Une dragonne et une journaliste sur la plage dans un roman dark academia
(Proposition de Yusuradreams sur Insta)

Izi travaille pour le Conseil des Grands Mages. Elle est attitrée au Grand Mage R. Un vieillard à demi sénile qui compte parmi les plus anciens des anciens. Elle l'accompagne où qu'il aille et rend compte de ses actions dans la Revue, un registre qui sort deux fois par an et qui informe les lettrés des exploits des Grands Mages encore en activité.

En cet automne, R. retourne dans le village où il est né, une micro cité construite (et creusée) à flanc de falaise. Officiellement, il est là pour découvrir ce qui fait qu'un enfant naît mage ou non, car ils sont de moins en moins nombreux et une dizaine des Grands Mages de ces 100 dernières années sont issus de ce village. En réalité, Izi est persuadée qu'il vient pour y mourir.

La première semaine, il ne lui laisse aucun répit et l'envoie visiter chaque bâtiment qui compose la micro cité. La bibliothèque (pas si petite), l'université (ou elle rencontre l'intégralité de 17 étudiants et 3 professeurs), la boutique de l'apothicaire (aussi grande qu'un placard à balais), la boulangerie (où, depuis des années, la farine est mixée à la roche calcaire qui compose les murs de l'atelier et qui, grâce à ça, se paie le luxe d'être le magasin le plus étendu de la ville), l'étal suspendu du poissonnier (qui remonte ses lignes directement depuis son tabouret branlant).

Malgré la petitesse de l'endroit, les gens y sont relativement bien habillés et instruits (tout le monde ou presque passe par l'université), même les métiers les plus ordinaires sont rehaussés d'une touche de folie ou d'innovations qui facilitent la production et la vie des artisans. La vie nocturne est très développée, tout est éclairé à la bougie une grosse partie de la nuit.
C'est pourquoi on l'appelle micro cité plutôt que village.

Il y a plus d'échelles que de rues dans la micro cité et la plus longue mène directement à la plage qui se trouve sous la ville. Le jour où R lui laisse enfin quelques heures de liberté, Izi en profite pour descendre jusque-là. L'endroit est désert, même la pluie ne l'atteint pas, interceptée quelque six cent mètres plus haut par les bâtiments qui se détachent sur la roche grise.

Ce jour-là, elle rentre auprès de R. sans avoir rien vu de particulier, mais rapidement, elle va se mettre à descendre sur la grève dès qu'il lui laissera un peu de temps libre et commencer à soupçonner qu'un drôle de poisson la surveille.

Depuis deux ans qu'elle est entrée au service de R. c'est elle qui, bien qu'elle ne soit pas une Mage, s'occupe de toutes les affaires qu'elle lui a attribuées dans la Revue. C'est donc tout naturellement que l'enquête concernant la sur-représentation de bébés Mages lui est revenue. Problème : Elle est persuadée que ça n'ira nulle part, elle n'a jamais cru en ce sujet. Alors, le jour où elle aperçoit enfin le poisson qui la surveille et qu'elle découvre qu'il s'agit d'un étrange serpent ailé aquatique dont personne n'a jamais entendu parler, elle abandonne ses recherches pour se concentrer sur sa nouvelle découverte.

Au fils des semaines elle parvient à l'approcher et s'en fait un ami. Elle découvre alors que l'animal, qu'elle a appelé Dragon de Mer est en fait une dragonne et que ses œufs, qu'elle a caché sur un pic rocheux sont convoités par des pirates. Elle décide de l'aider à les protéger alors que, seul dans la chambre qu'il loue depuis leur arrivée, R. s'éteint seul.

Alors que tout semble perdu, que les pirates sont sur le point de capturer et la dragonne et ses œufs, Izi sent une chose nouvelle éclore en elle et elle parvient à tous les repousser grâce à une magie qu'une n'avait pas, jusque-là.

Dans le feu de l'action, elle est projetée à l'eau et est sauvée par la dragonne. C'est en la touchant qu'elle parvient pour la première fois à communiquer avec elle, par des images car la dragonne ne parle pas la langue des humains.

Elle comprend alors que les dragons sont des créatures uniques de plus d'une façon. Ils naissent avec de la magie mais sont incapables de l'utiliser et elle s'accumule en eux au point de les mettre en danger. En grandissant, ils apprennent à s'en décharger sans l'aide de personne, mais à la naissance ils en sont incapables, c'est pour ça que dès que leur coquille se fendille leur magie envoie un premier appel. Cet appel peut se répercuter sur de longues distances, mais va avoir tendance à s'accrocher à la première étincelle de vie durable qu'il va croiser. Un nouveau né, souvent, parfois un fœtus particulièrement robuste. Systématiquement celui d'un animal capable de survivre au moins soixante ans, le temps pour le dragonnet de devenir adulte. À proximité des côtes, l'animal a de grandes chances d'être humain, mais les dragonnes choisissent de plus en plus de donner naissance au milieu de l'océan, là où elles seront plus en sécurité. Ainsi, si les naissances de mages humains ont chuté, celles de baleines magiques ont explosé, mais ça, personne ne le sait.

Le lien permet au jeune dragon de purger sa magie à mesure que son porteur l'utilise, ce que les humains adorent faire. À la mort du porteur, le dragon adulte n'a aucun intérêt à en trouver un nouveau puisqu'il peut se décharger seul de sa magie excédentaire. Dans ce cas précis, la dragonne a senti son porteur rendre son dernier souffle (c'était R. suivez, un peu) alors que ses œufs étaient en danger et elle a choisi de se lier à Izi pour laisser à celle-ci une chance de les protéger.

Izi est donc désormais une Mage, et si elle pensait au départ ne pas parler des dragons dans la Revue, elle change d'avis. Parce que plus les dragons seront protégés, plus ils pondront, et plus ils pondront, plus grand sera le nombre de Mages à voir le jour, ce qui est ce que le Conseil souhaite. Alors, le conseil protégera les dragons. Peut-être même qu'ils pourront s'associer, ou au moins se rencontrer, comme elle l'a fait avec sa dragonne.
Peu de temps après, les œufs éclosent, et dans les jours et semaines qui suivent, quatre petits mages voient aussi le jour dans la micro-cité.