférai balayer mes pensées obscures, pour me concentrer sur ce qu'il m'avait accordé. L'attention que je quémandais depuis tout ce temps.

- Cela me semble déjà une éternité," Dis-je encore du bout des lèvres.

En bas des escaliers, dans l'allée des grands cèdres bleus, l'impatience de Minho commençait à me piquer la peau et m'enveloppait peu à peu, je pouvais ressentir comme un changement dans l'air, une pression atmosphérique qui s'exerçait sur mes épaules. C'était toutes ces différences, toutes ces perceptions qui changeaient. Des choses comme la haine, la douleur, la passion. Tout avait une couleur, une odeur. Tout était facile à deviner et comprendre.

Je tenais toujours la main de Chris dans la mienne et je m'approchai du vampire dans sa grande gabardine noir. Adossé à un lampadaire de l'allée, il décroisait les bras en me voyant, une petite bourrasque vint secouer ses mèches sombre et son regard aussi brillant qu'un astre dans la nuit se posait sur nous, totalement imperturbable. Pourtant je sentais le tumulte, la petite contrariété que de me voir encore accroché à l'homme qui représentait mon monde, mon humanité. Bien caché et pourtant présent, comme une note poivrée qui me faisait retrousser les narines.
Il claqua soudainement la langue, en détournant le regard.

" Si vous avez fini vos adieux larmoyants, nous avons de la route, il trancha brusquement.

- Minho", gronda presque Christopher tout en revenant devant moi, jeta un rapide regard au vampire qui levait les yeux au ciel, alors qu'il me faisait face, une dernière fois.

Aucun mot ne fut échangé, rien de plus qu'un sourire attendrit et d'un nouveau baiser sur mon front. Je fermai une seconde les yeux sous la sensation éphémère avant de le voir s'écarter, faire s'évaporer les restes de la chaleur qui m'avait jusqu'ici protégé de l'extérieur.

Minho partait déjà et moi je le suivais, ne pouvant m'empêcher de regarder derrière moi. La silhouette de mon protecteur devenir de plus en plus petite, et puis enfin disparaître.

La longue veste noire du vampire virevoltait face au vent. Ses longues manches blanches dépassaient du manteau, le pantalon noir serré et la ceinture épaisse autour de sa taille l'affinait davantage. L'ensemble ressemblait à la mode du siècle dernier, semblable aux images que j'avais retrouvé dans mes livres lorsqu'il décrivait l'aristocratie du XVIIIème siècle. Il devait être ancien. Puissant à n'en pas douter et je le sentais même sans en comprendre réellement la mesure. Plus je le regardais et plus j'en étais sûr.

C'était une aura menaçante et à la fois hypnotique. Comme un fantôme qu'on voulait toucher pour s'assurer de son existence. J'étais certain qu'il pourrait me tuer, s'il en avait envie.

Il me rappelait le vampire de cette fameuse nuit.

" Les vampires ont parfois le ton sarcastique, c'est quelque chose que Chan a toujours détesté, chuchota Minho.

Il faisait allusion à sa remarque, plus tôt.

- Il n'est pas rancunier, je dis finalement, toujours à quelques pas derrière lui alors que l'on approchait du portail extérieur du Domaine.

- Oh tu as encore beaucoup à apprendre sur Christopher Bang, rit Minho.

- Que voulez-vous dire ?

- Je me comprends. Mais je dois reconnaître que je suis un peu surpris. Etrangement ton attachement pour Chan ne s'est pas dissout, malgré ton état. Tu parais moins vulnérable mais toujours aussi naïf.

- Arrêtez de jouer aux devinettes et dites moi le fond de votre pensée.

Je ne sais pas si c'est ma nouvelle nature ou si c'était Minho et son sourire provocateur mais je ne pouvais m'empêcher de montrer les crocs. Et cela avait l'air de l'amuser.

- Je ne veux pas te blesser, il minaudait en appuyant chacune de ses syllabes comme s'il prenait plaisir à garder vicieusement son secret. Nous reprendrons la conversation une fois arrivé dans ma demeure."

Le trajet me semblait interminable, Minho m'expliquait qu'en temps normal, il aurait utilisé ses capacités pour franchir les kilomètres qui nous séparait de sa maison en quelques secondes mais à défaut de pouvoir savoir ce que j'étais capable de faire, il ne pouvait se permettre de tester mes limites. Pas encore. Songeant à ce qui allait me transformer, chaque jour un peu plus, je sentais la boule loger dans mon estomac grossir et me rendre de plus en plus nerveux, à mesure que nous traversions la ville et que nous arrivions au milieu des quartiers populaires de Prague. Je me souvenais alors de la dernière fois que j'y étais venu, que j'avais eu mon premier repas. L'hybride que Chris m'avait offert. Ma Libération.

