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À lire en écoutant
Expérience de Ludovico Einaudi
Céleste
« - Frère... jumeau ? S'étonne Océane. »
Estéban éclate de son rire sardonique.
« - Oh non c'est vrai qu'on ne se ressemble pas pourquoi dis tu cela Océane ?
- Qu'est ce qui te prend Estéban ?
- Ce qu'il me prend !? Ce qu'il me prend !? S'énerve soudain Estéban. »
Ses traits sont désormais défigurés sous la colère, il fixe Éric avec l'envie furieuse de l'étrangler.
Le jeune homme est sur le sol, et tente de s'éloigner de son frère.
La peur défigure ses traits, il regarde son frère les yeux brillants de terreur.
« - Il me prend que cet abruti a tout ce que je veux !
- Je ne comprends pas... balbutie Océane.
- Tu ne comprends pas !? Ahah ! Rie Estéban. C'est évident tu es bien trop idiote pour comprendre ! »
Il continue en pointant Matt du doigt.
« - Si cet idiot m'avais choisis moi au lieu de cet abruti ! »
La rage s'est emparée d'Estéban, il pointe Matt du doigt, furieux.
Matt, lui, regarde la scène les bras croisés.
Il a compris, il se souvient.
Estéban se tourne face à Matt.
« - Si tu m'avais choisis moi ce jour là, tout aurait été parfait. J'aurai combattu à tes côtés sans protester. C'était ce que je voulais. Je cherchais... je cherchais un ami ! Un maître !
- Il est fou... chuchote Océane à Téo.
Estéban l'entend, et se retourne d'un coup.
Il se transforme immédiatement en lion, et la bête immense se jette sur Océane, qui est renversée sur le sol.
Une voix d'outre tombe s'échappe de la gorge du lion et hurle :
« - Je ne suis pas fou ! »
Il se redresse, et se recule, reprenant l'apparence d'Estéban.
« - Matt était puissant, Matt avait tout ce que je voulais ! Matt était un C, trois Zones au dessus de moi, et Matt était le dernier usurpateur de pouvoirs ! Tu ne pouvais pas savoir à quel point je t'admirai Matt ! J'aurai tout donné pour être à tes côté, pour combattre avec toi ! »
Estéban se retourne furieux sur Éric, toujours sur le sol.
« - Et c'est lui que tu as pris ! Lui ! Lui qui, tout ce qui l'intéressait, c'était écrire des poèmes ! »
Il se retourne d'un bond face aux autres.
L'expression de son visage est effrayante, tordue par la douleur, la rage et le désir de vengeance.
« - La légende concernant les jumeaux, disant que l'un est hétéro et l'autre homo est exacte, en tout cas nous concernant. Tu as pris une tapette Matt ! Un PD ! Tu aurais pu me choisir moi, et tu as pris lui ! »
Matt réplique, très calme :
« - J'ai pris au hasard. Ça aurait pu être toi, c'est vrai. Mais ce ne fut pas le cas. C'est désolant pour toi. »
Son expression est fausse, hypocrite.
Il se fiche d'Estéban, il n'en a rien à faire de son histoire.
Tout ce qu'il voit, c'est une possibilité d'avoir deux F capables de toutes transformations, une aubaine pour lui.
La respiration d'Estéban est saccadée, sa poitrine se soulève à un rythme effrayant.
« - Je ne comprends absolument rien, chuchote Océane à Téo.
- C'est normal, je pense qu'il nous manque des informations. T'en fais pas la cavalerie arrive.
- La cavalerie ?
- Je les aie appelés, je me doutais qu'Estéban ne disait pas tout. Ils devraient pouvoir nous aider. Nous ne pouvons rien faire seuls. »
Estéban semble désespéré.
Mais soudain, une idée traverse son esprit.
Il se jette sur Eric, et se met à le ruer de coups, tous plus violents les uns que les autres.
Il se transforme en tigre, puis en panthère, puis en lion, puis en loup.
Il enchaîne toutes les transformations lui permettant de pouvoir tuer son frère.
Son objectif est de le tuer, s'il le tue, alors Estéban ne sera plus que le seul F capable de toutes transformations à Area.
Et Matt le prendra sous son aile.
Il allait donner le coup de grâce à Éric, quand il est soudain soulevé dans les airs, et projeté contre le mur.
