12. Bois, bois...
*
Le visage serein de Franz était trempé de sang. Il était mort.
Avec Minho nous nous sommes débarrassés de tous les corps, ce ne fut pas une mince affaire. Le nettoyage prenait beaucoup moins de temps lorsqu'il était fait à une vitesse aussi rapide que la nôtre mais cela ne nous empêchait d'être exténué, une fois terminé.
Dans les appartements de Chris, Jeongin en ressortait les manches relevés et les mains trempées de sang.
" Il dort, il nous dit alors. Sa vie n'est plus en danger. Mais la guérison sera longue."
Je rentrais ma tête dans mes épaules, Minho expira le soulagement qui nous ressentions tous. Jeongin s'approcha de moi et me tapota l'épaule.
" Tu n'y es pour rien, il me sourit. C'était son choix de te sauver et il connaissait les risques. Felix...Je pense que Chan était persuadé que jamais son frère n'aurait le cœur à commettre l'irréparable à son encontre et cette attaque, même si terrible, prouve qu'il a peut-être raison...S'il avait voulu le tuer, il l'aurait fait.
- Tu crois vraiment qu'il l'a épargné ? Demanda Minho peu enclin à lui donner raison.
- Je connais bien mon frère, même s'il a beaucoup changé, je suis certain que tout n'est pas mort.
- Ton frère ? Je percutai alors.
Jeongin hocha doucement la tête, un léger sourire toujours sur les lèvres.
- Oui. Felix est mon frère. Ma mère a été la dernière compagne Originel de notre père, avant qu'il ne rencontre ensuite la mère de Chan bien des années plus tard."
L'information était surprenante mais avec tout ce que j'avais appris ces derniers jours et la peur de perdre la personne qui avait toujours été une constante de ma vie, qui m'avait pratiquement élevé, ce n'était finalement pas si choquant.
« Tu devrais aller te reposer », m'intima Minho.
Sa main se posait sur le haut de mon épaule, assez pour que je sente ses doigts effleurés ma nuque. D'instinct et sans vraiment lui donner plus de signification, je le repoussai et m'écartait de lui avant de refuser.
" Je n'ai pas sommeil. Je vais veiller sur Chris, je dis alors.
- Ça ne sert à rien, descendons plutôt", intervint Jeongin.
Il passa son bras autour de mes épaules et m'entraina à sa suite. Je pouvais sentir le regard de Minho entre mes omoplates. Je pouvais sentir que me rejet inexpliqué l'avait blessé.
Jeongin déambulait dans le château comme s'il y avait toujours vécu, je compris alors que lui aussi, avait eu la chance d'y vivre, sans doute à la même époque que Felix. Alors que le vampire Hyunjin était encore en vie. Minho aussi avait dû vivre parmi eux et je senti alors le lien qui les unissait tous, autour d'un seul et même Originel, le patriarche Hwang. Je les imaginais ensemble, heureux. A une époque où je n'étais pas encore en vie et où mes parents n'avaient pas encore eu l'idée folle de défier le plus fort des vampires.
Que ferait il s'il était encore en vie ? Est-ce qu'il réussirait à arrêter son fils ? Ou le soutiendrait il ? Alors que Chan est à l'agonie, je me sentais étranger dans ma propre maison. L'esprit embrouillé par mes divagations.
« Tu dois avoir faim, me dit Jeongin. C'est pas une cible vivante, mais comme j'en avais besoin pour Chan, j'ai apporté quelques sachets de sang en plus. Ça nous évitera de cavaler dans la forêt ou bien de rejoindre la ville. »
Je remarquais les poches de plastique dans la petite glacière que Jeongin avait emmené avec lui. Il me tendit l'une d'entre elle que je regardais, intrigué, Minho déclina simplement la sienne et vint s'asseoir sur l'une des chaises qui entouraient la grande table rectangulaire dans les cuisines.
Le goût du sang froid me fit grimacer, ce n'était pas agréable et certainement pas appétissant mais cela ferait l'affaire. Je n'avais pas la tête à chasser de toute façon.