" Je ne me souviens pas du goût du sang, dis-je alors encore dans mes pensées. Est-ce qu'il a toujours le même goût ?"

Minho avait cet air énigmatique, l'air de tout savoir et en même temps, de ne pas vraiment en avoir quelque chose à faire. Je m'attendais à une moquerie mais il gardait son air sérieux, pour finalement me répondre sincèrement.

" Non. Cela diffère de la créature, de son âge. Parfois de ses sentiments, de son état d'esprit. Globalement, on dit que le meilleur sang est celui des victimes plus jeunes, innocentes. Des enfants. Les enfants vampires davantage encore.

- Le sang des vampires nous nourrit ?

- Plus que tout autre. Mais cela nous est interdit, c'est une forme de cannibalisme chez nous. Même si quelques vampires, les plus hauts dans la hiérarchie, arrivent à se permettre ce type caprice. Alors on ferme les yeux car on ne peut pas grand-chose contre eux."

J'imaginais planté me crocs dans la gorge du vampire qui hante mon esprit lorsque je repense à mon enfance.

 

" Le sang qui a le plus de saveur est celui des hommes. C'est comme si tu comparais deux alcools. Le whisky est plus fort mais le vin a plus de goût.

- Je n'aime pas l'alcool.

- Dommage, rien ne vaut un bon vin français après une chasse éreintante.

- Je croyais que toutes autre nourriture ou boisson n'auraient plus aucune saveur.

- Grotesque, moqua Minho d'une petite expiration étouffée. Certes, ça ne nourrit pas ni ne rassasie la faim mais c'est un plaisir. Contrairement à ce que tu peux lire dans les livres tous nos sens sont plus développés que n'importe quel être vivant, y compris le goût. Nous avons les palets les plus sensibles.

- J'avais remarqué l'ouïe, la vue également...

- N'oublie pas le toucher. Me répond Minho d'une voix sifflante. Comment t'as paru le baiser de Chan ? Voluptueux, sensuel, tendre et ardent ?

- Comment le savez-vous ?

- Je te l'ai dit. Tu as beaucoup de chose à apprendre sur Christopher Bang."

Le grondement ne réapparut pas, juste un léger frisson de jalousie. Minho avait déjà embrassé Christopher mais ça je le savais déjà. Je m'en doutais, serait plus exacte. Leur proximité, la façon qu'ils avaient de partager un regard comme s'ils revoyaient à chaque fois tous les autres moments, tous les souvenirs qu'ils avaient en commun. Chris était convoité, il l'avait toujours été. Tous ces hommes qui venaient, l'odeur qu'il avait gardée sur lui. Les sourires polis, séducteurs, le jeu pour lequel je n'étais pas initié. Toutes ces images me donnaient le tournis et le parfum de mûre encore plus fort, que je sentais aujourd'hui sur la peau du vampire.

Ça me rongeait de l'intérieur mais je ne disais rien. Je savais que je n'allais que me ridiculiser davantage. Je pouvais sentir son regard condescendant, plein de pitié pour ma personne. Le petit vampire amoureux de son protecteur. Cela devait lui coûter de ne pas simplement s'esclaffer pour me singer mais Minho restait impassible, cette petite lueur vicieuse bien caché derrière ses pupilles légèrement dilatées.

" J'en conclus que vous êtes tombé dans ses filets ? Je répondis plus acerbe que je n'aurai aimé.

- Je ne tombe pour personne, il dit simplement. Jusqu'à présent tu es le seul que je connaisse qui soit vraiment... tombé dans ses filets, comme tu dis. Les vampires évitent de s'amouracher d'un humain. C'est comme de tomber amoureux d'une courgette...

- Chris serait ravi d'être comparé à une courgette.

- Ooh...Tu comptes rapporter à ton cher et tendre ? Sourit Minho sournoisement. Je t'en prie. Va donc pleurer dans les bras de ton Christopher adoré. En attendant, tu pourras toujours te lamenter que tu sois le seul à ne pas avoir encore visité sa couche parce que je t'assure mon mignon petit vampire, tu ne seras jamais rien de plus qu'un petit garçon perdu à ses yeux. A moins que tu ne le forces ? Il est mignon quand il se débat. "

Minho passe la langue sur ses lèvres et d'un geste vif j'essaie de lui attraper le cou, sans succès et il ne résiste pas à rire, à gorge déployée. Se moquant ouvertement de ma mine furieuse, de l'aura meurtrière qui ne l'intimide pas le moins de monde. J'ai encore plus envie de lui écorcher la peau du visage, je sens mon cœur battre à tout rompre, le sang pulser dans mes veines comme un tambour assourdissant. La douleur, les dents, quelques choses qui pointent et qui le fit s'arrêter dans sa crise de fou rire.