Il atterrit violement sur le sol, et son crâne fait un bruit horrible en s'écrasant.
Pénétrant dans la pièce au bon moment, je souris.
« - Depuis le temps que j'attendais ça.
- Oh crois-moi. Tu ne peux pas attendre ce moment depuis plus longtemps que moi, fait Clive en apparaissant à mes côtés. »
Nous sommes suivis de Léna et James, nous Mickaël étant venu discrètement rechercher Caleb, qui était apparemment encore bouleversé par les évènements.
Matt lève les yeux, et il les pose sur moi.
Ses traits se tordent alors sous la fureur, il pousse un rugissement de colère et crie en pointant un doigt sur moi :
« - Toi ! Comment se fait-il que tu n'aies pas succombé !? »
Je lève deux doigts, et Matt est suspendu dans les airs.
Ne possédant plus son A, il est désormais impuissant.
Il pourrait se servir du mien, mais à mon avis je suis positionné trop loin de lui pour qu'il puisse l'utiliser.
Je jubile. Je peux me déchaîner à présent, je peux le faire souffrir autant que moi j'ai souffert dans cette cellule hermétique.
« - Parce que contrairement à toi, je ne suis pas seule, j'assène. »
Et puis, Et je lâche la pression que j'exerçais su r lui d'un coup.
Matt tombe de haut, et atterrit violemment sur le sol, tandis qu'un sourire satisfait se dessine sur mon visage.
James arrive sur le côté, et brandit les mains, droit sur Matt.
« - Si tu bouges, je te réduis en un joli tas de cendres. »
Matt relève faiblement la tête, et réplique :
« - Ah ! Vas y. J'ai tous les guérisseurs que je veux à ma disposition, et je peux voler leur pouvoirs. »
James tourne la tête, à la recherche des larbins de Matt.
Il les trouve, rassemblés dans un coin, presque recroquevillés tous les uns sur les autres.
James se penche vers moi, et me chuchota :
« - Va voir le gamin par terre, je m'occupe de Matt.
- Quel gamin par terre ? »
James le désigne du menton, et je suis son regard.
Je distingue alors une silhouette tremblante, recroquevillée sur elle-même et effondrée sur le sol.
Je regarde à nouveau en direction de James et Matt.
Mon ami s'est éloigné, et il est en train de décrire un cercle de flammes autour des larbins de Matt.
Il déclame bien fort :
« - Et eux ? Si je les tues ? Qu'est ce que tu en dis Matt ?
Celui ci pâlit, et répond :
« - Tu ne tuerais pas des innocents... ?
- Dans la vie, il n'y a ni méchants ni gentils, uniquement la justice. »
Je souris en entendant James dire cette phrase. Je pense exactement la même chose. Malheureusement, contrairement à lui, jamais je n'irais jusqu'à tuer des innocents comme les larbins de Matt.
Maintenant que je sais comment il fait pour qu'ils soient tous à sa solde, je sais que ses larbins n'ont pas eu le choix. Ils étaient libres avant, et ils n'ont rien demandé à personne.
Je décide de les laisser pour me consacrer à ma mission, et cours en direction de la silhouette encore sur le sol.
Je m'agenouille auprès d'elle, et lui secoue l'épaule.
Je le retourne, et fais un bond sur le côté, les yeux écarquillés.
C'est le visage d'Estéban, là devant moi.
Je me retourne en direction de là ou je suis sûre d'avoir envoyé Estéban contre le mur, et trouve la silhouette que je recherche, inconsciente sur le sol.
Je reporte mes yeux sur le garçon au sol devant moi, et puis brusquement, je crois comprendre tous les mystères sous notre nez depuis le début, que je n'ai pas remarqué alors.
Je chuchote :
« - Tu es le frère d'Estéban ? Son jumeau ? »
Le garçon semble incapable de répondre quoique ce soit, beaucoup trop faible j'imagine.
Aucunes importances, je n'en ai pas besoin.
« - Tu t'appelles comment ? »
- E... Eric...
- Ok Eric, est ce que tu es capable de te relever ? J'aimerais t'emmener voir un ami qui pourra te soigner d'accord ? »
Eric hoche la tête, et grâce à mon aide, il parvient à se soulever du sol.
Je passe un bras sous ses épaules, et tout en titubant légèrement, j'appelle dans ma tête Davina, la seule qui puisse nous aider encore.
