Cher toi.

  Je ne vais pas te cacher que ça ne va pas très fort aujourd'hui. On m'a regardé de haut en bas avec dégoût. Mon coeur s'est glacé. Elle est tout ce que j'aurais aimé être. Grande, respectée de tous, entourée d'amis, admirée... Elle vient d'arriver au lycée et tous se sont déjà ralliés à elle. Les autres, ils n'y en a pas beaucoup. Ce sont ceux qu'elle n'a pas accepté dans son groupe. Elle s'appelle Lylia.
  Tu sais quoi? Je veux parler d'autre chose. Totalement. Je te préviens parce que mon père décrit souvent la différence de réflexion des filles et des garçons comme ça! Et cette description marche assez bien pour lui! Mais je sais pas pour toi!
  Mon père dit que les filles ont des spaghettis dans la tête et qu'on peut sauter d'un spaghetti à l'autre sans problème et donc changer de sujet de conversation sans problème, alors que les garçons ont des tiroirs dans leurs têtes. Ils ouvrent un tiroir et doivent le refermer avant d'en passer à un autre. Dis-moi, tu as aussi des tiroirs dans la tête ?
  Bref, mon changement de conversation à été moins brusque grâce à cet interlude hautement scientifique ! ! !
  Je voulais parler du temps. Dans tous les sens. Aujourd'hui il fait froid et les flocons tombent doucement. Il neige de plus en plus tard au fil des années. Fichu réchauffement climatique! Qu'est-ce que j'aimerai revenir quelques années en arrière... Quand petite Alice voyait un flocon, elle sautait sur sa maman pour lui demander à sortir dans la neige toute fraîche. Elle ne tenait pas en place et dès que la porte était ouverte, petite Alice, dans sa grosse combinaison de ski se jetait dans la neige. Elle faisait un ange de neige qui s'était agrandi au fil des années. Ensuite, elle faisait une grosse boule de neige qu'elle roulait à l'aide d'un de ses parents tandis que l'autre immortalisait le moment armé de l'appareil photo familial. Puis, une fois le bonhomme de neige terminé, une bonne dizaine de photos plus tard, toute la famille prenait les luges et à la queue les uns derrière les autres, ils allaient vers la colline voisine où ils enchaînaient les descentes les plus rapides... Ensuite, toute la famille rentrait et regardait la neige tomber au-dehors, se réchauffant près du radiateur, une tasse de tisane dans une main, un petit gâteau de l'autre...
  Maintenant, c'est fini. Pas parce que je suis trop grande. Qu'est-ce que j'aimerai me rouler dans la neige!
  Stop, fini les rêveries.
A demain.

Moi.