2. Parmi nous
*
Parmi nous vivent des familles qui sont immortelles de génération en génération. Certaines vivent tellement recluses de la société qu'on ne peut même supposer de leur existence. D'autres se mêlent à la foule et se font passer pour des mortels. Puis il y a les hybrides, les vassaux, les inférieurs, les incomplet de l'espèce. Le fruit des familles « pure ». Tout vampire n'a pas la faculté d'en faire à sa guise, il faut être descendant des premiers immortels, un hybride ne peut que faire une coquille vide, un corps sans vie.
Lorsqu'un vampire est créé il lui est impossible de tuer son créateur comme un enfant ne pourrait tuer ses parents, les hybrides ne possèdent pas les facultés des immortels, ils ne sont que des mauvaises copies qui se nourrissant de sang à peine au-dessus du commun des mortels.
Pendant longtemps les hybrides étaient des tâches de la société des Sang-froid, leurs maîtres se divertissaient en les torturants durant l'époque des grandes conquêtes, ce ne fut que bien plus tard que le génocide s'arrêta reconnaissant enfin leur droit d'éternité.
Avais-je été mordu ? Je ne me souviens plus. Mes véritables souvenirs remontent au début de ma jeunesse en tant que nouvel immortel, étais-je un hybride ? Chris n'a jamais voulu me dire quoi que ce soit, il ne m'a pas non plus dit ce qui était arrivé aux corps de mes parents, ni comment lui-même était arrivé là. Je ne suis que son disciple, sa chose, son protégé. Pendant presque dix ans je n'avais aucun droit de sortie, cloîtré dans un immense palais je passais mes journées à explorer les quatre cent chambres de cette demeure. Je suivais une éducation stricte, j'avais un professeur personnel qui m'enseignait toutes les sciences possibles, j'étais particulièrement doué, j'étais une expérience moi-même.
Comment fonctionnait les vampires ? Étais-je un hybride ou un originel ? Pourquoi n'avais-je jamais réclamé une goutte de sang ?
Chambre après chambre, durant mon temps libre j'apprenais à mon tour l'histoire de l'homme qui s'occupait de moi. Christopher Bang était le digne descendant d'une famille royal d'Autriche.
Dans l'un des couloirs aux lumières ternes et au mur tapissé rouge sang, une fine ligne d'or séparait l'inférieur la partie du mur en velours vert sapin. La partie haute était habillée des portraits de ses ancêtres, des rois, des comtesses, des familles entières. L'un deux m'avaient marqué plus que tous les autres. Un homme à la longue chevelure noire, des yeux d'un bleu sibérien, la peau pâle presque bleu, des cernes soulignant sa beauté époustouflante, il avait le visage si fin que les aspects féminins de sa personne ne faisaient que renforcer sa splendeur. Chris ne lui ressemblait en rien, il ne ressemblait à aucun des tableaux précédents et j'en eu des frissons. L'impression que ces yeux de verre me fixaient et me transperçaient le cou. Dans l'instant, j'eus un pas de recule et je partis en courant comme pour fuir cet endroit mystérieux. Je craignais de le voir bouger de la toile et de me sauter dessus.
Cet homme que je ne cessais ensuite d'imaginer.
Ce labyrinthe de pièces me donnait parfois le tournis. Il serait facile de s'y cacher, pour quiconque. La boule au ventre à l'idée d'y trouver un jour un inconnu, je demandai un soir à Chris s'il avait déjà été dans toutes les pièces de la maison. Il m'avait répondu que même lui n'en connaissait pas la fin. Bien que je fusse inquiet quelques secondes plus tôt, le ton désinvolte de mon tuteur me donna envie de sourire. Pourtant en sa présence je me faisais violence pour ne pas montrer mes émotions et c'est ainsi qu'au fur et à mesure de mon éducation et de ma croissance je devins de plus en plus dur. Christopher m'avait appris l'élégance, la transparence, le charisme d'un roi et l'heure de revoir le monde de l'extérieur approchait.
Les étoiles scintillaient dans le ciel cela faisait tellement longtemps que je ne les avais pas contemplés, j'avais l'impression qu'elles étaient plus nombreuses et plus belles que jamais. La voiture de Chris m'attendait en bas des marches, notre château était entouré d'une immense forêt il nous fallait la traverser pour arriver en ville. Lorsque j'eusse mis le pieds sur les pavés de Prague, j'en eus presque le souffle coupé, tout avait tellement changé. Les habitants, les édifices, les maisons. Je n'étais plus qu'un enfant qu'on avait tiré du passé.
« Nous arrivons » Dit il.
Il n'y avait plus lieu de mon ancienne petite maison de pin, il n'y avait que des immeubles, des fabricants boutiques après boutiques, il n'y avait plus de rire d'enfant. Ma chère petite maison avait été détruite. On l'avait brûlé comme on m'avait privé de mes souvenirs d'enfant, je ne me souvenais plus de rien mise à part cette soirée épouvantable. Le début de ma vie de Démon.
J'avais dix-huit ans, nous sommes allés marcher sur les trottoirs de la ville et je tentais de rester le plus naturel possible, Chris était calme, dans son grand costume noir, sa chemise rouge bordeaux et ses cheveux brun lui cachant le front. Un charisme impérial sa présence rafraîchissait l'ambiance. Je me suis arrêté devant une vitrine, mon reflet m'immobilisait, il ne manquait pas de miroir dans le château des Bang et pourtant la vue qui s'offrait à moi m'avait pris les tripes. Qui étais-je ? Un orphelin ? Un étranger dans ma ville d'enfance. Je n'avais pas existé ou je n'existais plus. Mes cheveux blond caramel, quoi que plus foncés avec le temps, étaient toujours là, ma pâleur glaciale, mon regard de charbon, tout était là et pourtant je ne savais pas qui j'étais.
