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5. You'd keep my head from going under.




5.


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There must be something in the water

'Cause everyday is getting colder

And if only I could hold you

You'd keep my head from going under

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Pas d'éther dans l'air, pas de bleu et de lumière jaune. Un vent tourmenté fait trembler les murs de la maisonnée, et le ciel se déchire d'un éclair blanc. Le matin accueille Nolan dans la cuisine, le t-shirt froissé et le visage endormi. Le ciel électrifie un cumulonimbus puis un autre, la pluie tape contre les vitres, veut rentrer pour s'abriter elle aussi. Nolan est assis sur une des chaises de la table à manger, observant l'ombre de sa mère aller et venir entre le salon et le grille-pain. Dehors les arbres secouent leurs branches en saluts macabres. La pelouse noyée sous les flots absorbe la colère des cieux.

Les écouteurs dans les oreilles, son bol de céréales solitaire sur la table et son portable dans une main, le ciel tremble et un rugissement secoue les nuages. Le tonnerre est témoin d'un bataillon loin là-haut. Et Nolan presse son autre main contre l'écouteur déjà enfoncé à fond, la musique au maximum, et ses dents se serrent.

Sa mère l'appelle, il entend en brouillon et ignore. Elle se poste devant lui, l'appelle à nouveau, il ignore encore. Alors, légère comme l'eau, sa main lui tapote la joue et Nolan lève les yeux.

—      Quoi ?

—      J'y vais, elle lui dit simplement.

—      Vas-y.

—      A tout à l'heure, mon chéri.

—      Ouais.

Mais qui ça étonne qu'il soit comme ça ?

Elle lui lance un regard triste, tourne le dos et marche d'un pas rapide jusqu'à l'entrée. La musique qu'il écoute s'achève, et pendant quelques secondes les sons extérieurs reviennent en rafales dans ses oreilles. Nolan pose son portable, entoure son corps de ses bras et prend une grande inspiration en fermant les yeux, un frisson désagréable s'empare de lui. Puis il entend une injure, et bat des paupières en redressant le cou. Furtive, plus loin la silhouette de sa mère farfouille entre les vestes et manteaux, elle grogne et remonte les escaliers en vitesse.

Dernièrement, elle essaye plus souvent de parler à Nolan. Il n'y a pas si longtemps pourtant, elle ne tentait plus aucune approche, ou vraiment très rarement. Et depuis quelques temps, il lui arrive de l'entendre frapper doucement à sa porte le soir en rentrant du travail. Et parfois Nolan la laisse entrer, ou parfois il l'ignore. Le matin elle prend le petit-déjeuner avec lui, de temps en temps avec une discussion et d'autres fois non.

Les pas empressés croulent de gauche à droite, vibrent contre le plafond du rez-de-chaussée, ils se mêlent à la pluie torrentielle de dehors et Nolan a retiré ses écouteurs. Et Nolan n'est plus dans la cuisine, la chaise est vide et le bol trône là, encore plus seul sous un rayon de lumière grise. Et contre le bois le portable vibre une fois, deux fois, plusieurs fois mais Nolan n'est plus dans la cuisine.

Quand sa mère redescend, les sourcils froncés, elle sursaute. Au bas de l'escalier Nolan l'attend, son imperméable sous le bras. Il cligne des yeux, plusieurs fois avant de le lui tendre quand elle se poste à ses côtés.

—      Tu l'as laissé sur la table basse.

—      Merci...


Il a toujours cet air un peu blasé, un peu sale gosse. Mais c'est une habitude, un automatisme plus que sa volonté. Avec les années elle s'y est habituée, à la distance et aux absences. Le temps change les gens et les mentalités, Nolan était devenu pendant longtemps un garçon caractériel et très prétentieux. Perdu. Coincé.

Et depuis quelques semaines, ça change. Lentement, très lentement. Comme un appel. Un appel à l'aide qui peine à être décodé. Peut-être que Nolan est encore plus perdu maintenant, et que cette confusion est ce qui peu à peu lui permet de se retrouver.

