Chapitre 15 - Dans quoi je m'embarque?
Point de vue de Tom.
Elle ne veut toujours pas me parler. Comment j'ai pu faire une connerie pareille? L'appartement ne ressemble plus à rien et Sylvie la réclame souvent.
- Chéri, tu viens te coucher?
Je regarde Isabelle. Elle a vite pris ses habitudes ici mais je ne sais pas, je ne ressens rien pour elle si ce n'est du désir physique. Il n'y a pas cette confiance que j'avais avec Audrey.
- à quoi tu penses? me demande-t-elle, voyant que je ne réagis pas.
- à rien de spécial, soupirais-je.
- Tu parles. Tu penses encore à elle, je me trompe?
- En quoi ça te concerne?
- Il se trouve que nous sommes ensemble maintenant et que ce qui te concerne me concerne également.
- Pas là-dessus.
Ma réponse est un peu sèche mais je n'en ai rien à faire. Pourquoi je devrais parler de mon ex avec elle? Je me demande sa réaction en apprenant que j'aime toujours Audrey. Oh pas comme au premier jour, il ne faut rien exagérer mais j'éprouve toujours quelque chose pour elle. Elle est tellement discrète en général que j'ai été étonné qu'elle ose me parler d'une telle manière. Au final, elle n'est pas la petite souris craintive que je m'imaginais. Ça me ferait presque regretter la manière dont je l'ai traitée. Presque.
- Tu penses à une autre femme. Comment crois-tu que je le prenne?
- Je te rappelle que c'est toi qui m'a séduit alors que j'avais quelqu'un dans ma vie.
- Tu étais malheureux et franchement, tu ne parlais que de Sylvie. Audrey n'est arrivée sur le tapis que plus tard.
- Tu pensais vraiment que Sylvie descendait du Saint-Esprit? Laisse-moi rire.
- Tu aurais très bien pu être père célibataire pour ce que j'en savais.
- De toute façon, est-ce que ça aurait changé quelque chose?
- Non, je ne pense pas. Je suis tombée amoureuse de toi à la minute où je t'ai vu. Et quand je veux quelque chose, je fais tout pour l'avoir.
- Mouais, c'est bien ce que je disais. En attendant, on parle d'une femme qui a partagé ma vie pendant sept ans. J'ai quand même le droit de penser à elle. En plus, elle est la mère de ma fille et je vais être amené à la revoir.
- Je préfèrerais que tu pense à moi et non à elle, surtout au moment de se coucher, me dit-elle aguicheuse.
Elle se rapproche de moi sensuellement et commence à m'embrasser d'une façon qui ne laisse planer aucun doute quant à la suite du programme. Ses mains se baladent partout sur mon corps. Nos soupirs se mêlent, nos respirations s'accélèrent, nos cœurs s'affolent. Elle me fait tout oublier pendant un long moment, me rappelant pourquoi je suis avec elle. Après une étreinte passionnée, nous nous endormons dans les bras l'un de l'autre jusqu'au lendemain matin.
Nous sommes réveillés par une petite furie qui vient bondir sur le lit, à mon plus grand amusement mais au grand dam de ma nouvelle compagne visiblement.
- Laisse-nous tranquille Sylvie, il est trop tôt, grogne-t-elle.
Je n'apprécie pas vraiment son comportement. Personne ne fait passer ma fille après les autres.
- Viens chérie, dis-je en emmenant ma princesse, on va faire le petit-déjeuner.
- Mais comment on fait? C'est maman qui le fait d'habitude, dit innocemment Sylvie. Je veux maman. Pourquoi elle revient pas? Elle m'aime plus? me demande-t-elle toute triste.
- Ta maman t'aime très fort mais elle ne peut pas revenir.
- Mais pourquoi? insiste-t-elle.
Bon, comment expliquer la situation à un enfant de cinq ans? J'ai beau remuer le tout dans ma tête, mes neurones ont du mal à fonctionner de grand matin.
- Tu veux des crêpes? Ça je sais faire, lui dis-je espérant faire diversion.
- Ce sont les crêpes que maman a mis dans le frigo qui givre, dit-elle en riant. Elle revient quand s'occuper de nous? me demanda-t-elle plus sérieusement.
