Chapitre 29
La première chose qui frappa Maika fut le sentiment d'apaisement. Il n'y avait ni douleur ni regret. C'était comme flotter au-dessus de son propre corps et se rendre compte qu'on a plus aucun contrôle dessus. Qu'on est spectateur.
La seconde fut la lucidité du moment. C'était comme si elle pouvait voir Paul lui attraper la nuque et soulever son corps sans vie. Comme si elle pouvait le voir enfouir son nez dans ses cheveux en la suppliant de ne pas l'abandonner.
Puis elle entendit sa voix fébrile au téléphone. Il parlait vite, de façon saccadée, paniquée. Il appuya de façon énergique sur son abdomen et la douleur arriva enfin. La jeune femme était presque soulagée. Ce n'était pas normal de partir de façon si sereine après une telle boucherie. Elle grogna et tenta de se débattre mais elle n'avait plus de force.
"Elle a réagit."
Paul semblait presque soulagé de lui faire mal. Elle, par contre, s'en serait bien passé. Elle l'entendit décrire la situation et son interlocuteur répondre qu'il fallait qu'il la maintienne en vie, qu'ils étaient en route et que si elle passait la nuit, il pourrait tenter de la sauver.
"Paul," c'était la voix d'Alice Cullen au téléphone. "Il va falloir que tu trouves un moyen de cautériser la plaie pour pas qu'elle se vide de son sang avant qu'on soit là."
Il lui demanda comment faire et Maika eut un haut le cœur. Il allait devoir la brûler comme un cochon qu'on marque et ça allait sûrement lui faire un mal de chien.
Elle perdit connaissance quand la douleur fut trop intense.
De temps en temps, elle entendait Paul lui parler d'une voix douce et rassurante. Avait-il conscience qu'elle ne comprenait pas un traître mot de ce qu'il lui disait ? Peut-être s'en fichait-il et que ce qu'il lui disait à elle, avait pour simple but de le rassurer lui.
Elle voulait lui parler, lui expliquer que c'était pas grave, qu'elle ne regrettait rien et que si elle partait comme ça, ça en valait la peine. Mais d'une, elle n'était pas certaine que Paul avait envie d'entendre et de deux, elle était trop faible pour parler.
Maika se rendit compte que le temps passait, mais les minutes semblaient être des heures et le temps s'étirait à l'infini. Quand la porte en bois du bar à l'abandon claqua et que le silence fut remplacé par le chaos, elle sombra à nouveau.
La jeune femme se réveilla ballotée dans une voiture, elle avait trop chaud et son abdomen la faisait souffrir et la démangeait à la fois.
Mais elle était en vie, elle avait les yeux ouverts et elle pouvait deviner le paysage qui défilait au travers de la nuit noire. Elle était allongée à l'arrière d'un pick-up, et elle n'avait même pas besoin de tourner la tête pour savoir que la personne qui la tenait était Paul. Son odeur, mélangée au sang, était partout sur elle et l'enveloppait. Il dormait, sa respiration était lente et profonde.
A l'avant, Alice Cullen conduisait, le visage impassible. A côté d'elle, Jake dormait à point fermé lui aussi. La vampire devait avoir compris que la blessée était réveillée. Sans jeter un regard dans le rétroviseur, elle chuchota juste assez pour qu'elle l'entende :
"Comment tu te sens ?"
"J'ai connu mieux." Souffla Maika en évaluant la situation. "Tu avais promis de ne pas leur dire où je me trouvais."
Alice soupira et la regarda enfin.
"Si je ne l'avais pas fait, tu serais morte à l'heure où je te parle."
Elle continua.
"Souhaiterais-tu être morte Maika ?"
La jeune fille se sentit blessée par cette question directe. Elle n'avait pas vraiment cherché à se mettre en danger de mort. Elle savait que c'était une possibilité, voire une issue inévitable, et elle avait fait sa paix avec ça. Mais le fait de s'en être sortie lui laissait un gout amer dans la bouche.