« Tu es un vampire Jisung. Un beau vampire. » m'avait murmuré Chris en passant ses mains sur mon cou
Il pencha ma tête légèrement sur le côté pour enfouir son visage au creux de mon cou, il ferma les yeux s'enivrant de mon odeur et posant ses délicates lèvres justes en dessous de l'oreille. Mes yeux s'assombrissaient, s'égaraient, j'étais pantin entre ses mains. J'étais sa chose, son vampire.
« Je ne suis que ça à vos yeux ? »
Il me regardait par le billet de la vitrine et me donna un sourire doux et à la fois séduisant, il me prit la main comme si j'étais son enfant et m'emmena plus loin. Nous sommes ensuite arrivés devant une grande bâtisse, une sorte de vieille bicoque abandonnée. A l'intérieur tout craquait, il y avait deux trois sans abris qui vivaient là. Au fond des ruelles de Prague, je vagabondais dans un trou à rat.
Nous sommes ensuite arrivés dans une pièce sombre éclairée par des bougies. Il y avait une sorte de grand drap au centre de la pièce, quelque chose gigotait en dessous et émettait des bruits étouffés. Christopher me lâcha la main pour s'approcher de cette chose, j'eu un regard effrayer à l'idée qu'il allait soulever le grand drap. Mon cœur s'arrêta momentanément lorsqu'il retira le tissu et que je découvris un homme ligoté, bâillonné mais mon effroi fut plus grand lorsque je m'aperçus que des dents brillantes lacéraient le tissu qu'il avait dans la bouche, des cheveux sombre, la peau aussi translucide que la mienne, un regard furieux. Ce fut la douche froide.
Une explosion de souvenirs, le corps de ma mère rigide, le regard d'un rouge étincellent, le sang, le sang...LE SANG !
L'immortel. Il n'y avait aucun doute, c'était l'assassin de mes parents.
Aussi tôt la colère m'envahissait, mes poings se serraient, j'ai senti mes ongles se planter dans ma paume, mes pupilles se contracter ressemblant maintenant à deux fines lame noir entourées de sang. Les dents serrées, la sensation de devenir un prédateur. Un meurtrier. L'envie irrépressible de sang, de voir sa gorge ouverte et la vie quitter son corps. Le mien bouillonnait et je ne voulais qu'une chose. Le tuer.
Christopher posait un regard sur moi aussi froid que la glace, un analysait mon comportement et j'eu l'impression qu'il était content du résultat sans plus attendre il détacha ma proie. Sans plus attendre je lui sautai dessus. Il avait tenté de s'enfuir mais il n'eut pas le temps, sans vraiment me contrôler j'étais possédé par une bête féroce, je n'avais plus la contrainte de mes mouvements, de la rapidité, de la graviter. J'apparu derrière ma chose, toujours aussi assoiffé je l'ai tenu d'une main par la gorge écrasant sa carotide je sentais ses os se briser, son cri était aussi bruyant que le rugissement d'un ours. Un cri déchirant qui eut le don de faire grimacer Chris, spectateur de ma folie.
Une envie incontrôlée de rire, un long sourire s'étira sur mon visage, découvrant mes longues canines. J'avais l'impression de vivre enfin, on avait ouvert la porte d'une cage comme si j'étais resté captif trop longtemps. Beaucoup trop longtemps.
Son cou était broyé sous mes mains, le sang en giclait et coulait le long de mon bras, sa bouche ruisselante, ses yeux exorbités je lâchai le corps du vampire qui retomba à même le sol. L'insensibilité, l'indifférence, je lâchais le sang de ma victime.
« Un simple hybride... » murmura Christopher.
Lentement je me suis retourné vers lui. Une renaissance, une frontière dépassée je regardais mon tuteur calmement et pourtant j'avais franchi une étape. Le Jisung innocent était mort, j'étais un immortel, un assassin, un Sang-froid.
« Rentrons. Ça suffit pour ce soir tu as assouvi ta vengeance.
- Pourquoi me l'avoir livré ? Je lui demande, intrigué.
- Il me fallait une victime, il fallait que l'immortel qui sommeille en toi apparaisse. Cependant ce n'était pas l'assassin de tes parents.
- Comment ça ? Incrédule, je redevenais peu à peu son docile vampire
- Ce n'était qu'un simple hybride. Me dit Christopher sans pouvoir quitter le corps mort de l'immortel. Un simple hybride n'aurait pu tuer tes parents. Ils ont été victime d'un Originel. Et par n'importe lequel. Un descendant de l'une des plus ancestrale famille de vampire...Il a été la cause de plusieurs massacres et rare sont les fois où il sort pour aller se nourrir. Il était connu pour faire souffrir ses victimes, parfois il en fait des hybrides, les mange petit à petit. Pour tes parents, ce fut une extermination. Il les a simplement tués. Parce que ce n'était pas eux qu'il cherchait, ce n'était pas eux qu'il désirait, mais quelque chose qui leurs appartenaient.
- Un Originel... »
La nuit nous avait couvert, nous sommes rentrés au château des Bang. Ce fut la nuit de ma libération, une nuit agitée et longue. Christopher m'avait prévenu que j'arriverai de moins en moins dormir et je ne comprenais pas pourquoi, peut être étais ce parce que les vampires dorment le jour ? Ridicule. La vérité je ne l'ai su que le lendemain.
La libération d'un vampire est toujours suivie de nombreux cercueils.
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