Décidément, elle ne lâchera pas l'affaire.
- Viens t'asseoir ma puce.
Je la soulève et la dépose sur la table pour que nous soyons à la même hauteur.
- Parfois les papas et les mamans ne s'entendent plus et ils ne peuvent plus rester ensemble.
- Mais pourquoi Isabelle est ici? Je veux qu'elle parte et que ma maman revienne. C'est sa faute, elle est méchante.
- Elle n'est pas méchante, elle n'a pas l'habitude des petites filles c'est tout.
- Maman était gentille avec moi, elle me grognait jamais dessus.
- Laisse une chance à Isabelle, tu veux bien?
- Non, je veux maman, me dit-elle butée.
- On va faire un deal. Si tu es gentille avec Isabelle, je m'arrangerai pour que tu puisses voir ta maman. Ça marche?
Elle semble réfléchir intensément à la question tandis que je me sens mal. C'est la première fois que je fais du chantage à ma fille et je n'en suis pas fier, surtout que la seule chose qu'Audrey a demandé était de voir Sylvie. Après quelques minutes de réflexion, je la vois acquiescer.
- Je pourrai la voir quand?
- Je ne sais pas chaton, le plus vite possible.
- Ouais, j'ai hâte de la voir, me dit-elle son sourire étant réapparu.
Ouf, j'ai évité la crise mais je ne sais pas pour combien de temps. Je réchauffe les crêpes et nous mangeons quand Isabelle débarque, mal lunée comme d'habitude. Tant qu'elle n'a pas eu sa tasse de café, pas moyen d'en tirer un sourire.
- Pourquoi vous vous levez aussi tôt? Surtout un samedi, c'est pas humain.
- Le samedi, on va toujours se balader avec mamie.
- Et bien, plus pour longtemps, murmure Isabelle.
Si elle croit que je ne l'ai pas entendue, elle se trompe. Tout comme elle fait fausse route si elle pense que nous allons changer nos habitudes pour elle. Cependant, mes lèvres restent scellées, n'ayant pas envie de me disputer de grand matin.
Une fois le repas fini, j'envoie Sylvie se préparer le temps de terminer mon café.
- On est obligé d'y aller? me demande Isabelle
- Nous oui, toi tu fais ce que tu veux. Tu es la bienvenue si ça tente.
- Non merci, je passe mon tour.
- Tu ne fais aucun effort pour t'intégrer. Comment veux-tu que ma fille t'apprécie?
- Je m'en moque complètement, je n'ai pas la fibre maternelle et tu le sais. De toute façon, un jour ou l'autre elle ira probablement vivre avec sa mère.
Le choc est grand. Je ne l'ai jamais entendue parler comme ça. Cela dit, elle n'a pas tort, Audrey voudra sûrement avoir la petite près d'elle une fois qu'elle se sera retournée. Et qu'est-ce que je ferai à ce moment-là? Me séparer de ma princesse est tout simplement inconcevable et empêcher Sylvie d'habiter avec sa mère tout autant. Il nous reste la solution de la garde partagée. Bon Dieu, que c'est compliqué! Enfin, il est encore tôt pour y penser. Je doute fortement qu'Audrey ait eu le temps de trouver un appartement. En parlant de ça, où habite-t-elle? Elle n'a jamais vraiment eu d'amis ou alors c'étaient de vagues connaissances. À moins qu'elle ne soit partie vivre chez cet homme qui l'accompagnait. Olivier je crois, oui c'est ça Olivier. Rien qu'à cette idée, une douleur me frappe en pleine poitrine. Que j'aille avec quelqu'un d'autre, c'est une chose mais qu'elle fasse pareil a du mal à passer. Je n'ai pas aimé du tout sa façon de la toucher ni de la regarder comme si elle était sienne. C'est l'incompréhension totale. Autant j'avais l'impression de ne plus tenir à elle quand nous vivions ensemble, autant maintenant, je me rends compte que ça me fait quelque chose de savoir qu'elle est peut-être avec quelqu'un d'autre.
- Tu n'y avais pas pensé n'est-ce pas?
- Non, tout est allé trop vite. Je n'ai pas encore les idées très claires.