Parce que quelqu'un a creusé, un peu d'abord, puis un peu plus. Jusqu'à atteindre le cœur qui étouffait, et qui perce la surface avec peut-être un embryon d'espoir. Une seconde chance.

— J'y vais, elle répète.

— Ok.

— ...

— Fais attention maman, il pleut fort.

Peu à peu, de nouvelles paroles se mêlent à leur routine morte. Des phrases un peu plus tendres, un peu plus chaleureuses. Peu à peu, ces quatre murs retrouvent les couleurs chaudes d'un foyer.

Qui t'a ouvert les yeux, mon trésor ? J'ai mille « merci » à lui offrir.

Mais elle ne lui posera pas la question, pas maintenant. Alors que dehors le ciel déverse ses maux sur le monde, elle embrasse la joue de Nolan qui ne réagit pas beaucoup. Juste sa main qui presse son bras parce que c'est tout ce dont il est capable pour le moment, et elle s'en va en souriant un peu.

Le son des flots s'amplifie lorsque la porte s'ouvre, phagocyte le silence. Une minute plus tard la voiture disparait sur la route inondée, un brouillon de vase et d'écume dans son sillage. Nolan observe la fenêtre, son reflet sous le rideau de pluie. Il ne sait pas ce qui l'attend, pas assez.

Et c'est pourquoi, son cœur est un peu plus léger quand il revient dans la cuisine. Il reprend son portable, s'attarde sur l'un des messages, qui le conduit vers le lien d'une vidéo. Hier encore, il y a eu une autre fête, mais ça fait longtemps que Nolan n'y va plus.

Quelque chose se bloque dans sa cage thoracique, ses yeux s'écarquillent. Dans son dos un nouvel éclair broie le dernier vestige de paix.

« T'as raté le feu de joie de la décennie Nolan Thompson ! »


La porte reste ouverte quand il se précipite dehors, la poitrine suffocante. Il court de toutes ses forces, injures aux lèvres et un ouragan dans les pupilles. A la merci des flots, un garçon qui peine à se retrouver accourt à la rencontre d'un cœur qu'il sait déjà détruit. Le tonnerre s'époumone, les mains plaquées aux oreilles, il ne s'arrête pas pour autant. Sur sa peau se fracassent des aiguilles de cristal, de la couleur d'un monde achromate.

Silas !









La plaine n'est plus belle, ne séduit plus les romanciers, ne sourit plus au soleil incandescent. Noyée sous la brume et l'orage elle a capitulé, elle est pitoyable, presque recroquevillée en une boule grisonnante. L'eau ruisselle contre la terre, des larmes de humus et de végétaux morts. La plaine pleure, endeuillée, ramassant contre ses cils les cendres de sa majesté. Et le vent, chante ses notes mortuaires.

Nolan s'essouffle sur la pente, trébuche à la vue du lieu du crime. Chacun de ses pas est douloureux, son corps frigorifié monte et monte. Un mélange entre le froid et la brûlure lutte en lui, son visage figé dans l'expression la plus horrifiée. Plus il avance, plus s'érige sous son œil impuissant la macabre vérité.

Le sycomore.

Ou ce qu'il en reste.

Un immense squelette de matière noire, qui bat dans le vent. Les branches carbonisées craquent et continuent de s'écrouler au sol. Elles percutent la terre et plongent dans la vase. Le tronc, debout, presque encore fier, ne ressemble pourtant à rien de plus que le cadavre d'un héros. Un soldat mort sur ses pieds, un phœnix qui ne renaitra jamais. Les cendres mortifient l'herbe, comme si tout autour se laissait mourir par sa perte. La majesté de la plaine s'est battue et est tombée, a laissé son royaume sans souverain. Et il est grand, encore si grand pour un arbre brûlé, pour la bête de foire de la veille. Si grand que Nolan ne voit pas tout de suite le petit être roulé contre son tronc, comme une feuille épargnée, immobile et éteinte.

