
Chapitre 26
*** Dimanche ***
Je suis en chemin pour rendre visite à mes chers parents, notez bien sûr l'ironie. Cela fait maintenant 3 ans que je n'ai pas mis un pied au domicile familial et je m'en porte très bien. Adem est avec moi, il m'avait appelé hier pour que l'on sorte ensemble aujourd'hui, j'ai donc du refusé en lui expliquant brièvement la situation. Cependant, connaissant un peu ma relation avec mes parents, il a décidé de m'accompagner.
Sur la route Adem et moi restons silencieux, la tension me tiraillant de l'intérieur doit sûrement y être pour quelque chose. Je repense soudainement à hier, c'était mon dernier jours de travail au café, pour mon départ, les autres employés et le patron avaient préparé une petite fête en mon honneur. C'était très émouvant de se dire que mon job de serveuse s'achevait et que je n'allais plus travailler avec ces personnes. Même si nous n'étions pas très proches les uns des autres, une atmosphère joyeuse s'épanouissait toujours dans le café, en grande partie grâce aux employés.
Je reprend mes esprits et mon sourire nostalgique disparaît instantanément lorsque je passe le portail de la demeure. Je me gare à côté de la voiture de ma mère, celle de mon père n'est pas là, sans doute est-il au travail, comme toujours...
Nous montons les quelques marches menant à la grande porte d'entrée blanche. Elle est proportionnelle à la taille de la maison d'ailleurs, la demeure n'a pas changé depuis la dernière fois que je l'ai vu. C'est à dire, le jour où je suis partie pour prendre mon indépendance. Grande, d'un blanc immaculé, entourée d'un jardin si bien entretenu qu'il en paraît artificiel. Cela renvoie bien à l'image des propriétaires, superficielle.
Je jette un oeil sur Adem se trouvant quelques pas derrière moi, il a l'air à la fois surpris et intimidé par la bâtisse. C'est sûr que mon appartement n'a rien à voir avec la demeure, mais au moins je l'ai eu grâce à mes propres moyens.
Je cogne à plusieurs reprises le heurtoir contre la porte, même ce dernier n'est pas anodin, il s'agit d'une tête de lion en or avec la gueule ouverte dans laquelle se trouve l'anneau du heurtoir. Nous attendons quelques secondes avant d'entendre des talons claqués à l'intérieur, la personne s'approchant rapidement de la porte. Cette dernière s'ouvre pour nous laisser faire face à ma mère, une femme élancée, brune aux yeux bleus azur perçants. Je dois l'avouer, même en ayant dépassée la quarantaine, elle reste redoutable pour la gente masculine.
- Tu daignes enfin nous rendre visite. Que nous vaut cet honneur ?
S'exclame t-elle d'un ton hautain et glacial.
- Je viens te demander des explications au sujet de mon appartement.
- Il y a un problème avec ton appartement ? Entre donc, nous allons parler de cela à l'intérieur.
Elle prend un air surpris, mais je sais très bien qu'elle sait de quoi je parle.
Elle s'adresse ensuite à Adem.
- Enchantée jeune homme, bienvenue chez moi, je me nomme Emma.
Adem se présente brièvement puis nous entrons tous les trois pour nous diriger vers le vaste salon moderne, meublé de canapés en cuir noir installés devant un grand écran.
Elle s'assoit sur un de ces fauteuils tandis qu'Adem et moi nous nous asseyons en face d'elle. Adem semble très mal à l'aise, je pose donc ma main sur sa jambe pour lui signaler que tout va bien.
Je reprend alors la parole.
- Oui il y a un problème, vous avez rompu votre engagement envers le propriétaire et il m'a demandé de partir à cause de cela !
- Et bien ? Tu n'avais pas l'air de t'occuper de nous, mais nous, nous devons tout de même rester à ta disposition. Ne peux tu pas te débrouiller seule sans que nous ayons besoin ton père et moi de te porter de l'aide ? Ton frère s'en sort très bien, lui.
Elle a sifflé sa dernière phrase telle une vipère, le désengagement était un prétexte pour me faire venir afin de me rabaisser encore une fois, cette fois ci en utilisant Alex qui plus est.
- Je n'ai pas besoin de ton aide, juste une signature suffit. Je vis très bien de mes propres moyens !
- Cela m'étonnerait fort, tu dois sans doute vivre dans un endroit sordide, incapable comme tu es.
Je me sens blessée par ce qu'elle vient de dire mais j'essaie de garder la face et ouvre la bouche pour rétorquer, mais c'était sans compter sur l'intervention d'Adem. Il se lève et prend la parole d'un ton furieux.
- Vous n'avez pas le droit de tenir ces propos au sujet de Lia ! Elle est loin d'être une incapable. Cela fait des années maintenant que je suis un client au café où elle travaillait jusqu'à hier, et je peux vous dire qu'elle n'a jamais déçu son employeur ou créé des problèmes. De plus, son appartement n'est pas aussi luxueux que votre maison, mais il est bien plus accueillant.
Sur ce il empoigne mon poignet sans me faire mal bien sûr et il se dirige vers la porte d'entrée à vive allure, je le suis tant bien que mal. Il ouvre la porte, se retourne pour s'adresser à ma mère.
- Lia n'aura plus besoin de vous maintenant, son appartement sera bien rendu et vous ne pourrez plus lui faire de coups bas.
Il sort ensuite sur le porche avant de monter dans ma voiture. Je le suis en le regardant perplexe ne sachant pas vraiment où il veut en venir. Je mets les clés sur le contact et nous partons en direction de chez moi.
Adem s'exclame aussitôt, sûrement plus libre de ses paroles maintenant que nous ne sommes plus que tout les deux.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment peut-elle te traiter ainsi ? Ça me met hors de moi !
Il regarde droit devant lui, la machoire serré, la colère se lit sur les traits de son visage si paisible habituellement.
Je lui répond calmement.
- Elle a toujours été comme ça avec moi, j'ai reçu une éducation stricte selon laquelle on doit toujours se surpasser et donner le meilleur de soi. Cependant, d'après elle ce que je fais ne suffit pas, j'ai appris à vivre avec.
- Tu ne devrais pas te laisser faire ainsi Lia...
Son ton est moins ferme, je ressens dans ses paroles la douceur qu'il a envers moi. S'il a réagit ainsi, c'est pour me protéger.
- Ne t'en fais pas, je ne compte pas reposer les pieds ici de sitôt. Par contre, j'aimerais que tu m'expliques quelque chose.
Il me regarde d'un air attentif avant de lancer.
- Oui bien sûr, vas-y.
Tout en restant concentrée sur la route, je lui demande;
- Que voulais-tu dire lorsque tu t'es adressé à elle avant de sortir ?
Il prend une grande inspiration et dit d'une seule traite.
- Puisque tu n'auras plus d'appartement d'ici la fin du mois et que tu devras chercher un emplois lorsque tu auras ton diplôme. Je souhaiterais que tu viennes habiter avec moi.
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