- Tant que tu sais que ta place est avec moi et plus avec elle, ça me va. Je pourrai m'arranger du reste mais ne prends pas trop de temps pour tout régler.
- Mais qu'est-ce qu'il t'arrive ce matin? Je ne te connaissais pas sous cet angle.
- Je suis comme d'habitude pourtant. Et puis, sois franc. Ce n'est pas ma façon de penser qui t'a plu et que tu as désirée, me dit-elle en me regardant droit dans les yeux.
- Mouais, n'empêche, essaie de faire un effort ou ce sera vite fini entre nous.
Elle n'a pas le temps de réagir que Sylvie arrive presque en courant. Elle s'est habillée de son t-shirt préféré et d'une jupe lui arrivant aux genoux. Elle est trop chou comme ça. Je regarde par la fenêtre et remarque que le temps n'est pas très ensoleillé.
- Va chercher un pull et mettre tes chaussures pendant que je me prépare d'accord?
- Elle vient avec nous? me demanda-t-elle en désignant Isabelle avec son menton.
- Non, elle a
- Si je viens finalement, me coupe-t-elle. Je m'habille et je suis à vous.
Pour une surprise, c'en est une! La déception se peint sur le visage de ma fille qui espérait sûrement passer un moment rien qu'à nous. Je ne comprends pas son changement d'attitude, en vacances elles s'entendaient comme larrons en foire. Encore que, nous ne nous affichions pas ouvertement non plus et elle ne la voyait donc pas comme la personne qui prenait la place de sa mère. Quand je me suis lancé dans cette histoire, je n'ai pas du tout réfléchi aux conséquences que ça pourrait avoir sur Sylvie, ni même sur Audrey. Je n'ai pensé à rien excepté mon désir, ce dernier m'ayant assurément aveuglé.
Je me secoue, me forçant à bouger. Ce n'est pas tout ça mais une journée chargée m'attend. Je suis en train de m'habiller quand une pensée vient me perturber, encore une. Que va penser ma mère de la situation et d'Isabelle? Elle n'est encore au courant de rien. Elle ne sait même pas qu'Audrey m'a quitté! Je ferme les yeux et passe une main sur mon visage en espérant trouver une solution à toute cette pagaille. Solution qui n'arrive pas dans la seconde évidemment. Et m... Tant pis, je verrai une fois sur place. Je n'ai pas le choix de toute façon. Elle va très certainement m'étriper vu qu'elle a vécu plus ou moins la même chose avec mon père.
- Papa, tu es prêt? me crie ma princesse, me sortant de ma transe.
- Heu, oui j'arrive ma chérie.
Quand j'arrive dans le salon, elle est encore seule. Ça aurait été trop beau qu'Isabelle soit déjà là.
- Pourquoi elle vient? me murmure-t-elle, une fois dans mes bras.
- Elle veut apprendre à te connaître.
- Et si je veux pas moi?
- Rappelle-toi notre pacte. Tu vas faire un effort?
- Moui, dit-elle d'une toute petite voix.
- Me voilà, nous dit Isabelle qui nous rejoint presque en courant. On y va?
Nous acquiesçons tous les deux et mettons notre veste. Je prends mes clés et mon portefeuille avant de sortir et de fermer l'appartement. Nous sommes déjà près de la voiture quand je prétexte devoir vérifier quelque chose. Je retourne sur mes pas les laissant seules au grand regret des deux filles. Je prends mon portable et compose le numéro de ma mère.
- Allo?
- Maman, c'est moi.
- Bonjour Tom. Il y a un problème?
- Non du tout. Écoute, je vais venir avec une autre femme qu'Audrey. La situation est assez compliquée et je n'ai pas envie d'en parler devant la petite mais je t'expliquerai tout plus tard, promis.
- Très bien mais tu as intérêt à avoir une bonne explication, me dit-elle avant de raccrocher.
Ça s'est fait et ça promet une journée pleine d'étincelles et pas de joie. Prenant mon courage à deux mains, je rejoins les autres et nous partons.
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Ouf, j'y suis! Pas évident le point de vue de Tom. Comment se mettre à sa place?? Mais je trouvais que c'était intéressant de voir un peu ce qu'il se passe de son côté. Alors verdict?
Chapitre corrigé le 10/10/18
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