Chapitre 14
Le lendemain matin, nous nous retrouvons tous les cinq devant une boutique de gadgets électroniques, c'est comme ça qu'ils disent, avec de nouveaux téléphones en main.
Nous avons eu carte blanche, ce qui est vachement pratique étant donné que ces objets coûtent la peau du cul.
Il y a des marques différentes de partout et des modèles tous plus étranges les uns que les autres.
Donc au final, Léna, Thomas et moi ressortons de la boutique avec ce que les humains appellent des "Iphones", et James et Mickaël avec des "Samsung".
Personnellement j'ai choisis au hasard, je ne savais pas vraiment vers quoi me diriger alors j'ai pris celui qui me paraissait le plus pratique.
Nous nous retrouvons donc sur Times Square, il est 11h du matin, sans savoir vraiment quoi faire.
Et puis Léna semble soudain se réveiller, et elle dit :
- Il faut qu'on rentre à l'hôtel ! Peut être que Nick l'agent sexy à déjà cherché à nous rappeler !
Je soupire, et puis Mickaël prend les choses en main :
- D'accord, alors je propose que Léna et Clive vous rentrez à l'hôtel, tandis que James, Thomas et moi allons visiter les lieux. Il faudrait faire un peu de repérage ici.
Je proteste :
- Non, il vaudrait mieux que Thomas vienne avec nous. Si Nick l'agent sexy nous donne un rendez vous immédiatement et qu'il n'accepte pas que je joue en tant qu'acteur avec Céleste, il faudra que Thomas lui force la main.
- Accordé, répond Mickaël. On se débrouillera sans notre GPS.
- Génial je pars avec les meilleurs, s'exclame Thomas avec un sourire fou.
- On reste en contact, dit Mickaël en désignant son portable.
Je hoche la tête, et nous commençons à nous éloigner, tandis que j'entends James dire à Mickaël :
- Je ne sais pas si c'était une bonne idée de laisser seuls un alcoolique fou avec une jeune fille en détresse et un C sadique.
Ça c'est sûr que c'est légèrement risqué, mais je veillerais sur les enfants que sont Thomas et Léna.
Et puis en voyant Thomas mettre une main à Léna, et celle ci le pousser sur sa gauche et l'arroser avec ses mains, je me fais la réflexion que finalement ce ne sont peut être pas des enfants.
Je secoue la tête en riant, et m'approche d'eux.
Nous traversons Times Square jusqu'à arriver à notre hôtel, et en pénétrant à l'intérieur, je distingue immédiatement l'hôtesse de la veille nous faire de grands signes.
Nous nous approchons, et une fois à sa hauteur, l'hôtesse nous dis :
- Nous avons reçu un appel pour vous. Un certain Nick Foster.
Je demande à l'hôtesse comment on pourrait lui répondre, et elle me regarde étrangement.
- Euh... prenez son numéro, me dit elle en ouvrant un petit cahier.
Elle me dicte en suite une série de chiffres, et je saisis mon téléphone pour l'entrer dans la barre de recherche.
Thomas m'aide, et puis je finis par porter le téléphone à mon oreille, et entendre une série de plusieurs bips.
- Allo ? Finit par dire la voix de Nick.
Sa voix est légèrement brouillée, comme celle de Téo hier, et ne sachant pas trop quoi dire, je répond :
- Euh... Bonjour. C'est Clive Raven de...
- Oh ! Oui je sais, répond Nick. J'ai appelé tout à l'heure vous n'étiez pas là. Pourrait on se voir pour discuter du contrat ? Je vous donne rendez vous dans mon studio, ça vous va ? Comme ça vous commencez dès que les procédures sont achevées.
Je reste pantois quelques secondes, ne sachant pas quoi répondre, alors Léna me prend le téléphone des mains.
- Parfait nous y serons ! Donnez nous l'adresse et nous nous mettons tout de suite en chemin !
- Parfait Léna, répond Nick.
Ensuite il lui donne une adresse, et moi je regarde Thomas, complètement perdu.
Il hausse les épaules, et puis me dit d'une voix énigmatique :
- Cette petite est très prometteuse...
Je secoue la tête en riant.
Léna raccroche, et se tourne vers nous avec un grand sourire :
- C'est bon j'ai l'adresse ! Apparemment on a juste à l'entrer dans notre téléphone et hop ça nous guide ! On y va ?
