Chapitre 15
Céleste
J'allais quitter le studio d'enregistrement quand une voix m'interpelle.
- Mademoiselle Hunter !
Je grogne, et me retourne en affichant mon sourire le plus éclatant.
En découvrant un journaliste se précipiter sur moi, micro tendu en avant, calepin coincé dans la main gauche, je me retourne brusquement, et m'élance en avant.
- Mademoiselle Hunter s'il vous plaît !
- Dégagez ! Je hurle.
Et puis je me met à courir, parce qu'il est hors de question que je me face interviewer par ces commères prêtes à tout pour un scoop.
J'aurais dû y réfléchir à deux fois avant de décider de me lancer dans le cinéma.
Si j'étais monter sur les planches plutôt j'aurais été beaucoup moins emmerdée.
Je cherche des yeux Steve et Will, mes deux gardes du corps, et quand je les repères dans un coin du studio je leur fais un signe de la main pour qu'ils me rejoignent.
- Céleste ! Crie une voix.
Je me retourne cette fois brusquement, et m'énerve :
- Quoi encore !?
Tyler Hoechlin, mon coéquipier pour le film Shark que l'on vient de terminer de tourner me fait face.
Il passe la main dans ses cheveux, gêné devant mon air exaspéré, et dit :
- Tu es sûre de ne pas vouloir venir à l'avant première ?
Je répond en jetant un œil discrètement à mon téléphone parce qu'il vient de vibrer :
- Non merci. Je viens à peine de commencer dans le cinéma, je n'ai pas de fans. Seuls les producteurs et scénaristes sont intéressés par mon jeu parce que je suis un espoir féminin. Je ne vois pas l'intérêt d'aller à l'avant première cette fois ci.
Tyler n'insiste pas, il sait que ça serait vain.
Et il a raison, j'ai très mauvais caractère et cela ne serait pas bénéfique pour moi de gueuler sur des pauvres fans.
Si je suis devenue actrice, c'est uniquement pour le jeu, jouer un rôle, m'imprégner un personnage, le reste je m'en serais bien passé et c'est le hic.
Je fais un signe à Tyler pour lui dire gentiment que je m'en vais et donc que je mets un therme à cette conversation, et sors mon téléphone de ma poche.
Un texto de Nick, mon agent.
"Passe à mon studio des que tu peux"
Je réponds aussitôt :
"J'ai des choses à faire"
Honnêtement, tout ce dont j'ai envie là maintenant, c'est de rentrer chez moi à Greenwich Village, et appeler ma sœur pour discuter pendant des heures pendant que je prendrais mon bain.
La réponse de Nick vient tout de suite :
"Concerne les derniers survivants"
Je souris aussitôt devant mon téléphone, me demandant ce que Nick a à m'annoncer.
Je suis très impliquée dans ce nouveau film, d'abord parce que le producteur à exigé que ça soit moi qui joue le premier rôle féminin, et que rien que pour ça je lui ferais bien des massages aux pieds, et ensuite parce que j'aime beaucoup l'histoire, et d'autant plus le personnage que je dois interprété.
Celui de Stella, une fille qualifiée d'impassible, et c'est là première fois que je vois un film où l'héroïne n'est pas une gamine niaise et idiote qui ne veux que sauver le monde pour sauver ses proches.
Ridicule.
- Vous pouvez m'amener chez Nick ? Je demande gentiment à Steve et Will.
Ils hochent la tête en me souriant, et je réajuste de nouveau le foulard sur mes cheveux et les lunettes sur mes yeux, et nous sortons du bâtiment.
J'aime beaucoup ces deux là, ce sont deux frères adorables qui contrairement aux autres gardes du corps qui existent ne sont pas là que pour le fric.
Eux, ils me protègent vraiment de tout leur coeur, et je veux les en récompenser chaque jours en ne leur faisant pas supporter ma mauvaise humeur.
C'est la moindre des choses que je puisse faire.
Ils essayent de me prendre mes sacs pour les porter, mais je les arrache voracement de leurs mains.
Hors de questions qu'ils me portent mes affaires, je ne suis pas une assistée non plus !
Nous sortons au grand jour, je n'ai pas encore besoin d'être entièrement cachée et ça m'arrange vraiment, je n'ai pas envie de devenir comme ces autres stars qui ne peuvent plus mettre un pied en dehors de chez eux.
Mes gardes du corps sont habillés normalement pour ne pas attirer l'attention sur nous, et mes lunettes de soleil sont normales pour les passants puisqu'il y a un grand soleil au dessus de Times Square.
Je garde cependant un foulard sur mes cheveux, je n'ai pas vraiment le choix c'est à ça que me repère les gens.
