Il fait nuit, la lune est placée haut dans le ciel, son reflet luit de partout, et projette des ombres effrayantes sur les arbres alentour.
Mais l'homme lui, est à l'abri de tout ça, confortablement couché dans son lit à baldaquin. Quoique pas à l'abri de tout.
Les reflets de cette pleine lune se projettent à travers la chambre, par la fenêtre entrouverte, et illuminent de cette lueur blafarde le lit.
Il est allongé, il fixe de ses grands yeux gris le plafond les mains croisées sur son cœur, on aurait pu croire qu'il récite une prière s'il n'était pas athée.
Son visage est neutre, il ne reflète aucune expression particulière. On peut déceler dans son regard cette belle lueur de bienveillance qui lui est propre. Il a certainement été beau dans sa jeunesse, même très beau, on peut apercevoir cette beauté dans ses traits si l'on y regarde bien.
Il attend, son rythme cardiaque est pourtant normal, et il ne s'accélère pas quand la porte de sa chambre grince d'un air effrayant, et s'ouvre, pour laisser passer une ombre à travers l'ouverture.
Il reste les yeux fixés vers le haut, il fixe ce point sur son lit, et il semble y voir sa vie défiler. Sa fin est proche, il le sait. Il va mourir ce soir.
Alors quand l'ombre se faufile à travers sa chambre, il ne crie pas comme il devrait le faire.
Quand l'ombre s'approche sans bruit de son lit, il ne baisse pas les yeux vers elle pour montrer qu'il l'a vue.
Quand l'ombre lève son bras droit à la lueur de la lumière de la lune, et qu'alors on peut apercevoir le reflet brillant d'un couteau, l'homme ne cille pas une seule seconde.
Et quand l'ombre abat son poignard sur son cœur, l'homme ne pousse pas un cri, pas même un grognement de souffrance, et encore moins un dernier râle, car cela serait donner satisfaction à son assassin.
L'homme meurt dans son lit, poignardé en plein cœur, mais il ne meurt pas totalement en paix comme on aurait pu le supposer.
Il a fait le nécessaire pour sauver son peuple, il ne peut plus faire plus.
Son existence ici est belle et bien terminée.
Désormais il va quitter ce monde, et en rejoindre un autre.
Celui des humains.