Moi je décide de suivre et me laisser guider, parce que le people ce n'est pas du tout mon truc.
Alors je suis Léna et Thomas qui sortent de l'hôtel, et la petite D montre au A l'adresse.
Celui ci sourit, acquiesce, et montre une direction sur sa gauche.
- Ce n'est pas loin du tout. Son studio est dans Times Square voilà pourquoi il était là dans l'hôtel quand nous y étions. Il était sûrement en visite avec un acteur qui loge dans notre hôtel.
- Il y aurait des stars dans notre hôtel ? S'excite Léna.
Thomas hoche la tête, et puis nous nous mettons en route, alors que je regarde autour de moi.
La place est immense, les écrans géants me perturbent, quel intérêt y a t'il de mettre des images en grand sur toute une rue ?
Surtout que je finis par comprendre que sur l'un des écrans, il y a une image des passants, qui font des coucou et des sourires idiots.
Je ne vois pas vraiment à quoi ça sert.
Nous continuons de marcher, alors que les gens autour de nous s'agitent encore, tous plus ridicules les uns que les autres.
Nous arrivons face à un immeuble très grand, et Léna se pointe devant en disant :
- C'est là ! On est arrivés !
Elle observe son téléphone, là où un point bleu clignote, sur une espèce de carte.
Et puis elle appuie sur le bouton du milieu, et retourne dans un endroit blanc beige avec marqué "notes" sur le côté gauche.
- Nick l'agent sexy m'a donné l'étage et le numéro de son studio.
Je me demande comment à t'elle pu apprendre à se servir si rapidement du téléphone portable, mais je n'en ait pas le temps, parce qu'elle s'élance dans l'immeuble, pour se précipiter face à un ascenseur.
Nous entrons dans la cage, et Léna appuie sur le huit.
Nous montons, assez rapidement pour un ascenseur, et les portes finissent par s'ouvrir sur un palier plutôt grand, sur lequel s'étend trois portes.
Léna cherche des yeux le bon numéro, et puis elle nous montre du doigt la porte sur la droite :
- C'est ici ! Numéro 22.
Aussitôt, elle appuie sur la sonnette.
Je me tourne face à Thomas, et lui lance un regard l'air de dire "vaut mieux la laisser gérer".
Thomas hausse les épaules avec un sourire, et il croise les bras en fixant devant lui.
Je passe une main dans mes cheveux, légèrement dépassé par les événements, et puis la porte s'ouvre sur Nick.
Léna rougit immédiatement, tandis que Nick l'agent sexy dit en retirant une espèce de cure-dent coincé dans sa bouche :
- Vous êtes là ! Génial entrez je vous en prie !
Léna ne bouge pas, alors je la prend par les épaules et la fait entrer, parce que je sens que son comportement va faire douter Nick sur sa décision de la prendre comme mannequin impénétrable.
Le regard de l'agent se pose sur Thomas, un regard très suspicieux.
Les yeux plissés, un rictus déformant ses lèvres, l'espèce de cure dent coincé entre ses dents sur le côté de sa bouche, et ses mains fourrées dans ses poches.
- Qui est ce ? Vous aussi vous voudriez être mannequin ? Vous pourriez sans problèmes, mais votre visage me dis quelque chose...
Il s'émane de Nick quelque chose de spécial, presque d'effrayant, son rictus au coin des lèvres ne ressemble ni au mien, ni à celui de Thomas.
Thomas décroise ses bras, et dit comme sur la confidence :
- Je suis Thomas Thermopolis.
Je souris en constatant que Thomas n'a pas fait l'idiot.
Il aurait pu dire qu'il est Thomas Hunter, et à ce moment là Nick aurait fait le lien avec Céleste, mais Thomas ne l'a pas fait.
Et il le faut, car s'il avait révélé son identité, Nick en aurait parlé à Céleste et celle ci aurait renvoyé balader ces "imposteurs".
Nick ne change pas d'expression, mais il dit, le regard brillant.
- Bien sûr. Vous avez travaillé chez ASK il y a quelques temps n'est ce pas ?
- Exact. J'ai fait la couverture du magazine Carlen. Mais j'ai arrêté il y a quelques mois.
Nick hoche la tête, le regard impénétrable.
Et puis il finit par sourire, et nous invite à entrer.
Le studio est plutôt grand pour une personne, et Nick nous fait directement asseoir sur un canapé de cuir noir.