" Voyons Jisungie, tu veux me tuer c'est ça ?" Il gronde d'une voix plus dure, plus forte qui fait vibrer toutes les fibres vampiriques de mon corps.

Comme un appel bestial.

Je sens ma vue se rétressir, devenir encore plus affuté et ses mouvements me paraissent alors plus de clarté. Sa peau blanche, encore plus limpide. L'odeur de sa chair, le bruit que fait son propre sang, le froid qui l'enveloppe et l'autre point chaleureux au fond de sa poitrine. Une pointe d'admiration. De fierté.

" Allons, je plaisantais", dit il alors absolument pas sincère.

Je sais bien qu'il avait fait exprès de me provoquer, que cela relevait davantage du jeu pour lui que d'une réelle méchanceté à mon encontre. Peut-être aussi qu'il était agacé. Pourquoi ? Je ne le savais pas encore.

" Tu n'as rien à craindre. Je ne ferai rien à ton cher et tendre."

Sa voix était devenue plus dure, moins ironique et beaucoup moins sardonique, comme si son masque s'effritait et que sa froideur reprenait sa place. Il avait repris la route en silence, la discussion avait coupé court, et j'avais encore du mal à desserrer les dents. Relevant alors simplement mes yeux sur la silhouette du vampire, je le vis porter sa main à l'endroit même où j'avais essayé de le saisir et lorsqu'il regarda sa paume, je remarquai les petites gouttes imperceptibles de son sang noir.

Après de longues minutes de marches encore dans la ville, nous arrivâmes enfin dans le quartier juif de la ville et ses immenses bâtisses résidentielles aux moulures et couleurs pastel. Un quartier chic, qui respirait l'opulence de l'ancien Empire Autriche-Hongrois.

" Nous sommes arrivés." Dit Minho en arrivant devant un escalier de pierre clair. Les murs du bâtiment étaient en vert amande et les boiseries blanches des fenêtres se mariaient aux rideaux de dentelles tirées pour préserver l'intimité des occupants.

Minho ouvrit la marche, m'emmenant à l'intérieur jusqu'au grand escaliers de bois en colimaçons. Je n'entendais pas le moindre bruit, ne sentait aucune présence et quand Minho s'arrêta au troisième étage et qu'il ouvrit la porte, je remarquais alors que je faisais face à une grande suite, tout en longueur, fauteuils duveteux, un grand lit, un secrétaire et un bureau devant les grandes fenêtres. C'était une chambre royale, avec une salle de bains privées sur le même palier.

" Le bâtiment m'appartient intégralement. Tu vivras à cet étage, je serai à celui d'en dessous. Les cuisines sont au rez-de-chaussée et un chef vient tous les jours pour préparer les repas, pour donner le change... Le salon et la grande salle à manger sont également au rez-de-chaussée, de l'autre côté et donnent sur la cour arrière. Il y a un piano dans le salon si ça t'intéresse..."

Je redresse la tête à l'entente de l'instrument. Je déglutis et je regarde encore une fois la suite qui va être la mienne, pour un temps encore indéterminé, si ce n'est déterminable.

" Installe toi, dit il presque plus avenant. Quand tu seras prêt, retrouve-moi dans le salon. Il nous faut dîner.

- Quand vous dîtes dîner...

Minho esquisse un de ces sourires espiègles habituel, faisant rétrécir ses pupilles. Comme ceux d'un félin.

- Je veux dire chasser."

La lumière tamisée du coucher de soleil qui filtrait à travers les rideaux de dentelles léchait sa peau translucide. Ces cernes étaient plus prononcés sous cet angle mais au lieu d'être maladif, il me donnait la sensation d'être une statue animée. Une beauté intemporelle, sculptée par les meilleurs artistes de la Renaissance.

Ce vampire inspirait le mystère et le charisme, quelque chose d'irrésistible et d'agaçant à la fois. Il était impossible de ne pas tomber sous le charme de son regard couleur de vin de bordeaux, qui ne reflétait les lueurs pourpre que lorsque les rayons du soleil traversaient ses iris. Le regard de l'immortel, gorgé de sang et de faim. C'était une créature qui aurait donné envie à n'importe qui de s'enfuir, quand moi je me perdais dans sa contemplation. Malgré la haine qu'il m'inspirait, mais aussi l'envie. L'envie d'avoir son assurance, de lui ressembler.