Davina ? Davina tu es...
Oui je suis là, qu'est ce qui se passe ?
Ah parfait ! J'ai Eric le frère jumeaux d'Estéban sous le bras, il est dans un sal état mais je ne peux pas m'en occuper, est ce que tu peux envoyer quelqu'un le chercher pour l'emmener voir Mickaël ?
Je vais faire mieux je vais envoyer Mickaël. Pose le juste devant l'escalier A, Mickaël arrive.
Merci Davina.
Merci à toi.
Je pose donc comme promis Eric, et lui demande d'attendre un jeune homme qui viendra pour le guérir.
Je dois retourner aider James, j'ai entendue des bruits de bataille continuer, et je sais que Clive est en train de combattre lui aussi aux côtés de James.
Je cherche les autres des yeux, et je vois que Léna a accouru vers Océane et Téo, qui semblent prêts à s'échapper d'une minute a l'autre.
« - Ça va vous deux ? Demande-t-elle. »
Océane lève les yeux sur elle, et répond :
« - Comment ça se fait que vous êtes là ?
- Téo nous a appelés à l'aide. Et on est venus.
- On n'aurait pas dû, réplique Clive qui s'approche alors d'eux. »
Un pressentiment affreux me comprime alors la poitrine.
Une sensation étrange, sortie de nulle part qui semble me mettre en garde contre quelque chose, quelqu'un, je ne sais pas encore quoi. Je dois protéger quelqu'un, c'est ce que me souffle ma conscience. Il va se passer quelque chose d'horrible dans quelques minutes, je le ressens plus que tout à présent. Je suis sûrement capable de protéger cette personne, je ne me permettrais pas que Léna ou Clive périssent.
Je jette un coup d'œil en direction de James, et je vois qu'il s'en sort très bien avec Matt.
Alors je décide de m'approche du petit groupe, sentant que la personne à protéger est sûrement là bas.
A aucuns moments je n'ai soupçonné que la personne à protéger à ce moment là, c'était moi.
« - Oh toi ! Souffle Océane en réponse à Clive, visiblement énervée de le voir. »
Je fixe Clive, et c'est alors que je distingue quelque chose d'étrange dans son regard. Il semble se recouvrir d'un voile sombre, qui prend possession de ses iris si bleu habituellement.
Je ne comprends pas immédiatement ce qui se passe.
Ses yeux illuminés par quelque chose de maléfique se mettent à briller plus intensément, d'une lueur sombre, tandis qu'Océane, elle, les écarquille brusquement.
Son cri perçant ne retentit qu'une demi seconde, il se perd dans sa gorge tant la douleur semble intense.
Un rictus diabolique se peint sur le visage de Clive, et sa main droite est crispée, pointée en direction d'Océane.
Celle ci attrape sa tête à deux mains, et j'ai soudain l'impression qu'elle n'a qu'une envie, l'arracher de son cou.
Sa voix revient, elle se met à hurler, et son hurlement de souffrance retentit dans toute la salle comme un écho.
Je me retrouve alors pétrifiée quand je vois sur le visage de Clive un sourire sadique étirer ses lèvres, un sourire que je ne lui ai jamais vu auparavant.
Océane tombe à genoux brusquement, et c'est à ce moment que mon esprit refait surface.
Cela me fait mal, mais je brandis ma main droite, les traits tordus par la confusion, et Clive est soudain projeté dans les airs.
Les cris cessent, Océane se remet à respirer normalement, et Clive retombe brusquement sur le sol, comme poupée de chiffon.
Il relève la tête, ses yeux projetant des éclairs, et il se redresse faiblement en s'appuyant contre le mur.
Il lève les yeux sur moi, moi qui le regarde sans réussir à trouver dans son regard où est le Clive doux qui m'a embrassée il y a moins d'une heure.
« - Pourquoi t'as fait ça !? Hurle-t-il.
- Tu allais la tuer ! Je m'écrie.
- C'est tout ce qu'elle mérite ! »
Je vois rouge, je m'approche à pas furieux de Clive, et le pousse violemment contre le mur.
« - Tu n'es pas comme eux Clive !
- Je ne suis pas comme qui !?
- Comme un C !
- Parce que toi aussi tu dis « eux » maintenant !? »
Clive a un petit rire sarcastique.
« - Navré de te décevoir, mais je suis bel et bien un C !