Je m'installe sur l'une des extrémités, et Léna et Thomas se placent à côté de moi.
Nick nous demande si l'on veut boire quelque chose, et à part Thomas qui demande du whisky, nous refusons.
Nick revient avec un verre et une bouteille de whisky qu'il dévisse, et il sert Thomas au quart du verre.
Thomas l'avale d'un trait, puis tend son verre pour que Nick le ressert.
Nick hausse les épaules dans un sourire, et s'exécute.
Ensuite il se tourne vers nous, et demande :
- Avez vous une quelconque expérience dans le mannequinat avant quoique ce soit ?
Je l'interrompe :
- Avant quoique ce soit pour reprendre vos thermes, je ne souhaite pas devenir mannequin personnellement. J'aimerais plutôt me diriger vers une carrière d'acteur.
Nick me sonde du regard, et semble essayer de percer mes objectifs réels.
Je jette un œil à Thomas, prêt à lui donner le signal, quand Nick dit :
- Eh bien pourquoi pas ? Il y a justement un léger soucis d'acteurs en ce moment. Nous cherchons quelqu'un pour un rôle dont le héro vous ressemble un peu.
- Ah oui ? Je dis, étonné que ça marche si bien.
- Oui, acquiesce Nick. Et le film doit être important, c'est quelque chose que tout le monde va regarder en Amérique puisque c'est l'histoire qui est arrivée il y a quelques mois, celle des derniers survivants.
Il sonde ma réaction, mais je suis bien incapable de dire quoi que ce soit, d'abord trop surpris qu'il veuille m'offrir un casting sans que je n'ai rien à faire, et ensuite parce que je n'ai aucune idée de ce qu'est l'histoire des derniers survivants.
Nick continue :
- L'acteur qui postule pour le rôle d'Adrian est Cody Christian, mais il réclame beaucoup plus d'argent que ce qu'on veut lui donner. Le producteur, Orson Gates hésite pour le prendre, alors les castings sont encore en place. Je peux vous obtenir un pass, et vous n'aurez qu'à postuler. Ou vivement vous recommander au producteur.
J'allais dire que je n'étais pas forcément intéressé parce que moi, ce que je veux c'est un rôle avec Céleste, quand nous entendons la porte d'entrée s'ouvrir brusquement.
Et puis une voix retentit :
- Salut Nick, il faut absolument que tu fasses quelque chose pour ces fouttus journalistes, ils me harcèlent encore un peu plus chaque jours je vais finir par en prendre un pour taper sur un autre.
Cette voix cassée, cette voix au timbre particulier, cette voix qui ressemble tant à celle de Thomas mais en mille fois plus jolie, cette voix que je reconnais immédiatement.
Je lève aussitôt les yeux face à l'entrée du studio.
Là, une silhouette longiligne s'avance vers nous, et je reconnais immédiatement Céleste.
Son visage est caché par de grosses lunettes de soleil noir, et ses cheveux sont cachés par un foulard noir lui aussi.
Elle pose deux sacs sur le comptoir de la cuisine, et elle commence à enlever son foulard et ses lunettes de soleil.
Elle porte un jean bleu ciel, comme ses yeux, un haut blanc fluide qui ondule au niveau de son ventre légèrement découvert, des talons blancs eux aussi, et quand je lève les yeux sur son visage, je suis subjugué par tant de beauté, comme la première fois que je l'ai rencontrée.
Ses yeux sont relevés par un mascara noir et un crayon gris, mais ce sont les seules traces de maquillage que j'arrive à voir sur son visage.
Il n'y a rien d'autre, ce qui est surprenant pour une actrice.
Ses yeux bleu sont mis en valeur par ce maquillage léger, et ses lèvres sont toujours de cette couleur corail que je trouve très agréable à regardée.
Ses légères tâches de rousseurs sur le nez sont toujours là, et agrémentent son petit museau à peine retroussé.
Quand elle lève les yeux sur nous, elle se fige, restant plantée la ou elle est, et fronce ses sourcils.
Son regard se pose immédiatement sur moi, comme attirée par un aimant, et ce que j'arrive à voir dans ses yeux me bouleverse.
C'est comme un... sentiment de familiarité.
Vous savez quand vous croisez une personne quelque part, qu'elle vous reconnaît, et que vous vous savez que vous la connaissez mais vous avez beau fouiller dans votre mémoire vous êtes incapable de vous rappeler qui est cette personne.
