Chère Jasmine,

C'était enfin le fabuleux moment que j'attendais depuis des mois, Ange m'a accompagnée à ta demeure. Je lui en suis tellement reconnaissante, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans lui.

Nous sommes donc partis à Bordeaux et je dois dire que j'ai été encore plus époustouflée par les façades le long des quais, de la Place des Quinconces et de celle de la Victoire, tous ces monuments merveilleux.

J'étais là, devant la porte de ton appartement, dont la boîte aux lettres indiquait clairement les noms :

"Famille De Sauge, Monsieur Alfred, Madame Delphine

et Mademoiselle Jasmine"

J'ai frappé trois coups anxieux et une domestique aux cheveux blancs m'a ouvert. Je t'ai demandée et elle m'a invitée à rentrer. Mon cœur tambourinait et j'avais l'impression que le monde entier pouvait l'entendre.

Et puis je t'ai vue et... oh ! Jasmine, je ne sais s'il existe un mot ou une fleur pour décrire exactement mon émotion à cet instant. Je n'osais y croire.

Jasmine, quand tu es arrivée dans la pièce vêtue de ton ensemble ivoire, j'ai vu mon reflet, différent en un point : tu avais les cheveux bouclés de Maman !

J'ai bafouillé ton prénom et ta voix cristalline a prononcé le mien dans un murmure. Nous étions si surprises !

Je n'ai jamais été aussi comblée que lorsque tu m'as prise dans tes bras. Tu as essuyé mes larmes, étonnée de ma sensibilité accrue. Tu as ri, de ce rire mélodieux qui devenait ma sonorité favorite. Mais il y a une chose qui m'a absolument ravie dans notre rencontre, Jasmine :

Tu as un trou entre les incisives !

A notre amitié naissante de soeurs inconnues,

Violette.