Adem prend la parole, sa voix semble sérieuse. C'est sans doute la première fois qu'il prend ce ton avec moi.

- Je dois te parler de quelque chose ...

Je me releve légèrement pour le regarder, son visage est aussi sérieux que son intonation. Je suis alors prise de panique. De quoi veut-il parler ? Peut-être que le fait que nous nous sommes embrassés le dérange, il veut que nous restions seulement amis ? Je me pose mille et une question intérieurement. Et apparemment, cela se voit sur mon visage.

- Hey, c'est rien de grave. Ne sois pas nerveuse comme ça.
Il me dit cela en souriant.

- Alors, dis moi ce dont tu veux parler s'il te plait.

- C'est à propos de ce qu'il s'est passé aujourd'hui... Je voudrais savoir ce que tu penses de moi.

Je suis surprise par sa requête. Qu'est ce que je pense de lui ? Il est sympa, attentionné, drôle, très mignon et je pense que je commence à avoir des sentiments pour lui. Même si je ne pense pas que je devrais lui dire, il risquerait de fuir si ce n'est pas réciproque.

- Je te trouve très gentil et attentionné, je ne pense pas que quelqu'un d'autre ait déjà pris autant soin de moi. Je t'en remercie d'ailleurs.

- Je vois...

Il a l'air déçu de ma réponse. J'essaie de déceler ce qu'il pense mais je n'y parviens pas.

- J'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Non, c'est juste que je pensais être plus que ça. J'ai l'impression que tu apprécies juste mon coté pratique en me disant cela, que tu me fréquentes car tu as besoin que l'on prenne soin de toi.

Je suis ébahie face à cette remarque, je ne voulais pas trop en dire pour ne pas qu'il fuit mais j'ai l'impression que c'est ce qu'il attendait. Je ne dois surtout pas le laisser penser ça.

Je pose alors ma main sur sa joue pour qu'il me regarde. En parlant, il a baissé la tête et un voile de tristesse est visible dans son regard.

- Adem, ce n'est pas du tout ce que tu crois, je ne voulais pas te dire ce que je ressentais de peur que tu prennes tes jambes à ton cou mais la vérité c'est que tu me plais. Tu n'es pas un simple client du café où je travaille, je t'ai toujours remarqué même avant que l'on ne se parle réellement. Tu avais l'air très aimable et gentil, ce qui s'est confirmé par la suite en plus du fait que j'ai découvert que tu étais adorable.

À peine ai-je finis de parler qu'Adem se jete sur mes lèvres. Son baiser est tellement intense, je perds légèrement l'équilibre mettant penchée vers l'arrière à cause du "choc", mais il passe son bras dans le bas de mon dos pour me coller à lui.
Je peux sentir la chaleur de son corps et le battement rapide de son coeur à travers son tee-shirt. Cependant, il stoppe son baiser et chuchote au creux de mon oreille.

- C'est toi la plus adorable. Veux tu bien être mienne ?

Je lui réponds joyeusement.

- Oui !

C'était simple mais efficace. Après avoir reçu ma réponse, il sourit de toutes ses dents et ses yeux pétillent tel un petit garçon qui découvre ses cadeaux au pied du sapin le matin de Noël.

Il me serre si fort contre lui que je crois qu'il va me casser une côte. Il est tellement mignon en étant enjoué comme ça.
Nous finissons ensuite l'épisode que nous étions en train de regarder, maintenant que tout est clair entre lui et moi.

Après ce dernier, il commence à se faire tard, il est presque l'heure de diner.
Je demande alors à Adem s'il souhaite rester pour le repas.

- Tu restes manger avec moi ce soir ?

- Hmm... Ça dépend. Qu'est-ce qui est prévu pour le repas ?
Dit-il en plaisantant.

- On commande pizzas ?

- Tu me prends par les sentiments là !

- Super, je vais passer la commande tout de suite. Tu prends quoi ?

- Une spicy Hot One, s'il te plait .