C'est ça, que je lis dans le regard de Céleste quand elle me vois.
Nick sourit, et dit :
- Eh bien d'ailleurs, je vous présente la magnifique Céleste Hunter. Mais vous l'avez sûrement déjà vue, surtout en ce moment.
Crois moi je l'ai déjà vue mon vieux, mais pas en ce moment par contre.
Je suis incapable de détourner mon regard de Céleste, même quand elle, elle se tourne face à Thomas et Léna.
Nick rajoute :
- Ah et une précision Clive, Céleste jouera le premier rôle féminin dans le film que je t'ai parlé, celui de Stella.
Je n'arrive même pas à me réjouir de cette nouvelle tant je suis soufflé par la présence de Céleste.
- Qui sont ces gens ? Finit par dire Céleste, méfiante à Nick.
Imperceptiblement je souris devant sa méfiance, elle a beau avoir changé de monde, elle, elle n'a pas changé.
Nick l'invite à s'asseoir, et Céleste s'avance avec une grace que je n'ai jamais vu auparavant.
Elle s'assoit dans le fauteuil en face de moi, et j'ai la très nette impression qu'elle fuit mon regard.
Exactement comme à notre rencontre.
Céleste se tourne vers Nick, et insiste :
- Qui sont ces gens ?
Nick sourit, et répond en désignant Thomas :
- Tout d'abord voici Thomas Thermopolis. Tu en as sûrement entendu parlé, c'est un ancien mannequin.
Quand Céleste observe Thomas, elle plisse les yeux, et Nick fronce les sourcils.
- Votre ressemblance est... troublante, dit il en regardant tour à tour Céleste et Thomas.
Thomas sourit, et acquiesce d'un air mystérieux, ce qui ne va faire qu'attirer l'attention sur lui.
Céleste ne dit rien et ne pose même pas de questions, ce qui ne m'étonne pas d'elle.
- Voilà Léna Martin, continue Nick en désignant mon amie. Je l'ai prise sous mon aile, et elle devrait devenir mannequin dans peu de temps.
Céleste hoche la tête, et gratifie Léna d'un sourire discret alors que celle ci se mord la lèvre, dépassée par la situation.
- Enfin voici Clive Raven, finit Nick en me désignant, il va certainement avoir le rôle d'Adrian dans les derniers survivants. Habitue toi à sa présence, tu risques de le voir longtemps.
Je sens Céleste se tendre, elle fuit mon regard, et je la vois déglutir difficilement.
Que se passe t'il ?
Est ce qu'elle me reconnaît ? Est ce qu'elle sait qui je suis ?
- Clive Raven ? Finit elle par dire. Je n'en ai jamais entendu parlé, a t'il des bases en théâtre pour prétendre avoir ce rôle ?
Je parviens à croiser son regard cette fois, et ce que j'y lis me fait sourire.
Elle me défie.
Je répond calmement, mais en souriant de mon air mesquin :
- Bien sûr. Pose moi n'importe quelle question, j'y répondrais.
Sans le vouloir je l'ai tutoyée, à cause de l'habitude.
Céleste arque un sourcil, et puis se redresse.
Un léger sourire amusé étire ses lèvres, et puis elle répond de sa jolie voix :
- Vous me tutoyez à ce que je vois. Nous sommes nous déjà rencontrés auparavant ?
Son ton est poli, professionnel, mais pourtant son regard à quelque chose de beaucoup plus intime, et je sens que sa question est une réelle interrogation pour elle.
- Peut être. Ou peut être pas, je dis d'un air énigmatique.
Céleste redresse la tête, et essaye de sonder mon regard.
Je lui souris d'un air séducteur, et passe la main dans mes cheveux.
Je sais à quel point ce geste la rendait folle, elle mourrait d'envie que ça soit elle qui passe la main dans mes cheveux, elle me l'a avoué une fois.
Je constate avec un mélange de soulagement et de fierté que son regard s'attarde sur ma main, glissée dans ma tignasse.
Je souris de toutes mes dents, et en voyant cela, Céleste détourne immédiatement les yeux.
Je nous revois, six mois en arrière, alors que je la draguais de mon mieux et qu'elle me repoussais sans jamais faiblir.
Nous glissons de nouveau sur cette pente, et bizarrement j'y prend très vite goût.
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