"Je ne sais pas, " répondit-elle enfin.
Alice ne la jugea pas, ne tenta pas de lui faire la morale. Elle acquiesça simplement.
"Toujours est-il," continua-t-elle, "que je n'ai jamais vu quelqu'un aussi près de me décapiter que Paul lorsqu'il est venu exiger que je lui dise où tu étais parti."
Alice secoua la tête avec un léger sourire.
"A ce moment-là, ton destin n'avait pas basculé et ta mort imminente n'était pas encore totalement claire. Il est parti seul, sans prévenir la meute. Cette histoire m'aura au moins servi de leçon et je ne mettrais plus jamais entre un loup et son imprégnée."
Maika dû se rendormir car lorsqu'elle ouvrit les yeux des heures plus tard, il faisait jour et elle était dans le lit de la chambre d'ami d'Emily et Sam. Paul dormait sur une chaise tirée au plus près du lit, la tête entre ses bras posés sur le matelas. Si la jeune femme tendait la main, elle pourrait lui caresser les cheveux, le réveiller et lui demander ... lui demander s'il avait changé d'avis, si elle était devenue sa priorité et s'il ne laisserait plus rien se mettre entre eux.
Mais ça faisait trop mal, pas de tendre la main, non la déception qui suivrait si la réponse de Paul n'était pas à la hauteur de ses espérances.
Physiquement, la jeune louve se sentait mieux. Son ventre la tirait mais elle se sentait capable de faire quelque pas pour rejoindre son alpha et sa femme dans la cuisine. Elle repoussa précautionneusement les couvertures, autant pour ne pas réveiller Paul que pour ne pas faire de geste brusque.
Se mettre debout fut un supplice, mais à force de précautions inutiles, Maika finit par se mettre debout. Elle fit un pas, puis deux, et se rendit compte que c'était plutôt sans douleur.
Elle se dirigea vers la porte à pas de loup (sans mauvais jeu de mot). Elle allait poser la main sur la poignée.
"Où crois-tu aller comme ça ?"
Elle sursauta et posa une main sur sa blessure en se retournant. Paul était déjà debout, l'air inquiet.
"Tu as mal ? Qu'est ce que tu fais debout ? Carlisle a dit que tu pouvais encore faire une rechute, ça ne fait pas longtemps qu'il pense que ça va aller pour toi... Ça va pour toi ?"
Il débitait un nombre de paroles hallucinantes pour quelqu'un qui n'avait pas fait de pause respiration. La jeune fille n'avait même pas réussi à en placer une, et elle vit clairement où l'inquiétude laissa la place à la colère et l'incompréhension.
"A quoi est-ce que tu pensais ? Notre force c'est la meute, c'est d'être ensemble."
"C'est toi qui dit ça ?" Souffla-t-elle l'esprit embrouillé. "Notre force c'est d'être ensemble ?"
Il prit conscience de ce qu'elle voulait dire et devint livide.
"Tu m'as laissé tomber Paul. Comment veux-tu que je te fasse confiance pour quelque chose d'aussi important que de venger le meurtre de mon père quand je ne peux même pas compter sur toi pour ne pas briser mon âme."
"Je suis désolé Maika."
"Ça ne me suffit pas que tu sois désolée."
Elle ne savait pas d'où lui venait cette force de lui résister. Elle voulait enfouir son nez dans son cou. Respirer son odeur jusqu'à ne plus savoir qui elle était. Mais faire ça, ce serait lui pardonner. Dire qu'elle acceptait la façon dont il l'avait traité. Or c'était impossible. Il l'avait reniée.
Elle.
Celle qui était née pour être dans ses bras. ¨
Pour être sa moitié.
La meilleure partie de lui.
"Maika," souffla-t-il en la prenant précautionneusement par les épaules.
Elle sentait déjà ses barrières s'abaisser rien qu'à son contact.
"Je ne sais pas comment me faire pardonner et les explications que je vais te donner, jamais, non jamais, ne seront des excuses suffisantes pour ce que je t'ai fait."