J'appelle alors la pizzeria pour commander, les pizzas arriveront dans environs 45 min d'après eux.
Je me dirige ensuite vers la salle de bain pour prendre une douche le temps de la livraison.

- Je vais prendre une douche, si tu as besoin de quoi que ce soit pendant ce temps, fais comme chez toi !

- Ça marche !

Je vais donc dans la salle de bain, me déshabille, mais la vue de mon corps m'écœure en repensant à hier. Surtout lorsque je vois la pointe de sang sur mon cou laissée par la lame de mon agresseur. Je ne perd pas plus de temps, je fais couler l'eau chaude avant de me mettre en dessous pour laisser sa chaleur me détendre. Je me lave entièrement, puis je reste quelques minutes à ne rien faire laissant mon esprit vagabonder.
C'est alors que je me rapelle que nous sommes samedi et que je devais travailler au café aujourd'hui normalement ! Oh non, je ne les ai pas prévenu. Il faut que je m'excuse auprès du patron au plus vite, surtout qu'il ne me reste plus qu'une semaine dans mon contrat.

Je sors rapidement de la douche, prend une serviette pour l'enrouler autour de mon corps puis file vers la cuisine où j'ai laissé mon téléphone.
Malheureusement, je n'ai pas pris en compte le fait que je puisse glisser en ayant les pieds mouillés. Alors que j'arrive près du comptoir de la cuisine, un bruit sourd se fait entendre et je me retrouve sur les fesses.
Je vois Adem se retourner et exploser de rire. J'étais juste derrière le canapé.

- Mais qu'est-ce que tu fais ? Tu as vu un fantôme dans la salle de bain ou quoi ?

Il se moque littéralement de moi et continue de rire.
Prenant une mine boudeuse je lui réponds .

- J'étais pressée d'appeler mon patron, j'ai oublié de le prévenir que je ne pouvais pas venir travailler.

Je me relève, je n'allais tout de même pas rester assise par terre en plein milieu de l'appartement.

- Je l'ai déjà fais, t'inquiète.
Dit-il en calmant son fou rire.

- Quand est-ce que tu l'as fais ?
J'étais surprise qu'il l'ait fait, je ne l'ai pas vu une seule minute avec son téléphone.

- Ce midi, avant de préparer le repas quand j'étais dans la cuisine.

Je le serre contre moi par dessus le canapé.

- Merci, merci ! Tu es le meilleur !

Je lui embrasse la joue avant de repartir dans la salle de bain pour m'habiller.

- Mais de rien.
Il a l'air un peu troublé, mais je n'y fait pas plus attention que cela.

Je décide de mettre un tee-shirt avec un short confortable, nous sommes mi-mai et la chaleur commence un peu à se faire ressentir.
Après avoir rangé ce qui traînait, je retourne dans le salon au près d'Adem.

- Ça sent meilleur, tu as bien fais de prendre une douche.
Dit-il lorsque je me met à côté de lui.

Je fais comme si j'étais offusquée et le frappe gentiment sur le bras.

- Parle pour toi, tu devrais filer à la salle de bain après que nous ayons mangé !

- Je peux la prendre chez moi en rentrant.

C'est vrai qu'il va finir par repartir chez lui mais je ne veux pas qu'il le fasse.

- Oui ...

- Tu ne peux déjà plus te passer de moi ?
Il dit cela pour me taquiner, mais il a raison en quelque sorte.

- Non, ce n'est rien. Tu rentres quand tu veux !
Je prends un air faussement joyeux mais il ne doit pas être très convaincant.

Alors que le silence est devenu roi et le mal-être commence à se faire sentir, la sonnette retentit, sauvée par la pizza !
Je me lève pour prendre les pizzas, puis je les pose sur la table.

- Tu peux venir manger .

- Oui j'arrive.

Nous nous parlons avec monotonie, la joie d'il y a quelques minutes a disparu, mais j'espère tout de même que nous allons bien finir cette soirée...