Chapitre 38 - L'accident
Point de vue de Lucas
Le numéro qui s'affichait sur le téléphone m'est inconnu. C'est déjà la deuxième fois qu'ils essaient de me joindre en moins de cinq minutes. Je me demande bien qui peut cela peut bien être.
- Simons
- Lucas Simons?
- Oui monsieur, lui-même.
- Je vous appelle de la clinique Saint-Boniface.
Un frisson parcours mon dos. Un mauvais pressentiment me tord l'estomac.
- Vous êtes bien le compagnon de Madame Audrey Vincent?
- Effectivement. Que se passe-t-il? Il lui est arrivé quelque chose? lui répondis-je de plus en plus paniqué.
- Elle a eu un accident de voiture. Elle vient d'être admise aux urgences de la clinique.
- Mon Dieu. C'est grave?
- Il vaudrait mieux que vous veniez jusqu'ici. Vous pouvez vous déplacer?
- J'arrive tout de suite. Merci de m'avoir prévenu.
Je ne lui laisse pas le temps de répondre et raccroche directement, sous le choc. Reprends-toi Simons! Ce n'est pas le moment de bailler aux corneilles. Je file dans ma chambre prendre mes clés et mon casque. J'ai quand même la présence d'esprit de prévenir Nicolas. Ce dernier ira prévenir qui de droit. Je fonce vers les urgences. J'y suis en moins de trente minutes malgré la circulation. Je prends à peine le temps d'éteindre le moteur que je saute de mon véhicule.
Les urgences sont pleines à craquer et il me faut du temps pour trouver la personne que je cherche. Je croise enfin une infirmière qui pourra peut-être me renseigner.
- Excusez-moi, je cherche Audrey Vincent. On m'a appelé pour me prévenir de sa présence dans ce service.
- Attendez. Je regarde.
Elle va jusqu'à son bureau et vérifie derrière son écran. Je la suis comme son ombre bien trop inquiet pour la perdre de vue.
- Elle est dans la chambre 6. Venez avec moi.
- Qu'est-ce qu'elle a? lui demandais-je en arrivant près de la chambre. On n'a rien voulu me dire.
- Elle souffre de multiples fractures. Son cœur s'est arrêté deux fois dans l'ambulance, me dit-elle, mais on est parvenu à le relancer.
- Est-ce qu'elle va s'en sortir? demandais-je en déglutissant.
- Son pronostic vital était engagé à son arrivée. Pour en savoir plus, il faudra attendre le médecin de garde.
- Elle est consciente?
- Pour l'instant, elle ne s'est pas encore réveillée. Je suis désolée. Vous voulez entrer? me demanda-t-elle gentiment.
J'acquiesce, incapable de parler. Elle ouvre la porte et me laisse passer. J'ai peur de ce que je vais trouver de l'autre côté. Audrey est là, couchée dans un lit, branchée à tout un tas de machines. Elle est aussi blanche que les draps dans lesquels elle se trouve. Ma vision se trouble. Ce n'est pas possible. Elle allait parfaitement bien quand je l'ai quittée hier soir.
- Que s'est-il passé? murmurais-je à l'adresse de l'infirmière.
- C'est un peu nébuleux pour le moment. D'après ce que j'ai compris, elle roulait en direction du centre quand la voiture qui arrivait en face a perdu le contrôle. Elle n'a rien pu faire pour l'éviter. La voiture était dans un tel état que les pompiers ont dû la désincarcérer.
J'accuse le coup. Heureusement que je suis entraîné à gérer les situations les plus délicates où je me serais déjà effondré. Je passe mes mains sur mon visage comme pour vérifier que je suis bien réveillé. Malheureusement, ce n'est pas un rêve. Au contraire, on pourrait même dire que je suis en plein cauchemar.
- Avez-vous appelé ses proches? demandais-je à la femme à mes côtés.
- Non. Madame Vincent vous a renseigné comme la personne à contacter en cas d'urgence. Nous vous avons appelé directement.
- Merci. Vous avez parlé d'un médecin de garde...
- Oui, je vais le prévenir que vous êtes ici. Il viendra vous rejoindre dès que possible. Vous pourrez lui poser toutes les questions que vous désirez.
- Je peux rester ici?
- Bien sûr. Installez-vous près d'elle, me dit-elle avec un sourire bienveillant.
Elle s'en va, me laissant seul face à ma petite-amie. Mon cerveau ne parvient pas à relier l'image d'Audrey me disant au revoir hier soir et celle couchée dans ce lit. J'ai l'impression d'être dans la quatrième dimension. J'aperçois une chaise dans un coin et la rapproche d'elle. Un bandage couvre l'entièreté de son crâne et des cernes noirs soulignent ses yeux fermés. J'examine le reste de son corps et ne peux empêcher un haut‑le‑cœur en le voyant. Sa jambe et son bras droits sont plâtrés. Des coupures et des griffures en tout genre sont répandues un peu partout. Le seul endroit où je peux la toucher est sa main. J'approche doucement mes doigts du seul morceau de peau encore visible.
Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur la situation que la porte s'ouvre pour laisser la place au médecin.
- Je suis le Docteur Mellendez. Êtes-vous de la famille de madame Vincent? me demanda-t-il en me serrant la main.
- Je suis son petit-ami. Dites-moi comment elle va docteur.
- Je vais être franc avec vous. Ce n'est pas terrible. Les ambulanciers ont dû la réanimer deux fois pendant son transfert ici et elle n'a toujours pas repris connaissance.
- Et ses blessures?
- Comme l'infirmière vous l'a expliqué, elle souffre de multiples fractures mais qui se répareront facilement. Elle est encore jeune et en bonne santé. Ce qui m'inquiète un peu plus sont les chocs que nous n'avons pas vu. Nous allons l'emmener faire des examens plus poussés afin d'être sûrs que nous n'avons rien manqué.
- Vous comptez lui faire passer...
BIP BIP BIP BIP
Le docteur appuie directement sur le bouton d'urgence au-dessus du lit. Toute une équipe débarque en deux secondes et commence à s'affairer autour d'Audrey.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe? demandais-je affolé.
- Laissez-nous faire notre travail monsieur, me demanda un infirmier.
S'en suit une discussion entre eux dont je ne comprends strictement rien. Mon cœur se serre et ma respiration s'affole. La sueur dégouline dans mon dos. Audrey...
- Vite, on l'emmène au bloc.
Ils se mettent tous en route me laissant complètement dépassé. L'infirmier qui m'a parlé tout à l'heure vient près de moi.
- Elle fait une hémorragie interne. Le docteur va l'opérer.
- Mais... elle va s'en sortir?
- Le Docteur Mellendez fait partie des meilleurs du pays. Il fera tout pour. Vous voulez que je prévienne quelqu'un?
- Je vais le faire. Ça me forcera à prendre l'air.
- Bonne idée. N'hésitez pas si vous avez besoin.
- Merci.
J'arrive dehors par je ne sais quel miracle. Je suis dans le brouillard le plus total. Après une grande inspiration, je prends mon téléphone et compose le numéro d'Olivier.
- Salut le GI, me dit-il en riant.
- ...
- Lucas? Pourquoi tu ne parles pas? Ça ne va pas?
L'inquiétude dans sa voix me sort de ma transe.
- C'est Audrey... Elle a eu un accident...
- ...
- J'ai besoin de toi Oli, lui dis-je alors qu'une larme vient rouler sur ma joue.
- Quel hôpital?
- Saint-Boniface.
- J'arrive.
Audrey a toujours pu compter sur lui et cette fois ne fait pas exception à la règle. J'enchaîne avec Nicolas. Je lui explique la situation. Il essaie de me rassurer et promet qu'il arrangera tout avec le Capitaine quant à mon absence. Après dix bonnes minutes, je rentre dans la chambre de ma belle. Tout s'est passé tellement vite. Je n'ai pas eu le temps de tout enregistrer. Je l'ai à peine vue qu'elle m'a été enlevée. Je m'assieds dans le coin, mes pensées complètement embrouillées. C'est dans cette position qu'Olivier me trouve.
- C'est grave? me demanda-t-il d'emblée.
- Le médecin est en train de l'opérer. Apparemment elle a fait une hémorragie interne.
- Mon Dieu... et pour le reste? me demanda-t-il en larmes.
Je donne les explications qu'on m'a fournies à mon arrivée. Je n'en sais pas plus.
- Ça fait longtemps qu'elle est en chirurgie?
- Je dirais une heure.
- Tu veux que j'aille voir si je peux glaner des informations? Tu as l'air sur le point de t'effondrer.
- Je veux bien merci. Tu pourrais prévenir les autres aussi? Je sais qu'elle n'aimerait pas que tout le monde s'inquiète pour elle mais elle aura besoin d'eux.
- Compte sur moi, me dit-il en mettant sa main sur mon épaule.