— Silas !

Mais la forme ne bouge pas, et Nolan se jette contre le corps vaincu. Le corps qui ne répond pas à son étreinte, qui ne réagit pas au son de sa voix. Silas est là, et Nolan balaye dans des gestes enragés les branches noires tombées sur lui. Recroquevillé comme la plaine, Silas redevient enfant, sa position fœtale comme un cocon qui le protège. Effrayé, Nolan le touche, passe ses mains grises de cendres sur ses bras, sa nuque, son visage camouflé contre ses genoux. Il l'appelle, implore, le secoue jusqu'à ce que les yeux, perdus dans le vague de son cadet ne soient visibles.

Et Nolan sent les siens brûler.

— Je suis désolé, putain je suis tellement désolé !

Dans ses larmes le tonnerre gronde une nouvelle fois, de manière si virulente que le corps de Nolan se tend et que sa peau de hérisse. Il se cambre et pousse une plainte, son regard tombe sur les yeux creux et ternes de l'autre, qui fixe un nuage gris sans le voir, qui regarde la pluie tomber contre ses joues blanches.

Le ciel s'illumine, Nolan voit l'éclair dans l'iris de Silas, qui y déchiquète un dernier morceau de lumière et la vision le paralyse. Il se sent mal aussi, d'avoir peur de l'orage dans ce moment. Peur de trop de choses pendant de si minces secondes, son cerveau n'arrive pas à assimiler assez vite la terreur qui consume sa raison.

Mais quand le rugissement déchire les nuages, que le tintamarre céleste explose, ce ne sont pas les mains de Nolan qui viennent se presser contre ses oreilles. Ce n'est pas sa voix qui fredonne une mélodie brisée, ce ne sont pas ses paroles qui viennent étouffer un tant soit peu son vertige. La peau prise de torpeur revient un bref instant à la vie, Silas réagit à l'effroi de Nolan. Viscéral, il tire Silas contre lui, le serre si fort qu'il a peur de le briser. Et le garçon du sycomore se laisse juste tomber contre le corps de l'autre, dans une demi-conscience inquiétante.

Bien vite, Nolan le soulève du sol, malgré ses habits trempés qui l'alourdissent. Et là Silas remue, un peu brusquement, ses bras cherchent à le repousser. Mais l'aîné ne capitule pas, pas lui, il arrive à positionner Silas sur son dos, maintenir ses jambes faibles de ses mains quand son torse s'écrase contre sa peau. Et le cœur brisé cogne brièvement contre lui.

— Non...

— La ferme !

L'éclat de voix fige Silas, quelques secondes pendant que Nolan descend rapidement de la plaine. Pendant ces secondes Nolan pense qu'il s'est déconnecté de nouveau, mais cette pensée s'estompe quand le visage du cadet s'échoue dans sa nuque et qu'il éclate en sanglots.

— Pourquoi... Nolan...

Un hoquet, les mots saccadés, deux orages bataillent. L'un au-dessus d'eux, l'autre en plein leurs entrailles. Nolan pousse un grognement au poing qui s'abat violemment contre son omoplate.

— Pourquoi t'es venu !

— Tu serais mort de froid ! il réplique sans hésitation.

— C'est ce qu'ils veulent putain ! C'est ce qu'ils veulent ces gens !

— Je m'en tape de ce qu'ils veulent !

On passera le moment où Nolan coupe la route à une voiture pour presque forcer le conducteur à les ramasser, ou le moment où Silas ne veut pas monter. On épargnera la puissante engueulade qui suit et qui persiste malgré la léthargie de Silas. On survole l'instant où on les dépose chez Nolan et que sans même un merci il traîne Silas jusqu'à la bâtisse. Quand les insultes volent de tous les côtés, alors que dehors les arbres se déchaînent sous la tempête. Les portes qui claquent, les chaises qui tombent et les pleurs qui éclatent.