Il lui embrassa la tempe d'un baiser léger qui la fit frissonner.
"Je te demande juste de m'écouter jusqu'au bout. Et si ensuite tu n'arrives pas à me pardonner, et que tu me dis que ça n'arrivera jamais, je le comprendrais. Mais je passerais le reste de ma vie à attendre le moment où tu y arriveras. A tes côtés, à veiller sur toi pour que le cauchemar qu'on vient de vivre ne se reproduise jamais."
Maika sentit les larmes lui monter aux yeux.
"Le soir où je me suis enfin laissé aller à accepter que tu étais le centre de mon univers a été la plus belle nuit de ma vie. Et quand la mère de Becca m'a appelé paniquée par sa tentative de suicide ça a été la douche froide. Comment je pouvais la laisser tomber, elle si fragile. Alors que je savais, au fond de moi, que toi, tu saurais vivre sans moi. Tu ne pouvais pas être mon âme sœur et être le genre de personne qui a besoin des autres pour survivre. Ça a été ma seule erreur Maika, tu comprends ? Ne pas me rendre compte à quel point ce lien qui nous unit est fort. A quel point J'ai besoin de toi. A quel point je ne peux pas vivre sans toi."
Il passa une main dans les cheveux de la jeune fille.
"A quel point j'ai besoin de te toucher, à chaque instant."
Il fit courir son nez le long de son cou.
"A quel point je dois pouvoir te sentir, chaque jour."
Il passa une main sous son t-shirt dans son dos.
"A quel point j'ai besoin de la chaleur de ton corps tout contre le mien, chaque matin."
Il redressa la tête pour la regarder dans les yeux et elle se perdit dans ses iris chauds.
"J'étais fou de penser que savoir que tu étais vivante, assez proche pour que je puisse savoir que tu vas bien, me suffirait."
Maika se mit à pleurer : de fatigue, de douleur, de peur de ce qu'il voulait dire.
Qu'il fallait qu'elle lui pardonne, sinon ils seraient malheureux toute leur vie.
"Alors je suis désolé Maika. Désolé d'avoir dû attendre que tu sois sur le point de m'être arraché pour toujours pour me réveiller. Et te dire que je t'aime. Plus que tout, plus que la vie."
Il sécha de la pulpe du pouce ses larmes et lui sourit tendrement.
"Je ne te lâcherais plus jamais."
Elle hoqueta et renifla en même temps. Heureusement qu'il avait passé un bas dans son dos pour la soutenir car elle n'avait plus aucun repère.
Elle se hissa sur la pointe des pieds et posa ses lèvres sur les siennes. Un baiser salé.
"Paul," chuchota-t-elle alors qu'il la serrait plus fort. "Tu m'a fait mal."
"Je sais."
Et ses yeux, plein de tristesse, exprimait encore mieux ses remords que ses paroles.
"Je vais passer ma vie à te le faire oublier."
Il l'embrassa encore.
Un baiser plein de promesses.
Pour toujours.
***** Bonjour à tous,
Je sais que ça fait plus d'un mois depuis le dernier chapitre... Mais de toute façon j'ai mis tellement longtemps à finir cette fanfic que finalement c'était logique que le dernier chapitre mette aussi longtemps à venir. Surtout que je voulais en être satisfaite sinon à quoi bon finir une fanfic ?
Je vous offre un happy ending, après tout ce que Paul et Maika ont pu traverser, ils se retrouvent enfin.
Un grand merci d'avoir lu jusqu'au bout et je vous laisse me dire ce que vous en avez pensé !
N'hésitez pas à aller lire mes autres fanfics, même si vous ne connaissez pas la série d'origine, elles peuvent se lire sans connaitre les personnages sans problème.
Je suis aussi en train de travailler sur une histoire originale, j'espère que vous me suivrez pour être notifié de sa sortie.
En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cette histoire sur Paul et Maika et j'espère que vous avez pris du plaisir à me lire.
A très bientôt,
WSC.
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