Ma notoriété n'est pas élevée comme d'autres, mais je sais que les gens connaissent mon visage, ce qui est embêtant puisque je ne peux plus vraiment laisser mes cheveux complètements découverts partout.
Surtout sur une place si bondée de monde que Times Square.
Steve, Will et moi traversons la place, le studio de Nick étant à l'opposé de là où je me trouvais.
Arrivés devant son immeuble, nous prenons l'ascenseur, et arrivons à l'étage.
Steve et Will restent sur le pas de la porte comme à leur habitude malgré mes insistances pour qu'ils entrent avec moi, et je finis par entrer en soupirant et prenant mes sacs.
J'entre, et crie à la cantonade :
- Salut Nick, il faut absolument que tu fasses quelque choses pour ces fouttus journalistes, ils me harcèlent encore un peu plus chaque jours je vais finir par en prendre un pour taper sur un autre.
Je m'avance un peu plus dans l'appartement, m'approche du comptoir, et pose mes sacs.
Je commence à retirer mes lunettes de soleil et mon foulard en attendant la réponse de mon agent, et puis je lève la tête face à son salon.
Mon regard est immédiatement attiré comme un aimant sur un jeune homme de mon âge, assis sur le canapé de Nick.
Mon corps se glace, le sang dans mes veines arrête brusquement de circuler, et mon coeur cette saleté cogne tellement fort que j'ai envie de taper sur ma poitrine pour le faire taire.
Mes yeux sont plantés dans ceux de l'inconnu, et je suis d'abord subjuguée par tant de beauté réunie en un seul être.
Il est assis, mais j'arrive pourtant à voir qu'il est plutôt grand, il est plutôt bien foutu, mais ça à vrai dire je m'en fiche complètement ça ne m'a jamais vraiment intéressée.
C'est son visage le plus troublant.
Si la perfection existe, elle est là devant moi, et me regarde avidement.
Ses lèvres sont bien proportionnées, son nez droit, sa mâchoire pas trop prononcée et tant mieux parce que je déteste les mecs dont la mâchoire prend toute la place, sa peau est couleur pêche, et ses cheveux sont d'un châtain mat, recouvrant ses yeux aux nuances bleu océan.
Je crois n'avoir jamais vu ce visage, parce que je m'en souviendrais sinon, mais pourtant en le regardant, j'ai cette horrible impression de familiarité, cette sensation de le connaître, mais d'être incapable de savoir qui c'est, et pourtant je suis certaine de ne jamais l'avoir vu.
Ce que je lis dans son regard me pétrifie, contrairement à tous les hommes que j'ai déjà rencontré il ne me regarde pas comme si je n'étais qu'un plan cul à mettre dans son lit rapidement.
Non, il me regarde comme si j'étais une montagne de crème glacée, et que lui était un enfant de sept ans.
Nick sourit, et dis :
- Eh bien d'ailleurs, je vous présente la magnifique Céleste Hunter. Mais vous l'avez sûrement déjà vue, surtout en ce moment.
Je foudroie Nick du regard.
Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j'ai tellement l'habitude que je le fais quand même.
Le bel inconnu ne me quitte pas des yeux, alors je détourne le regard, pour me concentrer sur l'homme et la fille qui l'accompagnent et que j'ai à peine remarqués.
Eux aussi, en posant mes yeux sur eux, j'ai ce sentiment de familiarité, et c'est là que je commence à me demander si ce n'est pas un complot.
La fille assise aux côtés de l'inconnu semble pétrifiée en me regardant, je me fais la réflexion que c'est peut être une fan, mais pourtant ce que je lis dans son regard ce n'est pas de l'admiration.
C'est quelque chose d'autre, comme une sorte d'émotion que j'ai du mal à définir.
Elle est très mignonne, sa tignasse de feu me fait penser à celle d'un lion, et son visage rond et lisse est plutôt bronzé.
Ses yeux sont un mélange de trois couleurs assez surprenant, et j'ai du mal à définir s'ils sont verts clair, gris, ou bien bleu pâle.
Je passe au garçon à côté d'elle, et mes sourcils se froncent immédiatement.
Même si je n'ai pas de miroir face à moi pour me rappeler à quoi je ressemble, je décèle immédiatement cet espèce de... de jumeau face à moi.
Le jeune homme est très beau, ses cheveux sont aussi pales que les miens, exactement comme ma peau, ses yeux ont les mêmes nuances de bleu ciel que les miens, ses lèvres sont couleur corail, exactement comme les miennes, et il a même des tâches de rousseurs très légères sur le nez.
Exactement comme moi.
Je ne dis rien, mais ne cache pas ma surprise.
