Elle s'est envolée
Elle s'est envolée, ce matin.
Alors que le soleil étirait ses premiers rayons au-dessus du monde, que les couleurs fleurissaient à nouveau dans nos yeux, je l'ai vue s'envoler. J'ai vu des ailes, comme attirées par la lumière, et brillantes d'espoir. J'ai vu son sourire se déposer comme la rosée sur les fleurs. J'ai vu ces yeux remplis d'étoiles, ces yeux qui, déjà, appartenaient au ciel.
Elle s'est envolée, à l'aurore. Elle aurait pu choisir le crépuscule. Mais elle a traversé la nuit. Elle nous a tendu la main, et nous a amenés jusqu'à l'aurore. Elle nous laissait le soleil. Et ce n'est qu'alors que les étoiles, une a une, s'effaçaient de l'horizon, que je l'ai vue en devenir une.
Elle voulait voler. Comment retenir au sol un oiseau qui se découvre sans chaînes ? Quelles paroles ne glissent pas sur lui comme une larme sur la joue, comme le vent sur ses plumes ? Elle pensait être éphémère. Mais je savais, moi, que c'était faux. Elle était éternelle, juste le temps d'une vie. Juste pour une poignée de secondes.
Elle était incroyable. Ses mains traçaient dans le ciel des avions de papier. Son rire faisait fleurir même la fleur fanée. Elle était le soleil. À peine plus éternelle qu'un rayon de lumière. Et cela suffisait.
C'était son monde. Notre monde. Quand ses yeux brillaient de larmes, c'était un tempête, un ouragan qui brûlaient sur ses joues, dans ses yeux, dans son cœur. Elle pouvait faire s'effondrer le monde par la force d'un cri de rage. Je la voyais, son âme danser sur le fil de la vie, ses pieds avancer un à un sur le rebord du monde.
Elle avait appris qu'il n'y avait rien à perdre. Alors un jour, elle a attrapé son sourire, ses larmes, et toutes les couleurs du monde, et elle s'est envolée. Parfois, j'ai encore l'impression que mon cœur s'est enfui avec elle.
Elle s'est envolée, ce matin. J'entends encore le bruit de ses pas qui s'éteint, le froissement de ses ailes qui se déplient. C'était un deuxième soleil qui contemplait le réveil du premier. C'était un autre monde, qui n'avait pas sa place ici, sans doute.
Elle, c'était un autre monde. Un oiseau, une étoile, un rayon de soleil dans la nuit. Elle, c'était un cœur qui palpitait entre nos mains, un sourire gravé sur nos lèvres, un rire qui tournait en boucle dans nos oreilles.
Elle, c'était la danse de la pluie et du vent, la lenteur de la chute d'une feuille morte, de l'éclosion d'un bourgeon. Elle, c'était la vitesse d'une pensée, un infime fragment d'éternité.
Elle s'est envolée, ce matin, comme un ballon qu'on lâche vers le ciel, une lanterne qui s'éloigne dans la nuit. Je n'ai plus de nom, plus de visage, plus rien d'elle, si ce n'est ce sentiment de joie et de douleur qui s'éveille au fond de ma poitrine quand elle se rappelle à ma mémoire.
Elle, c'était une autre. Une âme, une seule, parmi des milliers. Pas plus belle, ni plus intelligente que les autres, mais infiniment plus vive. Elle, ce pouvait être n'importe qui. Elle, c'était un autre enfant de la vie avorté avant l'heure, tout ce que l'espoir avait fait de plus beau. Elle, c'était toi. C'était moi. C'était cette part d'oiseau, de soleil et d'étoiles, cachée au fond de nous.
Elle, c'était un regard lancé, deux yeux qui s'accrochent, deux mains qui se cherchent. Elle, c'était un cœur de porcelaine, un cœur d'océan et de désert. Elle, c'était indescriptible. C'était tout. Ce n'était pas.
Elle s'est envolée, ce matin. Dressée face à la vie, ses pieds ont quitté le sol. Son cœur s'est déployé pour que le vent la prenne sous son aile. Et j'aurais juré avoir vu, entre les rayons éclatants de l'aurore, une petite étoile, infime au milieu des ombres, briller comme d'un nouvel espoir, avant de disparaître pour laisser place au soleil.
Comme l'éclat d'un dernier sourire.
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