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Prologue

(Ocean Foam - Cicada)

Comme toujours, la musique en
média

"La mer est un espace de rigueur et de liberté."
Victor Hugo

     Elle se tenait debout avec grande difficulté, faisant face à un paysage des plus impressionnants. En ce lieu, elle luttait telle une chandelle contre le vent d'aujourd'hui qui augmentait la puissance des vagues. Elle restait cependant pensive un long moment, une fade expression se dessinant sur son doux visage.

    Elle n'était guère venue ici pour en finir avec sa vie, même si l'idée lui vint déjà à l'esprit, elle raisonnait assez intelligement pour peser le "pour" et le "contre" de façon objective. Et tout jouait en faveur de sa survie, le suicide ne lui convenait donc pas. Elle n'était pas non plus ici pour pleurer sur son sort, cela n'allait rien changer aux difficultés auquelles elle est confrontée tous les jours, et auquelles elle fut confrontée auparavant. Rien de tout ça n'allait lui apporter du bonheur. Bien au contraire, si elle se mettait à ce genre de pratiques, elle risquait de s'enfoncer au plus profond des abysses du désespoir.


  Elle priorisait alors l'optimisme, qui lui fut indispensable tout au long de sa misérable vie, et sans lequel elle aurait maturé sous un tout autre jour: elle n'aurait tout simplement pas été aussi forte.

    Elle était juste présente ici, hypnotisée par les mouvements puissants mais harmonieux des vagues, en transe avec les profondeurs de la mer turquoise aux reflets miroitants, tentant de s'oublier, elle et ses soucis, en admirant la beauté de la création divine. Elle n'était donc point épargnée par les problèmes. À seulement vingt ans, entrant à peine dans le monde des adultes, elle avait maintes choses à retenir et à expérimenter avant de pouvoir enfin s'épanouir, la majorité passait cette période de toute manière.

   
    La jeune femme venait quotidiennement sur cette falaise, pour se perdre dans cette mer pour laquelle elle éprouvait un amour inconditionnel. Cette passion n'était pas le fruit d'un simple hasard, il y avait une raison bien valable à celle-ci.
En réalité, elle s'identifiait à cette étendue d'eau, elle trouvait une ressemblance entre elles deux. Contenant tout en elle jusqu'aux profondeurs, renfermant bien des secrets, ne s'arrêtant jamais de donner toute l'énergie qu'elle a pour continuer d'avancer, car tout comme cette mer dont les vagues tentent désespérément d'envahir la terre ferme, elle luttait tant bien que mal pour venir à bout de ses problèmes quotidiens. Mais surtout, elle lui inspirait une liberté sans pareille, nourissait constamment son envie du voyage et de découverte, et ce depuis son enfance. Ce n'était peut-être que peu crédible, mais elle voyait en la mer une âme soeur, avec qui elle pourrait finalement se sentir plus vivante, un jour.
   
    Tous les matins, elle faisait alors apparition en son lieu fétiche, profitant de l'odeur iodée appaisante qui se dégageait de l'eau marine, se laissant bercer par la mélodie des vagues qui s'abattaient au pied de la falaise, où longeaient un grand nombre de rochers aux formes et tailles multiples. Elle pouvait apercevoir les bateaux de pêche à l'horizon, drainant la "grande bleue" de ses innombrables poissons, mais ne gâchant nullement le spectacle. C'était certe devenu une scène banale à force de la répéter de cette manière, mais pour la femme, cette scène ne perdait jamais sa saveur du premier jour. Ce petit plaisir quotidien était une des rares choses qui lui remontaient le moral.

    "Aujourd'hui n'est finalement pas un jour si différent des autres", pensa la jeune demoiselle. Oui, c'était bien un jour où elle n'allait certainement pas atteindre son but. Car ce qu'elle souhaitait au delà de toute chose était d'avoir la possibilité de replonger dans les profondeurs de sa précieuse mer, redécouvrir ses secrets, ressentir une nouvelle fois ce goût de légèreté qui, au fil du temps qui passa, fut rem-placé par l'amertume de l'incapacité. Mais, pour le moment, elle ne pouvait rien faire qui puisse remédier à ce vide qui s'installa dans son coeur.
Après tout...

Elle ne pouvait simplement rien faire d'autre que d'attendre patiemment que cette liberté se présente à elle.


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