Lettre à moi-même
Toi,
Cette lettre sera probablement la plus difficile à écrire. Je ne sais même par où commencer.
Tout d'abord soit forte. On est presque arrivée au bout. C'est difficile, c'est même invivable mais on peut y arriver. Ne dis rien, fais profil bas et on évitera peut-être les déconvenues habituels.
Par contre s'il te plait anime-toi un peu ! Il reste si peu de temps et tant de personnes à voir, tant de ligne à écrire, tant de livres à dévorer, tant de projets qui s'envolent en fumée.
Mais surtout ne regrette rien. Regarde en arrière ! A-t-on jamais été heureuses ? Non. Même l'enfance a ce sale goût de tristesse et de solitude. Tu as fais de ton mieux. Tu as été bonne avec tous, tu as bien été quelque fois jalouse ou peu agréable sans raison, mais la plupart du temps tu as su aimer tout le monde et tu as même réussi a pardonner à ceux qui t'ont fait tant souffrir. Tu n'avais pas de rêves trop grands, pas d'ambitions démesurés. Tu étais certes un peu différentes, mais tu n'as jamais su mentir et il n'y a rien de mal à être différent. Alors ne regrettes rien. Tu as patienté, on t'a répété sans cesse que ça irait mieux demain, tu as espérée beaucoup mais tu n'as vu que les choses s'empirer, que tes rêves s'envoler en fumée et les nuages noirs s'amonceler autour de toi au point d'aujourd'hui t'étouffer. Nous nous sommes visiblement tromper d'époque, d'endroit ou que sais-je. Mais notre place n'est pas ici.
On a eu quelques bons moments certes mais aucun vraiment exceptionnel. Et ils sont tellement minoritaires. Ils ne peuvent effacer tous les matins où l'on se réveille en pleurant de se voir si seul. Tous ces autres matins où lever est une épreuve qu'on met des heures à surmonter tant la journée n'a rien à nous apporter. Tous ces jours qui défilent sans rien apporter de nouveau, sans rien apporter de bien surtout. Juste cette même routine de reproches, de solitude, de douleurs.
Ce sera dure mais pense à ces presque 25 ans sans que personne qui ne te connaisse vraiment ne t'ai dit je t'aime, sans que personne n'ai voulut de toi, sans personne pour te laisser une chance. Pense à ce jour où la défaite sera tellement totale que je n'arrive toujours pas à m'imaginer comment nous pourrions l'affronter. Pense à ce vide énorme dans ta vie, ce désir si puissant qui te hante chaque jour depuis des années et qui n'a jamais été comblée et dont rien en puisse te laisser espérer qu'il le sera un jour. Pense au fait que personne ne comprends que ça te fasse souffrir autant.
Je suis désolée. Je ne t'ai jamais vraiment aimé. Je déteste ton apparence, je déteste chaque kilos superflu que pourtant je ne cesse d'accumuler, je déteste chacun de tes défauts, de tes phobies ridicules, de ce stress qui te ronge pour des broutilles et te déserte dans les grandes occasions, de cette imagination qui te persuades toujours du pire, de cette passivité qui t'immobilises, de cette jalousie qui te ronge de l'intérieur, de cette timidité qui te pourrit la vie, de cette naïveté qui ne cesse de t'attirer des malheurs. Dans ce monde je ne hais vraiment que toi.
Alors ne regrette pas et ne regrette rien. Et pour une fois sois courageuse et finissons-en.
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