- Qui sont ces gens ? Je finit par dire à Nick, méfiante.
Je détache mon regard des trois inconnus pour me tourner face à mon agent qui me sourit de son air espiègle.
Il m'invite d'ailleurs à m'assoir, et je m'avance pour m'installer dans le fauteuil en face du bel inconnu.
Mais je détourne le regard de lui, et tente tant bien que mal de concentrer mon regard sur Nick et personne d'autre que lui.
Je lui répète d'ailleurs :
- Qui sont ces gens ?
Il me sourit, et répond en désignant mon sosie :
- Tout d'abord voici Thomas Thermopolis. Tu en as sûrement entendu parlé, il a fait la couverture du Carlen il y a quelques mois.
Ah non jamais, mais je ne m'intéresse pas du tout aux mannequins, je n'arrive déjà pas à retenir le nom des producteurs qui me veulent dans leurs films.
Le regard de Nick passe du Thomas à moi, et puis dit les sourcils froncés :
- Votre ressemblance est... troublante.
Tu l'as dis bouffi.
Thomas sourit et acquiesce d'un air mystérieux, et je meurs d'envie de lui sauter dessus pour qu'il arrête ça immédiatement.
Mais je ne dis rien, et ne pose aucune questions.
- Voici Léna Martin, continue Nick en désignant la jeune fille. Je l'ai prise sous mon aile, et elle devrait devenir mannequin dans peu de temps.
J'hoche la tête et gratifie Léna d'un sourire, ce qui ne me ressemble pas mais je le fais quand même parce que c'est la seule parmi les inconnus qui m'inspire confiance.
Celle ci se mord la lèvre, gênée au possible, et je m'interroge encore sur les raisons de cette gêne.
Nick finit en désignant le bel inconnu :
- Enfin voici Clive Raven, il va certainement avoir le rôle d'Adrian dans Les Derniers Survivants. Habitue toi à sa présence, tu risques de le voir longtemps.
Mon corps entier se tend, et je fuis le regard du certain Clive.
Ce nom résonne à mes oreilles, et je l'examine sous toutes ses coutures pour essayer de savoir où est ce que je l'ai entendu, mais rien à faire ça ne me dit rien.
Clive n'est pas un nom courant, au contraire, et à part l'inventeur de l'histoire du Monde De Narnia je n'en connais aucun.
Le fait de savoir qu'il va sûrement jouer le rôle d'Adrian me glace entièrement, d'abord parce que je n'arrive pas à savoir si c'est une bonne ou une mauvaise chose.
Adrian et Stella, ce sont les deux rôles principaux de l'histoire, et ils finissent surtout par être en couple, même si quand j'ai lu le script je n'y ai vue qu'une scène de baiser.
- Clive Raven ? Je finis par dire. Je n'en ai jamais entendu parlé, a t'il des bases en théâtre pour prétendre avoir ce rôle ?
Cette fois ci, je veux reprendre contenance, il est hors de question que je me laisse déstabiliser par un joli minois.
Je me redresse, et plante mes yeux dans ceux de ce Clive.
Un léger sourire étire mes lèvres, et les siennes se tordent alors en un rictus espiègle.
Il répond calmement en se penchant en avant :
- Bien sûr. Pose moi n'importe quelle question, j'y répondrais.
Prétentieux.
Je déteste les gens qui se croient supérieurs.
Mais ce que je relève surtout c'est le fait qu'il m'ait tutoyée.
En tant normal je l'aurais pris comme un manque de respect, mais dans le cas présent je saisis l'opportunité.
J'arque un sourcil et me redresse, un sourire amusé étirant mes lèvres.
- Vous me tutoyez à ce que je vois. Nous sommes nous déjà rencontrés auparavant ?
Mon ton est poli et professionnel, mais pourtant ma question est une réelle interrogation pour moi, je veux qu'il me réponde sincèrement.
- Peut être. Ou peut être pas, répond il d'un air énigmatique.
Je grogne intérieurement, sans le laisser paraître, et redresse la tête en essayant de sonder le regard de Clive.
Il me sourit alors d'un air de séducteur, et passe la main dans ses cheveux.
Je suis sa main des yeux, et je suis complètement envoûtée par ce geste.
Clive le remarque et me sourit.
Je détourne immédiatement les yeux, mal à l'aise.
Je commence à serrer mes doigts entre eux, signe que je me sens de plus en plus mal.
Mais je fais taire ce stresse qui grandit dans ma poitrine, et j'appelle mes talents d'actrice à la barre.