Les dernières semaines que nous venons de passer ont été tout simplement merveilleuses. Nous avons rattrapé le temps que nous avions perdu et j'ai pu découvrir à quel point j'avais été stupide. Nous n'avons pas forcé les choses. Nous nous laissons avancer petit à petit sans pression. Elle comprend mon besoin d'évasion et je comprends son besoin de proximité. Deux sentiments qui nous paraissaient à l'opposé l'un de l'autre nous offrent finalement un équilibre au sein de notre couple. J'ai également pu rencontrer Sylvie. Je mentirais si je disais que j'ai eu facile à m'adapter. Me dire que j'allais devenir son beau-père si nous allions plus loin m'a comme qui dirait fait reculer de trois pas! Mais cette petite fille est comme sa maman. Elle a su me séduire et il n'a pas fallu longtemps pour que mes doutes s'évaporent comme neige au soleil. Je devrais d'ailleurs la prévenir mais je préfère attendre un peu. La place d'une fillette n'est pas aux urgences. Personne ne devrait y avoir sa place.
- Voilà, j'ai dû me faire passer pour son frère mais j'ai eu ce que je voulais, me dit Olivier une fois de retour dans la chambre. Il semblerait qu'elle soit toujours en salle d'opération.
- C'est normal que ce soit si long?
- Apparemment oui. J'ai posé la question et ils m'ont répondu que c'était toujours délicat d'opérer sans avoir fait un examen au préalable.
J'acquiesce en silence. J'imagine que de partir à l'inconnu comme ici ne doit pas être simple. Je pourrais le comprendre si ce n'était pas moi qui attendait des nouvelles. Ces renseignements ne m'aident pas du tout mais je ne vais rien dire à Olivier qui s'est gentiment dévoué. Il doit être aussi inquiet que moi sinon plus. Après tout, ils sont comme les doigts de la main ces deux-là. Je n'ai jamais vu une relation aussi fusionnelle entre deux personnes qui ne se connaissent que depuis quelques mois. Et pour être tout à fait franc, s'il n'était pas gay, je crois même que je serais jaloux.
- Comment tu te sens? lui demandais-je.
- Comme si un rouleau compresseur m'était passé dessus. Mais tu dois être dans le même état j'imagine.
- Ouais, on va dire ça comme ça... Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive? On venait enfin de se retrouver. Elle mérite d'être heureuse et pas de finir encastrée dans sa voiture.
- On est bien d'accord là-dessus. Je pourrais te dire que c'est le destin mais je ne crois pas à toutes ces conneries. Elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Et même si j'enrage de la savoir si mal, je ne peux que prier pour qu'elle s'en sorte. Se demander le pourquoi du comment ne la fera pas revenir plus vite.
- Tu as raison mais c'est tellement injuste. Comme si elle n'avait pas déjà eu assez de soucis.
- Et si elle a des séquelles? Ça changerait quelque chose pour toi? Tu resterais avec elle quand même?
- Comment oses-tu me demander une chose pareille? m'énervais-je. Évidemment que je resterais avec elle. Elle pourrait rester en fauteuil roulant ou perdre un œil que je m'en moquerais complètement.
- Ne te méprends pas sur les questions que je viens de te poser. Je voulais juste savoir si tu étais prêt à la soutenir quoi qu'il arrive. Les conséquences d'un tel accident peuvent être lourdes et je ne voudrais pas qu'elle souffre de ton rejet en plus. Je ne voulais pas t'énerver. Je l'aime tellement. Je ne veux pas qu'elle te perde maintenant.
- Non, c'est moi qui ne devrais pas m'énerver. Tu as raison. Je comprends ton besoin de la protéger. J'ai le même quoique peut-être à un niveau différent. Vous vous aimez tellement tous les deux. Quand je vois les liens qui vous unissent... Parfois, il m'arrive d'avoir peur...
- Qu'elle te quitte pour moi...
Ce n'est pas une question. Il a très bien compris.
- Je ne vais pas te mentir. Il m'est arrivé par moment de me dire que nous formerions un couple génial mais je me reprends vite. Nous sommes trop proches. Ça ne pourrait pas fonctionner. Il y a deux autres raisons qui font que ça ne marcherait pas de toute façon...
Je hausse un sourcil en attendant la suite avec impatience.
- La première est qu'elle t'aime à la folie. Et même si tu ne t'en es pas encore rendu compte, vous êtes des âmes sœurs. Elle a besoin de toi pour être tout comme tu as besoin d'elle.
- Et la deuxième? demandais-je intrigué.
- Je suis et resterai à 100 % gay! me dit-il sérieusement.
Nous nous regardons avant d'éclater de rire. Je commence à comprendre ce qu'elle lui trouve finalement.
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Salut tout le monde, je vous en prie ne me trucidez pas. J'avais le sentiment que quelque chose devait encore avoir lieu sans savoir quoi. Jusqu'à ce que je mette le doigt dessus.
Olivier et Lucas qui se parlent à cœurs ouverts. Leur inquiétude face à l'accident.
Comment cela va-t-il se passer? Ils étaient bien partis pour être heureux, pourront-ils continuer leur chemin ensemble?
Chapitre corrigé le 11/10/18
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