- Non ! Tu sais ce que je veux dire ! Tu es différent, jamais tu n'aurais tué quelqu'un sans raison valable ! Pas comme un vrai C !
- J'avais une raison valable ! Océane a toujours été contre...
- Même ! Elle ne mérite pas de mourir ! »
Clive se dégage brusquement, et un sourire franchement sadique étire alors ses lèvres.
Je recule, sentant le pressentiment de tout à l'heure grandir de nouveau dans ma poitrine.
Et puis soudain, je sens mon esprit exploser entre mon crâne.
Et tout se passe très vite.
Mes yeux s'exorbitent, je pousse un hurlement de douleur intense qui résonne j'en suis sûre dans tout Area.
Mes genoux s'entrechoquent, et je tombe sur le sol comme un vulgaire pantin dont on piquerait le corps.
Mon visage se met à pâlir à vue d'œil, et mon cri meurt dans ma gorge.
La douleur est insurmontable, elle est telle que je n'arrive même plus à me rappeler comment je m'appelle.
Je commence à m'étrangler sous la souffrance, et mes lèvres deviennent violettes.
Je porte mes deux mains à ma gorge, comme pour m'étrangler moi même.
J'essaye alors d'absorber la moindre petite molécule d'air qui pourrait me permettre de survivre encore un tout petit peu, rien qu'un tout petit peu, car je connais mon destin désormais.
Je sens ma vie m'échapper, je sens ma gorge en feu chercher à happer l'air, je sens la petite étincelle de vie filer entre mes doigts comme une petite source d'eau qui s'échappe furtivement.
Je tente de l'appeler, de toutes mes forces j'essaye de la ramener à moi, qu'elle me donne du temps, encore un peu, rien qu'un tout petit peu de temps.
Je vois le monde s'effondrer sous mes yeux, je vois la terre trembler, je vois mes yeux sortir de leurs orbites, je sens mes cordes vocales se briser une par une dans ma gorge, je sens mes poumons s'enflammer comme un brasier, je sens mon esprit sombrer dans la démence, et se détruire lui même de plus en plus vite.
Non ! Je ne peux pas mourir maintenant je vous en supplie laissez moi du temps, du temps encore du temps.
Je vais mourir, j'en ai terriblement conscience mais je vous en supplie pas maintenant il faut que j'avance il faut que je parle il faut que je les aides s'il vous plaît laissez moi du temps !
Je dois trouver Léna, je dois lui dire qu'elle doit chercher ce garçon que j'ai vue en rêve, ce garçon qui me ressemble comme deux gouttes d'eau.
A travers mon brouillard de larmes et de sang, je vois avec soulagement Léna se précipiter sur moi, et je décide de m'accrocher de toutes mes forces à ces dernières secondes de vie qui me sont accordées, je dois lui dire, je dois l'aider.
Je tends faiblement ma main sur son cou, et tente de rapprocher mes lèvres de son oreille.
Je suffoque, je n'arrive plus à réfléchir, à rassembler mes idées, mais il faut que je lui dise, il le faut absolument.
« - Tr...Trouve... Th... Thom... Thomas... »
Je n'arrive pas à voir ni à entendre sa réaction, je sais que c'est la fin, et que je vais mourir entre ses bras.
Je ressens encore ce pressentiment qui a tenté de me prévenir il y a quelques minutes, qui a tenté de me sauver.
Mais je n'ai pas bien interprété cet avertissement, je le comprends maintenant, trop tard pour pouvoir revenir en arrière.
Ce n'était pas de Matt qu'il voulait me protéger, et ce n'était pas Clive ou Léna qui était en danger.
Il voulait me protéger de Clive.
Je n'ai pas le temps de réaliser, de comprendre pourquoi.
Je sens mon énergie vitale céder sous la souffrance insupportable, j'entends mon cœur battre à mes tempes de plus en plus fort, de plus en plus vite, c'est insupportable, c'est comme si on a monté à fond le volume sonore de mon cœur et qu'on le plante dans mes oreilles pour que je puisse guetter le moment où il ralentirait, jusqu'à s'arrêter brutalement.
Ce moment vient, alors que je supplie le ciel de me laisser quelques minutes encore.
La cadence s'accélère encore, à une vitesse indéchiffrable.
Jusqu'à ce que tout explose à mes tempes.
Et que mon cœur cesse de battre.
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