Nick reprend les commandes :
- Bien ! Céleste c'est pour ça que je t'ai faite venir au plus vite, je voulais que tu rencontres toi même le candidat que je voudrais pour que tu me dises ton avis. Comme tu vas avoir la majorité de tes scènes avec lui j'aimerai mieux ton accort. Même si je ne suis qu'agent, je peux aussi devenir celui de Clive et je pourrais alors immédiatement le recommander à Orson Gates. Et je pense qu'il acceptera, nous sommes en bon thermes lui et moi. Alors Céleste ? Qu'en dis tu ?
Ce que j'en dis ?
Ce que j'en dis Nick c'est que si je le pouvais je te prendrais par les épaules et te balancerai par dessus la fenêtre de ton immeuble.
Tu t'écraserais comme une crêpe et j'entendais plus jamais parlé de toi.
Malheureusement je ne suis pas Hercule, et je ne fais pas de télékinésie non plus, ce qui est bien dommage.
Remarque il vaut mieux, tu es quand même mon agent et si tu pourrais je n'aurais plus de rôle.
Oh et puis non je n'ai pas besoin de toi pour trouver des rôles.
Je croise les jambes devant moi, et puis répond :
- Je ne veux pas que tu t'engages avec lui sans qu'on sache sa façon de jouer.
À ce moment là, je vois Thomas et Clive s'échanger un regard entendu, et je fronce les sourcils.
La seconde d'après, je sens quelque chose d'imperceptible, comme un pressentiment, se glisser dans ma tête.
J'annonce alors :
- Oh et puis non, vas y Nick prend le.
Je m'apprête à retirer immédiatement mes paroles, ne sachant pas qu'elle mouche m'a piquée, quand j'oublie subitement ce que je m'apprêtais à dire.
Je suis alors secouée par une sensation instable, j'ai la soudaine impression de me retrouver dans un bateau en pleine tempête.
Je porte la main à ma tête, et j'entends Nick dire :
- Ça va Céleste ?
Je ne réponds pas et ferme les yeux pour essayer de dissiper ce malaise au plus vite.
Je ne vois donc pas Clive se glisser à mes côtés, et poser sa main sur la mienne.
Mais mon vertige se dissipe, et je retire immédiatement ma main comme si elle s'était brûlée vivement.
Je foudroie Clive du regard, et celui ci me sourit.
Je détourne les yeux, et dit à Nick :
- C'est rien. Un léger malaise je n'ai pas manger ce midi.
Ce qui est faux, je me suis enfournée des fajitas délicieuses sois dis en passant, mais il est hors de question que l'on s'inquiète pour moi alors que je n'ai rien.
Nick sourit, rassuré, et puis il annonce à Clive qu'il est désormais son agent, et qu'il appelle le producteur dont j'ai encore oublié le nom pour lui faire part de sa décision.
Je me lève pour partir puisque plus rien ne me retiens, et quand je vois Clive se lever aussi et me suivre, je me dépêche de sortir de l'appartement pour être tranquille.
Mais Clive me rappelle dans mon dos alors que je n'ai pas encore passé la porte :
- Céleste ! On se revoit quand ?
C'est quoi cette question ? Mais jamais bien sûr !
- Quand je serais brune, je répond, ce qui veut bien évidemment dire jamais, parce que jamais je ne me teindrais les cheveux en noirs, plutôt avaler du café.
Parce que le café c'est immonde, qu'on soit bien clair.
Clive sourit, et passe de nouveau la main dans ses cheveux, ce qui me fait frémir.
J'ai immédiatement envie de glisser moi aussi la main dans sa tignasse, et si je pouvais je me frapperai de toutes mes forces à ce moment là.
Il répond en souriant en coin :
- C'est à dire jamais...
Je ne lui montre pas que je suis surprise, et pourtant je suis soufflée.
Le fait d'être brune n'est pas un crime, du moins pas pour les autres ce qui est une erreur, et la majorité de la population féminine est brune.
Alors comment sait il que moi, jamais je n'échangerais mes cheveux blonds pour une couleur plus sombre ?
Je n'ai fais aucune interview, et à part ma famille personne ne connait mon aversion pour les brunes.
Alors comment le sait il ?
Imperceptiblement, comme à chaque fois que je suis contraire, je me mords la lèvre.
Clive s'attarde sur ce détail, et fixe mes lèvres.
Il murmure alors pour lui même, mais je l'entends quand même :
- Tu le fais encore...
J'ai envie de lui demander de quoi il parle, mais je comprend qu'il pense au fait que je me mords la lèvre.
De plus en plus troublée, je recule jusqu'à la porte.
Et puis je détourne les yeux, et passe la porte.
Quand je me retrouve à l'extérieur, face à Steve et Will, je me rends compte que je tremble.
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