On avance, en accéléré. Jusqu'au silence. Un des silences les plus forts. Qui dure, qui s'éternise.










— Et pourquoi t'étais désolé ?

C'est toujours surprenant, et pourtant contrairement à l'image qu'il renvoie au premier abord, c'est souvent Silas qui brise les silences. On dit qu'il ne parle jamais, mais il a juste laissé ses mots à qui peut les entendre. Et en réalité Silas parle beaucoup, mais peu sont là à écouter. C'est tout. Et cette voix fêlée atteint Nolan, assis au bas d'un côté latéral de son lit, adossé avec les genoux un peu fléchis devant lui, face à la fenêtre. Si on suit l'axe de symétrie instauré au milieu du matelas plus haut, Silas est à son opposé, dans la même position, mais face à la porte. Les cheveux humides, sur lui le t-shirt noir de Nolan est un peu trop grand.

— Parce que je suis jamais là quand tout va mal.

— Tu peux pas être là tout le temps, Nolan.

— Mais là c'était important.

— Je m'en fous.

— Tu mens ?

— Ouais.

La tension baisse un peu, juste assez pour que Nolan sente du mouvement dans son dos. Quand il tourne la tête sur sa gauche, Silas s'est rapproché. Maintenant affalé sur son lit, son regard fatigué tombe sur le visage de l'autre, alors que sa joue s'écrase contre le textile du drap. Ses cheveux humides camouflent son front, et Nolan tend la main pour les dégager.

— Cet arbre était tout pour moi, juste ça...

— Ah.

Silas se redresse, se tenant sur ses avant bras. Il a pleuré, longtemps, peut-être trop longtemps. En apprenant la nouvelle, en découvrant la chose sous ses yeux. Frappé par la mort du sycomore, il a pleuré la rupture du dernier lien qu'il préservait avec son père. Et c'est pas rien. Puis il a pleuré le froid, la douleur dans ses membres percutés par les branches et l'orage. Peut-être que pendant un instant, Silas a réellement souhaité mourir.

— J'ai envie de leur casser la gueule, dit Nolan.

— Il allait s'écrouler d'un moment à l'autre. Il était vieux, de toute façon.

— Ça excuse rien.

— Je sais, mais je suis fatigué.

Ses yeux brillent encore, comme s'il allait à nouveau craquer.

— T'es triste, là ?

— Non.

— Tu mens ?

— P't-être.

— Tu veux quoi ?

Silas se penche, appuyé sur ses coudes tandis que Nolan recule la tête pour mieux le voir. Un peu trop, ou au contraire pas assez. Leurs yeux rouges et un peu bouffis s'accrochent, et dans un murmure Silas souffle contre sa peau.

— T'embrasser.

Et il l'embrasse, fondant sur lui sans qu'il n'ait pu répondre quoi que ce soit. Nolan assis au bas de son lit, Silas allongé sur ce dernier, ce n'est sûrement pas la plus confortable des positions pour un baiser, mais sur le coup, c'est pas le plus important. Le plus important, c'est qu'ils en ont besoin, l'un comme l'autre, vraiment besoin. Parce que le ciel est gris et enragé, que pour quelques instants ils veulent que le brouillard reste dehors, que les soucis se noient dans les ruisseaux de pluie. Ainsi les lèvres s'appuient plus, se cherchent fort, s'échouent les unes sur les autres avec plus de ferveur. A bout de souffle Nolan doit se reculer, et Silas se tourne sur le dos pour observer le plafond. Dans ses yeux l'orage gronde encore un peu, mais il s'est calmé. Sa main se glisse dans les cheveux de son aîné, qui s'entortillent entre ses doigts.

— Fais pas ça sans prévenir, marmonne Nolan.

— J'ai prévenu, rétorque Silas en souriant un tout petit peu.

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