14. Le souffle fatal de l'immortel
*
Sa bouche légère et sa peau froide à l'aspect, chaude au touché, faisait battre mon cœur. Il déposa un tendre baiser sur mes lèvres rougis, il n'était ni précipité, ni passionnel, c'était un baiser plein d'intention, d'affection, un baiser chaste et divin. Délicieux et doux. Ses lèvres au goût de mûre, j'avais l'impression d'être caresser par une plume. Sa main glissait sur ma joue gardant ainsi mon visage contre le sien puis il s'écarta avec autant de prudence. Il continua de fixer ma bouche avant lécher ses lèvres comme si j'y avais déposé quelques gouttes de sang. Il plongea son regard dans le mien, je ne pouvais me détache de lui. J'étais enchaîner et le bruit du cadenas qui se refermait autour de nous ne m'effraya pas le moins du monde. Il pressa ensuite son index sur mes lèvres alors que j'allais parler.
« Jeongin va finir par comprendre, je chuchotais.
- Il a déjà compris. »
Je roulais mes lèvres entre elles, ne sachant je devais continuer d'essayer de l'arrêter où si je pouvais continuer de me perdre dans ce feu qui prenait possession de nous, dès que nous retrouvions seul. Ou qu'on cherchait à l'être.
Même en pleine chasse, alors que les rues étaient sombres et que les vampires rôdaient, alors que Jeongin s'était séparé, attiré par une proie, je m'étais laissé entrainer par Minho dans un recoin.
Totalement pris au dépourvu, je me suis débattu une fraction de seconde sous la surprise mais très vite je prenais part à l'échange sensuel, d'abord timidement, puis avec plus d'ardeur ce qui avait le don de le faire sourire, parfois soupirer de plaisir contre ma langue hardi.
Il était venu sa main sous ma chemise nacrée, sa main rentrait en contact avec ma peau j'avais eu la sensation d'un contact mort, comme la peau d'un serpent, mais il était bouillant intérieurement, je le sentais dans mes veines, dans mes crocs. Ses gestes étaient précis et expert. J'étais totalement malléable, une poupée qui se laissait aller à sa volonté. Mon sacrifice n'avait rien d'irréfléchi, j'adorais le sentir avide de moi, de mon corps, avide de pouvoir goûter à ma chair, à mon sang. Ses dents se plantèrent dans mon poignet et après un échange rapide de son regard pourpre, il tira doucement sur sa chemise violine de soie. Me présentant le creux de sa clavicule que je jurais voir rougir.
Sans avoir à me demander, je me penchais, le cœur battant, impatient et légèrement groggy du sang qui coulait dans ses veines. Comme une ivresse. J'étirais mes lèvres pour laisser transparaître mes dents pointues. Mes lèvres brûlaient, picotaient de pouvoir goûter enfin à son élixir d'éternité.
Le baiser de l'immortel. Le sang. Aurait-il le goût de la mûre ?
Lentement je m'enfonçais de l'épiderme, perçant une par une les couche jusqu'à sentir les premières gouttes. J'allais profondément dans sa chair ferme, juteuse et les lèvres plaquées, je commençais à suçoter ce qui me parut comme le plus magique des repas.
Une drogue. Mes yeux se révulsaient sous le plaisir intense qui parcourait tous mes muscles, se logeait dans ma poitrine, mon estomac qui se contractait à chaque inspiration. Je sentis Minho s'affaisser, se laisser aller contre mon épaule alors que sa respiration devenait plus courte, que son cœur ralentissait la course.
« Aah...Jisung... »
Je ne l'avais senti aussi vulnérable. Et ma force gagnait en intensité, un point léger dans ma cage thoracique qui prenait de l'ampleur, comme un cœur en plus, qui battait à l'unisson, qui me donnait la sensation d'être invincible. D'être divin.
« Aaah... »
Il perdait l'équilibre et je le retenais contre moi, les mains fébriles, il devenait fragile. Je m'arrêtais alors, essoufflé. La bouche grande ouverte et la vision vibrante de couleur que je n'avais jamais vu. Aucun terme n'aurait pu le décrit. Je voyais des dimensions qui n'existaient pas.
Je tenais fermement Minho contre moi et je pouvais ressentir dans tout mon être sa vie presque s'échapper de lui. Il était au bord de l'agonie et il en était heureux. Un immense sourire béat traversait ses lèvres alors que la fièvre, le visage encore plus pâle me fit frissonner de terreur.
Je l'avais presque tué ?
« Je...Pardon, je ne sais pas...
- Non, il me rassura d'une main tremblante en me caressant les joues. Je vais bien, ne t'en fais. Chez les vampires...Partagé le même sang..., il ravalait sa salive.
Il était épuisé, ses yeux se fermaient tout seul et il faisait tous les efforts du monde pour rester conscient. Je le tenais pratiquement à bout de bras.
- Je vais aller te chercher une proie ! Je m'exclamai alors. Je reviens. »
Je le déposais lentement assis sur le sol, tandis j'embrassais une dernière fois ses lèvres avant de courir. Son sang pulsait encore dans mes veines et j'allais une vitesse que jusqu'ici je n'avais jamais franchi. Je parcourais si vite la ville que je n'en distinguais plus les formes, ce n'était qu'un courant de lumières et d'ombres, de cœur qui battaient tout autour de moi et de pensées fugaces qui ne parvenaient que par des sensations, des brides de sentiments qui s'imprégnaient dans mon esprit.
Un voleur. Je sentis le doux parfum de son sang gorgé de rhum alors qu'il venait de commettre son larcin. Il était parfait. Je changeais de direction, m'orientant vers le petit port et les quais à l'ombre des lampadaires.
Je m'arrêtai à l'abri, prêt à lui bondir sur râble quand je sentis une pression, une présence autre et elle n'était pas humaine. Mon cœur s'agita et tandis que je cherchai du regard, je senti soudainement un frisson me parcourir l'échine.
Jouais de la tête, je perdais de vue ma cible et lorsque je revins vers elle, je ne vis qu'un corps sans tête. Ce dernier s'écroulait comme s'il le temps venait de reprendre et je sentis comme un brusque vertige. D'instinct, je suis sorti de ma cachette, prenais de la distance quand le souffle plus tôt m'efflora l'oreille et la présence juste dans mon temps me fit me retourner, aussi rapidement que mes capacités le permettaient, esquivant jusque à temps une main tendue, qui était prête à m'arracher à mon tour le cou.
Des yeux bleus, un sourire de plus en plus grand et le visage le plus angélique que je n'ai jamais vu.
« Felix..., je ne pus retenir.
- Bonsoir, Jisung. »
Je fixais l'immortel dans les yeux, j'avais la sensation de voir une divinité. Sa peau était translucide, je pouvais pratiquement en voir les veines gonflées de ses victimes, du sang dont il s'était abreuvé et qui continuait de lui réclamer plus. Sa blondeur aussi douce qui démoniaque brillait même dans le noir. Il était l'apparition d'un ange biblique et pourtant, rien n'aurait pu être plus éloigné de la sombre terreur qu'il inspirait. Il ne dégageait pourtant aucune agressivité, il n'avait pas d'intention meurtrière flagrante comme je l'avais ressenti chez Aaron. Son âme était aussi froide que la glace, son cœur silencieux de vie.
Je me sentais fragile même avec le sang de Minho dans mes veines. Je ne faisais pas le poids et s'il le souhaitait, il pourrait me tuer d'un seul coup.
« Je te cherchais.
- Je sais. »
Il ne fit qu'un pas mais ce dernier me fit tressaillir. J'essayais de ne pas montrer mon peur, mais son sourire qui s'agrandissait me faisait comprendre que j'avais échoué.
« Difficile de t'approcher maintenant que tu es si bien entouré...D'abord Minho et maintenant Jeongin. Tu n'as pas choisi de simples gardes du corps. Tu en vas jusqu'à utiliser ma propre famille contre moi...Dois je y voir une insulte supplémentaire ? En plus de ton existence même ? Dis moi Jisung, est-ce que tu essaies de me mettre encore plus en colère ? »
Un battement de cil seulement et il était à nouveau tout près, je me figeais, pétrifié alors qu'il n'était qu'à quelques millimètres, plantant ses iris presque blanches dans les miennes, me coupant le souffle.
Il va te tuer.
« Je dois reconnaître qu'ils ont fait du bon boulot, je peux sentir mon sang couler dans tes veines. Tu es un peu comme mon fils, non ? A défaut d'être mon double. »
Ses doigts glissèrent sur mon cou, sans pression et tout mon être me criait de fuir, de partir mais aucun membre ne m'obéissait. Était-ce là son pouvoir ? Ou bien celui de son sang ? J'étais totalement soumis et incapable de réagir. Une proie facile.
D'un geste gracieux il posa sa main sur ma joue et me dévisageait avec le sourire. Il pressa ses doigts sur mon visage sans agressivité, juste animé par la curiosité mais je sentais son désir profond de me broyer les os et défaire se visage. Il passa ensuite ses mains dans mes cheveux me touchant comme si j'étais une bête curieuse, émerveiller à chaque toucher à chaque regard. Je n'osais bouger, j'étais encore sous pression, sa force me semblait au-delà de tout entendement.
« La mûre..., il chuchota. Son sang. Il coule aussi dans tes veines. Tu l'as bu. Il t'a laissé boire son sang... »
Je sentis comme un frémissement, son joli masque s'effritait et laissait place à de la fureur, aussi sourde qu'invisible mais la lumière en semblait aspirer autour de lui, ne laissant plus que les deux yeux brillant et la pointe de ses canines qui se découvraient.
« Il m'a abandonné pour toi. »
Fuis. Fuis maintenant !
Par pur réflexe et sans vraiment savoir comment, je réussis à m'écarter assez loin pour éviter son coup qui fendit l'air. Si j'étais resté, il m'aurait arraché le visage. Trois petites griffures dans le coin de la mâchoire pouvaient en témoigner. Mon cœur palpitait et je me mis aussi tôt à courir, fuir le plus loin possible tandis que je le sentais dans mon dos. Il me chassait et j'étais seul.
Mes yeux en pleuraient de terreur.
Aidez moi. Pitié. Minho...Jeongin...Aidez moi !
« Haha, tu n'es pas très rapide »
Je l'entendais dans ma tête. C'était impossible et pourtant je l'entendais parfaitement. Son rire était doux, comme celui d'un esprit enchanteur. Son sourire se gravait même dans mon esprit sans que je ne puisse rien y faire. Il prenait possession de ma conscience. C'était un cauchemar. Il était mon cauchemar. Le vampire de tous mes fantasmes les plus terrifiant, celui de ma nuit d'Eveil, de ma Libération. Il était ma voix interne, le même qui me poussait à vouloir plus. Plus de force. Plus de puissance.
Il va te tuer. Il va te tuer si tu ne le tues pas d'abord...
Mes yeux me faisaient mal. Mon cœur battait vite et mes doigts tremblaient. Je brûlais de l'intérieur et ma crainte se transformait en rage, en haine. Il était mon assassin, il était à porter de ma vengeance et si je ne pouvais le tuer maintenant, quand en serais-je capable ? Je ne pouvais fuir toute ma vie, je ne pouvais pas me cacher derrière Minho et Jeongin encore des années. Il n'attendra pas à nouveau de me trouver seul.
Même si je devais perdre. Je n'avais pas le choix.
Je m'arrêtai alors dans ma course. Près d'un vieux hangar éloigné de la ville, éloigné du port et je reprenais lentement mon souffle tandis que j'entendais ses pas lents. Il s'était stoppé à son tour mais au lieu de me sauter dessus, il attendait patiemment.
« Tu as finis de courir ? Tu abandonnes ? Ils abandonnent tous. Tôt ou tard. Mais je penserais que tu tiendrais plus longtemps...Je suis presque déçu. »
Sa voix me donnait envie de vomir tant j'y étais sensible. Il était une vraie machine à tuer. Le physique, l'odeur, le son d'un tentateur et toutes les victimes devaient presque se jeter à ses pieds, comme on se prosternerait devant le Diable pour lui vendre son âme.
« A quoi bon courir ? Ma destinée ici. C'est ce que mes parents voulaient...Ce que Chris, Minho, Jeongin...Ce qu'ils veulent tous. Votre fin. Même si ça signifie également la mienne. »
Je me retournai. Prêt à faire face à la Mort.
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