L'envie de pouvoir connaître ce qu'il connaissait, éprouver ce qu'il éprouvait, sans m'en montrer affecté comme je le faisais à chaque fois. D'être aussi dur et féroce, pour pouvoir gagner ce que j'aspirais à posséder. Assez de courage pour retrouver le vampire qui avait tué mes parents, assez de courage pour gagner le cœur de Chan.

Minho me laissait seul après quelques secondes. Je me retrouvais à arpenter la suite, en passant du lit recouvert de tissu doux et épais, des tissus de velours couleurs crème, jusqu'au fauteuil carmin au bois sombre et au tapis lourd et de la même teinte que les rideaux blanc cassé. J'allais jusqu'au secrétaire. Un petit bureau de bois d'ébène, posé près de la fenêtre. Le couché de soleil était magnifique depuis cette fenêtre, la vue y était particulière, intimiste. Il se dégageait de cet endroit une étrange sensation de sécurité, de protection qui me donna envie de m'y asseoir immédiatement et de me plonger dans la vue que j'avais d'ici, du reste du quartier.

Je me sentais étonnement à ma place et parfaitement à l'aise. C'était presque troublant, des émotions humaines me donnaient un sentiment de mélancolique comme si je m'étais retrouvé dans ma petite maison de bois, éclairée par le feu de cheminée.

Bizarre.

Après une bonne heure et alors que le ciel était maintenant sombre, je sortis de mes appartements pour rejoindre les étages inférieurs, je passais devant la porte des appartements de Minho qui attirait aussi tôt mon regard. Je continuais néanmoins, sachant parfaitement que le vampire était au rez-de-chaussée, j'entendais d'ailleurs le bruit d'un phonographe qui diffusait une petite musique jazz dans tout l'immeuble.

En arrivant enfin à l'étage souhaité, je remarquais les deux grandes portes fermées un peu plus tôt et qui étaient maintenant ouvertes donnant respectivement sur la droite dans les grandes cuisines aux couleurs de cuivre et de métal foncé, sur la gauche, dans l'immense salon dans les mêmes tons chaud, de marron et de terracotta. Des tapisseries au sol, le bois travaillé du parquet et les tableaux de maître sur les murs. L'endroit correspondait à l'élégance de son propriétaire, à son intemporalité tout en venant d'une époque abolie par les guerres. La noblesse d'un temps jadis et Minho s'y mariait parfaitement, assis sur un fauteuil, mains jointes et la tête penchée en direction de la fenêtre, regardant dans le vide.

" Ta chambre te plait ?" Il me sourit presque avec douceur.

Je devais avouer qu'une petite voix en moi me hurler de me méfier, mais une autre le trouvait toujours plus attirant. Pas étonnant pour une créature créer pour manipuler sa proie, par un simple regard.

" Oui, j'avouai.

- Parfait."

Ses yeux brillaient d'une excitation impatiente, sa bouche rouge s'arquait en un sourire encore plus satisfait et fit réagir mon sang de vampire qui comprenait alors son message. La chasse l'exaltait, il avait faim et son pouls frémissait d'avance.

Une seconde, je songeais à Chris, à son sourire tout travaillé pour me mettre à l'aise, à la douceur de ses lèvres mais elle disparut dès l'instant où je sentis le vampire se rapprocher. Je me sentais tétanisé, alors que ma tête devint soudainement lourde, et mon corps tangua une seconde.

" Jisung, tu vas bien ? Il me demanda inquiet.

- O-oui, je le rassurai péniblement en me frottant les yeux. J'ai eu un petit vertige, rien de grave.

- C'est la faim, sourit alors Minho. A en juger par ton teint, tu n'as pas mangé depuis un petit moment."

Minho se rapprocha davantage, me faisant me figer alors que sa main se portait à mes joues. Je ne pus même pas reculer ou le repousser, aucun membre ne répondait à mes battements de cœur paniqués.

" Dès que tu auras bu du sang, tout ton visage deviendra bouillonnant de chaleur. Comme un nouveau né.

- Est-ce que je serai conscient ?

Minho battit rapidement des paupières avant d'esquisser un sourire.

- Bien sûr. Ton éveil devient de plus en plus complet. Ton côté humain est encore bien présent chez toi, ce qui n'est pas étonnant mais laisse le temps faire les choses. Le psychisme d'un vampire est fragile au début de son initiation, il est facile de basculer d'un côté ou de l'autre de l'éventail du Chemin Obscure.

- Et de quel côté êtes-vous, Minho ?"

Un nouveau sourire énigmatique. Bien moi machiavélique que mélancolique avant de le voir s'évanouir comme une illusion. 

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