« Je me nourris de temps à autre comme ça, surtout pratique quand on voyage en petit comité. Une disparition serait vite remarquée. Ou bien tu peux jeûner un temps, comme Minho, se moquait gentiment Jeongin en le pointant du doigts.
J'arquais les sourcils.
- Vraiment ? Je demandai en regardant mon instructeur.
Minho haussa les épaules.
- Tu penses que je n'en suis pas capable ?
- Je t'imagine mal te restreindre.
- Je suis pourtant assez doué pour ça. »
Je buvais une grande gorgée du sang froid, sans le quitter des yeux. Je sentis Jeongin s'agiter, retenir même un soupire de lassitude, spectateur malgré lui de notre petit jeu du chat et de la souris. Si je ne pouvais lire dans ses pensées, je devinais facilement qu'il n'était pas plus enchanté que nous de rester dans la même pièce. Aussi, une fois ma poche peu ragoutante terminé, je me levai de ma chaise pour me diriger vers la sortie.
« Je vais me reposer. Réveillez moi, si Chris se réveille.
- Moi aussi, je vais me reposer », dit alors Minho brusquement.
Jeongin le suivait simplement du regard, pas vraiment perturbé.
Nous sortîmes tous les deux, sous l'œil mi-amusé mi-inquiet de l'androgyne. Je voyais qu'il se retenait de rire et ça ne me mettait pas davantage plus à l'aise. Minho m'accompagnait en silence et je n'étais pas plus bavard. Nous montions en même temps les grandes marches qui menaient à l'étage puis à l'aile Ouest. Je continuais mon ascension, le regardant par instant, jusqu'à me retrouver tout près de mon ancienne chambre.
« Les chambres d'amis sont de l'autre côté, je marmonnais alors.
- Je sais.
- Tu sais...Tu as vraiment besoin de te reposer ? »
Minho aurait pu sourire, avoir ce rictus habituel si horripilant mais qui étrangement me manquait aujourd'hui. Seulement il restait sérieux. Nous n'avions même pas pris la peine d'allumer les lampes du grand couloir, nous contentant de notre vision surnaturelle et des faisceaux de la nuit qui me suffisait amplement pour contempler la lueur dans ses yeux. Son hésitation.
« Et toi ? Tu as besoin de te reposer ? »
Je n'avais pas de réponse ou je craignais de lui en donner, était plus exact. Mais je ne faisais pas un pas de plus, ni pour m'éloigner, ni pour m'approcher. A seulement deux pas l'un de l'autre, nous restions à nous observer sans rien dire. A attendre que le destin choisisse pour nous. Que le courage jaillisse de notre attente.
Je mourrais d'envie de le tirer par sa chemise blanche, de l'entrainer avec moi dans ma chambre et nous y enfermer. Je rêvais de retrouver à nouveau ses lèvres, de me perdre dans son étreinte et de sentir ses mains m'agripper, me guider. Je voulais le bousculer contre les boiseries qui recouvraient les murs de pierres du château, me jeter à son cou, le mordre et l'entendre m'appeler encore une fois.
Jisung.
Jisungie.
Mon petit vampire.
« Minho », je soufflai, suppliai.
Une expiration contenue s'échappa de ses lèvres, il releva soudainement ses yeux brillant sur moi et sans réfléchir, il plongeait pour m'attraper entre ses griffes, ouvrant déjà la bouche pour entrainer la mienne et je l'accueillis à mi-chemin, déjà prêt à le tirer avec moi, de l'autre côté de la porte.
Je n'arrivais pas à m'arrêter et je n'en avais pas envie. Il n'y avait pas de mots, que des grognements, le bruit du claquement de lèvres humides, des froissements de vêtements qui tombaient un à un. La peau brûlante, glacial, incandescente et gelé. La mort et la vie, dans sa spirale d'éternel recommencement.
