Je t'ai revue hier, mais tu le sais, tu étais là. Je t'ai revue en face, assis à la même table. Juste un verre, comme deux amis qui se seraient quitter la veille.
Je t'ai revue et je n'ai pas su quoi dire. Comment tant de banalités peuvent sortir d'un corps dont le coeur à tant à dire ? Pourquoi les mots ne sortent pas quand ils devraient ? Et pourquoi sont ils si clairs quand je ne peux plus te parler ?
J'ai dix ans de vie à raconter, dix ans de jours sans toi, dix ans de minutes longues d'une vie qui m'apparaît triste désormais. Te revoir m'a montré à quel point j'ai peu vécu tout ce temps. Je sais à présent que c'était dix ans d'attente d'hier. Dix ans assis dans une salle vide à espérer qu'une porte s'ouvre pour te voir. Dix à penser à toi, à te parler parfois dans mes pensées quand la nuit était trop longue ou la vie trop lourde.
Tu es belle tu sais. Tu as toujours été plus belle chaque jour où tu étais près de moi, et tu es plus belle encore maintenant. Ce n'était pas moi qui te rendait belle au final, tu as ça en toi, d'être plus belle chaque jour.
Pourquoi je n'ai pas pris ta main dans la mienne ? Pourquoi je ne t'ai pas dit à quel point mon coeur tapait fort dans ma poitrine ? A quel point, à cet instant, te voir devant moi me rendait vivant à nouveau ? Pourquoi je me suis tue ?
La peur de te faire peur avec des sentiments que tu n'as plus pour moi. La peur de chambouler encore ta vie et de te faire du mal à nouveaj. La peur au fond de ne pas être à la hauteur de ce que je voudrais être pour toi. La certitude d'être imparfait quand tu mérite le meilleur. La peur d'échouer encore à te rendre heureuse.
Alors voilà, ma raison à filtré les mots qui venaient de mon coeur pour ne laisser passer que les banalités. J'ai dû te paraitre bien fade, pathétique peut-être. Et maintenant je brule de te dire tout ce que je n'ai pas dit. Mais il est trop tard. Tu es retournée à ta vie. La porte s'est fermée et je me retrouve avec tout ces mots orphelins.
Je les couchent alors sur du papier, il sera leur linceul.
Je t'ai revue hier, et pendant un instant, j'ai aimé à nouveau, j'ai été vivant à nouveau.

Je t'aime.