Ses lèvres avait un goût de mûre, comme sa peau. J'étais complètement enivré, fiévreux de le sentir toujours plus près, toujours plus coller à moi.
« Minho... »
Je répétais dans une litanie démente.
« Minho...
- Je suis là. »
Je n'avais pas peur, j'étais novice mais je n'avais pas peur. Comme je n'avais pas eu peur lors de ma première chasse consciente. Je me sentais aussi heureux que je lorsque je m'envolais, je me sentais aussi puissant que lorsque nous faisons la course dans la montagne. J'étais vivant, il était mort et mon cœur battait pourtant contre le sien.
« Minho... Bois. »
Je ne savais pas ce que je disais et pourtant ça faisait sens, Minho me dévorait les chairs avec sensualité, et planta ses crocs dans mon cou, obéissant à mon ordre. Je sentais mon sang passer dans le sien, son cœur littéralement frappé dans mes tempes, au même rythme que le mien. Un duo de tambour de guerre, la vue qui devenait trouble alors que je me sentais partir. Mes yeux se révulsaient, tout en faisant grimper la chaleur, le plaisir.
« Bois... »
Bois.
***
Le lendemain fut comme un doux réveil après un merveilleux rêve. Je sentais pourtant encore tout un tas de sensation, depuis les muscles de mollets, en passant par mon bassin, le creux de mon dos mais aussi mon cou. Des picotements, des douleurs plus pulsantes, des courbatures mais aussi des abrasions. J'avais la peau rougie, irritée et un bleu tout autour du cou. La trace de ses doigts était encore fraîche. Il n'avait pas réussi à maîtriser sa force et je souris à cette pensée, sentant toute l'excitation que j'avais ressenti la veille alors que sa poigne s'était accrochée, que j'entendais sa respiration saccadée, sa jouissance.
L'espace de quelques heures il avait été à moi et j'avais été à lui.
Les trous laissés par ses crocs s'étaient refermés mais marquait ma peau par deux point noircis. Le sang avait coagulé.
Etait-ce un geste symbolique ? Je n'en savais rien. J'avais agi par instinct et ça n'avait pas l'air de l'avoir surpris ou dérangé. Ça pourrait être bizarre, de boire le sang d'un autre vampire pour en sentir l'extase. Sur le moment, j'en ai juste eu envie. Besoin. Je voulais que cette intimité nous embrase, nous fasse perdre la raison.
Je voulais qu'il m'aime.
Je voulais qu'il m'aime...
« Jisung ? »
Je me tournais vivement sur moi-même, étrangement timide alors que j'étais debout nu, au milieu de la chambre, à regarder son œuvre sur chaque parcelle de ma peau. Il était resté couché, un petit sourire en coin et les yeux brillant de malice.
Mon magnifique vampire.
« Bonjour, je dis toujours un peu embarrassé mais souriant.
- Est-ce que ça va ?
Il se redressait, se hissant pratiquement à quatre pas hors du lit.
- Je vais bien.
- Tu es sûr ?
- Oui. Je suis pas si fragile. Les marques s'effaceront vite, je suis un vampire après tout.
Minho esquissa un plus grand sourire, restant à genoux au bord tandis que je m'approchais, me laissant à nouveau enlacer et plongeant mes doigts dans sa chevelure sombre.
- Tu apprends vite.
- Je te l'avais dit. »
Il rit, et se leva sur ses genoux, arrivant à ma hauteur pour m'embrasser à nouveau.
A partir d'ici, l'histoire change beaucoup de ce que j'avais écris à l'époque.
Mes deux amoureux vampires n'avaient pas encore franchi le cap et mon petit Jisung était bien plus fougueux et en prise à des hésitations.
Mais j'ai préféré accéléré les choses à ce niveaux, plutôt que de faire plein de passage où Jisung se prend la tête.
Minho aussi était plus ambigüe, ce qui répondait à l'hésitation du héros...Bref. J'ai changé un peu la dynamique.
J'espère que ça vous plaît :)
A bientôt !
D.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro